dans ton planning de psychologue, tu fais toujours qu’y ai un peu de place, sait-on jamais si t’es appelée d’urgence au commissariat ou quoi que ce soit. pourtant aujourd’hui la journée est calme, deux trois rendez-vous en fin de journée. alors quand un de tes patients, lukas spritz, t’avais contacté pour savoir si tu avais un créneau libre à lui offrir, tu avais tout de suite répondu à l’affirmative.
tu ne suivais pas bien les actualités/gossip de la ville, pas forcément le temps nécessaire à y accorder, plutôt à la ramasse sur ce genre de sujet.
lukas était désormais installé dans un fauteuil confortable, le genre de fauteuil dans lequel on se sent bien, en sécurité. élément nécessaire à la prise en charge des patients, leurs confort. il était plus facile de discuter de cette façon. ton bloc note sur les genoux, le stylo pas très loin, tu regardais ton patient, sourire emphatique sur son visage. tu acceptais son silence, c’était une façon pour lui de témoigner sa souffrance, elle semblait importante. au bout de quelques instants, tu pris enfin la parole.  « alors… qu’est-ce qui a fait que vous m’avez demandé ce rendez-vous ? » sans doute la meilleure approche, en douceur.

itziar, assise face à lukas, les doigts croisés sur ses genoux attendant que les premières paroles puissent enfin sortir de sa bouche, acceptant le silence qui même lui nécessitait une écoute active. de cette façon elle observait déjà le temps que nécessitait lukas pour oser ouvrir la porte à ses émotions, libérer ses craintes, tracas, tout ce qui avait pu le conduire ici. elle le regardait, penchant un peu la tête sur le côté alors qu’il ouvrait enfin la bouche, qu’il citait de façon brève ses craintes. il les citait comme si leurs causes étaient évidente pour tout le monde, puisque pour lui elles l’étaient. il ne revenait qu’à toi de chercher à creuser un petit peu, c’était ça ton travail, lui permettre de mettre des mots sur ses douleurs. on pouvait se rendre compte à force de pratique, que cette partie de l’entretien était le plus gros du travail, mettre des mots sur les maux afin de mieux les comprendre, de les définir, d’y trouver des solutions, ou peut-être même se rendre compte de leur possible futilité. « expliquez moi, vous avez peur de perdre vos proches ? pourquoi dites vous qu’ils plongeront tête baissée ? qu’est-ce qui pourrait provoquer, selon vous, cela ? », aucun jugement dans tes paroles, juste un moyen de comprendre, puisque même pour toi c’était très vague tout ça. évidemment toutes ses confidences étaient soumises au secret professionnel, mais également au respect.

être psychologue s’apparente souvent au fait de pouvoir entendre des choses sans aucun jugement, sans aucune émotion, la neutralité était notre maître mot. nous étions seulement là pour accompagner les personnes dans leurs réflexion afin de gérer leurs conflits intérieurs par eux-même. là pour les aiguiller dans les directions à prendre, pour soulever les points à creuser par des questions souvent posée sur ce que l’autre considérait comme pas si important. souvenir d’une professeur, ouvrir encore plus ses oreilles lorsque le « pas important » est prononcé.
tu ne t’attends pas à entendre ce genre de chose alors quand ton patient, lukas spritz commence à te raconter les faits, ta bouche s’entre-ouvre, tu retiens tes yeux de s’écarquiller, ta réaction ne doit pas l’inquièter, c’est pas ça ton boulot. « vous n’en avez pas parlé à la police ? » que tu demandes un peu inquiète. « je n’sais pas.. si c’était le cas vous auriez une explication à ça ? »