the princess and the frog

featuring @Soren Wittgenstein
les bonnes vieilles habitudes reprenaient le dessus, elena se mouvait dans l’espace arrière du bar avec tant d'automatisme qu’elle s’étonnait de ne pas se mélanger parmi les commandes. l’esprit n’était pas au rendez-vous ce soir, quoi qu’elle y fasse ; les pensées vagabondes, tournées vers son entraînement précédant son shift. la déception et la frustration la rongeaient depuis son départ du studio, les remarques et surtout reproches de l’entraîneur ne cessaient de bourdonner dans sa tête. sa voix perchée, pète-sec, impitoyable résonnait en boucle. et elena se détestait de douter de soi et de son talent mais rien y faisait ce soir, aucun mantra aussi positif soit-il ne pouvait évincer le nuage noir au-dessus de sa tête. le bar n’était de toute façon pas peuplé à cet instant, sous son plus grand soulagement, ainsi ses sourires factices et son service faussement maniéré n’alertaient personne ; et elle se permettait de faire passer à la trappe les nombreux visages et tentatives de conversation lancées à son encontre. jusqu’à son arrivée. l’arrivée qui, malgré elle, attira ses iris sombres ; l’arrivée qui, malgré elle, chassa net ces nuages noirs.. pour les remplacer par un orage, une tempête virulente. ses doigts se crispèrent autour du verre qu’elle servait actuellement, son regard devint aussi noir que l’encre de chine lorsqu’il se posa sur un tabouret du bar, devant elle, l’ignorant complètement, l’attention tournée vers ses groupies. devant elle. il était devant elle. au badgirlz, à boston. et apparemment, un mètre ne suffisait pas pour enlever la cape d’invisibilité qu'elle semblait porter. « Qu’est-ce que je peux servir à Sa douce et grandiose Majesté ? » tant pis, elle l’enleva d’elle-même, attira sans scrupule son attention d’un ton sans appel et d’un verre brutalement posé devant lui. sourcil arqué, elle plongea ses prunelles dans les siennes, persuadée d’être dans un putain de rêve, ou cauchemar. hey, votre putain de majesté.

sapé de la tête au pieds de ses marques de luxe, montre au prix exorbitant dressée au poignet, l'air suffisant, une soirée comme une autre. de celles qu'il se contente de passer avec quelques membres de la pforzheimer. ces mêmes membres qu'il se persuade de considérer comme des amis, quand ceux qu'il aime vraiment sont restés dans son pays. ce pays qu'il a fui pour retrouver un semblant de nouveau départ ici mais qui ressemble toujours autant à ce qu'il connaissait à munich. le prestige des études, les soirées étudiantes, tout ces riches qui miroitent un futur brillant et hors norme, les groupies. les groupies auxquelles soren se réduit, plaisir consciencieux qui lui apporte la gratification dont les autres ne pensent pas qu'il puisse avoir besoin. une attention qu'on lui porte pour son statut, son nom, son physique probablement. pas pour le reste, pas pour la façon dont elles se font toutes jeter au lendemain matin. et celle-ci, cette belle blonde qui lui démontrait par a+b son envie de rentrer avec lui, ne risquait pas de faire exception. si simple. son regard charmeur, passionné, profond, pour lui faire croire à tout ce dont elle a secrètement envie. si faussement absorbé, qu'il ne remarque pas de premier abord ce verre qu'on vient claquer presque entre ses mains sur le bar sans qu'il n'ai rien demandé. mais cette voix, ces mots qui s'adressent à lui d'une façon qui n'était pas ordinaire. il perd sèchement son attention pour la blonde, ses yeux qui virent très vite vers cette voix familière ; sur laquelle il pose désormais un visage, son visage. ses yeux se plissent discrètement, comme pour s'assurer que c'était bien elle. et en même temps, tout s'explique. ce doute qui s'était installé en lui quelques jours plus tôt, ce post d'un imbécile de dudley sur meets, qui avait insuffler en lui des interrogations. donc c'était bien, elle, elena. le regard encré dans le sien le temps de quelques secondes comme pour se permettre de rester impassible face à elle. – toutes ces années passées chez nous et le protocole reste toujours un mystère pour toi, elena, prénom qu'il marque plus que le reste. le regard provocateur, le visage fermé, la moindre émotion ne saurait être traduite contrairement à son ancienne amie dont le regard le foudroyait. – c'est votre Altesse. et merci, il prendra un negroni, demande faite un sourire en coin, avant de reporter avec insolence son attention sur la blonde.

