C’est l’heure de ton rendez-vous mensuel avec ton psy. Ce n’est pas forcément un secret, bien au contraire. En tant que futur thérapeute, tu auras probablement besoin d’une sorte de mentor qui te guidera dans ta carrière. Mais c’est pas encore pour cette raison que tu débarques dans cette salle d’attente commune à divers professionnels. Non, c’est pour faire le point sur ton état actuel. Si ton état dépressif est bien loin derrière toi ou s’il rôde toujours dans ta cervelle. Prenant place sur un siège qui couine, tu dévisages chaque personne présente et puis tu sors ton portable, l’objet utile pour les longues minutes d’attente. Tu fais un tour sur les réseaux sociaux et puis tu te perds finalement dans un article scientifique sur le post-partum. La lecture se poursuit jusqu’à ce qu’un vieil homme commence à geindre. Le regard qui se relève sur le personnage, tu scrutes la réaction des autres. Rien. Ils sont presque tous obnubilés par leur activité virtuelle. Et puis soudain, l’homme bascule de sa chaise et s’effondre par terre en se plaignant du coeur. Putain, c’est pas chez le médecin des p’tits bobos qu’il aurait dû aller, mais aux urgences. Tes affaires oubliées, tu te jettes au sol où tu dégrafes la chemise du bonhomme. Ses yeux sont injectés de sang et il paraît manquer d’air. « Que quelqu’un appelle les secours » Le massage cardiaque débuté, tu comptes tes mouvements jusqu’à ce qu’un docteur fasse son apparition et prenne le relai. Et c’est là qu’un patient de ta psy entre en crise et se met à dire que c’est un signe de Dieu et que c'est la fin du monde. Voulant canaliser son agitation, tu te rapproches de lui et tentes de le calmer, mais au lieu de ça, il explose et te balance un poing dans la tronche. Le recul est immédiat. Tu bascules sur la table basse et brise le verre sous ton poids. Les gens crient et s’enfuient pour la plupart. Sonnée, tu restes allongée sur les magazines et les morceaux tranchants de verre. C’est quoi ce bordel ? Tu vas mourir ici ? Le type s’est levé et s'est placé au-dessus de toi, une lame dans le poing. « S’il vous plaît non … » #rplibre

Comme toujours, tu te faisais souvent suivre dans le but de t’assurer que tu n’avais aucun problème avec tes muscles. Il faut dire que tu faisais de la boxe quasiment tous les jours et ton kinésithérapeute te sauvait souvent. Il n’était pas que ça, mais également ostéopathe pour ton plus grand plaisir. Tu le payais quand même, c’était cher mais ton corps le remerciait toujours à chaque fin de séance. Tu as mis un peu de temps à arriver, ayant dû passer au garage pour déposer ta voiture. La vitre arrière a été explosé lors du bal des pompiers, t’as toujours pas trouvé le coupable mais celui-ci allait certainement passer un mauvais quart d’heure si tu croises son chemin. Tu arrivas bien vite à l’accueil, tu savais qu’il n’y avait pas que ton kiné ici mais plusieurs autres médecins. Tu fis pars de ton arrivé et te dirigeas vers la salle d’attente commune. Tu ouvris la porte et tombas sur une scène plutôt surréaliste. Tu repéras rapidement la jeune femme en détresse qui était sur le point de se faire transpercer par un bout de verre. « putain de merde » Tu t’élanças bien vite en direction de la demoiselle et attrapa le bras du mec qui était sur elle. Tu le tiras en arrière et le retourna la tête contre le sol. Tu avais retourné son bras pour qu’il lâche le bout de verre qu’il tenait. Il hurlait dans tous les sens, et tu ne comprenais littéralement rien à ce qu’il se passait. « mais putain ! est-ce que vous allez appeler les flics ou pas ? » dis-tu en regardant les autres qui étaient tétaniser. Et après on se demande pourquoi tu ne crois pas en l’être humain. « mademoiselle ça va ? » demandas-tu en parlant fort pour qu’elle t’entende. Un homme était au téléphone avec les flics, le samu était également en route mais un médecin était sorti pour aider le monsieur qui semblait faire une attaque. Punaise, tu t’étais mis dans une sacrée situation.

