London May 2023 w/ @Gigi Desrosiers

Comme à chaque fois qu'un événement inhabituel se préparait à entrer dans ma vie, mes fonctions physiologiques se dérèglaient. Depuis une semaine, le sommeil me fuyait. La faute à la maudite échéance qui approchait, implacable. Et même pour notre première nuit dans mon pays, l'insomnie me faisait joie de sa compagnie. Le soleil se levait à peine et je suis assis dans le fauteuil, les yeux qui jonglent entre la fenêtre et ton corps sous le drap. C'est aujourd'hui que je vais retrouver ma mère, revoir mon père et te faire entrer dans cet enfer. J'espère que ma ville parviendra à te faire aimer les prochains jours avec moi.  Londres ressemble à Paris comme une grande sœur, en plus radical, plus tranché. Il y a une grande roue, d'immenses parcs, un centre historique piéton, de vastes musées, des cathédrales, des touristes japonais, des abbayes, des manifestants contre l'avortement, d'immenses tours modernes dans le quartier des affaires, d'innombrables sites historiques, de grandes avenues, des bâtiments publics majestueux, d'interminables galeries d'art et un fleuve au milieu. Mais il y fait encore plus froid l'hiver, encore plus gris, et la nuit tombe encore plus vite. Le fleuve y est encore plus large et la séparation entre ses deux rives encore plus nette. Les appartements royaux sont toujours habités, les accès en voiture encore plus limités et les loyers encore plus chers. Néanmoins, il n'y a qu'à Londres qu'on trouve certains éléments du patrimoine de l'humanité sur lesquels le monde entier lorgne avec envie : la voiture de James Bond, l'équipe de foot d'Arsenal, de gros taxis noirs d'un autre temps, Gemma Arterton (quand elle n'est pas en tournage à l'autre bout de la terre), la plus grande collection de chapeaux du monde et assez de maisons identiques pour jouer au jeu des sept différences pendant des années. Pour finir, les rives de la Tamise sont agréables à parcourir, entièrement piétonnes, bordées de restaurants et de galeries marchandes, mais Dieu qu'elles sont longues quand on vient de boire deux litres de bière pour fêter la nouvelle année et que la maison n'est toujours pas en vue! Oué j'ai un petit sourire en passant quelques souvenirs d'ici, comme un pansement que j'applique avant la blessure. On peut toujours reste ici? Visiter et oublier la mission principale de ce voyage?   

La soirée au Nirvana a fini plutôt tard, j’ai pris le temps de faire les comptes rapides de la journée pour donner une estimation de dons aux associations et j’ai passé le reste de la journée à courir partout, enchaînant les dernières machines, rangeant ma chambre et terminant ma valise. Lorsque je me suis posée dans l’avion à tes côtés, tout a été sacrément vite. Je n’ai même pas vu les snacks arriver, c’est pour dire. Je me suis réveillée pour le repas, un joli mal de nuque à cause de la position dans laquelle j’ai passé plusieurs heures, la tête sur ton épaule. J’espère que je n’ai pas bavé ni ronflé. Et puis, tout est arrivé rapidement. Heathrow terminal 5, récupérer nos bagages, sauter dans la Picadilly line et traverser toute la ville. Un repas pris sur le pouce dans un Cottage Chicken du quartier, on a rapidement retrouvé le lit et j’y ai dormi quelques heures de plus. Je ne sais pas quelle heure il est lorsque j’ouvre les yeux, légèrement gênée par la lueur qui commence à s’immiscer par les fenêtres et les rideaux. Il n’y a même pas de stores, c’est complètement ridicule. Je referme les yeux et me tourne dans le lit pour me retrouver dos aux rayons du soleil mais face au mur. Je reste ainsi quelques minutes mais lorsque mon cerveau me dit qu’il faut sortir, qu’une longue journée nous attend et que j’ai assez dormi, je tourne à nouveau dans le lit, un léger sourire sur le visage, taquine et prête à t’embêter de bon matin. Cela fait deux semaines que l’on a décidé de reprendre notre relation du début et même si ce n’est pas facile tous les jours, je sais que c’était ce dont j’avais besoin. Se redécouvrir et aller à mon rythme plus qu’au nôtre, je le sais. Je n’ai pas voulu prendre deux chambres pour ce séjour et compte bien voir si ces huit-dix jours loin de Boston vont nous souder ou tout faire voler en éclat. Le bras levé, je garde les yeux fermés et tente de caresser ton visage du bout des doigts. Parce que je t’imagine à côté de moi. Cependant, mes doigts finissent par toucher le coton du drap et je fronce les sourcils avant d’ouvrir les yeux. Je tourne le visage et te vois assis dans le fauteuil à l’autre bout de la chambre. Hey… Que je souffle, me relevant légèrement. Je replace mon débardeur en soie qui montre presque mes seins et te souris. J’ai trop bougé ? Que je demande rapidement, tirant sur le drap pour découvrir ta partie. Je te tends la main, t’invitant à me rejoindre sous la couette pour discuter, pour t’enlever toutes les pensées qui ont l’air d’embrumer ton cerveau. J’aimerais avoir la même magie que ce grand Sage dans Harry Potter, le vieux toujours vêtu de violet qui balance ses souvenirs dans une Pensine. Manque de bol, j’ai pas grand chose de magique.

