On s’voit à la lueur de ceux qui tiennent leur téléphone, on perçoit au milieu de la poussière, quelques éclats de vie et des râles de toute part. Chacun vise sa survie, évalue combien chaque respiration est précieuse. On retrouve les silhouettes, on reconnait les voix. Je n’avais qu’une priorité ; le reste, c’est du bonus. Le pulpeux de mes doigts qui dessinent tes traits, @Eowyn Clark , comme pour vérifier qu’on a pas abîmé le précieux de ton visage. J’suis pas médecin, j’y connais rien. Les sciences environnementales, quand une salle s’effondre, ça sert pas à grand-chose. “Alors bouge pas, d’accord ?” Je crois que c’est ce qu’il faut faire - surtout ne rien faire, quand le cou est touché. Quand n’importe quoi est touché, en fait, puisqu’on peut faire plus de dégâts qu’autre chose, en se lançant dans une pseudo médecine. ‘Tu bouges pas, et on attend les secours.” Mes mains qui tentent de maintenir tes gestes. J’arbore le plus réconfortant des sourires de mytho. “J’vais super bien, j’ai jamais aussi bien vécu un effondrement de salle de concert.” Ca m’lance dans les côtes, un peu partout à dire vrai, la faute sûrement à mon passage paillasson. Rien de grave, j’en suis persuadée. Mais, toi, toi et lui, @Carlos Carvalho Castro , vous m’inquiétez davantage. A épuiser vos forces dans l’inquiétude. Alors, j’balance, avec une certitude qui m’étonne moi-même : “Grace va bien, elle a été prise en charge.” J’en sais rien, j’en ai pas la moindre idée, je l’ai pas vu et je l’ai même pas cherché. Mes orbes, d’Eowyn à Carlos. Allez, faites -moi confiance. “Elle est avec son mec, là.” Et n’importe qui qui vous inquiéterait ; je vous mets la moitié de la salle dans le camion d’ambulance, si ça peut vous rassurer. “PAR ICI !” Que j’gueule aux vaillants, aux hommes et femmes en tenues qui nous sauvent. A ceux dont on oublie l’importance, jusqu’à ce qu’ils nous sortent des décombres. “Ils ont peut-être une bière pour toi.” Soufflé à Carlos et sa bouche sèche. Dire que j’en avais pris pour tout le monde.

Spoiler:

On était tous là, sous les débris à attendre que l'on vienne nous chercher, nous secourire. On espérait tous qu'ils arrivent vite. Je ne suis pas claustrophobe, mais être sous ces débris, dans le noir, avec comme seule lumière des lampes torches, ce n'était pas du tout agréable. S'en devenait même angoissant. Et si nous nous trouvions trop enfouis sous les débris et qu'ils avaient du mal à nous trouver ? Je tentais de ne pas y penser. D'être là pour Eowyn, et sa copine. Je ne savais pas où étaient les autres, mais je n'avais plus la force de crier. Alors posant ma tête, je me reposais enfin. Je n'avais que ça à faire de toute façon, en attendant les secours. "Je tuerais pour une bière là." Ce n'était décidemment pas le bon mot à utiliser, mais je n'y avais pas réfléchis. Je fermais les yeux, tout en disant. "Je vais me reposer en attendant."