la nuit est tombée depuis trois bonnes heures. une lumière jaune éclaire les documents éparpillés sur tout ton bureau et tu piques légèrement du nez. tu veux à tout prix terminer ce sur quoi tu bosses, tu ne sais définitivement pas t'arrêter quand t'as commencé quelque chose. heureusement t'as la chance d'être avec sierra qui est exactement la même que toi sur ce plan là. en pensant à elle, tu sors ton téléphone de la poche de ton jean pour lui écrire. la prévenir que tu devrais pas tarder à rentrer. certains que sa journée est déjà terminé, comme elle t'avais certifié vouloir se reposer et ne pas rentrer trop tard. pas attentif à une possible réponse de sa part, tu ne vois pas que l'heure continue de tourner. c'est seulement une heure trente après, lorsque dans les escaliers, tu entends anormalement du bruit. coup d'œil jeté sur ta montre qui indique minuit trente. tu te lèves pour aller voir ce qu'il se passe, sans conviction qu'on aurait besoin de toi, sûrement un ou deux mecs qui ont été arrêtés et qui veulent se faire remarquer encore. personne en vue dans les escalier, c'est le bruit de chaise qui grince sur le sol au dessus de toi t'interpelles. en moins de deux, tu te retrouves à l'étage où bosses sierra. c'est là que tu la vois, sacrément amochée, en train de se faire soigner par austin avec des cotons imbibés d'eau.  — dégage tu le pousses sans prendre aucune pincette, il ne t'en voudra pas. sourcils froncé en direction de sierra. t'es à la fois paniqué et énervé. — il t'es arrivé quoi ? tu attrapes délicatement son menton pour tourner sa tête un peu dans tous les sens histoire de voir les dégâts. tu ne sais pas ce qu'il s'est passé et elle risque de ne rien vouloir te dire. intérieurement, t'es déjà furieux.

j'aurais dû m'en douter. j'aurais dû anticiper qu'un jour ça finirait par me rattraper. ça m'est tombé sur le coin de la gueule au moment où je m'en doutais le moins. le temps est passé et résultat j'avais presque oublié. j'ai pas oublié ce que j'ai fais, j'ai pas oublié la sensation, la honte, la colère, la peur. j'ai pas oublié les images. mais quand on pense se faire attraper et que rien ne se passe pendant une semaine, puis deux, puis que ça se transforme en mois, il y a ce sentiment d'invincibilité qui nait, et on ne peut pas lutter contre. c'est humain. l'erreur est humaine. alors je pensais que j'étais invincible et les douleurs de mes côtes me ramènent à présent à la réalité. sept mois. sept mois que Julian est enterré dans un terrain vague des quartiers surd de Boston. depuis un complexe sportif a été battit dessus. autant dire qu'on ne retrouvera plus jamais son corps. les traces ADN ont été effacés, depuis le temps la vie a repris son cours. enfin pour moi. parce que les mecs du gang de Julian eux, ils tournent en rond comme des lions en cage. ils le cherchent, ils remuent ciel et terre pour retrouver leur leader. et quand certains ont commencés à parler entre eux, ils ont pensés à moi. la flic qui l'avait déjà menacé, celle qui était sur ses côtes, celle qu'il aurait voulu voir morte.. avant de ne plus donner de nouvelles. alors aujourd'hui quand j'ai reçu ce message sur mon portable, je ne me suis pas autant méfier que j'aurais dû. puis la tête brulée que je suis y serais allée dans tout les cas. je me dis parfois qu'au delà de l'audace et du courage, je suis aussi irresponsable. sauf que maintenant je ne suis plus seule. et que le jour où on fondera une famille, je ne pourrais plus prendre de tels risques. alors je suis allée au lieu de rendez-vous. j'ai sentie le premier coup sur mon visage. puis le second, puis mon corps entier à commencé à me faire mal. la tête, le visage, les côtes, la poitrine. j'étais presque à court de souffle quand j'ai dû répondre à leurs questions. je ne pourrais même pas dire combien de temps ça a duré. je n'ai rien lâché, j'ai menti parce que ma vie en dépendait, jusqu'à l'arrivée d'Austin. une fois au poste, je refuse d'aller à l'hôpital, espérant n'avoir qu'une ou deux côtes cassés que je tiendrais avec une bande. le sang qui coule de ma pommette et ma lèvre qu'Austin nettoie immédiatement avant que tu ne débarques. eh cowboy soit pas rude avec lui que je te lâche en parlant d'Austin. je fais signe à mon partenaire qu'il peut nous laisser quelques minutes tout les deux. promis je ne me sauverais pas. j'ai voulu faire un combat clandestin pour arrondir les fins de mois et j'ai perdu que je rétorque en essayant de ne pas rire. les aléas du métier ? que je te dis en lissant ta veste en jean par dessus ton t-shirt. c'est rien bébé, je vais bien j'ai surtout pas envie d'en parler.

