Viva las vengeance
with @Rainier de Danemark , @Roman H.-Abbott
warning : dopage.
le 3 mai 2023 Appartement de Rainier  Je relis la lettre de ma (future-ex-)belle-sœur pour la vingtième fois, si ce n’est la quarantième, alors que le uber me conduit chez Rain. Je ne vois que lui pour m’aider à comprendre et démêler le faux du vrai dans cette histoire. Après tout, il s’était à l’époque donné autant que moi, si ce n’est plus, pour découvrir l’identité de la personne qui m’a piégé. Version que Rain fut l’un des seuls à croire, soit-dit en passant. Complètement abattu au moment des faits, après avoir vu les personnes qui m’étaient le plus chères me tourner le dos, j’ai décidé de concentrer mon énergie sur Harvard et ai laissé tomber cette histoire pour laquelle je n’aurais jamais de fin. C’est ce que je pensais sincèrement, jusqu’il y a deux heures. Six années de silence. Six années à creuser la tombe de ma carrière. Presque tout autant d’années à accepter la situation. Ce serait un mensonge de dire que, à ce jour, je ne me pose pas encore régulièrement la question sur le déroulement des événements qui m’ont mené à ce test antidopage positif, mais je ne m’attarde jamais bien longtemps dessus. Lorsque j’ai été accepté à Harvard, je me suis fait la promesse d’avancer, plutôt que de ruminer le passé. Malgré les heures d'entraînements que j’ai pu consacrer dès le plus jeune âge pour arriver au sommet, que je n’ai jamais atteint, j’ai fini par accepter mon sort afin de ne pas le subir toute une vie. Et voilà que comme une lettre à la poste, littéralement, les réponses me tombent du ciel. Ce que je lis ne me donne pas seulement envie de vomir, j’ai des envies de meurtre. De vengeance, de brûler la terre entière. Je retiens des larmes de rage lorsque le chauffeur m’indique que nous sommes arrivés et le remercie à peine avant de sortir du véhicule. Je m’en veux de débarquer chez Rainier après ces dernières semaines compliquées mais le fait est que je n’ai pas grand monde vers qui me tourner. Il était là lorsque mon monde s’est écroulé, et là à chaque étape de sa reconstruction. Il n’y a que lui qui peut comprendre, à un certain niveau, ce que je ressens actuellement. Surtout, il n’y a que lui qui puisse m’apporter des réponses ou m'aider à les obtenir. Parce que malgré la précision de cette lettre, une petite voix me souffle que ce n’est peut-être que de la vengeance pure et dure de la part de Charlotte. Une invention de sa part pour détruire mon frère. Mais qui serait assez fou pour inventer une telle histoire, dans tous les détails ? Je soupire, inspire une bonne fois, et sonne à la porte, la lettre dans la main. Hey. Désolé de débarquer à l’improviste. Je lui présente surtout mes excuses pour Shay, qui avait peut-être d'autres plans que celui de voir ma tête pour la soirée. C’est important. Au cas où ce n’était pas évident à travers mes messages.

Viva las vengeance
with @Rainier de Danemark , @Roman H.-Abbott
warning : dopage.
le 3 mai 2023 Appartement de Rainier  J’ignore comment la jalousie peut mener à un tel acte. Toute notre enfance a été consacrée au tennis. Nous étions sur les mêmes courts, avec le même entraîneur - notre père. Nous avons été scolarisé dans une académie de tennis au même moment, avons dû faire les mêmes sacrifices. Milan est la personne la mieux placée pour savoir que c’est toute ma vie qu’il a foutu en l’air. A-t-il seulement eu le moindre regret par la suite ? Est-ce qu’il a agit sur une impulsion ou était-ce bien préparé ? Ca ne peut qu’avoir été préparé pour que tout coïncide, que le contrôle tombe à pic. Bordel je ne parviens pas y croire. Et lorsque je repense à ses déclarations dans la presse, qui n’ont fait que m’enfoncer au lieu de me défendre, j’ai de sincère envie de meurtre. Mon propre frère, mon sang, mon binôme… Les pièces du puzzle s'emboîtent enfin et je rêverais de le démolir et d’oublier cette lettre. Je ne sais pas si je suis soulagé d’avoir le fin mot de l’histoire parce que j’ai l’impression d’être de nouveau six ans en arrière, la rage et la douleur qui dominent tout autre sentiment. Lorsque j’arrive chez Rain, mes yeux tombent sur Cooper dont je caresse rapidement la tête. Je me contente de hocher la tête pour remercier mon ami lorsqu’il m’invite à entrer et prend sur moi pour ne pas lui déballer tout ce que je viens d’apprendre d’une traite. J’ai l’impression d’être un lion en cage et suis aussi en colère contre lui que contre moi-même parce que je n’ai rien vu venir. J’aimerais vraiment que tout ceci ne m’atteigne pas, ou plus, mais c’est impossible. Et quand Rain me pose son ultime question, mon cœur tombe au fond de mon estomac. C’est une putain de blague ? Tu te moques de moi là ? Il savait et a décidé de ne rien me dire ? Non c’est impossible. Je ne peux pas ajouter son nom à la liste des personnes qui m’ont trahie, pas alors qu’il a toujours eu ma confiance. Si Rain savait, il m’en aurait forcément parlé, je suis ridicule à penser l’inverse mais c’est qui LUI ? Ou veut-il en venir ? De quoi tu parles ? Je demande aussi calmement que possible, afin que Rain clarifie, avant de sauter aux pires conclusions. J’ai peur de sa réponse et envie de prendre la fuite avant de lui laisser une chance de parler mais je dois savoir.

