@Yeong Moon
Noël était en approche, tu n’avais rien de prévu jusqu’à ce que tu demandes à Yeong de le passer en ta compagnie. Tu revenais à peine de Londres, t’avais encore un jetlag en pleine face mais tu avais quand même pris le temps de ranger ta chambre et décorer un minimum pour l’occasion. Tu avais mis le cadeau sous un mini sapin, et tu avais préparé le petit appareil à raclette que tu as emprunté à un ami français pour l’occasion. T’avais mis un pull de noel, car il n'y a qu’à cette période de l’année que tu peux le mettre. Les pommes de terre étaient en train de bouillir quand tu entendis quelqu’un toquer à la porte de ta chambre de dortoir. Cela ne pouvait qu’être que Yeong puisque tu n’attendais que lui. « hello ! entre fais comme chez toi » dis-tu en l’invitant à entrer. Tu refermas derrière vous deux. « j’ai du vin et du soju » bon, le soju ça ne va pas avec la raclette mais pour après c’est pas mal aussi.

phalanges congelées, il se demande encore si tout ça est une bonne idée. parce qu'il ne sait pas sur quel pied danser, parce que la chorégraphie semble bien trop complexe et n'est pas même supervisée. parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut ou ce qu'il espère derrière ces sourires qu'il ne peut s'empêcher de dégainer. et son pull de noël est si large qu'il sent l'hiver le caresser. parce que sous le pigment rouge et ce renne au gros nez, il n'y a rien si ce n'est sa peau nue de tout textile et pourtant bien remplie d'émotions esquintées. et puis il ne réalise pas qu'il est pourtant déjà là, planté, à le voir lui si mignon dans sa tenue ringarde qu'à fleur d'iris il souhaite lui destituer. « salut. » c'est froid mais pourtant les lèvres semblent corrodées. « le soju. » et sa paume vient frapper délicatement la chevelure d'emon en un geste d'affection pour le remercier. parce que si il n'est pas capable de lui dire, peut-être est-il encore capable de le lui montrer. « alors cette tenue, tu en penses quoi ? » parce qu'il a fait des efforts un peu contre sa volonté, et il n'espère rien si ce n'est de voir un sourire se hisser.

Adorable, tu ne pouvais t’empêcher de le trouver adorable dans ce pull oversize de Noël. Tu voyais même un peu sa clavicule et c’était plus que sexy à regarder. Tu détournas tout de même les yeux, ce n’était pas le moment d’avoir de nouveau des pensées obscènes pour ton ami. « bien sûr, je n’en bois qu’avec toi et ton frère » alors forcément, tu devais en avoir quand tu fêtais Noël avec lui. Son frère aurait pu être avec vous aujourd’hui, mais t’avais eu le désir de le faire simplement avec Yeong… tu voulais encore te faire pardonner pour ton silence passé. « Ce pull te va vraiment bien » dis-tu en souriant. « j’ai pris des petits fours pour commencer la soirée, n’hésite pas à mettre la musique que tu veux » dis-tu en sortant les petits fours du four. Tu manquas de te cramer la main mais ce n’était pas tomber par terre, c’était déjà bien ça.

et puis les mots glissent le long de sa nuque dénudée. il en sent le frisson escalader son épiderme empourpré. parce que l'autre, lui, a finalement dit ce qu'il voulait entendre une fois arrivé. à se dire que l'effort est récompensé, si bien qu'il en ignore la recommandation et se dirige vers la cuisine pour l'accompagner. et puis le mouvement est brusque et inopiné, il comprend vite que le drame les a peut-être frôlé. et y'a cette part de lui qui vient à se déterrer, à jouer le grand-frère qu'il n'a jamais vraiment été. parce que y'a eu égalité, quand bien même il se refuse à l'avouer. et sans réfléchir il attrape le bras de l'autre comme pour l'arrêter. « tu n'as rien ? » il lui retire le plat des mains et en oublie lui-même que ce dernier est embrasé. mais il décide de feindre l'ignorance et de prétendre ne pas sentir ce picotement sur sa paume à présent purpuracée. et à force de feindre, le tout devient vérité, à totalement l'oublier. « tu devrais faire attention. » et il le tire à bout de bras jusqu'au robinet pour inonder la presque blessure qu'il lui a plagié. « t'aurais du les laisser tomber plutôt que de prendre le risque de te brûler. ce n'était pas grave. » et dans sa propre réprimande, il en néglige la réalité.  

