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idea of the century

Ce genre de rencontre est toujours irréaliste. Ça n'est pourtant pas la première fois que je retrouve Jasper pour boire une bière. Au fil des ans, les raisons étaient différentes : au début, c'était surtout pour régler nos comptes, souvent pleines de menaces et de - presque - coups sur le visage. Mais depuis quelques années, c'est devenu plus calme, plus posé. Oh, je ne doute pas du tout fait lui comme moi grimaçons à l'idée de voir l'autre avec elle, mais je présume qu'on s'y est fait, que l'âge nous a calmé et qu'on s'est résigné au fait qu'on serait plus ou moins liés jusqu'à la fin. Alors bien sûr, que j'accepte de lui faire sa lettre de recommandation - une ironie, quand on sait qu'il m'a fait enlever mon fils il y a quelques années par les services sociaux. Regardez comme Jude est plus mature aujourd'hui, a aidé sa plus grande Némésis a obtenir ce qu'il vaut. Assis au comptoir de The Sun Rock, nos regards sont attirés par la musique jouée par le groupe du soir alors que nous en sommes déjà à notre troisième bière. "Tu sais que j'ai réalisé un truc assez fou y'a pas si longtemps ?", que je lance à Jasper alors que je termine ma bière. "Je sais strictement rien de toi" On s'est battus avec les poings et avec les mots pendant dix ans et je ne connais rien de son histoire. Sincèrement, je ne sais rien de lui, de son passé, de sa famille. Pas étonnant, vous me direz, quand on a jamais réellement prit le temps de parler.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington

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Les deux côtés d'une pièce, et Elle qui la jette, qui jette un œil pour voir si c'est pile ou face, cette fois. A force d'entrechoquer les lames, je crois que j'ai finis par connaître par cœur tes mouvements, par détester tes meilleurs aspects. Haïr ce que je ne suis pas. Toutes les danses que tu réussis avec la reine alors que j'fais que de lui marcher sur les pieds. Grandir, vieillir. Les revoir, ces meilleurs côtés. Et sûrement que j'suis moins jaloux désormais que j'ai compris ne jamais pouvoir arborer les mêmes couleurs que les tiennes. Chacune les nôtres. Complémentaires. Être aimés par la même personne signifie forcément quelque-chose. Dans les bouquins, ça nous place ennemis jusqu'au choix final ; qui n'arrive jamais. Alors en voulant apaiser et alléger mes épaules, je me suis débarrassé d'un morceau de cuirasse nommé colère. Probablement parce que dans tes prunelles, je vois ce qui est aussi fané dans les miennes. Avoir le cœur brisé par la même femme, ça réuni forcément devant des bières. Dans l'histoire que j'écris en tout cas. Deux, trois. Assez pour que j'en ai plus rien à secouer du passé. Assez pour que j'ai le rire facile. J'finis ma bière en même temps que toi, et j'ai déjà le bras tendu pour commander la même chose. D'un revers de main, effacer le houblon qui humidifiait les lèvres. « Okay chaton, t'as le droit à trois questions. » Trois, c'est bien, c'est suffisant pour mieux dessiner une histoire sans en connaître trop les détails. « Auxquelles je répondrais avec sincérité. » Rajouté, un sourire malin accroché à la bouche. « Ensuite c'est à moi. » Evidemment. Dans un match, c'est toujours mieux quand on nous renvoie la balle. Puis, j'crois que j'ai envie de te connaître autrement qu'à travers ton histoire avec Elle. Je peux dessiner les contours de ton histoire, mais seulement à travers ce que vous avez vécu. Ta maladie, aussi. J'peux pas croire que tu te limites à eux.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington

