Silhouettes immobiles devant la bâtisse. Il l’attend. Le gardien soudoyé. Lui qui laisse l’accès libre à certains amphis en échange de quelques billets. Visuel est le garçon, qui quand il n’arrive pas a enregistré l’écris, laisse son esprit se remémorer les cours en visualisant des diapos. La. Allongé sur le sol à mater un plafond. Pour ce soir, il a du donner plus du double. Uniquement pour faire entrer la brune. Elle qu’il essaie de catégoriser dans une pseudo amitié. Mensonges. Parce que quand elle se tient près de lui, c’est tout sauf une amie qu’il voit. Quand elle se met en mouvement. Se déhanche devant lui. Il voit plus. Toujours. Le regard qui se détourne d’elle. De son aura. Il finit par revenir. Percer le magma de ses pensées pour s’éveiller devant la porte de l’amphi. Insert la clé pour l’ouvrir. Prend les devants comme s’il était chez lui. « Installe la couverture au centre. » Il ordonne. Braque l’objectif du projecteur sur le plafond. Si haut. Commence à sortir quelques pellicules mis en libre accès à la bibliothèque.

c’était pas le hasard c’soir. c’était juste nous, l’envie d’se retrouver un peu. n’importe où, n’importe quelle excuse était bonne à prendre. cacher le manque sous de mauvais prétextes. comme cette amitié que tu voulais nous donner, ricoche comme un semblant de dernière chance. de dernier essai pour ne pas s’oublier entièrement. se garder toujours. ancré au milieu d’un océan enragé. secoué trop d’fois par les vagues d’un amour surdimensionné. incompréhensible aux yeux d’tous mais nous, on comprenait. dans un regard, une caresse, un baiser. et ça suffisait. leggings moulant la cambrure, un pull court à capuche quand je te suis jusqu’à l’amphi. porte qui grince, nos ombres qui s’immiscent dans l’espace vaste. vide. laisse encore ta foutue odeur m’empoisonner. hochement d’tête, déplie la couverture en suivant tes directives. étale le tissus au sol avant de retirer mes baskets sur le côté. - t’as pris quoi à bouffer ? j’ai la dalle.. murmure en venant m’installer au milieu, regard qui se lève vers ta silhouette à demie éclairer.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Apparaissent les images. Trop pale encore. Jusqu’à ce qu’il se déplace. Plonge l’amphi dans l’obscurité. Alors, elles s’illuminent. Inondent le plafond sur des photos de sites archéologues Inca. Et puis, il y a elle. Quand enfin, ses billes vertes posent leur ancre sur elle. Belle au milieu de son univers. Douleur lancinante habituelle. Elle lui lacère l’estomac. Vers elle, il s’avance. Se débarrasse de ses chaussures pour prendre place sur la couverture. Retire son sac à dos pour en déverser le contenu. Chips. Sucrerie. Une tonne de connerie pour le garder alerte. « ça t’vas ? » Attrapant une bière au passage, il l’ouvre. Prend une gorgée. Prend un paquet d’m&m’s. S’allonge. Un tas de geste pour ne pas s’attarder sur elle trop longtemps.

et tu fais tomber la nuit. artificielle. pas d’ciel etoilé ce soir, juste des paysages qui prennent places au-dessus de nos têtes. rétines qui voyagent, s’attardent de longues secondes jusqu’à ce que tu te fasses trop proche. et je me perds. encore. toujours. tu me noue les tripes. toujours cette même sensation, âme sous ton emprise. qui n’arrive jamais à vraiment s’égarer ailleurs. regard nostalgique s’amarre sur ton profil, laisse le myocarde palper lourdement. dans la poitrine, devient pesant. le bruit des sachets que tu fais tomber en tas au milieu capture mon inconscient. j’abandonne tes traits, ceux qui m’manque déjà. comme toi, j’attrape ma bière pour rafraîchir l’esprit déjà grignoter par la lave. - tu m’en donnes un ? sourire enfantin glisse sur les lippes, fin signe de tête qui pointe le paquet jaune entre tes doigts. - un rouge.. que j’souffle en hissant les azurs dans tes billes.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Près de lui. Elle s’allonge. Sur sa peau, il peut sentir son regard. La brulure que ce dernier laisse. Et il est là Scott. Les yeux rivés sur les diapositives. Le cœur sur le point de craquer. Sauf que cette fois c’est différent. Cette fois, ils avaient passés un pacte. A l’opposé de tout ce qu’ils avaient toujours connu. Être juste amis. Rien de plus. Rien de moins. Garder leur lien dans un purgatoire. Pour combien de temps ? A sa demande, il se tourne. Lui donne ce qu’elle réclame. Le doigts qui s’attarde quelques secondes sur sa lippes inférieur. Il finit par rapidement se détourner d’elle et de tout ce qui pourrait lui traverser l’esprit. Avancer. C’est ce qu’il essayait de faire. Ce qu’il essayait de leur donner. « Pourquoi rouge ? » Question balancée. Sans réfléchir. Inutile, mais qui en psychologie pouvait presque être intéressante.

décor simpliste, t’façon, il nous a jamais fallut grand chose pour créer les collisions. ces maudîtes secousses dans l’palpitant qui lance des décharges dans tout le corps à chaque fois que tes yeux restent en suspends. là. sur mon visage. où quand ton regard s’affame devant ma cambrure. même la douceur de ton souffle suffisait à ressentir le fil électrique qui fait se dresser l’échine. attrape le bonbon entre mes lippes, l’enveloppe avec ma serpentine. celle qui glisse sur mes lèvres, effleure ton pouce qui reste des secondes de trop sur ma chaire. le temps s’arrête. se coupe net. laisse le souvenir se graver dans la mémoire, tes yeux parler en silence. ceux qui disent stop. marque cette fin qui allait nous tomber dessus. un jour ou l’autre. sûrement c’soir. avale le chocolat, iris qui se laissent envoûter par les diapos pour oublier ton odeur. - j’en sais rien. j’faisais toujours ça quand j’étais gamine.. bouffer les rouges en premier. sans intérêt. le sucre devient amère quand le coeur se resserre. et je m’allonge sur la couette, sur mon côté. - allonges toi à côté d’moi.. même si ça voudra plus rien dire demain. même si c’est notre dernière nuit. - réfléchis pas. parce que moi j’ai pas envie c’soir.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;