Danser, ça donne chaud. Et je commençais à avoir besoin d’une clope. Ça n’était pas ma première de la soirée et je savais bien que plus je continuais à fumer, moins j’arriverais à arrêter mais j’en avais vraiment besoin. Et avec toute cette musique, j’avais le cerveau en compote. Et puis, je dois avouer que je sortais également pour appeler la nounou chez qui j’avais laissé Aaron pour m’assurer que tout aller bien. Sortant dehors, j’allumais ma cigarette et je m’asseyais sur les marches à l’entrée de la salle de bal, appelant la nounou. Celle-ci m’assurait que tout allait bien, qu’il avait eu un peu du mal à s’endormir mais que tout allait bien maintenant. Il dormait comme un bébé et il ne fallait surtout pas que je m’inquiète. Je la remerciais et je lui confirmais que j’allais aller le chercher le lendemain midi, le temps que je décuve un peu. Je raccrochais et je soupirais, continuant de fumer ma cigarette en regardant autour de moi les quelques personnes qui étaient également dehors pour prendre l’air.

J'étouffais littéralement à table, devenant de plus en plus irritable, si bien que j'avais fini par me dérober vers la piste de danse, suivie de près par Emrys, mon cavalier. Après quelques pas de danse, cependant, je l'invitais à retourner manger, lui disant que je les rejoindrais dès que j'aurais pris une bouffée d'air frais, et pris des nouvelles de ma fille. C'est donc tout naturellement que je filais jusqu'au Yard, ou il faisait déjà totalement nuit. Heureusement, l'endroit était éclairé, et je sortais mon portable, composant rapidement le numéro d'une amie qui n'avait pas été au bal, et s'était proposé pour garder la petite avec elle le soir, chose que j'avais accepté. Demain, de toutes manières, j'amenais la petite à Jude avant de filer pour Hawaii, et même si nous étions en froid, j'étais plus rassurée à l'idée de la savoir avec son père. Mon amie m'indiqua que la petite dormait déjà, qu'elle avait bien mangé, et juste un peu pleuré. Je grimaçais en entendant la fin, puis la remerciais, raccrochant. C'est à ce moment là, seulement, que j'ai relevé la tête, repérant non loin mon ex, le coeur serré. Je n'étais pas si insensible que ça, surtout que je savais qu'aujourd'hui, ce n'était pas seulement le bal. Je soupirais, puis fis un pas en avant vers lui, m'appuyant sur la rambarde en prenant soin de ne pas déchirer ma robe dans un faux pas. Maintenant, fallait savoir quoi dire : Eh.. Hey... Hm.. J'voulais savoir si t'avais une préférence d'horaire, pour Aylin, demain. Pitoyable, mais c'était ça ou lui dire d'arrêter de se ruiner les poumons avec cette clope, et je pense qu'il l'aurait mal pris.

Je prenais des nouvelles d’Aaron tout comme j’aurais pu en prendre d’Aylin, mais je ne savais pas où elle était. Ça me faisait mal au cœur de la voir si peu souvent, mais je n’étais pas trop à l’aise à l’idée de débarquer à l’improviste chez Roxanna en sachant que je n’étais plus forcément le bienvenue et honnêtement, j’aurais trop peur de la déranger avec quelqu’un d’autre. Et au début de notre rupture, j’avais même du mal à aller voir ma fille parce que rien que sa bouille me faisait pensé à Roxanna parce que gosh ce qu’elle lui ressemblait. Et parfois, j’en venais même à penser que nous allions lui offrir une vie de merde avec des parents séparés et un demi-frère qu’elle risquerait de ne pas souvent voir. Mais je devais la garder toute la semaine prochaine, alors ça allait me faire du bien de passer du temps avec elle. J’avais un peu peur qu’elle oublie qui j’étais. Non, en fait c’était vraiment ma plus grande peur. Qu’elle pense que ça soit quelqu’un d’autre son père. J’étais en train de réfléchir à tout ça en fumant ma clope quand j’entendis une voix familière derrière moi, Eh.. Hey... Hm.. J'voulais savoir si t'avais une préférence d'horaire, pour Aylin, demain. Je relevais le regard vers Roxanna qui s’appuyait sur le rambarde. Je la regardais quelques secondes puis je retournais ma tête pour regarder dans le vide, attendant quelques longues et interminables secondes avant de répondre, « Eh…j’en sais rien, j’risque de passer la journée de demain à dormir dans ma chambre avec Aaron donc comme tu veux. » En fait, j’avais juste envie qu’elle me laisse tranquille, je n’avais pas trop le cœur à me disputer avec elle, pas le jour de mon anniversaire.

