endroit d'exception en dehors de boston pour un mariage d'exception. adam, mon ami de longue date et collègue s'est lié à anna après quelques années de relation ensemble. eux au moins, ils ont pris le temps. si pour moi, le mariage n'a pas eu la fin espéré, je souhaite sincèrement que ça soit le cas pour eux. que ça ne s'avère pas être une désillusion comme ça l'a été pour sierra et moi. désillusion dont je suis à l'entière origine. ma (bientôt) ex femme est présente comme on a les mariés en commun et on leur a promis de bien se comporter. aujourd'hui, demain et après demain n'ont pas de place pour de la rancoeur, de la haine. rien n'allait gâcher ce week-end de fête. étant le témoin, l'homme d'honneur, l'heure pour moi était de prononcer mon discours. je n'ai rien préparé, préférant l'improvisation. et tout le long, pendant que j'émerveille les invités avec ma vision de l'amour, j'ai les yeux rivés face à moi. vers sierra, celle que j'appelais mienne y'a encore peu. j'finis par porter un toast en l'honneur d'adam et anna et par boire cul sec le champagne avant de me remettre à ma place. j'en avais besoin.

c'est sans vraiment trop croire à l'amour que je suis venue ce week-end. une douleur dans la poitrine en voyant Adam et Anna échanger leur voeux, me rappelant qu'un an auparavant, c'était moi qui me tenait dans ma robe blanche, te déclarant mon amour, te jurant fidélité. ces images qui dansent dans ma tête, balayé violemment par les mots qui raisonnent en moi depuis cette fameuse soirée. "je t'ai trompé". la tête que je secoue pour essayer de rester encrée dans le présent. malgré tout mes iris qui se plantent dans les tiennes, mon regard qui te demande si tu te souviens de cet instant, de notre instant. et quand vient le moment des discours, c'est avec beaucoup de courage et d'émotion que je prends le micro après que tu aies fait le tien, les yeux rivés sur moi. « je ne suis pas douée pour les discours. alors j’ai décidé d’emprunter la réplique d'une célèbre série et une phrase à un vrai poète William Shakespeare « L’amour n’est pas l’amour s’il fane lorsqu’il se trouve que son objet s’éloigne. quand la vie devient dure, quand les choses changent, le véritable amour reste inchangé ». quand je regarde Adam et Anna je me sens en confiance, c’est pas facile à expliquer mais ils me donnent de l’espoir. j’ose à peine parler de leur bonheur à voix haute parce que si la vie se rend compte de ce qu’elle leur a donné, j’ai peur qu’elle essaie de le leur reprendre et ce serait dommage parce qu’on a tous besoin d’un peu d’espoir pour tenir. on a tous besoin de sentir que quelque fois la vie est merveilleuse et qu’avec la bonne personne elle peut l’être pour toujours. » mon regard bloqué dans le tien tout le long de mon flot de parole, ma gorge qui se serre petit à petit et puis le petit sourire à la fin, quand j'ose enfin regarder les mariés. je rends mon micro au DJ et retourne m'assoir à côté de toi.

à son tour de prendre la parole. nous voilà à remplir nos rôles de personnes d'honneur alors qu'un an en arrière, on s'tenait à la place d'adam et anna et eux des nôtres. loin de penser qu'on en arriverait là aujourd'hui. qu'on serait en plein milieu d'un divorce. séparés, en guerre froide. si je n'ai pas su décrocher mon regard d'elle pendant mon monologue, ça a été aussi son cas et c'est déconcertant. comme si elle me faisait passer un message indirect. comme si elle m'appelait à retourner dans nos beaux souvenirs. des flashbacks de notre vie commune, j'en ai eu pleins. j'continue d'en avoir pendant qu'elle regagne la table. c'était beau et très inspirant. que je lui dit à voix basse. j'ai réellement envie qu'on mette nos différends de côté. le temps de cette soirée. le temps d'être loin de la ville. j'pourrai te remarier là. l'effet de sa robe. de ses yeux verdâtres que j'aime tant perdus dans les miens. des plusieurs coupes que j'ai ingurgité. de tout qui refait surface comme un tsunami. jsuis déjà pitoyable et ça ne fait que commencer. tu crois qu'on est capables de lever le drapeau blanc pour trois jours ? ça serait bien. si j'ai la volonté et qu'elle l'a aussi, c'est faisable. j'veux bien essayer. ça peut pas être si compliqué...

