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feat. @Keno Jenkins

17/10/2022

Retrouvailles imminentes, après de longs mois à ne se voir que quelques dizaines de minutes par semaine, au parloir de cette prison, sans aucune intimité en dehors d’un petit baiser et de nos mains qui se touchent. De longs mois de grossesse passés loin de lui, dont il n’avait pas pu profiter et pour lesquels je n’avais pas eu l’occasion de lire cette joie sur son visage. Puis, l’arrivée de nos deux petits bébés, que j’avais vécue seule, avant l’affrontement de ses deux premiers mois avec eux, malgré le soutien de notre entourage. Mais ma seule hâte c’était son retour, enfin famille au complet, et pouvoir me reposer un peu sur lui, sur sa présence réconfortante.

Je faisais les cent pas dans notre nouvel appartement, qu’il découvrirait bientôt, Séléné dans les bras, accrochée à mon sein, pendant que son frère dormait à poing fermé dans son berceau. De si petits êtres qui pourront enfin voir leur papa tous les jours, et le réveiller, aussi, en pleine nuit. La soeur de Keno m’avait envoyé un message, pour me dire qu’ils quittaient enfin le centre de détention il y a une grosse trentaine de minutes et ils ne devraient plus tarder, l’impatience se faisant de plus en plus ressentir dans mes pas.

Spoiler:

goûter à la liberté enfin. sept longs mois enfermés dans cette cellule, sept longs mois à t’maudire d’t’être fait attrapé aussi bêtement. la voiture du prof, comme un aveu d’ta culpabilité. quantité importante de drogue et d’argent liquide, ils savaient déjà. pas besoin d’chercher. ils était tombé sur la bonne pioche, l’dealeur qui a récolté un paquet d’oseille. t’as toujours voulu avoir plus d’argent que c’que tu pouvais avoir, l’appât du gain qu’on pourrait appeler ça. la situation d’autant plus difficile, alma était tombé enceinte seulement quelques mois avant ton incarcération, suffisamment d’mois pour que tu ne puisses pas être présent pour l’accouchement. évidemment c’était juste impossible qu’alma soit seule, mais si elle ne l’était pas vraiment, t’avais demandé à ta soeur d’être avec elle, t’voulais qu’elle sache qu’malgré ton absence, les jenkins ne la laissaient pas.
c’jour là, on était venu taper aux barreaux de ta cellule, jenkins tu sors qu’on avait crié à travers la grille, alors sans dire un mot pour ne pas perdre la moindre seconde tu avais préparé tes affaires. récupéré tes effets confisqués à ton entrée au centre pénitentiaire de boston, tu traversais la cour dans un élan de liberté que tu ne connaissais plus. la vie en prison ressemblait presque à la vie que tu avais toujours vécu, que des gens que tu connaissais plus ou moins, enfant des rues d’boston, l’fils d’ce bon vieux soulard qu’tout les mauvais gars connaissaient, la seule différence était le manque d’air, l’impression d’suffoquer alors que les seules balades qu’on t’octroyaient restée encadrée par des murs si hauts qu’seul le ciel pouvait en être l’échappatoire. heureusement pour toi, pour vous, pour ta famille, celle originelle et celle que tu t’construisais avec alma, les visites étaient autorisées mais bien loin d’te suffire, t’voulais la prendre dans tes bras ta meuf. lui montrer ton amour sans qu’tout les regards soient posés sur vous, t’voulais retrouver votre intimité. puis plus tard, une fois les deux minuscules têtes arrivés, tu t’en voulais d’être obligé d’les faire venir ici à un si jeune âge.
cette cours que tu avais traversé un bon nombre de fois, tu l’faisais encore, mais c’était ton dernier passage. aujourd’hui les grandes portes métalliques s’étaient ouverte laissant apparaître ta grande soeur. large sourire étirant tes lippes, un visage connu, un visage aimé, rapidement vous aviez quitté cet endroit. mauvais endroit. t’voulais t’en éloigner l’plus possible. t’voulais retrouver ta famille, entière. sur l’chemin elle t’avait raconté tout c’que t’avais pu rater, les nouvelles frasques d’ton père, les nouvelles d’tes frères et soeurs, et puis surtout alma, selene et colin.
j’t’emmène la voir ? avait-elle demandé. évidemment qu’oui. alors elle prenait une route qu’tu n’connaissais pas, t’savais pourtant qu’aima avait quitté votre nid, besoin d’plus d’espace vous êtiez quatre désormais. dans la voiture l’impression qu’ton ventre était en train d’se tordre, heureux d’fonder enfin la famille qu’tu voulais, heureux d’être présent pourtant t’avais peur. peur d’pas savoir gérer, t’avais pas vraiment eu l’temps de te préparer. t’arrives comme un inconnu pour ses deux enfants qui n’se souvenaient sûrement pas d’ton visage ni même d’ton existence. ça va aller t’inquiète pas qu’elle t’avait lâché t’déposant devant ton nouvel immeuble, celui où vous habitiez désormais. sur une boîte aux lettres t’voyais ton nom inscrit « jenkins - nightingale 3ème gauche », alors t’suivais les étages, sac dans ta main, bouquet d’fleurs dans une autre. t’avais clairement intérêt à être l’homme idéal maintenant que t’étais là, rattrapé toutes tes erreurs, toutes tes bêtises. finalement arrivé devant la porte, tu tapais trois coups avant d’entrer doucement, pas trop faire de bruit, faudrait pas réveiller les p’tits s’ils dorment. « bonjour… » que tu lâchais doucement, t’approchant d’ta jolie blonde et d’votre fille qu’elle tenait dans vos bras. tu posais ton sac au sol avant d’t’approcher un peu plus, l’bouquet dans la main, « j’le pose ..? » qu’tu demandais voyant bien qu’elle avait les mains prises, regardant autour d’toi peu d’place pour poser quoi que ce soit « j’savais pas qu’y avait eu un ouragan à boston », t’riais doucement, tu l’savais alma n’était pas vraiment maniaque, plutôt bordélique, tu t’occuperais d’tout ça plus tard. en attendant t’venait prendre tes princesses dans tes bras embrassant tendrement celle qui finirait sans doute par devenir ta femme, déposant un baiser sur l’front d’ta fille.