A chaque fois qu'on se voyait, ou parlait, ça tournait sèchement, ou finissait en dispute, alors que dans le fond.. J'étais la seule à blâmer. Enfin, certes, nous étions séparés au départ à cause de la drogue, mais.. J'étais celle qui avait fini par le quitter pour un autre, et je m'en voulais encore de lui infliger ça, même si je ne le montrais pas. A peine eut-il reconnu ma voix, mon visage, que Jude détourna la tête, regardant dans le vide de longues secondes. L'espace d'un instant, j'ai même cru qu'il ne me répondrait jamais.« Eh…j’en sais rien, j’risque de passer la journée de demain à dormir dans ma chambre avec Aaron donc comme tu veux. » Je hochais la tête, croisant mes bras autour de ma poitrine en regardant ailleurs. D'accord.. J'enverrais un message à l'approche de la Dunster House. Et.. Je dansais d'un pied à l'autre, ne sachant pas comment balancer ça, mais dans le fond, il le fallait. J'voulais te dire que .. J'suis désolée. Pour tout ce que j't'ai fait endurer.. Absolument tout. Et j'étais sincère. J'en avais marre de m'embrouiller avec le père de mes enfants. Marre de ne pas être capable de tenir une conversation avec lui. Je soupirais. ... Bref... Bonne soirée, et .. Bon anniversaire, Jude. Sur ces mots, je tournais les talons, puisque visiblement, je dérangeais. Normal.

Je m’étais toujours trouvé pas assez bien pour Roxanna, alors le fait qu’elle se barre pour quelqu’un d’autre, ça ne m’étonnait pas au fond. La vie devait être bien plus paisible avec n’importe qui d’autre de toute manière. J’étais un drogué qui pouvait replonger n’importe quand, le mec le plus pessimiste du monde, je déprimais très facilement et je bossais comme un dingue pour des études que j’étais en train de foirer. Mais le coup était quand même dur à encaisser et j’avais un peu du mal à rester en sa présence sans avoir une grosse boule à l’estomac. Parce que sous la colère, elle me manquait. Elle me manquait vraiment beaucoup. Je lui répondais donc que je serai à la Dunster House toute la journée donc qu’elle pouvait m’amener la petite quand elle voulait. D'accord.. J'enverrais un message à l'approche de la Dunster House. Et.. Je continuais de regarder dans le vide, fronçant un peu les sourcils en attendant la suite de sa phrase, J'voulais te dire que .. J'suis désolée. Pour tout ce que j't'ai fait endurer.. Absolument tout. Okay, rien que cette phrase me donnait une belle gifle. Mais je ne répondais pas, me contentant d’encaisser en silence. ... Bref... Bonne soirée, et .. Bon anniversaire, Jude. Je soupirais en faisant sortir de la fumée de ma bouche, « C’est pas la rupture le pire. » lançais-je d’un coup avant de me tourner à nouveau vers Roxanna qui me tournait le dos pour partir, « Le pire, c’est le silence… » J’écrasais ma cigarette sur la marche, ajoutant, « C’est comme si… comme si les un an qu’on a passé à s’aimer avaient jamais existés… comme si on était devenu des étrangers alors que… t’étais la personne la plus importante dans ma vie… » Je déglutis et je baissais les yeux, me tournant à nouveau pour regarder face à moi.