T’as clairement failli faire une catastrophe en faisant tombé le plat de petit four brulant au sol. Heureusement, tu l’as rattrapé et il n’y avait rien de casser. Enfin, c’est ce que tu pensais parce que pour les yeux de Yeong, tu venais de te blesser. « nan vraiment, ce n’est rien » en tant que bon cuisinier, ça t’arrivait souvent de te brûler alors ce n’était vraiment rien. Pourtant, Yeong continuait à prendre soin de toi en mettant ta main sous l’eau. « c’est gentil, mais je me brûle souvent tu sais et … toi aussi t’as dû te faire mal » dis-tu en souriant doucement. Bizarrement, tu ne pouvais t’empêcher de l’observer encore, alors qu’il était concentré sur l’eau qui coulait sur tes mains. « si, j’ai mis du temps à les faire donc je voulais que tu les manges » tu passais un vrai Noël cette année et tu voulais en profiter, que tout soit parfait. « ça va vraiment, t’inquiète pas. Merci pour ton aide » dis-tu en retirant tes mains de sous l’eau, tu te séchas les mains et tu passas une main dans ses cheveux comme signe d’affection. « mangeons maintenant » dis-tu en prenant le plateau avec un gant plus épais. Tu pris également la bouteille de « champagne » et deux coupes que tu déposas sur la petite table basse que tu as préparé pour l’occasion.

le cœur en séisme laisse ici et là des idées secouées. et peut-être qu'il a raison, emon, peut-être qu'il n'y a rien si ce n'est une inquiétude injustifiée. injustifiée ? et si l'ainé se plaît dans la rationalité, il se sait victime de ces balles perdues tirées par sa propre once d'humanité. alors il ne dit plus rien et laisse le silence l'engouffrer. à en laisser sa respiration s'étouffer, à ne plus entendre son myocarde au creux de ses tympans que le monde ne manque de percer.  « d'accord. » et il est dépeuplé, coquille vide en bord d'assiette prête à être jetée. parce que pour lui, y'a rien de plus terrible que d'être rejeté. et si les yeux peuvent affirmer le contraire pour mieux panser, son âme n'y voit qu'un cauchemar devenir réalité. parce qu'il n'accepte pas que son aide soit refusée. et sans doute qu'emon est parti pour ne plus avoir à le supporter. pensée intrusive entre quatre murs comme coincée. et puis il n'est que machine préprogrammée, à s'asseoir et servir sans que rien ne lui soit demandé. « à la tienne. » coupe levée comme un trophée et ses lèvres ne demandent plus qu'à être noyées. « et à nos retrouvailles. prends soin de moi à partir de maintenant. » et si ce n'est que politesse, peut-être qu'enfin il accepte de s'abandonner, de laisser emon s'ériger. « je prendrai soin de toi également. comme je l'ai toujours fait. » et si la rancœur n'est que distillée, la hache de guerre quant à elle est bien enterrée.

Cairement, tu n’avais pas grand-chose à la main, mais ça te touchait que Yeong agisse de cette manière envers toi. Tu lui ébouriffas gentiment les cheveux en signe d’affection, lui montrant par la même occasion que tu n’avais rien de bien grave. Tu déposas les petits fours sur la petite table fraichement dressé pour l’occasion de Noël. Si on t’avait dit que tu passerais cette fête en compagnie de Yeong, tu n’y aurais jamais cru. Tu levas la coupe que tu venais de servir pour trinquer avec lui. « à la tienne » dis-tu en réponse. Tu bus une gorgée avant de déposer le verre sur la petite table. « je ne compte pas te lâcher de nouveau, crois-moi » dis-tu en réponse à ses mots. Tu étais parti car tu avais besoin d’évacuer à cause de ton père et de ton frère. Cela t’a fait un bien fou et t’as ouvert les yeux sur le monde. Cela t’a également aidé à trouver ta voie. « je compte bien souvent t’embêter pour que tu prennes soin de moi » dis-tu en souriant. Tu te penchas sur le côté pour attraper deux serre-têtes dont un que tu mis sur la tête de Yeong. « là on est parfait dans le thème de Noël » dis-tu avec un sourire au coin des lèvres. Lui qui ne voulait pas ce genre de chose, il avait le droit à un serre-tête de cerf et toi de Noël.