Y’a le palpitant qui ralentit. C’est une sensation étrange. Tout parait si irréel, mais pourtant, il y a un risque imminent. Ta vie est actuellement en jeu. Il a ce regard de bête enragée. D’un démon ayant l’apparence d’un homme. Pourtant, il croit qu’il est en train d’sauver l’humanité. Il est convaincu que son action fera triompher le bien. Il se trompe. T’es pas pure, mais tu n’as jamais fait d’mal à personne, sauf aux moustiques qui cohabitaient avec toi lorsque tu vivais en Provence. Non, ton existence ne peut pas cesser. Il peut pas trancher une artère et croire que le monde se portera mieux. Il faut que quelqu’un ou quelque chose te vienne en aide. T’es totalement pétrifiée. Bloquée. Dépassée. Tu voudrais rouler sur le côté, lui jeter un coup d’pied dans la lame de verre, crier, mais rien ne se passe. La tétanie l’emporte. Et il y a Raphaël, ton fils, qui sourit dans un de tes souvenirs. Il est beau. C’est comme ça que ça va se terminer. Tu seras une victime dès demain dans les faits divers. La fin en ligne de mire, un inconnu bondit soudainement et le neutralise avec aisance. Tu piges pas grand chose, t’es comme clouée sur le sol et les débris. C’est comme si tu étais en apnée et que tu avais déjà signé ton arrêt d’mort. C’est pas possible. Les yeux qui roulent de droite à gauche, tu crois entendre que le jeune qui a maîtrisé le délirant t’interpelle. « Je … » Le coeur répond plus correctement. Ton corps a traversé une vitre bordel. « Je crois que je suis encore en vie, c’est tout ce qui compte » La voix n’est pas stable. Elle est chevrotante, imprimée de terreur. Te redressant sur tes coudes, tu sens le verre se briser un peu plus sous ton poids. « Vous le tenez bien ? Il doit avoir une force décuplée » Sourcils froncés, tu entends des voix qui se mélangent et puis y a ta psy qui sort et qui part chuchoter quelque chose à l’oreille du pauvre homme. Ses paroles continuent d’être inadaptées, mais son agitation se régule. Un quarantenaire se penche vers toi et te tend la main pour t’faire sortir à l’extérieur du bâtiment. Sonnée, tu attends que les flics rappliquent pour pouvoir remercier celui qui t’a sauvé du pire. Si ça se trouve, le type va réussir à se libérer et faire un carnage. Pourquoi ? Pourquoi toi ?

Clairement, tu ne t’attendais pas à avoir ce type d’événement aujourd’hui. Tu voulais tranquillement te remettre sur pied avec ton kinésithérapeute/ostéopathe pour repartir l’année sur pied. Eh bien nan, le destin a décidé que tu allais être un héro ce soir. A peine arrivé que tu remarquas que la situation était grave. En effet, tu vis un homme totalement fou en train d’essayer de poignarder une demoiselle. Personne ne bougeait, tu n’as pas attendu longtemps avant de te jeter sur le gars pour le retourner sur le ventre, lui bloquant le bras où il tenait le bout de verre. Tu n’avais pas remarqué mais en le retournant, tu as été blessé au bras avec son bout de verre. Une coupure assez profonde, mais l’adrénaline ne te le fait pas ressentir. Ton attention se posa sur la demoiselle qui était allongé sur une table en verre qui était maintenant explosé. Elle te répondit et tu fus soulager. « en effet, c’est tout ce qui compte » dis-tu en soupirant soulager. Tu approuvas de la tête à ses mots, comprenant qu’elle était stressée à l’idée qu’il se libère. « ne t’inquiète pas, j’ai plus de force que lui » dis-tu en la rassurant. La pression sur son bras lui fit lâcher le bout de verre, au moins il était totalement désarmé. Les pompiers étaient déjà arrivés pour l’homme qui était allongé sur le côté. La demoiselle partit en dehors du bâtiment, toi tu ne pus bouger que quand les policiers sont arrivés. Bien sûr, tu eus le droit à un : « encore toi » et tu leurs répondis d’un sourire au coin des lèvres. T’étais un habitué et pour une fois tu étais du bon côté. Tu sortis du bâtiment, après avoir fait ta déclaration à un flic. Une fois dehors, tu sentis une douleur sur ton avant-bras et tu vis finalement la blessure. « eh putain » comme si t’avais pas assez de marque sur le corps tiens.

Tout ce qui compte, c’est que tu sois en vie. Il n’a pas eu le temps de commettre le pire. Cet homme a surgit juste au bon moment, avant que tu ne hurles et que le sang gicle. C’est un ange tombé du ciel, mais tu garderas cette pensée pour toi. Allongée sur les débris de verre, un autre monsieur te tend sa main pour que tu déguerpisses d’ici. L’inquiétude persiste pour le type qui maintient le pauvre malade. Tout pourrait très vite basculer. La force d’un schizophrène peut être décuplée sous l’effet du délire. Tu te ronges aussitôt les peaux autour de tes ongles, signe de ta haute nervosité. Les autres patients discutent entre eux, mais toi, tu restes à l’écart, la tête encore douloureuse après ta chute. Et puis la police débarque. Les policiers entrent dans le bâtiment et tu sens un peu de soulagement. Les sirènes tournent et éclairent la façade. Le temps parait si long. Et puis ton sauveur sort finalement de l’immeuble. Il se dirige vers toi et s’aperçoit d’une plaie sur son avant bras. « Merde, je suis désolée, c’est de ma faute » Si t’as pas pris médecine, c’est bien parce que la vue du sang te soulève le coeur. « Allons voir les pompiers, ils doivent avoir de quoi soigner ça » Paniquée, tu attrapes son poignet intacte et tu le conduis vers l’arrière d’un camion. Tu expliques rapidement l’histoire et tu laisses le brun ténébreux se faire panser sa blessure. Tu touches ensuite l’arrière de ton crâne et tu sens que toi aussi t’as pris cher. C’est ouvert et ça coule de cette matière qui circule dans tout ton corps. Tu tournes aussitôt de l’oeil et t’assois aux côtés de l’inconnu. « Je crois que je vais m’évanouir » La tête qui bascule sur son épaule, tu laisses une femme s’occuper de toi comme si tu n’étais plus qu’une poupée en chiffon. « C’est quoi ton nom ? Que je le dise au tout puissant quand je serais plus d’ce monde » Arrête Margault, t’exagères, comme d’habitude.