London May 2023 w/ @Gigi Desrosiers

Ton corps qui commence à avoir la bougeotte oblige mes yeux à venir dessus. Es-tu entrain de te réveiller ou simplement encore plongée dans un rêve? Tout ce que je suis entrain d'imaginer depuis les longues heures d'insomnie n'est que cauchemar. Je ne sais pas comment éviter un fiasco pour les retrouvailles avec mon géniteur, c'est compliqué. Il ne m'a pas manqué, même pas un peu. Et si c'est l'inverse le concernant, c'est seulement parce qu'il a perdu un de ses punching-ball préféré. Bonjour toi.... Le sourire qui est clairement affiché maintenant Nan j'ai juste du mal à dormir. Ton invitation n'est pas à refuser. Mon corps se redresse à l'aide de mes mains sur les accoudoirs et je reviens dans ce lit que j'ai quitté plus tôt, vêtu d'un short et d'un sweat à capuche sous lequel je ne porte rien. J'ouvre mon bras pour que tu viennes te blottir un peu plus contre moi, certain que ta présence soulagera un peu les tourments. T'as bien dormi toi? Le visage qui vient se réfugier contre le haut de ton crâne pour y renifler tes cheveux, tel un bon shoot. Nous avons décidés de ralentir les choses, de reprendre dans le bon ordre, celui de la normalité. Ce qui n'est pas évident en habitant ensemble, mais nous ne dormons plus à deux aussi souvent qu'avant, aussi souvent que je le veux mais j'accepte de me prêter au jeu. Et c'est un retard qui sera rattrapé ici, sauf si tu en as marre de moi et que tu demandes une seconde suite. Je suis marqué par les perturbations, il n'est pas possible pour moi de cacher mon inquiétude et ma peur, pas si proche d'un moment que je veux vivre tout en le redoutant. Tu veux direct venir chez mes parents ou tu préfères attendre demain? Il n'est pas question de ce que je veux, parce que je n'ai pas envie de te mettre dans une position inconfortable. Je ne peux pas être égoïste mais, je crois que tu es la seule personne en ce monde, capable de régler mes émotions. Je suis capable d'y aller seul mais je ne peux rien promettre sur ma capacité à gérer.

