ciel noir et mauvais présages pendus aux commissures de la voie lactée, yeong sent le néant en son bas-ventre le dévorer. et son cœur rime en une poésie torturée, les mots se cognent et se moulent comme pour que rien ne puisse dépasser. tout doit être carré, lui et son esprit que toute mélodie vient à censurer. il soupire, parce qu'en lui c'est le volcan, trop plein de fumée. et l'heure tourne alors que lui est déjà là, l'échine en peine, à se demander pourquoi. pourquoi est-il revenu ? pourquoi faut-il que ce soit maintenant ? maintenant que les nuits cessent de le mépriser. et puis finalement il se libère lorsque son oreille vient à se pencher, valse sur les vibrations de l'air qu'aucune chimère ne peut entraver. son monde à lui, son bout de paradis. il se concentre à tout en oublier, ses yeux pourtant ouverts ne perçoivent plus les halos colorés. et les minutes s'écoulent sans même qu'il ne puisse sentir le poids du temps tant lui-même est écumé. mais peut-être est-il l'heure pour lui d'affronter la réalité, celle que tout être humain représente pour lui un danger. et il le voit, l'autre, à bout d'iris. et ça le démange, son corps tout entier. comme marqué par une cicatrice si récente qu'elle ne peut être fruit du passé. et pourtant, malgré la lave qu'il sent à travers sa trachée, c'est un léger sourire qu'il dépose sur ses lèvres salées. à lui offrir le monde peut-être contre sa propre volonté. parce que c'est lui, parce qu'il est comme ça. parce que y'a des forces, physiques peut-être, qu'il est malheureusement incapable de contrôler. yeong peut bien rêver, il n'est pas cette âme froide et rigide qu'il se plaît à mimer. il est un aimant quand bien même il ne cesse de lutter. « c'est vraiment toi. » et les bonnes manières comme une punition viennent à le rattraper. il se lève et tend son bras pour l'inviter à s'asseoir à ses côtés. des manières qu'il est bien inapte à ranger.  « tu n'as... » et sa tête en un mouvement brusque vient à pencher. « pas changé. » et si les mots n'ont de valeurs que celle qu'ont leur attribues, lui semble malheureusement savoir ce que sa conscience semble dégobiller. parce qu'il le sent se distiller, le poison que représente une affection incontrôlée.  

A croire que le destin était bien fait, t’avais totalement perdu tes contacts depuis ton retour à Boston. Ta carte sims n’a pas apprécié le voyage en Asie du Sud Est et Ouest. Ton téléphone non plus d’ailleurs, t’as dû en racheter un à ton retour.  Tu as cherché Yeong mais il n’était pas présent aux lieux habituels… et puis, la première année de droit était loin d’être calme. T’as commencé le semestre en travaillant d’arrache-pied. Alors, tu n’as pas hésité à lui parler quand tu as croisé son profil meet. Tu le sentais froid – et il y avait de quoi, t’as clairement fait le mort même si ce n’était pas de ton souhait. Tes examens étant terminés, tu pris une douche avant de prendre ta voiture pour te diriger en direction du Nephilim. Tu eus bien du mal à trouver une place mais c’était chose faite. Tu marchas un petit temps tout de même mais tu vis l’enseigne non loin. Quand tu passas la porte, tu cherchas du regard une tête connue et tu le vis finalement. Tu lui offris un sourire alors que tu t’approchais de lui. Tu retiras en même temps ton écharpe et ouvrit son manteau. « oui, c’est bien moi » dis-tu à ses mots. Tu le remercias d’un signe de tête et t’installas à ses côtés quand tu eus retiré entièrement ton manteau d’hiver. « tu pensais que j’allais changer ? j’ai un peu maigri tout comme toi mais je reste moi » dis-tu en haussant les épaules. Yeong était toujours le même, il avait ce visage fermé mais ses yeux disaient totalement le contraire. « ça me fait vraiment plaisir de te voir » dis-tu en plongeant son regard dans le sien. « on boit quoi ? je conduis donc j’ai le droit à un verre seulement » dis-tu en observant la carte de boisson qui était mise au-dessus du bar.

cœur en mode avion et son corps tout entier semble planer. parce qu'il ne suffit que d'un signal même quand le réseau est coupé. et peut-être se réjouit-il déjà trop vite à s'en éreinter. mais les mots soignent et ses maux semblent dissipés, comme distillés dans l'air et son humidité. parce qu'emon ne peut le deviner, mais chaque claquement de sa langue résonne avec réciprocité. et si les pansements s'arrachent aussi vite qu'ils sont déposés il en oublie suffisamment longtemps sa blessure pour l'accepter. pour voir au-delà du grand brouillard dans sa tête qui s'est formé. prunelles en feu à le calciner, sa carne en un enfer dont il ne peut s'échapper. il refuse de se trahir mais ne peut retenir sa propre carcasse de s'exprimer. pas ce soir. parce que la liqueur suinte déjà à travers ses pores creusés. et sans doute que la fragrance de l'ivresse embaume déjà ses commissures qui ne cessent de s'étrangler. « un seul verre ? » menton hissé, il s'égare dans une marée de réflexions désordonnées. à réfléchir si fort que son crâne est un étaux bien trop serré. parce qu'il doit taper assez fort pour le faire parler. parce que y'a trop de pourquoi et de temps fourvoyé. parce que demain n'est que chantier. et sa moue vient à se hausser alors que son regard se fait aiguisé. « de l'absinthe. si on ne boit qu'un seul verre, alors autant que ce soit quelque chose de fort. » et il est loin d'en être un habitué. lui-même ne sait pas vraiment dans quoi il vient de se lancer. « alors, tu en dis quoi ? »et sa pupille en un piège à ours vient se refermer sur les iris de ce garçon qu'il a souvent salit dans ses pensées.

On peut dire que tu as eu du culot de texter Yeong, il faut dire que tu as été totalement coupé des réseaux pendant ton voyage en Asie. Tu n’étais pas souvent dans des endroits avec du réseau, tu as imaginé qu’il t’avait peut-être oublié. Finalement nan, et il t’en voulait en plus de ça. Tu n’allais pas te plaindre, tu l’as cherché après tout. Tu comptais bien te faire pardonner, comme tu comptais le faire avec Saphir que tu avais également laissé de côté. Alors, tu te présentas au lieu-dit, offrant un sourire à Yeong qui t’avait déjà repéré. « on peut en boire plusieurs si tu préfères » dis-tu d’un sourire au coin. Après, vous pouvez aussi prendre un verre plus fort pour que ça dure longtemps. Tu ne bois pas énormément, cela fait un bail que tu n'avais bu de l’alcool fort. Tu te souviens que tu buvais régulièrement du soju avec son frère et lui à l’époque. « je te suis totalement » dis-tu en souriant. La commande fut passée et tu reposas ton attention sur le visage du coréen. Il n’avait pas changé, toujours aussi fermé mais ses yeux disaient plein de chose. « comment tu vas ? je t’ai cherché dans les lieux habituels à mon retour à Boston mais tu n’y étais pas » parce que oui, tu l’as cherché, en imaginant qu’il n’était pas parti. Tu as croisé son frère donc tu savais qu’il était toujours dans le coin, mais tu as été septique pendant un temps. « je suis encore désolé pour le silence. » mais il savait que tu n’avais pas de réseau.