On peut dire que tu étais tombé à pique, tu doutes honnêtement que quelqu’un aurait bougé un petit doigt pour aider la demoiselle. T’as fini par te faire couper par son poignard en verre. Ce n’était pas bien grave, mais tu allais sans aucun doute devoir te faire recoudre le bras. Enfin, la situation a été prise en charge. Le flic qui est venue t’interroger te connaissait, il faut dire que tu étais plutôt du genre à te foutre dans de belle merde. Pour une fois, tu n’étais pas du mauvais côté, tu étais « un sauveur » si on peut dire ça ainsi. Tu sortis du bâtiment, pouvant dire littéralement adieu à ton rendez-vous en vue de la merde actuelle. Il va falloir que tu ailles te faire recoudre. Tu remarquas la demoiselle en détresse et tu t’approchas pour venir voir si elle allait bien. Ça semblait être le cas. « ce n’est rien » ce n’est pas ta première cicatrice et ça ne sera sûrement pas la dernière. T’es un casse-cou et un bagarreur un peu trop tête brûlé, forcément c’était obligé que ça arrive. Tu la suivis quand même quand elle te dirigea vers le camion de pompier. Tu laissas un urgentiste s’occuper de toi, cela ne te fit pas mal mais c’était trop long à ton goût. « ça va ? tu n’aimes pas la vue du sang ? » elle avait sûrement besoin de se reposer après ce qu’elle venait de vivre, ça se comprenait. Tu levas les yeux au ciel quand elle parla de mort, elle était un peu perchée sur les bords de ce que tu peux voir. « tu as une baisse de tension à cause du choc, un peu de sucre et ça ira mieux » la preuve, l’infirmière lui donna quelques bonbons pour qu’elle aille mieux.

Le pire a été évité. Le déséquilibré a été neutralisé. Il n’y a plus de raison de s’en faire. Le rythme cardiaque peut descendre. Le shoot d’adrénaline t’fait marcher sur un nuage. L’truc, c’est que le gars qui t’a sauvé la vie saigne. T’essaies d’pas regarder cette couleur étourdissante, mais c’est en l’amenant auprès des pompiers que tu captes que tu es aussi amochée. Le rouge sur les doigts, tu sens la vague d’un malaise se propager. Le réflexe est soudain, tu t’assois. Tu respires et puis tu laisses tomber ta tête contre l’épaule du jeune homme blessé en train d’se faire recoudre. « Je déteste ça » Le regard dans le vide, tu te perds dans toute cette agitation. Machinalement, tu acceptes un peu de sucre pour te remettre d’aplomb. L’infirmière te fait pivoter la tête et pose un coton imbibé de désinfectant sur ta plaie. Ce n’est que superficiel, pas de quoi passer par l’aiguille. Le brun t’a toujours pas donné son prénom, du coup, t’sais toujours pas qui c’est. Tant pis, peut-être qu’il est un fugitif qui protège son identité. Franchement, ça ne t’étonnerait plus, en l’espace de deux mois, t’as failli t'faire kidnapper ton gosse et tué par un fou. « Je crois que je porte la poisse, une sorcière a dû me jeter un sort quand j’étais dans mon berceau » Le type a risqué ta vie pour la tienne et tu lui parles comme si de rien n’était, normal. « Je m’appelle Margault, t’as empêché mon fils d’être orphelin, je te remercierai jamais assez sombre inconnu »

Toi qui pensais avoir une journée « lambda » te voilà héro. T’avais réellement l’impression que si t’avais pas eu ce putain de rendez-vous chez ton kiné aujourd’hui, cette nana serait morte. Toi aussi d’ailleurs, t’aurais totalement pu mourir en essayant de la sauver. Heureusement, tu ne t’aies ouvert que l’avant-bras, rien qui te poussera vers la mort. L’ambulance a pris soin de toi, elle était déjà en train de te recouvre tranquillement. La blonde, victime de ce drame semble ne pas aller bien. Un peu de sucre et elle allait repartir. Tu ne bronchas pas quand elle posa la tête sur ton épaule, elle ne devait pas se sentir bien. Après avoir fini avec toi, elle s’occupa d’elle mais de ce que tu peux voir – elle n’avait rien de bien grave. « ouais, on ne peut pas dire que tu aies une bonne étoile mais au moins, t’es pas morte » dis-tu du tac au tac. Un fils ? tu pensais honnêtement qu’elle était très jeune pour être mère mais ça te rassurerait de savoir que tu as sauvé : deux personnes finalement. « Je suis Neven et ça veut dire que j’ai sauvé deux personnes, ça c’est top » dis-tu d’un sourire au coin moqueur. Ouais, ta journée aura été mouvementée mais tu vas bien dormir ce soir.