Bien qu’elle m’ait assuré que tout allait bien, je me suis fait un sang d’encre toute la nuit pour Sierra. Dans quoi a-t-elle bien pu se mettre pour finir dans un tel état ? Je remercie tous les Dieux qu’on ait pensé à coordonner nos montre afin de pouvoir se traquer au quotidien et surtout lancé un signal à l’autre en cas de détresse. Au début, je me disais que d’un point de vie privée, c’était moyen d’avoir ce GPS toujours au poignet mais c’est peut-être ce qui l’a sauvée hier. Je ne peux m’empêcher de penser qu’on est pas passé loin de ne jamais la retrouver, ou se contenter de son corps sans vie. Elle n’a rien lâché sur ce qui l’a poussé à se mettre dans une telle situation mais je n’ai pas trop insisté non plus, car sur le coup, l’essentiel était qu’elle soit encore en un morceau - ou presque. Je me suis occupé de ses blessures, non sans insister pour qu’elle se rende à l’hôpital, et Ilan a débarqué, prenant la place qui lui est due à ses côtés. Je n’ai pas insisté, signalant seulement à Sierra qu’elle pouvait m’appeler à toute heure du jour comme de la nuit, en espérant que son fiancé la traîne de force aux urgences. Seul à mon bureau aujourd’hui, la journée est pénible et les rumeurs vont bon train sur les événements de la veille. Je n’ai qu’une hâte, aller vérifier par moi-même qu’elle va bien. Et c’est ce que je décide de faire, incapable de me concentrer sur quoi que ce soit de toute façon. J’ai vite fait croisé Ilan dans les couloirs, elle est donc potentiellement seule chez eux. Je lui envoie tout de même un message pour prévenir de mon arrivée imminente et je passe nous chercher de quoi manger un bout avant de me pointer devant chez eux. Lorsqu’elle ouvre la porte, j’ai un sourire qui a tout l’air d’une grimace. Wow t’as vraiment pas ta tête des bons jours. Dis-je pour me moquer et surtout pour ne pas dramatiser devant son visage tuméfié. Pourquoi est-elle allée là-bas, sans moi ? Je ne te prends pas dans mes bras, mais ce n’est pas l’envie qui manque. Avec ds côtes cassées, il vaut mieux éviter cependant. T’as faim? Je lève le sac avec les plats préparés que j’ai à la main, même si sa seule vue me coupe l’appétit. Je lui en veux vraiment de s’être mise en danger de la sorte, sans back-up.

qui aurait pu croire que je trouve que cette histoire de montres coordonnées soient une bonne idée ? pas moi. j'ai toujours trouvé ça intrusif et je refusais de faire ça avec mes anciens partenaires. et puis t'es arrivé avec ta petite gueule d'ange et ton humour aussi décalé que le mien. j'ai une confiance aveugle en toi, c'est pour ça que je n'ai pas hésité une seule seconde à appuyer sur le bouton. parce que je savais que tu viendrais et que tu me sortirais de cette merde. Henry m'a foutu en arrêt. j'ai même pas le droit de venir faire de l'administratif ou de gérer les recherches. il m'a obligé à rester chez moi parce qu'il savait que ce serait la pire punition. et c'est le cas. j'ai eu le temps de nettoyer la salle de bain et la cuisine de fond en comble. quand t'arrives je viens de finir de passer l'aspirateur, un pull de Ilan sur le dos, chignon sur la tête et un plumeau dans la main. merci Austin, t'es venu pour me dire que je suis moche et que j'ai l'air de m'être battu avec un tigre ? que je dis en grognant. je crois que je suis devenue aussi ronchon qu'Ilan. je te laisse entrer, pose mon plumeau sur la table et remarque que t'es pas venu tout seul. je crève la dalle ! parce que j'ai eu la flemme de faire à manger. je te regarde quelques instants avant de venir t'enlacer, même si toi t'as pas osé. un câlin de quelques secondes, qui veut surtout dire merci pour ce que tu as fait la veille. allez maintenant on arrête d'être sentimentaux et on mange je file dans la cuisine super propre à présent et en sort deux assiettes. on mange quoi ? j'ai pas envie de parler d'hier, j'ai déjà reçu un interrogatoire de la part d'Ilan, j'ai pas envie de recommencer. si physiquement je suis plutôt ok, mentalement c'est différent.

