in oculis, veritas @Scott Guerin — Petite, crinière flamboyante, athlétique, gracieuse à la fois, Julia, tu brilles même sur ce plancher, à faire des allers-retours entre les clients. Prendre leurs commandes, passer la commande, une vraie machine quand tu le veux. Certains hommes viennent presque tous les jours, mais cela ne te surprend pas Julia. T'es belle, tu attises la curiosité, le doute, l'envie, le désir, mais jamais ils ne pourront t'atteindre. Ils se font juste des illusions, des rêves insaisissables. Ce ne sont pas ces hommes que tu veux. Pas cette facilité. Julia aussi mystérieuse vient de faire littéralement tomber son regard sur lui. Scott. Les ténèbres. Sourire qui fond tes opales. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Regard qui le suit, qui n'en rate pas une miette. Une main sur l'épaule de la serveuse qui s'apprête à les rejoindre. — Laisse. Je m'occupe de cette table ! Mots balancés à la hâte tandis que tu saisis ton plateau. Dans ta petite robe courte rouge volante munie d'un mini tablier blanc sur la taille, tu patines jusqu'à eux. Tu freines d'un coup, faisant un tour sur toi-même avant de caller tes roulettes. Entrée théâtrale. Mais tes yeux ne cherchent que ceux du garçon. — Bonsoir messieurs. Sourire accueillant. Tes longs cheveux d'ébène tombent sur le côté droit de ton épaule. Lèvres pulpeuses enrobées de rouge sanguin. Menus que tu poses sur la table. Est-ce que tu dois faire semblant de ne pas connaître ce beau brun ténébreux ?

Jeu de lumière. S’éteint dans les ténèbres de sa chevelure. Empêche les rayons de passer. Quand vers lui, elle s’approche, l’ombre prend le pas sur la clarté. < i>Lèvres vermeilles. Dévoilent la blancheur de ses dents. Souligne la malice dans ses prunelles. Tournoie la gamine. Autour d’elle, ondule sa robe outrageusement courte. Et il comprend Scott. Ce qui attire ses potes dans cette daube. Lui ? Il s’en fou. Se rembrunit, alors qu’elle s’illumine. Les iris bleutées posées sur lui, il devine ses pensées. Engrenage. Dans le jeu qu’elle a initié. Jeu qu’il dont il tente une dérobade, parce qu’il en connait tout le sens. Lui qui en est maître d’ordinaire. Il sait pertinemment quel genre de finalité il peut rencontrer. Et ça ne lui plait pas. Se renfonçant contre la banquette, il passe un bras sur le dossier. Garde le silence quand ses collègues -eux- s’amuse à déblatérer tout un tas de taquineries de mauvais goûts. Le même dont il aurait pu user, mais pas ce soir. Ce soir, il les trouve fade. Sans intérêt. Se détournant d’elle, l’homme ne lui montre que son profil, tandis que ses mains attrapent un des menus. A peine les yeux dessus, qu’il passe commande. « Une assiette d’frites. »

in oculis, veritas @Scott Guerin — Un éclair passe dans tes yeux. Doute clarifier, le garçon se fait aussi petit qu'une tortue dans sa carapace. À ce point, tu troubles Julia ? Sans surprise que tes dents blanches s'alignent de satisfaction. C'est ce que tu veux provoquer chez lui. Le doute. La peur de te laisser entrer là, dans un coin bien tordu de sa tête. La torture. Goût tellement exquis sur la langue. Tu veux qu'il en devienne fou. Tu veux que ce poison se propage rapidement dans ses veines. Tu veux embraser chaque particule de sa peau. À lui. À ce mâle démoniaque qui te ressemble tellement. Petit carnet dans la main, stylo qui glisse entre les lèvres, dents qui agrippent la couverture pour le retirer. Tu notes sa commande. — Dis-donc, tu suis un régime Scott ? Pourtant, j'aime ce que j'vois déjà... Et la boisson, ce sera quoi ? Morsure discrète sur ta lèvre inférieure. Geste destiné uniquement au garçon à l'abri des regards. Phrase qui frappe dans l'oreille de ses potes exprès. Oui, tu es comme ça Julia. À présent, tu sais qu'ils ne le lâcheront pas. Sous-entendus qui vont certainement fuser. — Et pour vous messieurs ? Sourire angélique. Tu notes le tout et tu retournes en cuisine où tu colles la feuille contre l'étagère face au chef. En attendant, tu récupères ton portable. — Pourquoi t'es venu ? Tu sais que j'bosse ici. Message envoyé. Destinataire, beau brun ténébreux.