@Elena Rosier

l’instant d’une seconde, elle crut à un mirage elena, voulut croire à un mirage. son corps constamment tendu par les événements de la soirée, de ces derniers jours n’avait nul besoin de martyr supplémentaire. il irradiait d’arrogance par sa fière allure, ce flegme frustrant et ces prunelles aussi intenses que les siennes ; ô qu’elle rêverait qu’il ne soit qu’un satané mirage. au lieu d’un fantôme lâchement libéré de son passé, venu la hanter, la tourmenter. des flashs de leur dernière entrevue s’imposèrent d’ailleurs à elle, et elle le détestait déjà, de s’interposer dans la vie qu’elle avait édifié loin de son pays, loin d’eux, loin de lui, loin de son passé. elle le détestait encore. ce soir encore plus qu’il n’y a six ans, quand elle était au fond de l’abîme et lui, à l’apogée de son ce putain de prestige qu’il chérissait tant, prestige qui les a toujours divisés. elle, le bas peuple, lui, le cher prince sur son piédestal. chose qu’il ne se priva aucunement de lui faire rappeler, d’un ton et expression inébranlables. une petite voix lui susurrait que son impassibilité traduisait son insignifiance à elle à ses yeux, comme d’antan. et ça fait mal.  « Toutes ces années passées à mes côtés et le ‘j’en-ai-rien-à-carrer-de-ton-protocole’ restera toujours un mystère pour toi, sa Majesté. » elle l’enterra loin et fort sa brève douleur, la transforma en davantage plus de rancœur et réplique cinglante. elle n’avait jamais été forte pour cacher ses émotions, feigner son courroux, il le savait. et la petite blonde à ses côtés n’apaisait en rien ses tourments. soit. « Guéri de ta syphilis ? Ça avait l’air douloureux quand tu m’en as parlé la semaine dernière. » qu’elle lança innocemment, le coin de l’œil jaugeant l’invitée de trop dans ces retrouvailles cauchemardesques. lorsqu’elle afficha un léger air de dégoût mêlé à la surprise, elena laissa apparaître un fin sourire sans saveur avant de déposer un autre verre devant soren, avec toujours autant de délicatesse. « Désolée, votre grandiose Majesté, la serveuse n’est pas d’humeur à servir un Negroni, mais voici un Sex on the beach. » et enfin la blondasse paraissait vouloir prendre fuite. « Ou plutôt un No Sex on the Beach. » wink wink soren, qu’est-ce qu’on se marre bien, non ?

arrogance au bout des lèvres, fierté qu'il exhibe sans ménagement derrière cette prestance et cet air charismatique qui définit parfaitement soren. émotions qu'il dissimule au fin fond de lui même, derrière ces artifices pour l'empêcher d'entrevoir la moindre faille. bien évidemment qu'il y en a une, parce sous l'enveloppe charnelle qui fait face à l'allemand, se trouve un fragment d'un passé qu'il a rayé il y a bien longtemps. elena, volontairement effacée de la vie du prince pour des raisons évidentes. pas tant que ça pour elle, visiblement. le franc-parlé d'elena n'avait nullement disparu et soren en serrait les dents. son affront ne passait pas inaperçu et elle savait exactement à quel jeu elle était entrain de jouer. le doré n'était pas de ceux qu'on pouvait confronter sans en subir les conséquences et bien qu'elle était au courant, elle ne tarderait pas à ressentir une douloureuse piqûre de rappel. son regard se noircit devant son deuxième affront. elena, elena, elena... ce n'était que lui donner plus de raisons de la mettre plus bas que terre que de se comporter de cette manière. le répondant et la caractère pouvait plaire aux yeux de certains mais pour soren, lui tenir tête, c'était signe de guerre. insupportable. blasé devant le visage déconfit de la blonde à sa gauche, il se désintéressa totalement d'elle en un temps record. les mots ne prenant pas la peine de s'adresser à elle, une main qui lui fait signe de partir dans un geste irrespectueux et dédaigneux. comme si elle n'était rien. regard sur le verre qu'elle lui dépose sous les yeux. verre qu'il rejette d'un mouvement sec loin de lui pour qu'il se renverse entièrement derrière le bar. – c'est pas ce que je t'ai demandé, énonce-t-il froidement, les prunelles défiantes qui transpercent celles de la brune. – je veux bien t'excuser cette incompréhension, parce que ces derniers jours n'ont pas du être faciles. j'ai entendu dire que tes dernières prouesses.. en danse.. ont fait le buzz. petite sourire provocateur mais glacial qui s'invite sur son visage. – attend, autant pour moi. la danse n'a pas si bien marché pour toi, tu t'es rabattu sur un autre branche artistique c'est ça ? référence à la sextape qui avait fuitée. et pourquoi cette information était arrivée jusqu'à lui, c'était un mystère mais rien n'arrivait par hasard dans la vie. sourcils haussés, il regarde d'un air embêté la surface du bar inondé par le cocktail renversé quelques secondes plus tôt.  – tu peux me nettoyer ça ? et me servir un Negroni, comme je te l'ai déjà demandé la première fois.