Eau tiède sur le derme. Tête contre le carrelage, elle dévale sur son corps. Cavalcade. Epouse l’encre sur son épiderme. En suit le tracé. Main tendu, il attrape le seul gel douche disponible. Putain. A ses narines, des odeurs de monoï viennent en perturber les sens. C’est pas que ça pue, mais sincèrement, il puait la meuf avec ça. Pas le choix. Se mêle au liquide clair le savon, avant de terminer sa course dans l’évacuation. Coupé. S’assèche le pommeau de douche. Attrapant sa serviette, il se frotte énergiquement la peau, avant de s’en draper au niveau de la taille. Cheveux humides, goutte encore sur ses épaules. Son dos. Il ne voit pas tout de suite, la brune. Le regard désapprobateur sur son ombre. C’est dans le miroir qu’il croise son regard. « Un problème ? » Y a quoi ? Il lui a piqué sa douche favorite ? Comme si y en avait pas assez ici.

Les émeraudes vissées sur son reflet, il attrape une crème. En fou sur son ovale. Ignorant la brune, tout en attendant une réponse. Claquement. Le contact est brusque. Sur ses omoplates, l’inconnu appose ses paumes. Et se met à le sentir ? Putain, c’était quoi son délire ? Un poil dans la main. Il comprend rien bordel. « Putain, mais t’raconte quoi ? » Complètement, l’ombre se retourne pour lui faire pleinement face. Avec plus d’attention, il détail la jeune femme. Sûr qu’elle faisait bel et bien partie de la confrérie, car il se souvenait vaguement de son visage. « Qu’est-c’que ça peut t’foutre que j’me lave avec ça ? » S’il avait envie de sentir le monoï, il n’allait pas se gêner. Et d’où, c’était que pour les meufs ?

Elle était vraiment en train de lui prendre la gueule pour un gel douche ? « Un conseil..» Absence de sourire sur ses lippes, mais l’éclat machiavel dans le regard. Il se penche légèrement vers elle. « …la prochaine fois évite d’laisser trainer tes affaires. » Revancharde, la brune tente de se faire imposante, mais ne gagne en retour, qu’une vague moquerie dans l’œil. Dans l’frigo ? Brève flashback des derniers jours ou –entre deux examens- ils avaient pris de la bouffe au hasard. Pas mauvaise d’ailleurs. Pour le coup, ça se faisait pas, mais voyez-vous, Scott en avait tout bonnement rien à foutre. Dans une confrérie, on se partage tout. Même les meufs. « Soit plus explicite. » Se mettant en mouvement, le brun la contourne pour sortir de la salle de bain. Entamant ainsi, la marche jusqu’à sa chambre. Pas étouffés. Il l’entend derrière lui. La chieuse. Poussant la porte de son antre, il s’y faufilait. Ne prenant même pas la peine de la fermer, car de toute façon, il la sait pas loin. « L’intimité, t’connais ? » Plutôt chié pour un mec qui lui volait ses affaires. D’un geste, l’ombre tire un tiroir pour attraper un boxer.

Claque la porte. Sur les murs, ses vibrations deviennent perceptibles à l’ouïe. Sur son lit, elle prend place. Fait comme si elle était chez sa mère. Du tiroir, il prend un boxer. Puis, se tourne vers elle. Au milieu de son bordel, elle règne. Dégage une confiance agaçante. Du genre à l’irrité. « J’vois. T’voulais voir mon cul. » Putain, pourquoi est-ce qu’il s’était servi de son gel douche à la con ? « J’suis en droit d’me demander si c’est vraiment ton gel douche. » Un pas. Devant elle, l’ombre se plante. La regarde de haut. « Qui m’dis qu’tu simule pas ? » D’elle, il s’éloigne. Sans attendre une réponse. La main sur la poignée de son armoire, il ouvre l’une des portes afin de se glisser derrière. Caché de sa vue. Retire sa serviette qu’il balance sur la tête de la brune. « Tient. Quand tu t’casses, va me l’étendre. Qu’tu serve à quelque chose.» Sur ses cuisses, le boxer remonte. Claque l’élastique contre sa taille. Enfin, il sort de sa cachette. Lui tourne le dos, tout en attrapant un t-shirt dans la commode.

Elle est là. Se pavane en se parfumant avec son parfum. Pensant très clairement le faire chier, mais elle se plante. Il en a rien à foutre qu’elle l’utilise. Il est pas du genre matérialiste. Derrière la porte de l’armoire, il enfile son boxer. Au même instant, elle débarque, mais l’ombre est réactive. Il termine de le mettre rapidement, avant de lui envoyer à la tête sa serviette. Remarque désobligeante. Mais c’était sans compter cette meuf. Elle ne s’en offusque pas. Pire, elle continue d’être relou. Empiétant sur son territoire avec peut-être, l’idée de lui faire comprendre ce qu’elle avait ressenti. Aussi, bien que ça l’agace, ça lui passe complètement au-dessus. Yeux levé au ciel. Le brun enfile son t-shirt. Attrape un jogging, avant d’ouvrir sa fenêtre. La carcasse qui se plie, il prend place sur le rebord. L’entrouvre tout en jetant un coup d’œil en bas. Alors seulement, il tire du paquet qui se trouvait pas loin. « T’sais qu’ça sert à rien c’que tu branle ? » Fait rougeoyer le bout à l’aide de son briquet. En tire une latte. « J’en ai rien à foutre d’avoir pris ton gel douche ou ta bouffe. T’peux vider mon parfum ou mater ma bite, ça changera rien. » L’ovale pivotant vers l’entrebâillement, il expulse la fumée de sa bouche.