Il le voit du coin de l’œil. Son tic anodin, mais qui prévu, pouvait laisser place à l’imagination. Endormir les hommes de la table. Commentaire. Balancé dans la fosse au lion. Entre les mains de ses collègues, de simples mots se transforment en anecdotes. Du genre à vous plonger dans la merde. Surtout, quand on est finalement en couple. « Un Dr Pepper. » Habite la condescendance dans ses émeraudes. Braqué sur elle, il ignore les petits sourires dans sa direction. Sourire dont il ne tardera pas à leur faire avaler. Détournant ainsi la conversation dans une autre direction. S’éloigne la veuve noire. Dans un bruissement, elle disparait. Désoppresse l’atmosphère qui lui étreint la conscience, mais c’était sans compter, la machiavel. Même ailleurs, elle trouve un moyen de l’atteindre. Se créer alors, un discret rictus. Pendant qu’il part en campagne pour mener la conversation sur un autre terrain, l’ombre répond : « Va reprocher ça au hasard. »

in oculis, veritas @Scott Guerin — Message envoyé, tu te postes à l'accueil, là où tu peux l'avoir dans ta ligne de mire. En face de toi, tu ne penses qu’à cela, à ses yeux brillants, à ses lèvres sucrés, à l’éclat de son teint, à la forme de son visage, à la splendeur de ses épaules. Il est beau putain... Julia ressaisis-toi ! Tu secoues rapidement la tête, tente de reprendre tes esprits. Souffle. Hausse les épaules avant d'aller récupérer la première commande terminée. Les boissons. Retrouvant de nouveau les garçons, tu poses les verres et boissons devant chaque monsieur. Sauf celui de Scott que tu prends plus de temps à servir. Pour la simple et bonne raison que tu te penches un peu plus pour effleurer discrètement son bras. Derme que tu prends plaisir à faire frissonner. Réveiller son palpitant. Allumer le feu. — Si vous avez besoin d'autres choses, n'hésitez pas à me faire signe ! La voix se perd dans cette pièce. Une main est levée, celle d'un de ses potes. Tu t'approches, il te demande de tendre l'oreille. Tu te penches, il te murmure quelques mots qui te volent un rictus. Il perd son temps. Aucune chance avec elle. T'es une belle statue, indifférente. Mais tu prends quand même son compliment. C'est toujours bon à prendre. — Merci. Mais tu n'es pas mon genre. Donc pas de numéro. Joli vent du nord murmuré au garçon pour ne pas que les autres s'en moquent. Tu retournes à l'accueil et reprends ton portable. — J'crois pas trop au hasard... T'y crois toi ? Comment tu veux que je bosse sainement avec toi dans les parages mh ? Message envoyé, tu plantes tes yeux dans ses prunelles.

Le téléphone ranger. Vers leur tablée, s’approche la silhouette. Sur le sol, glisse ses patins ridicules. Et pourtant… La finesse de ses mouvements, capte son regard. Flamme dansante au milieu de la pièce. Feu follet. Sa lueur glaciale l’appelle. Parle à son âme. C’est son être qui vibre d’une colère qu’il ne comprend pas. Orbes ombrageuses. Le vert qui s’obscurcie. Autour de lui, les frivoles conversations disparaissent pour laisser place à cette vision malicieuse. A leur hauteur, elle apparait. Sûr d’elle. Ego frustrateur. Le sien. A elle. Il lui parle à Scott. C’est sans doute pour ça, qu’il devient irascible en sa présence. Sur leur table, la serveuse déverse le contenu de son plateau. S’attarde quand il est question de lui. Le bras à la peau marquée, frissonne quand l’effleure. Était-ce de la répulsion ? Ou quelque chose d’autre ? Dans tous les cas, c’est du dégout envers lui-même qu’il ressent. C’est sans doute la première fois que ça lui faisait ça, parce qu’il pense à celle qui partage sa vie. Et puis, il en revient à Julia. Elle qui remballe avec sourire, un de ses potes. Agacé. Il ne dit rien. Reste perdu dans son mutisme. Rappeler à l’ordre par son voisin, il se détourne d’elle. Ne la regarde même pas partir. Recommence l’échange silencieux. Le portable dégainé bien plus rapidement qu’il n’aurait dû, il s’imprègne de ses mots, avant d’y répondre. « Sainement ? » Esquive la première phrase. « J’te perturbe Steiner ? » Il s’enfonce dans l’échange. Affiche un éclat arrogant dans les iris quand -enfin- il la regarde. Elle qui patiente à l’accueil.