Il allait bien falloir un jour que je m'excuse. Oui, si j'avais été vers un autre, c'était à cause de notre rupture, mais au final, je lui avais dit que je resterais, et j'étais partie. Alors je profitais de ce moment sans qu'on se tape dessus pour lui dire, tournant le dos pour le laisser en paix.. Mais sa voix brisa le silence. « C’est pas la rupture le pire. » Je m'arrêtais de marcher, sourcils froncés, et je fermais les yeux, attendant la suite qui vint rapidement: « Le pire, c’est le silence… » Je soupirais, pivotant pour lui faire face, les yeux baissés, lèvres pincées. Forcément. « C’est comme si… comme si les un an qu’on a passé à s’aimer avaient jamais existés… comme si on était devenu des étrangers alors que… t’étais la personne la plus importante dans ma vie… » Je passais une main sur mon visage, levant brièvement les yeux au ciel en cherchant mes mots avant de le regarder pour répondre : Tu crois quoi Jude, que je te fuyais par plaisir ? J'avais honte. Soyons honnêtes, je passais pour la salope qui quittait son mec pour un autre.Je mordais ma lèvre inférieure, ajoutant : Je t'ai brisé l'coeur, j'allais pas en rajouter une couche en t'envoyant des sms tous les deux jours. Rien que voir notre fille te déplaisait.. Et je savais très bien pourquoi, je n'étais pas bête.

C’était peut-être ce qui nous fallait pour nous réconcilier et pouvoir donner une chance à nos enfants d’avoir une vie de famille la plus normale possible. Parler… je savais que ça n’allait pas être une partie de plaisir, ou si ça allait être une bonne idée car il y avait peut-être des chances que ça parte en cacahuète mais on ne pouvait pas continuer à s’éviter tout le temps. Je regardais le vide devant moi en lui expliquant à ma manière qu’elle me manquait. Parce que c’était ça, au fond. Tu crois quoi Jude, que je te fuyais par plaisir ? J'avais honte. Je soupirais et je ne répondais pas. Elle avait honte...si il y avait bien quelqu’un qui devait avoir honte, c’était moi. Parce que je n’avais pas été foutu de la garder. Je t'ai brisé l'coeur, j'allais pas en rajouter une couche en t'envoyant des sms tous les deux jours. Rien que voir notre fille te déplaisait.. Je baissais la tête, regardant mes pieds. Je me sentais vraiment mal à l’aise et… je me sentais fragile. Et je détestais ça. « Ça aurait pas rajouté une couche… ça m’aurait juste montré que…que ça te fait pas rien… » J’haussais les épaules et je cachais mon visage dans mes mains, « T’étais la seule personne qui voyait le bon en moi… la seule qui… qui a aimé quelque chose en moi et maintenant t’es partie et…j’me retrouve tout seul… » J’avais Briony, Alek, des amis mais… ça n’était pas pareil. Je me sentais vraiment seul depuis qu’elle était partie et ce silence me faisait tellement mal, car c’était comme si elle avait oublié tout ce qu’on avait pu vire ensemble et qu’elle se fiche de ce que je puisse bien devenir.

J'étais fatiguée de tout ça, fatiguée de me battre contre l'homme qui avait partagé ma vie pendant un an. Ca me fatiguait de me sentir comme étant la méchante, et le pire, c'est que je ne pouvais rien faire contre. On ne peut pas changer ce qui est fait, on ne peut pas changer ses sentiments.. Et si j'avais laissé Jude directement, c'était pour lui éviter la pire baffe du monde plus tard, parce que malheureusement, les choses n'étaient plus comme avant, et je sentais que ça allait dégringoler.. Inévitablement. « Ça aurait pas rajouté une couche… ça m’aurait juste montré que…que ça te fait pas rien… » Je retins ma respiration, le regardant un moment alors qu'il continuait ;:« T’étais la seule personne qui voyait le bon en moi… la seule qui… qui a aimé quelque chose en moi et maintenant t’es partie et…j’me retrouve tout seul… » Je baissais les yeux, honteuse, avant de secouer la tête. T'es pas tout seul... T'as tellement d'gens qui t'aiment, Jude. Faut juste t'ouvrir aux autres.. Pas qu'à moi. Parce que malgré ses soucis, c'était un homme merveilleux, et qu'en se forçant un peu à s'ouvrir au monde, il devenait même extraordinaire. Et ça me fait pas rien... J'me montre souvent contrariée parce qu'en ce moment j'ai un caractère de merde, mais.. Ca me fait pas rien. Je l'interdisait de dire ça. J'avais culpabilisé pendant des jours après notre rupture.