si il y a bien une chose que tu serais prêt à faire, c'est tout sacrifier pour elle. tu pourrais aller contre vents et marées, braver tous les interdits et les obstacles, quitte à perdre tout le reste. car il n'y a qu'elle qui compte à tes yeux, bien plus que ta propre vie. alors quand tu la découvres en piteux état, t'as le sang qui ne fait qu'un tour et la colère qui t'envahit. tu fais comprendre à austin qu'il peut disposer, sierra lui faisant un signe de la main pour valider tes propos. comme si elle avait besoin de rassurer son partenaire d'être en ta présence. sourcils qui se froncent quand il suggère en partant qu'il faudrait l'emmener à l'hôpital. t'es pas idiot, tu sais ce que tu dois faire, sans qu'on vienne te donner des conseils ou des ordres. tout ce que tu détestes d'ailleurs, les ordres. puis ton visage se ferme quand elle tente l'humour. — arrête de te foutre de moi sierra lui renvoies-tu sèchement. t'as pas du tout envie de rire, et quand tu vois son rictus qu'elle tente de cacher, ça te fait littéralement bouillir. toi qui a tant de mal à gérer tes émotions, tu te retrouves comme un con, tiraillé entre plusieurs qui s'opposent en toi. et comme souvent quand c'est comme ça, c'est la colère qui prend le dessus. ton côté impulsif, qui fonce dans le tas sans réfléchir. — tu me prends pour un con ? t'es la seule blessée et austin n'a rien? ouais parce que si c'était sur une intervention que tout ça lui était arrivée, son partenaire serait tout autant amoché qu'elle. mais là, c'est pas le cas. ça sent le coup où elle l'a appelé pour la sortir d'une galère dans laquelle elle s'est fourrée. et ça te plait pas, pas du tout. — tu vas pas bien, tu saignes de partout t'attrapes les compresses éparpillées sur la table, que t'imbibes de désinfectant. doucement, tu viens tapoter les plaies éparpillées sur son visage. c'est plus fort que toi, même si tu veux lui montrer ton énervement, tu ne peux pas la laisser dans cet état. — tu vas me raconter. avant ou après que je t'ai emmené à l'hôpital. j'te laisse au moins ce choix là. t'es directif et tu lui fais comprendre qu'elle n'aura pas le dernier mot sur ce qu'il vient de se produire. la seule chose qui arrive à te faire un peu redescendre, c'est de penser qu'elle est toujours là et qu'il n'est pas arrivé quelque chose de plus grave.

je ne sais pas encore comment je vais me sortir de cette histoire. mon premier réflexe, c'est d'appeler Alec mais j'ai pas été toute seule une seule fois depuis qu'Austin et les renforts m'ont récupérés. mon téléphone a été explosé dans le début de la bagarre donc je ne peux même pas lui envoyer un message discretos. et je ne peux certainement pas te dire que je dois voir Alec mais que je ne peux pas t'expliquer pourquoi. je pense que là tu finirais par me faire une crise cardiaque. je me contente donc je donner la même version, trois fois. une fois à Austin, une autre fois à Henry et enfin au service d'enquête qui intervient quand un inspecteur de police est blessé. assise sur le bureau je me tiens de temps en temps les côtes qui me font mal quand je respire trop fort. je me moque pas de toi que je réponds le plus sérieusement possible. j'ai eu envie de tout te raconter, au début où on s'est remis ensemble. j'ai eu envie de te dire à quel point j'avais merdé et que je devais vivre avec ça sur la conscience. mais j'ai réfléchis aux conséquences et il était hors de question de te mettre en danger. alors j'ai préféré me taire. et maintenant mon silence pèse et menace de tout faire basculer. pour ta vie, ma carrière, tout. Austin était pas là. j'ai reçu un message d'un indic, j'y suis allée en vitesse en rentrant au poste et voilà. ma version officielle. je te dis que .. j'ai pas le temps de terminé que tu attrapes un bout de compresse que tu commences à tapoter sur ma joue et ma lèvre. j'attrape tes mains pour les garder dans les miennes. ça va j'te dis. ok ? physiquement ça va. mentalement je suis complètement perdue et je dois très vite réfléchir. j'irais pas à l'hôpital. je vais bien c'est pas mon endroit préféré on va pas se le cacher.