Je sais que ce séjour en Angleterre est difficile pour toi et je comprends totalement. Si je devais rentrer à la maison pour retrouver mon père, je crois que je deviendrais folle. Folle que ma mère l’accepte toujours à ses côtés - si tentée qu’elle soit encore en vie, ce qui n’est malheureusement pas le cas - mais aussi qu’il soit toujours dans ma vie d’une certaine façon. T’aurais dû me réveiller. Que je souffle doucement, de la manière la plus sincère qui soit. J’ai déjà bien dormi dans l’avion alors j’aurais pu manquer quelques heures pour t’aider à aller mieux, à relâcher la pression que j’arrive à lire d’ici. Tes épaules sont tendues quand tu marches et ça se voit, même sous ton hoodie. Quand t’es dans le lit, je te couvre à nouveau et me rapproche de toi. Je ne sais pas si c’est l’air anglais qui fait ça mais c’est beaucoup plus facile pour moi d’être celle que j’ai envie d’être. Mon bras glisse sous le tissu de ton hoodie et je commence à dessiner des cercles et des fleurs dans ton dos, entre tes omoplates. Comme un loire. Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir eu deux jours sans dormir avant de venir ou l’air anglais mais ça fonctionne. Je ris légèrement et relève doucement le visage vers toi, te forçant à te déplacer légèrement pour ne pas avoir à manger mes cheveux. Je veux rencontrer ta mère au plus vite alors je viens avec toi dès aujourd’hui. Que je souffle rapidement avec un sourire, sans aucune hésitation. Ce ne sont pas mes tourments que je dois gérer à ce moment mais je dois surtout t’aider à gérer les tiens, ce que je suis prête à faire. Je sais de toute façon que le moment avec ton père risque d’être difficile et que tu n’as probablement aucune envie de le voir alors bon… Tu leur as dis qu’on viendrait vers quelle heure ? On mange chez eux ou au restaurant ? J’ai vraiment envie d’y aller à ton rythme, selon tes choix et ceux de tes parents mais j’ai aussi terriblement envie de tout faire pour la sortir de ce quotidien anxiogène dans lequel elle est. Tu leur as dis quoi sur moi ? Qui suis-je ? J’essaye de parler au pluriel mais je sais pertinemment que c’est plus à ta mère que t’as parlé plutôt que ton père, ce qui est plus que compréhensible, on ne va pas se voiler la face. Ma main continue de dessiner des cercles dans ton dos et j’espère que ça va t’aider à te détendre et à passer une bonne journée - aussi bonne puisse-t-elle être - mais aussi un bon séjour. Je ferai tout ce qui sera en mon possible pour t’aider, tu peux compter sur moi.

London May 2023 w/ @Gigi Desrosiers

Elles sont nombreuses les craintes et interrogations sur la journée à venir. J'ai peur de redevenir un adolescent impulsif à la simple vue de mon père. Je n'ai même pas l'espoir que les années aient pu le changer, c'est impossible. Ce sera même tout l'inverse, encore plus rongé par la colère et la violence, encore plus plongé dans l'alcoolisme. C'est l'enfer qui l'attend quand moi, malgré tout ça, c'est au paradis que je suis une fois contre toi. Nan t'avais besoin de dormir. Et je m'interroge sur ce sommeil, voulant qu'il soit bon. Tes mouvements de doigts me font frissonner mais m'apaisent un peu aussi. C'est agréable, tu dessines des choses que je saisis approximativement mais j'apprécie. Mon rire se fait entendre et rejoint le tien quelques secondes avant que la parole soit reprise Un peu des deux j'pense.... Une main sur ton bras que je câline également, mon regard jusqu'ici perdu vient se planter dans le tien. Ta réponse étire mes lèvres bien que je sois aussi apeuré du comportement qu'il va pouvoir avoir avec toi. Il va y avoir les deux femmes les plus importantes de ma vie dans cette maison et je ne sais pas si je vais pouvoir me contrôler si il s'attaque à l'une d'elle devant moi. A midi et c'est chez eux. Le restaurant est réservé pour demain soir, j'pensai embarqué ma mère tout l'après midi pour se balader ensemble.... si ca te va? Et ca me laisse aussi du temps rien qu'avec toi pour prendre comme des pauses. Si le temps est doux avec ma maman, il ne l'est pas avec papa. Pour ne pas saturer, je préfère garder des soirées et demie journée avec comme unique compagnie, la tienne. Nous avons des dates à réaliser. Mes joues se gonflent et l'air s'échappe rapidement entre mes lèvres Ô mhm, j'ai prévenu que j'venais accompagné mais sans donner de détails. L'inférieure qui se retrouve un peu pincée J'voulais te laisser encore une chance pour choisir ce que je vais dire pour te présenter. Pour ne pas aller trop vite, éviter d'enclencher une vitesse qui n'est pas désirée. Avec ton alliance j'en connais une qui va s'exciter, je crois qu'il va falloir se mettre d'accord sur ce que nous allons raconter.  Nous avons encore quelques heures devant nous pour êtres prêts pour rester dans notre bunker, moi, entrain de te contempler amoureusement, parce que je n'ai pu besoin de jouer la comédie ou de le cacher.