Je préfère être honnête, que tu ne sois pas surprise si tu croises un miroir. Dis-je en levant les épaules. Il y a beaucoup plus de peur que de mal, ses blessures étant plus ou moins superficielles, mais ça ne justifie en rien son choix d’y être allée seule. Elle a eu de la chance, voilà tout. Je suis en première ligne pour la protéger, la personne sur qui elle est censée pouvoir compter pour assurer ses arrières mais je ne peux rien faire pour Sierra si elle ne se confie pas à moi et décide de disparaître en mission, seule. Qu’est-ce que tu fous avec un plumeau à la main ? T’es censée te reposer. D’un côté, c’est rassurant. Si elle a l’énergie pour faire le ménage, c’est que la douleur n’est pas totalement insupportable mais il n’empêche qu’elle devrait se reposer. Je ne sais pas moi, regarder une série, lire un livre, un truc normal en convalescence. Parfait. Et la seconde bonne nouvelle est que ce n’est pas moi qui ai cuisiné. Aujourd’hui n’est donc pas le jour où elle quittera ce monde des suites d’un empoisonnement alimentaire. Je suis surpris que Sierra se retrouve dans mes bras et reste con un instant avant de passer un bras autour de ses épaules, sans la serrer pour autant. Il y a des jours où je serais le premier en ligne pour lui faire mal - la pincer, lui donner un petit coup de coude - mais là, il n’y a rien de drôle. Sierra se détache, attrape le sac que j’ai à la main et se dirige vers la cuisine où je la suis. Mexicain, y’a un peu de tout pour faire nos propres burritos. Quelque chose de simple mais passe partout, qui change de plats chinois ou de salades. Ma coéquipière a bien mérité un peu de “comfort-food”. Si jamais tu te fais chier, je peux te filer les clés de l’appart’, y’a du ménage à faire. Dis-je, ironique, surtout pour pointer du doigt le fait qu’elle ne devrait pas faire autant d’efforts. J’ai pas mal de questions au boulot et zéro réponse. Je me doute qu’elle n’a aucune envie d’en parler mais je ne peux pas fermer les yeux sur ce qu’il s’est passé, car je ne vois pas comment je vais pouvoir la protéger dans le futur si je ne sais pas qui et où est le danger.

t'as pas dû en croiser non plus toi que je dis en pointant du doigt un petit épis dans tes cheveux. à deux doigts de lécher mes doigts pour remettre ta mèche en place, comme une mamie gâteau. ça me fait plaisir que tu sois venu, ça me réconforte en réalité. parce que t'es quand même le mec à qui je confie ma vie tous les jours. et j'ai une confiance aveugle en toi pour ce qui est de protéger mes arrières sur une mission. mais je sais aussi que t'es un bon flic, un très bon flic. droit et qui suis la loi, alors je peux pas vraiment te parler de mes écarts. oui j'suis censée me reposer, pas rester alitée. ça va pas me tuer de faire la poussière chez moi quand même en plus Ilan sera content quand il rentrera, il fera moins la gueule vu qu'il m'adresse plus la parole au moins ce sera pas pire. AH ! bah ça tu vois c'est une excellente nouvelle Austin qu'est-ce que j'aime te chercher et te taquiner. une passion. et ça me manque d'ailleurs.. étant donné que je suis coincée ici. à faire du plumeau et à regarder des true crime. t'aurais au moins pu me ramener des dossiers du bureau. je m'avance vers toi, t'enlace un instant, je pense que j'en avais besoin. besoin de te montrer un minimum d'affection alors que je suis toujours en train de te tacler mais aussi parce que j'ai bien cru que j'allais pas m'en sortir.. et en un signe, t'as débarqué. t'as pas cherché à comprendre et tu m'as sortie de la merde. oh ouais des burritos ! j'aime tellement ça. je prépare tout ce qu'il faut dans des bols, ce qu'il faut réchauffer, préparer. abuse pas non plus. je fais surtout ça parce que je tourne en rond comme un lion en cage, puis avec Ilan c'st pas le feu il m'en veut. et ça devient lourd. tu finis par me dire que t'as des questions au boulot et pas de réponses et je sens que je vais avoir le droit à un interrogatoire. j'aime pas ça. je souffle un peu. je t'écoute que je dis, tout en mettant tout sur un plateau pour qu'on s'installe à table.