Mes pensées s’emmêlent les pinceaux, mes palpitations s'accélèrent et le sol s’ouvre sous mes pieds. Je refuse de tomber à nouveau, de me retrouver au fond du trou, alors qu’il m’a fallu des années de travail sur moi-même pour me remettre (presque) complètement et avancer. Le tennis n’est pas la seule chose sur laquelle j’ai dû faire un deuil lorsque le scandale a éclaté. J’ai perdu mon frère, mon père, une bonne partie de mes amis, ma petite-amie. Ma mère a essayé de m’aider sans s’oser à tenir tête aux deux autres pour me soutenir à cent-pour-cent et a donc plus ou moins disparu du tableau elle aussi. Ce fut un enfer. J’ai travaillé dur, concentré toute mon énergie sur mon entrée à Harvard au détriment de ma santé mentale, et par je-ne-sais quel miracle, j’ai réussi. Cela ne veut pas dire que la route n’était pas sinueuse ou que j’ai rebondi facilement, encore aujourd’hui je paye les frais de ce scandale et panse ces blessures du passé. Et soudainement, quelqu’un décide de faire remonter toute cette histoire à la surface et je me retrouve au bord du gouffre, avec une colère que je parviens difficilement à contenir. J’inspire profondément pour conserver mon calme lorsque Rain me dit de ne pas m’exciter, ce qui ne fait que redoubler mon envie d’hurler. Je suis en droit de réagir comme je le fais, plus encore si comme mon ami semble l'insinuer, il savait. J’essaye de ne pas rire nerveusement lorsqu’il affirme avoir continué à chercher pour moi; ce n’est pas mon reproche. Qu’il ait continué ses recherches malgré mon abandon et l’envie de tourner cette page est une chose que je peux comprendre et accepter. Que Rain ait trouvé la réponse sans la partager avec moi, beaucoup moins. J’essaye de m’accrocher à ses mots mais je le sens que je me déconnecte. Physiquement, je suis toujours face à lui, mais mentalement je me ferme complètement. Je crois que mon cerveau cherche à me protéger car je ne suis pas certain de pouvoir continuer à encaisser de nouvelles trahisons, de nouvelles déceptions. Je ris nerveusement lorsqu’il dit que c’est une forme de violence d’ouvrir les yeux à quelqu’un. Et lui mentir, ça ne l’est pas ? Lui cacher des informations cruciales qui le concerne directement, ce n’est pas une forme de violence ? Laisser quelqu’un se poser des questions pendant des mois, des années, alors qu’on a la réponse ? J’essaye de ne pas lui couper la parole afin de le laisser aller à bout de ses explications. Lui, mon ami, qui cherche à me manipuler pour que j’aille dans son sens. Je crois que je tombe d’encore plus haut que lorsque j’ai ouvert cette lettre, car j’avais déjà perdu mon frère sans le savoir coupable, alors que Rain a toujours été à mes côtés. Son discours pompeux me gonfle et c’en est trop, je ne parviens pas à le laisser continuer sans faire un commentaire. J’en ai assez entendu. Putain Rain va faire bouffer ton encyclopédie à quelqu’un d’autre. La dernière chose dont j’ai besoin est qu’il m’étale les pages wikipédia qui vivent dans sa tête jour et nuit. Je m’en fous de sa putain de définition du déni, de son interprétation. Il n’est pas médecin ni psychologue, c’est la dernière chose que je souhaite entendre là. C’est moi qui vais lui faire bouffer s’il n’y met pas un terme rapidement. On parle de moi là, pas de toi. C’est ma vie, ma carrière, mon frère qui m’a trahi, mes cicatrices. S’il y a une personne qui avait besoin de comprendre pour tourner la page, c’est moi. Je ne comprends même pas qu’il se justifie de cette façon. Rainier estime donc avoir eu besoin du fin mot d’une histoire qui ne le concerne qu’indirectement mais qu’en revanche, le principal intéressé pouvait rester dans le flou ? Tu ne voulais pas laisser ça impuni mais tu l’as fait Rainier. Il s’en est sorti, il a continué sa carrière, il m’a traîné dans la boue dans les médias, devant mes proches, et tu l’as laissé faire alors qu’on aurait pu mettre fin à son cirque il y a des années. A quel moment tu t’es dit que c’était mieux pour moi de ne pas savoir ? J’ai avancé parce que je n’ai pas eu d’autre choix mais je n’ai jamais tourné la page et si tu me connais aussi bien que tu sembles l’affirmer, tu sais tout ça. J’ai les larmes aux yeux. De rage, de tristesse. Je suis projeté cinq ans en arrière, incapable d’empêcher le passé de me rattraper et détruire mon présent et ça fait un mal de chien. La décision de ne rien faire de ces informations ne n'appartenait pas. Je fais quoi de tout ça maintenant ?