in oculis, veritas @Scott Guerin —  Tu as ce don Julia. De braquer tous les regards sur toi. Ne faisant pas grand-chose pourtant. Juste sourire. Ta simple présence suffit, ta prestance est sans égale. Cette aura monstrueuse que tu dégages, fait perdre les neurones. Et pourtant, le seul regard que tu veux braquer sur toi, c'est celui du brun ténébreux. De ce diable tout droit sortie des enfers. Sur ton corsage ruisselent de jolis colliers qui s’entrelaçent les uns aux autres dans un désordre éblouissant à chaque fois que tu patines. Ton regard captive le sien, le parle, l'anime, puis retrouve l'écran de ton portable. Tu lis son message avec intérêt et un certain air de rêverie. — Surprise, on va dire, juste parce que j'ai peur de ne plus avoir envie de bosser, mes yeux me font défaut à ne pas te lâcher... T'es vraiment le diable. Dents dont la blancheur éclate ou se cache selon le mouvement de ta bouche qui semble toujours prête à rire. Et c'est dans sa direction que tu les affiches. Tu maintiens cette flamme entre vous, tu ne veux pas qu'il détourne son regard du tien. Mais rappelée à l'ordre par le chef, tu armes le plateau de leurs bouffes maintenant prêtes. Avant d'y aller, tu saisis une petite feuille où tu y dessines tes lèvres. Parce que c'est fun. Parce que c'est taquin. Agaçant. Irritable peut-être pour lui ? Tu apposes également une flèche qui montre l'arrière de la feuille où est écrit. "Rejoins-moi derrière le restaurant, j'ai à te parler." Petit mot plié que tu fourres dans le tas de frites. Cette fois, tu déposes les plats ne lui accordant qu'un bref regard. Roulettes discrètes, tu te calles contre le mur à l'arrière du restaurant. Certitude qu'il viendra, s'il est aussi troublé que toi, il répondra à ton besoin, à son besoin.

Le message qui glisse sur sa rétine. Le diable. Première fois qu’on le compare à la tête cornue. Et ça l’fais sourire. Intérieurement. A l’inverse, son visage reste de marbre. Même lorsque la brune revient vers eux. Qu’elle dépose leur commande. Effleure le papier. La main plongé dans son plat, il perçoit à temps, le mot. Là, au milieu de la friture, ses lèvres carmines laissent leur trace. S’en emparant avant qu’une iris suspecte s’aventure vers lui, il le glisse dans une poche de son jean. Entame son plat. Echange des banalités. Tout ça, sans jamais arrêter de penser. A ce qu’il l’attend. Et quand le débat dérive sur les vacances de noël, Scott se fait absent. Entre ses mains, le papier est déplié. Danse l’encre. Il ne sait pas. Pourquoi il se lève. Pourquoi ses pas le mènent déjà à l’arrière et que sa voix prétexte un coup de téléphone. La raison aurait voulu qu’il reste assis. Qu’il ne rejoigne pas la veuve noire au satin écarlate, mais il est curieux Scott. Il veut voir ce qu’elle va faire. Quels arguments elle va délivrer. Il a toujours été comme ça. A flirter avec les limites. Juste pour voir. Nonchalante est son allure quand il traverse la salle. Pousse la porte arrière. Froide est la nuit. Brise glaciale qui caresse son ovale. Ombre parmi les ombres. Elle l’attend. Touche de couleur dans l’obscure. « T’pouvais pas le faire par message. » Percute le silence, la voix rauque de l’homme. Une main dans les poches, il avance avec confiance. Les boots martyrisant le sol, il avance jusqu’à elle. S’appuie sur le mur qui lui fait face. Sombre ruelle. A l’égard des regards. Dans ce que la ville a de plus crade à offrir.

