Le regard vers le bas, c’était dans une robe vert d'eau, aussi lourde que visiblement jolie que je tiquais. Je tournais sur moi-même, n’apercevant que du dorée à perte de vue. Je tentais de faire un pas en avant, puis un second qui finalement n’aboutissait à rien. J’étais clouée sur place et la seule chose, que je pouvais faire, c’était lever les mains pour trouver, une couronne dorée clouée sur ma chevelure châtain. Princesse Maze. Sans avoir le temps de comprendre mon corps était soulevé en l’air pour venir percuter un dé. Putain, ça fait mal. Sans même avoir le temps de respirer, mon corps avançait de lui-même jusqu’à une case verte. Lèvres qui s’étiraient, jusqu’à ce que tu me bouscules en atterrissant du ciel. « Sacrée entrée ! Pas d’mal de l’air, ça va ? » Que je glisse à mon tout nouvel ami. « Dis moi que t’es un personnage fictif, inventé de toute pièces par mon esprit et que t’es pas une réincarnation de bowser ? » Sinon j’avais déjà pas mal d’idée, pour te faire repartir de là où tu venais.

Une douleur au derrière te fait d'un coup sursauter et prendre conscience de ce qui t'entourais. Une chute. Assez violente mais étrangement sans grande conséquence sur tes membres toujours intacts. La confusion se lit sur tes traits, puis tu te rends enfin compte de ta position assis aux côtés d'une figure féminine, répandant un aura de princesse. Elle paraissait aussi immense de ton point de vue et c'est là que tu te décides enfin à te relever, les sourcils froncés, presque honteux d'avoir été aux pieds d'une inconnue dont t'ignorais la provenance. Qu'est-ce que- quoi- qui- comment- quoi ?! Confusion extrême alors que tu jauges l'environnement qui t'entoure, un horizon reflétant de l'or à chaque recoin de ta vision et un sommet qui abrite une sorte de mansion ? Bowser ? Hein ? On est où ? T'es qui ? Qu'est-ce qu'elle racontait la petite jolie dame ? Jolie robe. Hé, depuis quand tu faisais des compliments d'entrée de jeu ? Sans avoir le temps de comprendre, tu sens d'un coup les vibrations sourds et lourds d'un objet géant qui rebondit quelque part. Tu te retournes et vois un putain de dé immense, dix fois ta taille. 6. Qu'est-ce que- AAAAAAAAAAAAHH !!! Encore l'incompréhension dans ton cri quand tout à coup, tu te fais tirer en avant, tes jambes s'activaient contre ton gré, suivant religieusement la Princesse.

« Respire, c’est la seule chose que tu peux faire. » Que tu glissais à ton ami qui semblait complètement perdu. J’avais essayé d’avancer, mais les pieds cloués au sol, nous ne pouvions que respirer et parler. « On est dans une partie de Mario party, littéralement. Moi, c’est princesse Maze et toi, t’es qui ? » Sans avoir le temps de continuer mes explications, j’étais une nouvelle fois jetée en l’air, avant qu’à ton tour, tu sautes sur le tien. On comptabilisait un très joli 6 à nos deux dés. Mais je remarquais déjà sur le tien, la possibilité de perdre trois pièces. Prête à reprendre mes explications, là où je les avais laissées, ton cri et notre course jusqu’à notre prochaine case, me donnait presque le tournis. « T’as la voix qui porte. » Je riais, parce que j’étais étrangement… Joyeuse, sans aucune raison apparente. J’étais à côté d’un inconnu, qui hurlait ses tripes, qui fronçait les sourcils, mais qui avait le sens du compliment. Une chance pour moi, il était très agréable à regarder. « On joue ensemble, je viens de te gagner en tombant sur une case ami. » Je bougeais toute seule sur moi-même, faisant une petite dance. « J’ai des mouvements incontrôlables, désolée. Et… » Levant les yeux au ciel en attendant de voir apparaître nos dés, je te glissais : « Si tu fais un moins 3 pièces, je t’étripe à coup de zirgouflex. » Sympa l’ambiance, mais quitte à être là, autant gagner.