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ll faut croire que le temps nous a assagit et qu'on est de plus en plus à l'aise l'un avec l'autre. Est-ce que ça fait de nous des amis ? Pas vraiment, non. Pas tant qu'elle sera entre nous - ce qui veut donc dire que ça n'arrivera jamais. Je suis de mon côté lié à elle avec nos enfants, comment suis-je censé guérir de cette relation lorsque le fantôme de celui-ci est voué à me hanter à tout jamais ? Je m'y suis fait, en réalité. Je me suis fait à l'idée qu'elle sera toujours là. Elle sera toujours là, certes, mais pas comme j'aurais aimé qu'elle soit. Elle se cache derrière l'excuse qu'elle veut ne faire de mal à aucun d'entre nous, mais ne se rend pas compte que le résultat n'est pas mieux. Trois âmes en peine, trois âmes blessées qui ne trouveront jamais la paix. C'est triste, de ce dire que notre vie se résume à ça désormais. Ça n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, mais pour une raison qui m'est complètement inconnue, aucune des femmes que j'ai essayé d'aimer depuis elles ne lui sont arrivées à la cheville. L'ironie, c'est que la seule qui aurait pu y prétendre se sont également retrouvées dans les draps adverses. Destinés à aimer les même femmes, faut croire. Peut-être qu'on se ressemble plus que ce qu'on le pensait ? Les sourcils haussés, je regarde Jasper avec surprise, ne m'attendant pas à ce qu'il accepte aussi facilement de répondre à mes questions. "Trois questions", que je répète avant d'amener la bière à mes lèvres, réfléchissant déjà à la première question. "J'veux savoir dans quel type de famille t'as grandi", que je dis avant de lever le pouce pour designer la première question. L'index se lève ensuite, numéro deux : "Je sais absolument rien à propos de ta relation avec Leandra avant que je la rencontre. Rien de très détaillé en tout cas" Leandra m'avait présenté Jasper d'abord comme le meilleur ami, se gardant bien d'annoncer le deuxième rôle qui changea absolument tout : celui de l'ex. Le majeur se lève ensuite, numéro trois. "Est-ce que tu crois qu'on arrivera un jour à être heureux ? Nous trois ?" Dernière question inattendue, mais j'attends son avis sur la question. Je suis certain que l'alcool aidera à délier les langues.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington

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J'sais pas c'qui fait que c'était si compliqué avant, et que ça l'est moins maintenant. T'as un peu moins envie de me péter le nez, ou tu sais mieux te retenir. J'n'ai même plus envie de détruire ta vie. Sûrement parce que désormais, il y a son sang dans vos mélanges. J'suis généreux dans mon amour, il s'accroche à Riley, même à Aaron dans cette chaîne de sentiments. Etre père, aussi, m'a assagit dans mes colères. Dans certaines. Il en a empiré d'autres. Mixez toutes ces nouveautés, et Ellington 2.0 est capable de boire une bière avec Montgomery. D'apprécier le moment, même. J'ai abandonné, tu sais. J'ai abandonné alors j'peux le faire. T'es plus un adversaire, juste la seconde victime sur la liste. Alors vas-y, pose tes questions. Les plus indiscrètes, celles qui grognent. L'alcool, la rature sur un espoir ; ça m'suffit pour te donner les rennes et me marrer. Discret, le sourire, au début. S'agrandit quand son prénom à Elle se prononce. Aboutit à un rire étouffé contre le verre, à la troisième. « Non. » Commencer par la fin, donner le point avant de tourner les pages précédentes et retourner en arrière. Les lèvres amusées d'un désastre. « Alors, un. » Je suis ordonné dans mon chaos. « Type de famille. » Merveilleuse. « Monoparentale, ma mère est morte en mettant au monde ma sœur. Que j'ai rencontré à Harvard... mensonge-secret de famille, c'est compliqué et t'as trop bu pour retenir. » Moqueur, à peine. « Pauvres mais ambitieux et débrouillards. » Voleurs, possiblement. Mais, nous, nous étions David. Goliath aurait du se méfier. « On a construit notre réussite, et j'admire beaucoup mon père pour ça. » Un rire. « Enfin voilà, on s'ressemble beaucoup, sauf qu'il est plus sympa que moi. » L'homme parfait, qui règne, solitaire, sur son empire. J'ai pris le meilleur, j'ai pris la solitude aussi. « On a chacun notre fantôme. » Ma mère, Leandra. C'est marrant, parce qu'on a tous les deux perdus notre destinée ; juste, pas de la même manière. Les épaules se haussent, la gorgée pique. « D'ailleurs, ils s'entendent très bien, avec Leandra. Ils ont une relation beaucoup plus stable qu'elle et moi. » Le rictus à la bouche. « Y a pas grand-chose à dire, sur l'avant toi. J'aurai jamais dû la laisser te rencontrer. » Ca m'frappe, là dans ce bar à la con. J'y avais jamais pensé. Mon regard remonté sur toi. J'aurai dû me battre, j'aurai dû savoir. J'pensais pas qu'un jour, on l'aimerait autant une seconde fois. « On s'aimait, on s'engueulait.. c'était plus léger que maintenant, mais on s'écoutait pas. On a choisi de se sauvegarder, on a rompu. Et.. t'es arrivé, t'as foutu le bordel. » Y a de la légèreté, dans ma bouche qui parle, mon verre qui se tend vers toi ; et dans mon cœur qui se tord. « On a jamais réussi ce que vous, vous avez réussi à construire. » J'parle même pas de Riley, de la longévité, j'parle de cette sérénité. Tu construis la forêt et moi j'la crame. « Ce qui nous amène au trois. » J'brandis le majeur, j'fais même pas gaffe. C'était ce doigt là le trois, j'y peux rien. « Et, trois, c'est non. » Rire, encore. « Non, non, et non, Montgomery. » Désolé, faut être franc. « Parce que tu sais quoi ? Pour qu'on soit heureux, faudrait qu'on s'aime tous, qu'on construise une grande maison avec tous les gosses dedans, Leandra au milieu, toi à droite et moi à gauche. » Belle brochette. Parce qu'on sera jamais heureux, sans elle, pas pleinement. Et, qu'elle, ne sera jamais accomplie sans la combinaison de nous. Duo de types insuffisants. « Ou qu'on fusionne, comme dans Dragon Ball. » J'tire légèrement une de tes boucles. Ouais, y a de l'alcool j'vous dis. « Tes cheveux, ma barbe. » On peut négocier sur ce qu'on sélectionne ? J'saurais même pas quel cœur choisir, tellement ils sont esquintés tous deux.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington

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C'est facile de détester quelqu'un et beaucoup plus difficile d'apprendre à le connaître. Je ne sais pas tellement quelles sont les intentions de Jasper, dans l'histoire et il y a une part de moi qui me méfiera toujours de lui. Après tout, il m'a fait les plus sales coups qu'on ait pu me faire dans ma vie, en commençant par la fois où il a contacté les services sociaux qui ont faillis me retirer la garde de mon fils. Trop bon, trop con ? Je sais pas, mais je me méfie toujours un peu. S'il y a bien quelque chose que je sais, c'est que Jasper est un fin stratège et qu'on dit souvent que le mieux est de garder nos ennemis proches. Ça vaut pour lui, envers moi, mais aussi moi, envers lui. Alors je lui pose mes questions, à commencer par son enfance, sa famille. Il m'explique avoir grandi seulement avec son père et forcément, ça raisonne. J'avais dix ans lorsque mon père est décédé et plus le temps passe, plus j'ai l'impression d'oublier toute ma vie avec lui. Les souvenirs de ma mère qui cumulait les boulots pour arriver à payer le loyer et les factures à la fin du mois, tout ça en plus des factures d'hôpitaux qui s'accumulaient à cause de ma maladie. "Toi en plus sympa ? Je demande à voir", que je demande avec un petit sourire sur les lèvres qui trempent la bière en le regardant. Je lui demande ensuite la seconde question qui me brûle les lèvres : Leandra et lui. Quand il dit que son erreur aura été de la laisser me rencontrer, mes sourcils se haussent. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Je secoue la tête en posant mon verre sur le comptoir. "Ce qu'on a construit ? Qu'est-ce qu'on a construit au juste, mh ?", que je demande en me retenant de rire. "On a essayé de construire quelque chose. Mais ça n'a mené à rien, sinon on serait pas ici en train d'en discuter" J'aurais pas mes enfants une semaine sur deux et je m'endormirai pas dans un lit vide et froid tous les soirs, si on avait vraiment construit quelque chose. Tout ce que je vois, c'est une famille un peu brisée, qui fait ce qu'elle peut pour donner un minimum de stabilité aux enfants. Parce que si Leandra n'a pas réussi à m'aimer assez pour être avec moi, je sais qu'elle aime nos enfants. Je pouffe de rire à sa répondre numéro trois et clairement, l'alcool me pousse à être tolérant parce que j'aurais pas aimé qu'il me tripote les boucles de cette manière si j'avais été sobre. "Comme dans Dragon Ball ? J'te voyais vraiment pas fan de Dragon Ball, y'a un mythe qui vient de s'effondrer, là", que je lui dis en grimaçant. Je passe ma main sur mon menton, au niveau de ma barbe. "Elle a quoi ma barbe ? J'pensais qu'elle était descente", que je grogne en haussant les épaules. "Mais t'as raison, j'pense que la seule manière qu'on soit heureux, c'est qu'on soit un trouple mais j'suis pas sûr qu'on soit prêts pour ça" Y'a pas cette petite étincelle entre Jasper et moi qui pourrait nous conduire à faire ménage à trois. "Vas-y, balance tes questions", que je lui dis alors que je constate que mon verre est vide. Je lève la main pour interpeller le barman qui s'approche et je commande deux nouvelles bières. Pour moi et pour "mon pote", que je dis en désignant Jasper. Bizarre, mais encore une fois, l'alcool nous rend un peu particuliers ce soir.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington

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Y a toujours deux-trois coups d’avance ; mais cette fois, j’y vais sans prévoir comment obtenir l’échec et mat. La fleur au fusil et les lèvres plongées dans l’alcool. J’ai vieilli, tu vois. Beaucoup trop résigné sur un avenir pas si heureux, pour vouloir me battre encore. Je vise le lendemain concernant les relations humaines. J'arrive plus à me projeter, ni à promettre. Ca m’évitera de jurer des choses que j’sais pas ; tu m’diras. Alors ce soir on se supporte, ne gageons pas passé minuit. L’idée est aux questions, à se découvrir sans y voir l’occasion de retourner tous les tapis pour y trouver une faille. Je crois qu’à force, on connaît celles d’en face par cœur. C’est trop facile, le chemin est encore rougie des derniers coups. Un rictus amusé, quand tu répliques. Pourtant c’est vrai, mon père est une version améliorée. Il a pas cherché à remplacer son amour perdu, lui. Il a compris avant de s’épuiser. Aussi brillant, aussi solide. Peut-être un peu plus menteur.  "Ce qu'on a construit ? Qu'est-ce qu'on a construit au juste, mh ?" Les traits se froncent, première réponse non verbale. "On a essayé de construire quelque chose. Mais ça n'a mené à rien, sinon on serait pas ici en train d'en discuter" J’te désigne de mon index, la bière vient avec. “ Vous avez une famille, et ça..” Ca m’arrache la gueule, ça. Parce que c’est là, qu’à la fin tu gagnes.  C’est là que depuis cet instant, où elle a accepté cette grossesse, où elle a voulu faire d’Aaron son fils, t’as tout gagné. Et, eux aussi. “Ca c’est quelque-chose qu’on aura jamais, elle et moi.” Je ne changerai rien de ma vie, absolument rien, même mes pires moments, mes pires erreurs. Les coups les moins glorieux. Je ne changerai même pas mon premier deuil. Mais cet accident de métro, ce que ça m’a pris ; ça, je le changerai. Ton lit n’est pas si froid, Montgomery. La bière revient et gagne la bouche. Une gorgée ; on vise l’inondation. Le va-et-vient des émotions, parler de notre échec mutuel puis de Sangoku. "Comme dans Dragon Ball ? J'te voyais vraiment pas fan de Dragon Ball, y'a un mythe qui vient de s'effondrer, là. Elle a quoi ma barbe ? J'pensais qu'elle était descente" Le sourire est amusé, quand mes doigts passent sur la mienne, de barbe. Sourire malin dont l’arrogance n’est jamais loin, même légère. “La mienne est mieux, c’est tout.” Il n’y a pas de petite bataille dans notre guerre. Même si celle-ci prend des airs de pause.  "Mais t'as raison, j'pense que la seule manière qu'on soit heureux, c'est qu'on soit un trouple mais j'suis pas sûr qu'on soit prêts pour ça" Le rire est franc, dans un sursaut qui s’étonne. Les sourcils haussés, du mec outré qui en fait clairement trop. “J’suis pas assez bien pour toi c’est ça que tu dis ?!” Parce que bon, j’suis ton pote apparemment. Ce qui déclenche un nouveau rire. Faut que j’arrête de me marrer pour rien. Putain la scène est surréaliste. J’plante mon index et mon pouce sur mes paupières, simulacre de drame. “J’suis trop vexé pour te poser des questions. Tu veux clairement pas de moi et faut que je digère la nouvelle.” J’arrive pas à jouer le sanglot, surtout quand j’attrape la nouvelle bière tout de même. Pas assez perturbé pour oublier les priorités.