Je ne peux m’empêcher de soupirer doucement à tes mots. Oui, j’ai besoin de dormir mais pas à ce point non plus, pas au détriment de ta paix mentale. Tout cela m’inquiète énormément, que je le veuille ou non. Je pourrais essayer de faire semblant de ne pas m’inquiéter de tout ce qu’il se passe en ce moment dans ta tête mais je ne sais pas comment faire. Je ne sais plus comment faire. Je veux qu’on y aille doucement tous les deux, qu’on y aille à notre rythme mais tu es un ami avant tout… Bien sûr que ça me va. On est là pour ça. Et si tu veux un moment qu’avec elle, j’irai me balader toute seule sur Oxford Street. Parce que j’ai fait mes recherches avant de venir et je sais qu’il y a des tonnes de magasins dans cette rue mais aussi sur Regent Street. Je vais revenir avec les bras pleins de sacs, c’est tout ce qu’il va se passer. Vous voyez Blair Waldorf dans Gossip Girl quand elle est à Paris ? Ce sera moi s’il me laisse seule un peu trop longtemps. Et puis, j’aborde un sujet un peu moins drôle, un peu plus sérieux surtout. Je réfléchis quelques secondes et je ne sais toujours pas de la manière dont j’ai envie d’être appelée, très peu intéressée par ce type de formalité. Et si… Je soupire doucement, me répétant les mots que je souhaite dire mais en étant tout bonnement incapable de les prononcer tout de suite. Je sais que c’est ce vers quoi on se dirige, je sais que c’est ce que l’on est mais poser une réelle étiquette sur le sujet m’angoisse terriblement. Je ferme les yeux quelques secondes et lorsque je les réouvre, je bouge légèrement dans le lit. Allongée à ses côtés, je rapproche ma main droite de la gauche et retire mon alliance que je n’ai pas bougé depuis mon union avec Raphaël il y a bientôt six ans. La bague entre le pouce et l’index, je souffle Je ne veux pas donner de faux espoirs à ta mère alors, elle restera ici, dans la chambre. Que je souffle avec un sourire sur le visage. Je me penche par dessus ton corps et pose la bague sur la table de nuit pour le moment. Aujourd’hui et pour la première fois depuis le début de cette relation, il n’y a que toi et moi dans ce lit. Pas l’ombre de mon mari ou que sais-je. Mais je ne veux pas lui mentir pour quelque raison que ce soit. Alors si tu l’acceptes, je souhaiterais que tu me présentes comme ta petite-amie. Ces mots sont bizarres dans ma bouche, je ne peux le nier. Je ne pense pas être prête pour ça à Boston parce que cela impliquerait bien trop de choses, surtout au travail, mais ici, je ne vois pas d’autres manières de me présenter, de m’introduire à ta famille. Parce que je sais que c’est moi qui bloque mais c’est ce que nous sommes, tout simplement.