Mario Party ? Les yeux s'agrandissent à tel point que les globes manquent de s'échapper de leur orifice. Princesse Maze ? Mais mais- comment j'ai atterri ici, Princesse Maze ?  sous ta plus grande surprise, le titre royal s'ajoute malgré toi à la fin de ta question, s'échappe de tes lèvres sans que tu n'y puisses faire quoi que ce soit. Ses explications rajoutaient encore plus de confusion et rien ne s'arrangeait quand des dés provoquent un tremblement digne d'un gigantesque séisme et vous fait bouger. Sans prévenir. Le cri est spontané, comme le regard de frayeur que tu jettes à Princesse Maze (bordel, pourquoi t'arrivais pas à l'appeler autrement ?). J'voudrais bien m'excuser mais j'suis un peu lar- Un autre geste incompréhensible te prend, et en plus de tes jambes que tu contrôlais pas, visiblement, tes mains avaient décidé aussi de prendre leur indépendance. A l'image d'un beauf que tu méprisais habituellement, tu te mets spontanément à frapper ton ventre gaiement et te roules d'un coup en boule ? Topi taaaaupe ! Autre cri qui t'échappe. Rien, absolument RIEN ne faisait aucun sens. Putain mais mais- comment ça tu m'as gagné ?! Depuis quand t'avais été en vente sur le marché ? Et pourquoi tu ne touchais pas de commission hé ? Et pourquoi elle quand elle fait des gestes et des cris de gloire, elle a pas l'air aussi ridicule que toi ? Elle paraissait même gracieuse ? L'bougon en toi ressort. Maintenant remis sur tes pieds après la roulade, tu te retournes sur le dé au-dessus de ta tête. Un peu plus et tu t'y habituerais. Zirgou-quoi ? Ca vient pas de la petite sirène ça ? Me dis pas que Princesse Ariel va faire son apparition aussi. Première référence que tu connaissais brièvement et que tu manquais pas de montrer fièrement d'un sourire en coin avant que le dé annonce sa sentence. Quatre. J'suppose que j'échappe à l'étripement ? J'ai l'droit à une récompense ?

« Je ne sais déjà pas comment j’ai atterri ici, je vais avoir du mal à te donner plus de précision sur ton arrivée. » J’appréciais le titre honorifique qui glissait entre tes lèvres. Je pourrais facilement m’y habituer. Je semblais bien plus à l’aise sur le plateau que toi, visiblement déjà habituée aux bruits, vibrations et mouvements incontrôlés. Toi par contre tu me faisais mourir de rire, tes réactions étaient à la hauteur de l’événement loufoque dans lequel nous étions pris au piège. Rien n’avait de sens, ni nos échanges, ni nos gestes. Une fois arrivée, je commençais une petite danse de la joie, quand couper dans ton élan, tu agissais bizarrement. Ta voix changeait et te voir te tapoter le ventre en te roulant par terre, provoquait une hilarité démentielle. « J’suis tombée sur une case, j’ai été projetée en l’air pour définir quel ami j’ai gagné et tu m’es tombé dessus. » Fallait s’y faire, c’était notre nouvelle vie. Je semblais plus chanceuse d’être réincarnée en princesse, que toi en… Taupe. « Zirgouflex. Et si peut-être ? Je n'ai aucun contrôle sur ce qu’il se passe. Je subis, comme toi. » Je souriais à tes mots, toujours aussi joyeuse, malgré l’incompréhension et très vite, on courait de nouveau jusqu’à notre prochaine case. À nouveau, le sol se mettait à trembler et cette fois, aucune danse, aucune tape sur le ventre. Ma main saisissait la tienne, quand une ombre arrivait sur nous et si j’essayais de courir, en une fraction de seconde, nous nous retrouvions écrasés comme des crêpes, six pièces s’envolant au-dessus de nous. Un gros boulet géant avec des dents bien aiguisées, venait de nous rouler dessus. « Z’crois que z‘pourrait partazer mes gains avec toi, si on finit par retrouver notre forme initiale. »