de manière générale, il t'en faut peu pour monter en pression. un grain de sable peu t'énerver et te faire fulminer toute la journée. mais lorsqu'il s'agit de sierra et de sa santé, voire même de sa vie, tout ton être prend feu en un quart de seconde. son visage tuméfiée que t'inspectes d'abord du regard avant de prendre soin d'elle, te serre le coeur. tu voudrais défoncer la personne qui lui a fait ça, lui rendre la pareille. faire même peut être pire. trop sanguin, tu pourrais parfois avoir des problèmes si tu t'écoutais. tu soupires à sa réflexion, agacé qu'elle minimise autant les choses. — et voilà?! tu relâches son menton et croises tes bras sur ton torse. — y'a pas de putain de "et voilà" quand on s'fait massacrer comme ça. y'a eu quoi avec ton indic ? tu sais pas si elle ment, mais t'as le pressentiment qu'elle te cache quelque chose et ça, ça ne te plait pas. elle t'attrapes les mains, prend sa voix rassurante et t'assures qu'elle va bien. les sourcils qui se froncent et tu recules d'un pas, relâchant ses mains pour recroiser tes bras sur ton torse. — non, essaye pas de m'avoir comme ça là. avec ta tête d'ange, tes yeux doux et tes belles lèvres pulpeuses qui t'appelles même quand elles saignent. — tu vas pas à l'hôpital si tu me racontes. seul idée qui te vient à l'esprit. et puis surtout, énorme chantage parce que tu comptes la trainer là bas à un moment, histoire de contrôler qu'elle n'a vraiment rien -même si t'es persuadé qu'elle a quelque chose vu ses agissements anormaux. t'attrapes une chaise par son dossier, que tu traines jusqu'à sierra, pour t'assoir en face d'elle. — fais ton choix, l'histoire ou l'médecin. bras croisés, visage fermé et déterminé à ce qu'elle se décide à parler ou bouger se faire examiner.

j'ai conscience de tirer sur la corde sensible. je sais que je frôle l'insolence et que tu es petit à petit en train de monter en pression. mais c'est ma manière de me protéger, de m'empêcher de sombrer. parce que pour le moment je suis encore sous le coup de l'adrénaline. mais j'ai eu peur, je mentirais si je disais que je savais que tout irais bien. j'ai vraiment cru que j'allais y passer et j'aurais pu, si Austin ne m'avait pas convaincu de mettre ses mouchards à la con sur nos montres. mais je veux pas te montrer que je suis à deux doigts de craquer, que je pourrais tout à coup percuter, réaliser et lâcher prise. pourtant t'es la seule personne devant qui j'accepte d'être dans cet état. mais pas là, pas maintenant. ça me forcerait à devoir t'expliquer ce qu'il c'est passé et je ne suis pas encore prête. je te vois croiser les bras sur ton torse, ce qui est vraiment mauvais signe, tes collègues seraient d'accord avec moi. il a visiblement décidé d'arrêter de bosser pour nous et ils ont tenu à me le faire savoir c'est déjà arrivé, des indic qui décident de se rebeller et des flics qui tombent dans un piège. et même si je sais que tout ce que je raconte depuis le début est parfaitement cohérent et tient la route, toi t'as un doute. je peux berner l'équipe, Henry à la limite, très certainement les affaires internes mais toi non. pas pour longtemps. alors que j'essaie d'établir un contact avec toi tu me repousses, relâches mes mains et t'éloigne. mon regard qui s'assombrit. j'essaie pas de t'avoir. je vais bien. physiquement. et soudain tu me balances ton ultimatum à la gueule. j'ai un mouvement de recule à mon tour. c'est quoi ça Ilan ? je fronce les sourcils, reste silencieuse quelques instants. ça veut dire quoi ça ? depuis quand tu me fais du chantage ? j'aime pas ça du tout, c'est clairement pas le moment. geste nonchalant de ta part quand tu t'assois sur la chaise en me fixant. j'attrape mon portable, envoie rapidement un message à Alec "faut qu'on parle" avant de fourrer le téléphone dans la poche de mon jean en descendant du bureau. on va à l'hôpital là voilà ma réponse.

elle est entrain de te tendre et ça se voit dans ta posture, à ton expression faciale et à la façon que tu as de souffler. c'est assez rare que sierra te mette autant en rogne. elle a plutôt le donc de t'apaiser normalement. mais là, elle te gonfle. t'as même l'impression qu'elle fait un peu exprès de se foutre de toi. ses explications ne sont pas convaincantes et tu sens que tu perds patience.  — c'est ça ouais que tu chuchotes. t'essayes de canaliser ton feu intérieur qui serait susceptible de gueuler et tout envoyer valser. tout se passe très vite dans les minutes qui suivent. l'ultimatum que tu lui poses, ses doigts qui pianotent rapidement sur son smartphone, et son regard noir qu'elle te jette.  — depuis que tu me mens. tu te relèves d'un bon, n'ayant pas envie de lui faire face plus longtemps. à la fois énervé et conscient que la regarder pourrait te faire chavirer. t'aimes trop cette fille et elle sait y faire avec toi. mais ce soir, c'est une goutte de trop, celle qui fait déborder le vase. tu veux bien tout accepter, mais pas qu'elle te mente ouvertement au nez. tu la connais, tu sais qu'elle trafique un truc qu'elle cache. tant pis, tu ne la pousseras pas plus dans ses retranchements. — lève toi, on y va. les escaliers que tu dévales, sans attendre de voir si elle te suit ou non. arrêt rapide à ton bureau pour attraper ta veste et tes clés de voiture, et tu repars ta course effrénée dans les étroits escaliers qui emmènent vers le parking en sous-sol. silence qui règne dans l'habitacle de ta voiture, l'air extérieur qui pénètre par ta fenêtre ouverte viens faire redescendre tes nerfs grimpés en flèche. à l'arrivée sur le parking de l'hôpital, tu tournes ton visage vers elle et plus sereinement, avec un regard plus tendre, tu viens la questionner de nouveau. — tu veux toujours rien dire? tu viens éteindre le contact et le bruit du moteur se coupe, vous laissant dans le silence citadin avec l'éclairage de l'hôpital en face de vous. 