et puis le musicien est là bouche bée, à laisser l'autre et son aura l'étouffer, souffle coupé. et pourtant l'air semble frais et lui rappelle qu'il est accompagné. et il ne dit rien dans cet instant qui lui semble éternité, à sentir le grand frisson de ces moments dans lesquels le temps est oblitéré. un léger poids sur la tête qu'emon vient lui poser. mais yeong ne regarde que sa bouche qu'il rêve d'harponner. à détailler les froissements et les plissures pigmentés. à s'imaginer le goût de la chair et les papillons s'envoler. parce qu'il sent la béance sous son sternum se creuser. et peut-être que son hôte peut la combler. mais c'est la peur qui vient l'ankyloser. alors ses yeux viennent à se lever, et c'est ainsi qu'il prend conscience des bois dont sa tête est à présent ornée. « tu as de la chance que je t'apprécie. » il soupire et pourtant son faciès est illuminé. parce qu'à la porte, y'a que le bonheur qui vient toquer. « t'es plutôt mignon avec ça. » et finalement il plonge dans les liqueurs comme pour s'évader, pour fuir par peur de réaliser que cet oasis n'est guère réalité. et il vide son premier verre d'une grande gorgée. « le deuxième. »
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T’étais un petit malin, tu avais littéralement préparer deux serre-têtes pour cette soirée, bien qu’il t’ait dit par message que c’était hors de question pour lui. Tu penchas la tête doucement en l’observant avec cette décoration sur la tête. Cela lui allait à merveille, il était encore plus mignon avec ça sur la tête. « j’ai en effet beaucoup de chance » dis-tu d’un sourire au coin des lèvres. Ouais, t’avais de la chance qu’il t’apprécie. « ah ouais, tu trouves que j’ai bien choisi ? » dis-tu en penchant la tête. En vrai, tu voulais surtout marqué le coup car ça allait être le premier Noël à deux. En Asie, c’est les couples qui fêtent le réveillon de Noël ensemble, nan ? Tu bus une gorgée de ton verre, surpris de voir Yeong boire le sien aussi vite. « doucement, tu vas être bourré avant même d’ouvrir ton cadeau » mais bon, tu viens quand même le resservir. Tu pris un petit four que tu mis dans ta bouche, et ça te plaisait pas mal en terme de goût mais tu en pris un autre différent. « Jeong est où ? » demandas-tu curieux quand même.

« bourré ? tu me prends pour un petit joueur. » et c'est un gloussement timide qu'il couvre de sa paume par une politesse que son entourage américain trouve généralement exagéré. et lui-même se sait capacité à enchaîner les verres sans ne jamais sombrer, à ne sentir les premiers effets que lorsqu'il en consume plusieurs d'affilés. mauvaise habitude que la nuit lui a octroyé, à ne vivre que de l'aurore et de ses pêchés. et si il est pourtant un homme rangé, il ne peut nier se plaire parfois à s'abandonner. et sans doute qu'il y songe plus qu'il ne veut bien l'avouer, en guise de solution de facilité.  à n'en sentir qu'un fourmillement parcourir sa tête légère et enfumée.  « il était enfermé dans sa chambre quand je suis parti. apparemment il travaille sur un projet. il m'a dit de ne pas l'interrompre. » et son visage semble subitement se saborder. et y'a le poids des mots pendus à ses commissures qui luttent tant bien que mal pour ne pas s'échouer. parce que si il ne le dit pas, il n'en est pas moins préoccupé. à voir son frère jumeau s'enfermer, lui pourtant dont toutes usures ne lui a jamais retiré une quelconque once de sociabilité. et peut-être qu'il n'est que spectateur de cette scène à rideau tiré. et ses iris viennent au sol balayer, alors qu'il déglutit une énième fois dans l'espoir de faire le grand vide dans ses pensées. et puis finalement ses coudes atterrissent sur la table avec légèreté, le menton ancré entre le revers de ses mains liées. et il le regarde avec insistance à l'en démasquer tout entier. le regard doux en une braise pour s'assurer qu'il ne puisse que lui céder. « nourris ton cerf. » et ses dents cessent de se talonner, laissant l'espace nécessaire pour y glisser un mets. il attend à lippes détachées que l'autre vienne le goinfrer, et si d'ordinaire il songe à l'hygiène dans un détail presque inconcevable et échevelé, il se moque bien de savoir où les phalanges d'emon se sont plantées pourvu qu'elles ne se contorsionnent à présent que pour assouvir son besoin critique de proximité.