Juste parce que malgré la situation irrationnel, tu gardais ton esprit rationnel. Fallait que t'ais un raisonnement à peu près lucide de la situation. Je peux essayer de t'aider à trouver une explication.. T'as invoqué les esprits, prié les dieux, joué avec une table ouija ? Ce qui sous-entendrait ta place parmi les non-vivants et sans aucun doute en Enfer. Rien de bien lucide en termes d'explications mais soit, c'était mieux que rien non ? Mieux que son "tu m'es tombée dessus" en tout cas. Tombé d'où ? Quand ? Comment ? Les questions te taraudaient trop l'esprit alors que le décor te criait l'absurde, l'illogique, le rêve - ou plutôt cauchemar. Etre réincarné en taupe s'apparentait réellement à un cauchemar, ainsi que les gestes incontrôlés que tu subis. Princesse Maze en rit, abondamment et tu rentres dans un dilemme de bouder davantage ou rejoindre son hilarité. Le premier gagna extérieurement mais dans le fond, la situation était si irréelle que t'allais finir par t'en rouler au sol - encore une fois - mais de rire. Zirgouflex faisait en plus son apparition, et avant que t'ais pu questionner d'autres caractéristiques de ce monde, Princesse Maze te saisit par la main et un rouleau compresseur en forme de grosse boule et aboyant vous écrase. Dans une situation plus réaliste, vous auriez fini en compote. Là, vous en ressortiez juste en grosses crêpes aplaties, plus filiformes que jamais. Et ça y est, au zozotement de la brune, tu la fixes durant quelques secondes avant d'exploser.. de rire. Ze comprends touzours rien mais ta voix- est zuper drôle ! Appelez ça un rire nerveux peut-être mais voilà, après la roulade au sol pour se taper vaillamment le ventre, tu restais au sol aplati en pleine crise de rire. ZE SUIS UNE CREPE ! UNE CREEEPE ! ATLAZ LA CREPE ! Si vous restiez dans cette forme, le jeu allait bien te plaindre. En tout cas, t'étais bien revigoré dorénavant. La zuite, la zuite, la zuiiiite ! Lanze le dé Prinzeze Maze !

« Rien de tout ça, j’ai peut-être un esprit qui se joue de moi ou de nous ? » Pourquoi je serais la seule fautive de la situation dans laquelle nous étions ? Jusqu’à preuve du contraire, tout comme moi, tu te retrouvais indépendamment de ta volonté, forcé à sauter et bouger. Notre seule défense ? Nos voix. Et la tienne, qu’est-ce qu’elle portait. Le plus drôle, c’était de te voir, comme le beauf de service, à ta taper le ventre comme si t’attendais impatiemment ta 5ème pinte. Je ne pouvais taire ou refouler se rire tant il venait du cœur. À croire que la fête était de courte durée, puisque malgré nous, l’esprit vengeur, nous poussais à croire qu’il était possible d’échapper au chien-boulet-de-canon-rouleau-compresseur. En vain. Mais dans notre malheur, malgré nos corps aplatis, aussi fin que du papier à cigarette, je ne ressentais aucune douleur. « Z’crois que ze maitrize plus ma langue. » Mais mon rire se mêlait rapidement au tiens. Comment ne pas succomber d’ailleurs ? « Atlaz ? Z’est ton prénom ? » C’était bien plus joli que topi taupe. Puis comme par magie et à la suite de tes mots, les blocs réapparaissaient au-dessus de nous. La magie opérait de nouveau, puisque lors de nos sauts, nous retrouvions notre silhouette habituelle. « Ze… » J’éclaircissais ma voix, tout en avançant vers notre prochaine case. « Je crois qu’on a un mini jeu Atlaz. » Parce que la seconde d’après nous étions tout les deux sur un tricycle, alors qu’un décompte se lançait au-dessus de nous. « Mais BIP de BIP, c'est qui eux ? » Me tournant vers mon nouvel acolyte, à la recherche d’une reponse.