quand je reviens m'installer à tes côtés, je me sens étrange. vidée. ce discours était pour Adam et Anna, mais je sais qu'une part de moi s'adressait aussi à toi. parce que l'espoir que tu me reviennes m'est resté longtemps en tête. je pensais que tu te rendrais compte de ton erreur et que tu finirais pas regretter ton choix. force est de constater que c'est visiblement le meilleur choix que tu aies fait puisque tu n'es pas revenu sur celui-ci.  « merci » que je réponds, petit sourire aux lèvres. mais tu ne peux pas t'empêcher de tout gâcher. « tais toi Alec. vraiment. si c'est pour dire des trucs aussi ridicule. t'as tout gâché, t'as pas le droit de me dire ça » que je te réponds d'un ton calme. t'imagine pas à quel point c'est blessant d'entendre ça, quand je suis la seule personne à avoir repoussé ce divorce encore et encore quand toi tu voulais que je les signe ces foutus papiers. mon coeur qui s'emballe à ta proposition. je sais que c'est une énorme bêtise que de tenter. parce que les sentiments sont toujours là et que ma colère envers toi est ce qui m'empêche de me rendre compte à quel point tu me manques. mais Anna me sourit, elle est heureuse. et moi je ne veux gâcher ça pour rien au monde. une petite trêve, trois petits jours hors du temps et de l'espace. j'hoche la tête à la positive et me tourne vers toi, te tendant la main pour sceller le pacte.  « trois jours de trêve, j'accepte » ne me fais pas regretter de baisser ma garde.

j'me fais réprimander après ma réflexion du remariage. en même temps, elle est lourde de sens. j'y ai pas forcément réfléchi en la prononçant, influencé par mon ébriété, par mes sentiments revenus à la surface que j'ai encore envers elle et par toute cette bulle d'amour qui nous entoure. j'suis vraiment con quand je m'y mets. je grimace en me rendant compte de l'impact que ça a dû avoir sur sierra que je mentionne cet engagement auquel j'ai échouer avec brio. ce lien qui se devait éternel que j'ai piétiné, insister pour qu'il n'existe plus, sans me battre. léger soupir et je lui fais part de mon envie d'être en paix. à court terme certes mais j'veux en aucun cas gâcher ce week-end. adam et anna ont le droit d'être sur leur nuage et sierra et moi ne pouvons pas ruiner ça. on ne fera pas de scènes. on agira bien. on est sur la bonne voie. nos deux amis nous voit discuter et nous lance des regards plein d'encouragements. ils ont jamais cesser de croire en nous avec l'idée de nous réconcilier coûte que coûte parce que "alec et sierra séparés, c'est un énorme gâchis." tu vas craquer la première. courte pause et je précise : de m'en coller une avant la fin. trois jours ça peut passer vite comme lentement et j'suis insupportable. je serre sa main et des notes d'une chanson douce nous interrompt et lance le signal du premier slow des mariés. ils attendent que les invités les rejoignent sur le parquet. j'me lève et l'invite à en faire de même. danse avec moi.

t'as le pouvoir de me taper sur le système, de m'agacer, pire encore de me donner envie d'hurler de rage. mais t'es aussi celui qui me fait me sentir vivante. t'es celui qui m'a sauvé quand je pensais que je me remettrais pas de ma rupture avec Ilan. t'es celui qui m'a toujours fait vivre avec passion avec qui j'avais l'impression de vivre l'aventure, jusqu'à ce que tu me pousses du 15 ème étage en me quittant, me demandant de divorce et m'annonçant que tu m'as trompé, tout ça le même soir. t'as détruit mon coeur alors que tu étais celui qui avait recollé les morceaux. faut dire que t'es super doué pour te saboter et faire des dommages collatéraux en route. seulement voilà, c'est pas le moment d'en parler, c'est pas le moment de se battre alors qu'on est censé célébrer le mariage et la relation de Anna et Adam. « ouais heureusement que tu précises » j'attrape mon verre de champagne que je porte à mes lèvres. « tu vas réussir à te tenir correctement et à garder ta langue dans ta poche pendant trois jours ? » que je te demande avec un petit sourire en coin. ta main dans la mienne, j'ai plus envie de le caresser que de la serrer mais je suis vite rattrapée par la musique qui tout à coup s'adoucit. je te suis du regard alors que tu te lèves, me proposant de danser avec toi. « Alec c'est pas une bonne idée ... » je regarde autour de nous, gênée, passant ma main sur ma nuque. merde putain Sierra qu'est-ce que tu fais. je ferme les yeux, attrape la coupe de champagne et la vide complètement. « juste une. une seule » je me lève et passe à côté de toi pour aller sur la piste de danse.