C’était la conclusion à laquelle j’étais arrivé depuis plusieurs semaines face à toute situation, et j’étais tellement en colère contre Roxanna que j’étais persuadé de ça : elle s’en fichait. Elle se fichait de m’avoir laissé tomber comme une merde alors que j’avais fait tous les efforts du monde pour la récupérer, alors qu’elle m’avait promis de m’attendre. Je n’arrêtais pas de repasser la nuit que nous avions passée ensemble dans ma tête et ça me rendait fou, car je ne comprenais pas. Alors je préférais penser que tout ceci n’était qu’un mensonge, depuis le début. Ca parait bête, mais c’était ma manière de tourner la page même si ça me rendait encore plus malheureux. C’était peut-être pour ça que je n’arrivais même pas à la regarder dans les yeux pendant que je lui disais tout ça. Pitoyable. T'es pas tout seul... T'as tellement d'gens qui t'aiment, Jude. Faut juste t'ouvrir aux autres.. Pas qu'à moi. Je ris nerveusement et je secouais la tête. C’était des phrases bateau ça. Bien sûr que j’avais des gens qui m’aimaient. Mais les gens n’étaient pas elle. Et ça me fait pas rien... J'me montre souvent contrariée parce qu'en ce moment j'ai un caractère de merde, mais.. Ca me fait pas rien. Je déglutis et je restais à nouveau quelques secondes sans rien dire. Que dire de plus de toute façon ? Rien ne pourra changer le fait qu’elle ne m’aimait plus et que ça me rendait malade. « Ouais… enfin… maintenant que t’es de retour chez les Eliot ils vont vite te monter la tête sur le fait que j’suis un gros connard. Apple l’a certainement déjà fait et Andy aussi.. » Je soupirais, et Apple qui m’avait clairement dit qu’elle avait mis Roxanna dans les bras d’Esteban. Je finis par me lever en remettant bien ma veste de costume, « A quoi ça sert d’en parler de toute manière ? Tu m’manques, et les sentiments sont plus qu’à sens unique. J’ai du mal à prendre soin d’Aylin parce qu’elle te ressemble et que ça m’fait du mal de me dire que j’aurais enfin pu avoir une famille… » Je me tournais vers elle et je souris tristement, « J’veux juste… que tu n’oublies pas qui j’suis et c’que j’ai fait pour toi pendant un an. Quoi qu’il arrive, ne l’oublie pas, parce que toi, tu le sais et pas eux.. » Quand je disais eux, je faisais référence aux Eliots.

Quoique je dise, de toutes manières, ça ne changerait rien. J'avais juste besoin qu'il sache que je n'avais rien contre lui -sauf surement sa rengaine contre les Eliots, mais ça... - et que je me sentais vraiment coupable.. Pour tout ce qui arrivait. Je savais que j'étais responsable en ce moment de son chagrin, et rien ne pourrait changer ça.. « Ouais… enfin… maintenant que t’es de retour chez les Eliot ils vont vite te monter la tête sur le fait que j’suis un gros connard. Apple l’a certainement déjà fait et Andy aussi.. » Je secouais la tête à la négative. Personne influera jamais sur mes pensées Jude. J'ai juste été déçue d'ton soutien envers les Mathers quand ils ont attaqué Candice et Apple. Mais ça.. Je soupirais, suspendant ma phrase. Ça, je n'y pouvais rien, et n'y pourrais jamais rien. Jude se redressa, réajustant la veste de son costume. « A quoi ça sert d’en parler de toute manière ? Tu m’manques, et les sentiments sont plus qu’à sens unique. J’ai du mal à prendre soin d’Aylin parce qu’elle te ressemble et que ça m’fait du mal de me dire que j’aurais enfin pu avoir une famille… » Je baissais les yeux, ne disant rien.. Parce que je savais qu'il avait raison. Jude m'adressa alors un sourire triste, et je le regardais en silence. « J’veux juste… que tu n’oublies pas qui j’suis et c’que j’ai fait pour toi pendant un an. Quoi qu’il arrive, ne l’oublie pas, parce que toi, tu le sais et pas eux.. » Je hochais doucement la tête, répondant d'un air triste. Dans ce cas, souviens toi que je viens de chez eux, que Billie en venait aussi. Faut pas mettre tout l'monde dans le même panier, c'est pour ça que j'ai voulu te connaître malgré ta maison.. Alors retiens le. Parce que je sentais que ces embrouilles avec les Mathers, ce n'était que le début.. Et Jude était le cousin de la présidente, et un ex président des verts. Je .. Vais te laisser alors.. Enfin, j'allais le laisser partir. Moi, j'avais encore besoin d'air avant de revenir en enfer. Hm, à ma table, pardon.