Erza avait pris sa journée, rien que pour elle. Une pause au milieu de son quotidien toujours chargé, où elle ne prenait du temps pour elle que si Alyss la grondait. Mais elle avait pas mal de travail, qui arrivait au fur et à mesure, son entreprise ayant pris de l’ampleur sans qu’elle ne s’en soit rendue compte. Enfin, elle se sentait légitime d’exister comme photographe, quand elle commençait enfin à pouvoir en vivre correctement. Bien sûr, elle n’avait jamais prétendu avoir plus ou moins de talent qu’un autre, mais elle se créait sa place dans ce monde difficile, entre petits contrats pour des magazines ou photoshoots avec des particuliers. Sa prochaine étape : monter une exposition de toute pièce, mais elle avait le temps pour ça, pour réfléchir à un projet, et peut-être trouver un financement voire de potentiels mécènes. Et peut-être que ce jour-là elle n’aurait plus à se soucier de ses emprunts, de ses dépenses mensuelles et des chiffres inscrits sur son compte en banque.
Alors, pour fêter cette journée de repos, Erza voulait en profiter pour son activité favorite : le dénichage de pépites dans des friperies du centre-ville. Elle y avait ses habitudes, mais y mettait de moins en moins les pieds, faute de temps. Pourtant, c’était quelque chose  qu’elle faisait depuis ses années lycées, de faire presque tous ses achats en friperie, pour diverses raisons. Elle avait donc choisi de commencer par sa préférée, où elle trouvait toujours de bonnes affaires et des pépites. Farfouillant dans des bacs pleins à ras bord, elle ne se souciait plus vraiment de ce qui se passait autour, juste obnubilée par ce qui défilait devant ses yeux, certains articles retenant parfois un peu plus longuement son attention, alors elle avait fini par poser son tote bag à ses pieds, histoire d’être moins encombrée. Et tête en l’air comme elle l’était, elle finit par le laisser sur place, avec l’intégralité de son contenu, alors qu’elle s’enfonçait dans le magasin, toujours à la recherche d’articles, sans que cette dépossession ne l’inquiète le moins du monde, alors qu’il était à la portée de n’importe qui.


(hj : désolée, mon ouverture est peut-être un poil longue )

@Jodie Costa-Rossi