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Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire nerveux lorsqu'il me parle de cette famille que nous avons et que eux n'auront jamais. Je ris un peu jaune, parce que ça n'est pas la définition de la famille que j'aurais aimé avoir. Avec Leandra, on fait tout pour que les enfants nous sentent unis : on célèbre toutes les fêtes, anniversaires ensemble, ça nous est arrivé de partir en vacances tous les quatre. Mais tout ça, ça ne fait pas moins de nous qu'une famille brisée. Parce que dans mon idéal, quand on a une famille, on ne voit pas ses enfants seulement une semaine sur deux. "Elle en voulait aussi une avec toi" On sait tous les deux qu'elle avait choisit de garder aussi votre bébé. Le destin s'en est mêlé, mais sa décision était prise. Et sa décision, son choix, il s'est toujours porté avec toi Jasper et je l'ai comprit au moment même où elle m'a quitté en disant vouloir être "seule" pour que j'apprenne quelques mois plus tard que vous étiez ensemble. C'est clair qu'elle a mal géré toute cette situation, Leandra et elle pense qu'en ne faisant aucun choix, en étant avec aucun de nous, elle nous épargne. Si seulement elle voyait les deux âmes meurtries que nous sommes dans ce bar ce soir. Elle comprenait que malgré sa détermination à vouloir faire les choses bien, elle continue à nous faire du mal. Les yeux roulent quand il affirme que sa barbe est mieux que la mienne, un point c'est tout et j'explose de rire quand il s'offusque de ma dernière phrase. Je me rends compte que ma bière est vide et que la sienne aussi, alors je commande une nouvelle tournée pour 'mon ami et moi même'. "J'ai absolument pas dit que t'étais pas assez bien pour moi, j't'assure que je voulais pas te friendzoner..", que je lui dis en riant de manière totalement incontrôlée. Je remercie le barman et je glisse la bière en face de Jasper. "Faut dire les choses comme elles sont : si seulement on avait pu avoir une attirance l'un pour l'autre on aurait pu juste se mettre en couple tous les trois et tout irait bien dans le meilleur des mondes" Mais bon, c'est pas le cas, même si dans ma petite tête qui a un peu trop bu, ça serait franchement la solution à tous nos problèmes. J'nous imagine faire une expédition jusqu'à Leandra pour lui exposer l'idée, elle ferait une sacrée tronche. Je pouffe de rire et je dis, "Imagine si on allait voir Leandra pour lui proposer, juste pour voir sa tête" Je sais pas si elle nous prendrait au sérieux, je pense pas. Mais rien que pour le bonheur de voir sa tête ça me chauffe bien.

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Tu peux me balancer ce futur alternatif, ces faits que j’sais vrais mais qui dans la réalité, ne se sont pas développés. C’était un chemin, un chemin que j’aurai dessiné avec un amour infini, mais qui s’est fermé à peine on a commencé à l’emprunter. Dans un autre embranchement, ça nous montrait qu’on voulait s’faire notre famille à nous, et on se lançait vraiment, on réessayait, en sachant ce qu’on faisait cette fois. Mais t’sais quoi ? Au début de cet embranchement, on a buté sur une silhouette que tu connais tellement bien que tu la côtoies tous les jours dans ton miroir. Les épaules haussées, les lèvres dessinées, à peine, dans un sourire de façade. “Mais ça s’est pas fait. Le destin, le metro, toi, tout ça.” Elle qui nous déchire pour un baiser, pour une baise, j’le saurais jamais et ça n’a plus aucun intérêt aujourd’hui. J’l’ai perdu elle, et notre futur le même jour. Crois moi quand j’te dis que je la place assez haute dans les pires journées de ma vie. Mais, on se relève. On se relève de tout, parait il. Surtout moi. J’crois que je suis né pour ça. Pour me prendre des trucs dans la gueule et me marrer derrière. Avancer seul ; et encore, je n’sais pas encore que ça va s’empirer dans les mois suivants. T’es pareil, j’crois. Je suis même persuadé que t’as compris depuis longtemps que les épreuves s’affrontent souvent dans une solitude étouffante. Je connais pas la faucheuse aussi intimement que toi, mais quand tu croises sa faux, tu comprends assez rapidement qu’il va falloir apprendre à se relever rapidement. Qu’importe combien de morceaux de toi t’as laissé derrière. Y a le plus sonore des organes que j’ai abandonné, et j’sais pas vraiment comment le récupérer. J’essaye la paix. L’apaisement d’un “mon ami et moi-même” qui m’fait esquisser un sourire sincère, à peine réprimé pour la peine. Puisqu’il y a le jeu. Le jeu d’un type vexé et heurté au plus profond de son âme. “Trop tard.” La tête secouée, les yeux fermés, tout y est. Mais, les yeux se rouvrent, trop vite, trop grands. Le rire sonore. “Grave, tout le monde dans un lit king size, et on change de combinaison tous les jours paires.” Quelle meilleure idée que de rassembler toutes les parties de la pièce ? J’suppose que ça a plus de valeur comme ça, une pièce. “Boit, on bouge.” J’ai dû te frapper un peu trop fort dans le dos, j’maitrise pas encore les gestes de notre bromance alcoolique. J’finis la bière que tu viens de me filer dans d’amples gorgées - clairement j’vais avoir envie de pisser tout le long du chemin. Comme si c’était pas clair sur la destination : “Leandra.” J’regarde ma montre, les lèvres s’armant de malice. “Mamie va bientôt s’coucher.” Si c’est pas déjà le cas. Qu’importe, au point où on en est. “C’est moi qui conduit !” Encore une très belle idée.

@Jude Montgomery & @Jasper O. Ellington
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