Tu ne dois pas imaginer un seul instant à quel point ton retour est un soulagement. Alors que tu n’es parti que quinze jours. Quinze jours beaucoup trop long déjà pour moi. Notre officialisation a peu plus d’un mois et demi, et pourtant c’est comme si nous étions ensemble depuis des années dans ma tête. Tu as pris une place tellement importante. Et ces quinze jours, ton absence, ont juste eu l’effet de renforcer un peu plus mes sentiments. Faire confiance n’était pas chose facile, de part mes expériences passées, encore récemment, quand Manny m’a annoncé qu’il était fiancé quand on a couché ensemble cet été. La jalousie a même eu raison de moi avant qu’on ne soit ensemble. Et si tu avais décidé d’arrêter là, je serai passé à côté d’un homme sincère et droit. Je m’en serai mordu les doigts que ne pouvoir vivre cet instant de retrouvailles. « Tillie t’a vu ? Elle doit être folle de joie de te retrouver. » Si je n’avais pas eu la chance d’être avec ta fille ce soir, ta famille a mon numéro de téléphone et j’ai eu l’occasion d’avoir quelques fois la blondinette au téléphone, et de repasser un moment entre filles en pratiquant la danse classique. Parlant maquillage, me disant qui t’a fait celui que tu portes au visage. « Une véritable artiste. Et un peu trop réaliste. Tu l’as remercieras, et n’oublie pas de lui dire qu’à cause d’elle, j’ai eu la peur de ma vie.» Un moment qui va sûrement rester graver dans nos mémoires à tous les deux. Mon cœur a encore des ratés rien que d’y repenser. « C’est vrai tu aimes ? J’ai hésité à mettre la perruque rousse avant de partir.» J’ai laissé mes longs cheveux blonds naturels, mais Sally est une femme rousse. J’ose même pas imaginer la galère que tu aurais eu à me retrouver si je m’étais décidée à la mettre au dernier moment, sans forcément te prévenir. Je n’en n’aurai pas vraiment vu l’intérêt à ce moment là. Ça me fait glousser doucement d’y penser. Mais aussi en entendant que je t’ai manqué. Je ne me lasserai pas de l’entendre. « Tu n’imagines même pas comment...» Si par message j’ai laissé entendre que j’avais hâte de te retrouver, tu ne savais pas que je ne suis quasiment pas sorti, que je me suis plongée corps et âme dans mon stage qui a pris vendredi dernier. Les seuls instants où je pouvais penser à ton absence, je mettais mon casque et ma musique, m’endormant souvent avec sur les oreilles, ne laissant que nos messages pour combler le vide. « Si ça, ça te fait rêver, tu me laisseras gérer le thème de notre mariage.» Parce que moi, ça ne me fait pas rêver, bien au contraire, me cachant presque derrière toi. La tête dans ton dos, j’entends des bruits de métal, un ricanement qui me glace le sang. « ça tombe bien, j’avais pas envie de faire une nuit à la belle étoile ici.» D’autres suggestions ? Et dire que je voulais m’y aventurer seule. « Prend à droite, je le sens bien.» Mais bien sûr Maxyne, mais bien sûr Comme si j’ai un sens de l’orientation dans ce labyrinthe. Le brouillard prend place, tentant d'y voir quelques choses. Commençant à m'y faire, je sursaute tout de même en voyant un zombie avançant vers nous, les bras en avant. « J'ai vu les premières saisons de the walking dead, je sais comment te tuer. » Tentant l'humour pour apaiser les battements de mon cœur qui s'accélèrent.