in oculis, veritas @Scott Guerin —  Dans les yeux, la vérité... Première fois que tu ressens ça. Première fois que tu as envie de posséder autant un homme. Pourquoi lui ? Pourquoi Scott ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres ? Questions qui gambadent dans ton cerveau. Qui est-il pour susciter autant ton intérêt ? Toi, promise à la liberté de ne jamais tomber pour un homme, qu'importe ce qu'il devait t'en coûter. Mais te voilà, un peu plus chaque jour à penser à lui. Et dans la pénombre, son visage clairvoyant, t'apparaît. Encore plus beau sous ce ciel lumineux par les fêtes. Il est venu. Rictus qui se fend. Regard qui brille encore plus. Il se tint à distance, tu constates l’hésitation. Secouant la tête, tu revendiques un "non". Puis, tes doigts pincent le bas de sa chemise pour l'attirer à toi. Mieux comme ça. Tu restes plaquée dos contre le mur, prunelles levées à présent vers les siennes. — Je risque de me faire réprimander si je reste sur mon tel. On n'y a pas droit pendant le service. Ce sont les ordres. Silence. Tu l'admires, tes yeux parcours chaque parcelle de son visage. Corps si proche du tien. T'as envie d'y laisser tes doigts... Instant de réserve qui te déconcerte un peu et que tu ne comprends pas. — Tu fais quoi après le restaurant ? J'aimerais qu'on parte terminer la soirée ailleurs, toi et moi. Quelque part, j'veux danser avec toi. Toute la nuit. Jusqu'à ce que tes jambes te lâchent. — Tu t'abandonnerai avec moi, dis ? Jusqu'au bout de la nuit ?... Termines ta phrase dans tes pensées. — Merde Scott, pourquoi est-ce que tout mon corps t'appelle à ce point ? Tu lui poses la question, comme s'il en avait la réponse. Buste contre torse. Ton pouce caresse sa lèvre, descend jusqu'au menton. — J'ai une putain d'envie de t'embrasser... J'déteste l'effet que tu m'fais. Mot écorché au bout de la langue. Tu te fais vraiment violence pour ne pas craquer.

Renversement de  l’atmosphère. Elle se fait ténébreuse quand dehors, le nocturne l’enveloppe. L’ombre qui disparait. Se fond dans l’opacité des murs. Aveuglé par la mascarade à la robe rougeoyante. Pourtant, il la ressent. Sa conscience qui tire derrière lui. Filament argenté. Plus il avance, plus elle se fait lourde. Fausse distance. Brique glaciale qu’il ressent à travers sa veste. Sa froideur s’infiltre. Immobilise presque ses mouvements. Capricieuse. L’ovale secoué, elle laisse filtrer un rayon lunaire sur sa peau ivoire. Une partie mise en valeur, il peut en voir la couleur presque opaline de son iris. Clair obscure. Semelle râpant sur le bitume, le son inonde son ouïe. Main tendue. Elle tire sur le bas de son haut. L’attire à elle sans s’assurer de sa favorabilité. Et ça le tue Scott, parce que c’est un geste qu’il aurait pu faire s’il avait été à sa place. Elle déblatère. Donne une réponse mécanique. Réponse dont il préfère ignorer le bruit. C’est la nuit devenue silence qui l’interpelle. Le regard qu’elle fait courir sur lui. Il pourrait presque sentir ses lèvres sur lui tant sa profondeur est forte. Interlude. Seule leur respiration perturbe l’obscure. Et puis.. Prend fin l’instant quand de ses lèvres, s’écoule le rappel. Qu’est-ce qu’il fait après ? A nouveau, l’image d’une autre se superpose. Gorge nouée. Tire sur le fils, la conscience agacée. Il n’écoute même plus Scott. Toile à la soie insidieuse. Autour de lui, elle s’enroule. Lui créer une épreuve. Celle de lui résister. De ne pas céder. De ne pas encore gâcher ce qu’il construit avec celle qu’il aime. Même s’il le sait, il a probablement brisé quelques morceaux. Le corps pressé contre lui, Julia provoque en lui un raz-de-marée. Le pouce contre sa lippes emballe son pulsant. Goulée d’air. Qu’il avale discrètement. Enfin, il s’élance. Attrape le poignet de la brune pour l’arrêter. L’empêcher d’aller plus loin. D’attiser encore plus, l’irréparable. Les orbes devenues onyx, elles se font durent. D’un coup, il la claque contre le mur. Maintient toujours entre ses doigts, le fin poignet. Avale sa silhouette, l’ombre. Etouffe le monde autour. « C’est c’que tu veux ? Qu’on aille danser ? » Murmure. La carcasse qui s’abaisse. Vient murmurer contre elle. « Où tu veux que j’te touche ? » Souffle caressant son derme, il amène la main de la brune sur sa hanche à elle. « Là ?» Glisse à la limite de l’intérieur de sa cuisse. « C’est ça qu’tu voudrais ? » Fausse invitation chuchoté par sa serpentine. Mordant est son ricanement, quand il la relâche. S’éloigne d’elle. « Finalement, t’es comme toutes les autres. » Face à elle, il se recule dans la pénombre de la rue. « Pathétique. » Il abat l’adjectif, avant de lui tourner le dos.