J'ai bien cru que cette chasse aux objets n'allait jamais se terminer. Mes fesses ont mis au moins une heure à dégeler - le mec de la boutique de combi m'avait pourtant assuré que c'était la plus douillette. Je crois que j'me suis fait avoir. La découverte des chambrées a été une belle cerise sur le gâteau de ma déception. J'avais l'infime espoir de me retrouver avec toi, Wendy, après avoir soudoyé un mec du secrétariat pour qu'il nous place ensemble. Tu parles. Me suis encore fait plumer pour rien. Mais... j'ai toujours un plan B en tête. TOUJOURS.

Comme d'habitude, t'as voulu me lancer un petit challenge. Trouver de l'huile de massage dans une station de ski n'était pas une mince affaire, mais j'ai fini par mettre la main sur une boutique qui vendait des produits de beauté. J'ai pris le truc le plus cher en stock, histoire que t'aies pas de quoi rechigner sur la qualité. Je commence à te connaître, après quelques mois passés à te fréquenter... et si y a pas de la poudre d'or dans les trucs qui touchent ton corps, t'en veux pas. J'exagère à peine.

Après un coup d'oeil au plan dans le hall pour localiser la cabine "cheddar", je grimpe les escaliers jusqu'à votre étage et tends l'oreille pour vérifier que tes colocs sont déjà sortis. Y a des bruits de portes qui claquent dans les couloirs, des rires et des conversations provenant des autres chambres mais rien à l'intérieur de la tienne. Je glisse donc quelques coups contre la porte en attendant que tu m'ouvres. C'est con, mais je suis excité comme une puce - ça doit être le contexte : ce lieu en pleine nature, l'idée d'enfreindre les règles, ou peut-être celle de te faire un massage... ça craint si je vous disais que j'ai maté des tutos sur YouTube pour apprendre comment faire un massage de la mort qui tue ? Vaut mieux assurer, avec toi. J'ai toujours cette sale envie de t'impressionner. Parce qu'il y a rien de plus motivant que cette étincelle qui traverse parfois ton regard, quand t'es satisfaite d'un truc. Étincelle que j'ai bien envie d'aller titiller ce soir.

La porte s'ouvre et j'essaie de ne pas - trop - laisser paraître mon trouble en te voyant vêtue d'un simple peignoir. Damn. Coude appuyé contre le battant, je demande en levant un sourcil :

— Vous avez demandé un masseur ?

Les muscles de mon visage ont envie d'imiter les tiens, mais je ravale mon sourire et arbore une expression on ne peut plus sérieuse.

— Bien sûr. Des années d'expérience.

Ce petit jeu me plaît un peu trop. J'suis acteur, après tout - j'ai vite tendance à entrer dans la peau du personnage. Évitons d'en faire trop, par contre. Faudrait pas que j'abuse dans le délire, que je parle avec une sorte d'accent espagnol en te disant que je m'appelle Julio. J'crois que ça passerait pas trop. Non, ce soir je suis... Jackson, le masseur professionnel qui n'a pas peur de se salir les mains, et qui a bien l'intention de donner à Madame une expérience sensorielle digne de ce nom.

— Vous avez une préférence ? Dos, jambes, ou... massage complet ?

Si l'idée du jaccuzzi me plaisait pour son côté détente, il est possible que l'intimité aurait été relative. Vous imaginez si on commençait à faire mumuse dans l'eau et que des gens relou débarquaient juste à ce moment-là pour profiter des remous ? La frustration. Là, dans une cabine à notre disposition, j'imagine qu'on va pouvoir se lâcher un peu plus... La vision de ton corps nu étalé contre le matelas provoque un petit soubresaut dans mon ventre. C'en est presque indécent. Tu me laisserais vraiment prendre le contrôle pour une fois, Wendy ?

tw : érotisme

Je sais ce que t'es en train de faire. T'es en train d'essayer de me déstabiliser et... laisse-moi te dire une chose, chère Wendy... ça fonctionne. Quand j'aperçois le V de ton décolleté, quand tu t'approches pour m'embrasser du bout des lèvres et m'intimer plus ou moins clairement, que c'est la totale que tu veux, sinon rien... j'ai un moment d'égarement. Mes battements s'emballent, frappent contre mon sternum dans une puissante accélération. Je déglutis et m'éclaircis la gorge pour parer l'attaque.

— Très bien. Installez-vous. On va commencer par le dos.

Quoi, tu croyais quand même pas que j'allais céder aussi facilement ? Tu joues bien, Wendy, mais t'oublies que je suis comédien. Je te quitte un instant, vais me laver les mains rapidement - comme tout masseur le ferait - avant de te rejoindre et d'attendre que tu t'installes à ta guise. Puis, récupérant ma bouteille d'huile, j'enduis mes mains de la substance visqueuse, légèrement parfumée - fleur d'oranger - et les frotte l'une contre l'autre comme j'ai vu faire ce mec dans la vidéo.    

— Vous allez sentir mon poids contre vous... n'hésitez pas à me dire si la pression vous convient.

Celle de mes mains contre tes épaules ou... celle de mes hanches par-dessus tes cuisses. Je devrais pas tant jubiler à l'idée de m'asseoir sur toi... mais j'y peux rien, ça fait court-circuiter toute sorte de connexions dans mon cerveau. Si j'étais nu... NON. Professionnel, Jax, professionnel. Respire.

tw : érotisme

Pffffff... il fait chaud, dans ce chalet. Sérieux, ils devraient baisser un peu la température. Non, non, ça n'a rien à voir avec le fait que tu sois - presque - nue sous ton peignoir. Ni avec le sous-vêtement qui orne tes hanches. Rien. du. tout. Ouais, je sais que t'es pas du genre à hésiter. Même si j'ai déjà pu entrevoir ce côté plus vulnérable de toi, je sais que tu le caches comme un vilain complexe. Mais moi, je m'en fous, que tu sois hésitante ou non. Ce qui me plaît, c'est le jeu entre nous.

Mon pouls s'emballe alors que mes paumes brûlantes se posent sur ton épiderme. Ça glisse. Il se peut que j'aie mis un peu trop d'huile. Heureusement que tu peux pas voir ma tête, parce que là, c'est pas très confiant, que j'ai l'air. Mais je fais rapidement pénétrer le surplus de produit dans ta peau en malaxant doucement de haut - tes épaules - jusqu'en bas - tes reins.

"Faites glisser vos mains entre le muscle et l'os..."

"Tracez de légers cercles aux endroits qui vous semblent les plus noués..."

Et je glisse, et je trace et je... descends le long de tes côtes en passant mes doigts entre la table et ton corps, jusqu'à effleurer ta poitrine.

— Vous être très tendue...

C'est bien le genre de truc que disent les masseurs, ça. Oui, j'ai vu trop de films. J'commence à être un peu tendu, moi aussi. Au niveau du pantalon.

— Il me plaît, oui. (Un peu trop, même.) Je veux dire... les paysages sont magnifiques. Et vous ? Vous vous amusez bien ?

Bien sûr. Surtout le paysage de ton derrière dans ce tanga. J'suis censé tenir combien de temps, comme ça ? Allez, laisse-la profiter un peu... tu profiteras après.