Gauche, droite... droite, gauche. J’en avais la tête qui tourne et l’impression que l’on ne sortira jamais de là. Quelle idée de m’être aventurer ici. Une chance que tu sois venue me faire une surprise, cela aurait fini en crise d’angoisse bien que j’imagine que les organisateurs avaient des caméras et des équipes prêtes à intervenir si on est perdu dedans. Tu gardes ce côté rassurant, ce qui m’empêche de vriller entre ses haies qui m’oppressent doucement le cœur. « elle ne va plus te lâcher au point que tu vas devoir la prendre avec toi dans les bureaux de ton stage.» Je rigole mais je suis certaine que cela risque d’être le cas. Jusque là, j’ai beaucoup pensé à moi, et ce que je ressenti, je n’oublie pas Tillie, qui doit être séparée de son père pendant quelques semaines, se contentant comme moi d’appels et de visio. Ce soir, je t’ai rien que pour moi, et j’ai hâte qu’on puisse rentrer pour le lover contre toi et ne plus bouger de tes bras. Plus légèrement, je te parle de ton maquillage, félicitant au passage la femme qui t’a fait ça. On remarquera au passage, que je suis tellement heureuse de te retrouver, je ne fais aucune remarque de type jalousie. Je sens que je vais en entendre parler encore longtemps de cette histoire, dès la moindre occasion où tu voudras te moquer de moi en fait. Il n’y a pas que toi non plus, quand je vais raconter ça à ma sœur, je l’entends déjà rire depuis Bordeaux jusqu’ici. Un baiser sur mon front et un compliment plus tard, on continue notre chemin. « L’année prochaine, on se fait un déguisement de couple.»  Oui parce que l’année prochaine, je veux qu’on se prépare ensemble, qu’on se maquille ensemble, qu’on cherche des idées ensemble, qu’on puisse frapper au maison tous les trois avec Tillie. En quinze jours de temps, quinze jours d’absences, je réalise tellement à quel point je me vois avec toi, avec ta fille. Et en parlant d’avenir.. « Au mariage ? J’aimerai un jour oui.» Mais pas là. On est trop jeune pour ça non ? Puis ça fait un mois et demi qu’on est ensemble. Une chose à la fois. « Et toi ?» Par pitié, ne pose pas un genoux au sol là maintenant, pas dans nos tenues actuelles dans ce labyrinthe où zombie et fantôme s’enchaîne. Commençant à m’habituer, j’ai de moins en moins peur, jouant même avec l’humour en me mettant en position d’attaque face à un zombie. « Je vais me le faire.» que je dis en rigolant. « J’en sais rien, et je commence à avoir faim en plus. Il me fait pas peur en plus lui.. » que je dis en pointant du doigt le fantôme. Et je veux rentrer pour être enfin seule avec toi.

Cela commence à devenir compliqué, et si jusque là l’adrénaline me maintient éveiller, l’excitation de te retrouver me donne envie de quitter ce labyrinthe pour me poser à tes côtés, pouvoir te prendre dans les bras sans sursauter toutes les deux secondes parce qu’une personne surgit d’un buisson, d’un angle de ce labyrinthe qu’on n’a pas pu voir. Parlant de Tillie pour se donner encore un peu de contenance, je ris d’avance en imaginant la petite accrocher à ta jambe et ne plus vouloir te lâcher. En même temps, cela semble logique, elle est encore petite et être autant de temps sans son père, cela ne doit pas être simple. « Elle va pouvoir découvrir ce que son père fait, elle va adorer j’en suis sûr.» Puis je t’imagine bien, elle assise sur tes genoux, et toi lui racontant ce que tu fais, où tu voyages, lui racontant les plus belles histoires. Oui j’imagine très bien cette scène attendrissante alors qu’on est en plein milieu de la nature à se faire peur. Je confirme qu’Halloween aux États-Unis, c’est autre chose. « Je suis toujours pleine d’idées.» souriant à cette phrase. Un peu trop organisée et prévoyante, le cerveau qui tourne toujours à mille à l’heure, forcément que cette petite tête abrite des milliers d’idées pour chaque chose. Continuant de marcher dans cet endroit lugubre, j’ai l’impression qu’on est ici depuis des heures, mais on va bien finir par trouver cette sortie. Vient un sujet plus délicat : le mariage. Il fallait une mariée ensanglantée pour qu’on évoque ce sujet. Un peu tordu comme présage tout de même. Si j’y ai déjà pensé, forcément, chaque petite fille rêve d’une belle robe, de trouver un homme qui l’aimera pour ce qu’elle est. Seulement avec moi, c’est plus compliqué étant donné que je peine à faire confiance aux hommes. Alors celui a qui je dirai oui, il sait qu’il aura ma confiance absolue et mon amour le plus dévoué. Je hausse les épaules à ta réponse. Uniquement si ta partenaire veut ? Autrement dit, ça ne sera pas un choix de ta part, mais juste une façon de faire plaisir ? C’est un peu compliqué cette conception, mais ce n’est pas forcément le meilleur endroit pour en discuter. Et en même temps, je ne me voyais pas m’engager maintenant. J’ai d’autres priorités dans ma vie avant celui. Mais c’est toujours bon de savoir ce qu’on pense l’un de l’autre sur ce sujet. Dans un registre plus délicat, je me prend pour une ceinture noir de karaté. L’humour, la meilleure des armes. Posé derrière le fantôme, tu lui dis un truc qui le fait rire. Et il fini par suivre son chemin, faire peur à d’autres gens, avant même que je n’ai eu le temps de faire quoi que ce soit. « Deux fois, décidément.. non elle elle me fait peur.» Cette mariée, je ne veux plus jamais la voir de ma vie. Je m’éloigne d’elle, me cachant presque derrière toi le temps de la contourner alors qu’elle cherche à nous bondir dessus, je presse le pas. « Regarde ! Enfin ! » Je pointe du doigt ce qui semble être la fin du labyrinthe et enfin nous sortir de là. On peut dire que ces retrouvailles, je m’en souviendrai.

THE END