London May 2023 w/ @Gigi Desrosiers

J'vois que t'as bien révisé... Ce qui vaut un vrai sourire de ma part On verra mais si jamais je te dirai. Merci. Je te remercie de ta bienveillance afin de mener ce séjour a bien mais aussi pour ta présence. Tu connais les risques de notre venue mais tu es là, ce qui me montre que le soutien que l'on se porte est sans faille. C'est plutôt une bonne chose quand on désire construire une relation aussi importante que celle à laquelle on inspire. Tu en doutes pleinement mais tu as ce truc de savoir aimer, merveilleusement tu y arrivais. Malgré ce foutu chaos à l'intérieur de mon esprit qui faisait même des vagues à la surface, tu y arrivais. N'en déplaise à l'amour que je savais mal me donner, tu le fais pour deux. Mais je ne dois pas pour autant m'emballer et tout décider, tu as un mot à dire sur tout ça et j'ai hâte de l'entendre. Ton blocage me heurte un peu je ne peux pas mentir et le faire passer pour une caresse au coeur. Mais ton action, elle sait peser plus lourd. Mes yeux observent chaque étapes jusqu'à ce que l'alliance soit posée sur la table de chevet. Pour toi c'est seulement pour éviter à ma mère de penser que son fils va se marier, pour moi c'est un divorce temporaire, un mari qu'on enlève de notre décor. Oué c'est mieux parce qu'elle va commencer a parler de petits enfants et demander si on a décidé des prénoms. J'en arrive à rire, dans ce lit toujours collé à toi. Quand tu reviens sur la question, ton démarrage me laisse penser que tu vas reculer.... Heureux de voir que je me suis trompé. Les sourcils qui sautent expéditivement, je te fixe dans un petit silence avec l'impression d'entendre les derniers mots en écho dans ma tête Si tu le souhaites, j'vais pas refuser. Le torse qui se gonfle comme pour mimer un acte de générosité alors que c'est ce que j'espérai au plus profond de mon être. J'ai conscience que ce ne sera que pour ici, mais putain je vais enfin pouvoir dire que tu es celle que j'aime sans me cacher. L'histoire de quelques jours avant de revenir à une réalité qui sera en ta faveur pour un rythme moins balancé. Après ma taquinerie j'indique qu'il est venu le moment Bon... il faut se préparer et aller prendre un petit dejeuner léger. J'connais ma mère, elle va préparer un festin pour dix personnes. mais avant de bouger j'ai envie d'une étreinte, mon bras vient t'enrouler pour que d'un mouvement, je te bascule entièrement sur moi. Mes mains dans le bas de ton dos, les doigts sur tes fesses même.  

J’ai demandé à Gaspard de me faire un plan des endroits à ne pas manquer et il m’a fait une liste longue comme le bras. Le blond est parisien, pas londonien, mais il a compris ce que je voulais dire et sa petite liste est parfaite. Il y a de tout, ça passe des rues incontournables, aux monuments qui valent le coup aux boîtes où il sait que je pourrais m’amuser. La Fabrique, par exemple, mais je sais que tu n’apprécierais pas et on est là pour toi. Peut-être que la prochaine fois que Gaspard m’embarquera dans un de ses voyages outre atlantique, je lui demanderai d’y aller. Pour le moment, c’est sur le moment avec toi que je souhaite me concentrer et je sais que ce qui fait que je suis moi risque de ne pas plaire à tes parents - et ça encore, pourquoi pas - mais que cela risque de t’apporter du soucis, ce que je ne souhaite pas. Je retire l’alliance de mon annulaire gauche et la pose sur la table de chevet. Je te regarde et souris Chalotte et … Il n’y aucun prénom masculin qui me vient en tête qui commence par Gi. Gianluca. Que je lance en riant légèrement, espérant que tu ne me prends pas au sérieux. Si je dois avoir des enfants, je ne me la jouerai pas Will et Jada Smith. Enfin, ça ne sert à rien de parler de tout cela parce que je ne sais pas si ça arrivera un jour. Pour le moment, c’est sûr que non. Et puis, il y a ces étiquettes à se coller sur le front, c’est bien plus rigolo, non ? Je ne sais pas ce à quoi je suis réellement prête, ce que j’ai réellement envie de faire, d’avoir, d’arborer comme titre. Je ne fais pas partie de la royauté alors on a pas choisi pour moi. Un sourire sur le visage, je souffle que je veux être introduite comme ta petite amie. C’est un test, ça me permettra de voir si je me mets à paniquer à la moindre prononciation de ces mots. Je te regarde, attendrie par la surprise sur ton visage et souffle Ouai, je le souhaites. Tu peux déjà le dire pour que je m’y habitue un peu ? Que je souffle tendrement avec un sourire qui ne s’efface pas de sur mon visage. J’ai peur de l’effet que ça va avoir dans ta bouche mais je suis prête. Il y a beaucoup de nouvelles choses pour moi ces prochains jours mais je suis prête pour cette nouveauté temporaire. Je t’écoute et soupire doucement, ronchonnant un Maiiiis… J’aime passer du temps au lit avec toi alors pourquoi m’en priver ? Ça c’est cruel, fichu petit ami ! Mais tu me fais glisser au-dessus de toi et un sourire se dessine sur mon visage. On peut toujours sauter le petit-déjeuner histoire de mieux manger chez ta mère. Que je souffle alors que je bouge légèrement les jambes, en glissant une de chaque côté de tes hanches et mes bras de chaque côté de ton visage.