je sais qu'on va se disputer, je le vois dans ton regard. pour le moment tu contiens la colère en toi parce que tu vois mon visage tuméfier et que tu veux pas en rajouter, t'as conscience que ma réaction tien aussi du traumatisme et que pour l'instant je tiens bon, mais que je pourrais m'effondrer tôt ou tard. et c'est exactement ça, je tiens sur le fil du rasoir, la fatigue et la douleur qui prennent le pas à chaque instant sur mon état.  Ilan s'il te plait fait pas ça, pas ce soir c'est pas le moment de m'en vouloir ou de me faire culpabiliser. ce qu'il vient de se passer c'est déjà suffisant.  arrête je te dis que je répète, le regard noir. c'est pas le moment. je suis moi aussi en colère de ce qu'il s'est passé, de m'être faite avoir, je suis en colère que tu le sois au lieu de simplement comprendre que c'est pas le moment.  tu veux pas être en colère demain ? pas ce soir, j'ai pas besoin de ça. et t'as de la chance parce que mon impulsivité aurait pu me faire vriller. mais c'est toi, et je t'aime plus que tout au monde. alors je prends sur moi, je comprends que t'as eu peur et que c'est ta manière de réagir, parfois ultra protectrice mais surtout c'est la peur qui parle. j'attrape ma veste et je pose mon arme dans mon casier avant d'éteindre la petite lumière de mon bureau et de te suivre. je t'attends devant ton bureau et te suis sur le parking pour monter dans la voiture en direction de l'hôpital. sur le trajet on ne parle pas, je me contente de regarder par la fenêtre, plaquant une main contre mes côtes quand la voiture bouge un peu trop, grimaçant en silence. une fois arrivé sur place, tu coupes le contact mais reste dans la voiture. ta question elle me fend le coeur, elle me fait un mal de chien parce que je voudrais vraiment pouvoir t'en parler mais je ne peux pas. ce n'est pas que mon secret et surtout je refuse de t'impliquer dans quelque chose d'aussi gros.  je maintiens toujours la même version que je réponds comme si j'étais suspecte et toi l'officier en charge de mon audition.

t'as pas envie d'être tendre avec elle. les émotions diverses te submergent et ne laissent pas place à de l'empathie, pas pour le moment. malgré ses supplications, tu restes de marbre et te tiens à distance. visage fermé tu secoues la tête pour lui répondre que non, ta colère ne passera pas maintenant et ne sera pas différé au lendemain. s'en suit le trajet jusqu'à l'hôpital durant lequel aucun de vous deux ne décroche un mot. c'est seulement à l'arrivée que tu te décides à lui redonner une chance. mais, têtue comme à son habitude, elle réitère à nouveau maintenir la même et unique version. celle qui te semble être fausse. ton agacement face à la situation se manifeste dans un court soupire. tu ne perds pas de temps pour sortir de la voiture et en faire le tour pour aller ouvrir la porte de sierra. les traits du visage toujours fermé, tu fais tout de même un pas vers elle en tendant ta main pour l'aider à sortir de la voiture. ton corps se substitue à une béquille et tu maintiens son étreinte contre toi, sans rien dire, pénétrant dans les urgences. prenant les devants, tu ne lui laisse pas le choix de s'assoir et te rend toi même à l'accueil pour vous signaler. avant de retourner avec sierra, tu fais un arrêt vers la machine à café. de retour vers la brune avec deux gobelets en main, un que tu lui donne, tu la fixes avec un air presque désespéré de la situation. — ça me plait pas d'être en colère comme ça, tu l'sais ? c'est agréable pour personne. tu détestes être dans cet état, tu détestes qu'elle te voit dans cet état et tu détestes encore plus et par dessus tout la voir dans cet état. ça te fait sortir de tes gongs que quelqu'un ait voulu lui faire du mal. l'attendre elle, c'est t'atteindre toi, en pire.