London May 2023 w/ @Gigi Desrosiers

Je ne sais pas si je dois aussi le remercier parce que je crains un peu pour les lieux donnés, mais je suis content que tu aies un ami comme lui dans ta vie. Quand vous trainez à deux c'est une souvent une tornade qui s'abat sur la ville mais je sais qu'il sera toujours là pour toi. Tu as des bonnes personnes autour de toi et il en est de même pour moi. C'est en étant à Londres que j'arrive à voir que ma vie à Boston s'équilibre parfaitement. Il ne manque que toi et moi, quelque chose de plus ancré ou de plus étiqueté. Et si le premier prénom me fait douter de ton manque de sérieux, le second me rassure. Tu es bien entrain de plaisanter et mon rire accompagne le tien avant de te supplier Stop, arrête s'te plait! La vitesse je l'aime mais là c'est trop pour moi. Tu connais mon positionnement sur le fait d'être papa, ma peur de reproduire ce que j'ai vécu domine clairement et ce n'est pas un projet pour moi. Ceci dit, elle va adorer le prénom pour la fille. Elle a un penchant pour la famille royale. Comme tout le peuple anglais. J'ai un peu décroché de ça en arrivant sur l'autre continent ne suivant que de loin ce qui peut se passer ici. Si la surprise est grande d'entendre que tu souhaites être présentée comme telle, ça l'est encore plus quand tu réclames que je te le dise. Il y a des choses qu'on dit mieux à vois basse. Parce que parfois, les mots sont si précieux que si on avait le choix, on aimerait plutôt s'en faire un collier que de laisser notre langue les échapper. Si on osait les clamer, le bruit de ces mots-là aurait l'effet d'une lame trop aiguisée dans le corps du silence. Et ça, ça fait désordre. Les paroles sont parfois si lourdes qu'il faut bien les alléger de quelque chose. Alors à défaut de retirer les émotions qui se sont greffées sur les lettres, on étouffe sa voix. On préserve, on devient presque pudique des lèvres. On approche légèrement sa bouche de l'oreille pour faire une petite passerelle. Pour être sur du chemin, faudrait pas que ça dévie. Enfin on prend le courage et on dit Tu es... ma petite amie. Et alors, l'autre l'entend comme si on avait crié. Parce que c'est une fierté que je porte. Je suis prêt à voir l'effet que ça va te faire, prêt à aussi recevoir du mauvais. Je te veux alors au plus proche, faisant basculer ton corps sur le mien. Ta proposition me fait sourire malicieusement, facilement tenté par ton programme.