le facteur n'est pas passé
@Charlie Rothschild

Pas plus de dix minutes passées chez moi quand la sonnerie de l'interphone retenti dans l'appartement. Je râle profondément, sachant que je n'attends personne, c'est forcément une erreur. Bonjour, j'ai un colis au nom de Rothschild. Elle a recommencé. A peine deux jours que ses derniers cartons ont été livrés chez moi. Je l'avais pourtant prévenu Charlie, de remédier à ce problème de livraison. A croire qu'elle se fou de moi et qu'elle le fait exprès pour me faire chier. C'est pas ici, sonnez à l'appartement 3 ! Le ton que j'emploi pour répondre au téléphone fait complètement ressentir mon agacement à mon interlocuteur, qui soit dit en passant n'y est pour rien si l'adresse est erronée. Je raccroche le combiné sans même laisser le temps à l'homme de me rétorquer quoi que ce soit. Ras le bol d'être dérangé tous les deux jours par les livraisons de Mademoiselle Rothschild. Qu'elle se démerde. La sonnerie retenti de nouveau, je laisse sonner, mais le livreur insiste et ça me tape sur le système. 2ème étage porte à droite. Je cède parce que je connais l'issue. Je récupère le colis, que je pose à l'entrée de chez moi. Le livreur me fait signer le reçu de commande et me fait son speech comme quoi il est obligé de le déposer sinon sa tournée est mise à mal. Quel taff de merde, j'le plains. Je devrais peut-être arrêter d'ailleurs parce que c'est principalement ça qui me pousse à récupérer les cartons de Charlie.
Deux heures plus tard, j'entends ses foutus talons quelques minutes. Signal qu'elle est rentrée, signal que je peux aller lui foutre ça à la gueule et lui passer une soufflante. Le culot dans toute sa splendeur lorsqu'elle m'ouvre enfin la porte, après m'avoir fait attendre quelques minutes. Elle devait espérer que je me barre, c'est certain, mais elle ne m'aura pas comme ça. J'suis pas livreur moi. L'honneur de ma visite, le voilà, je lui fou son carton dans les bras. Tu te fou de moi ? Ca c'est mon appart dis-je en posant le doigt sur l'étiquette collée sur le carton qui indiquait bien l'appartement 2. Y'a quoi ui tourne pas rond chez toi Charlie? C'est pas que je n'aimais pas cette fille, en fait, je ne l'a connait pas vraiment. Mais bon sang, qu'est-ce qu'elle pouvait me taper sur les nerfs avec ses achats compulsifs qui sans cesse étaient livrés chez moi !

le facteur n'est pas passé
@Charlie Rothschild

Je me demande comment c'est possible d'acheter autant, de commander inlassablement un tas de conneries. C'est vraiment une chose qui me dépasse. Pourtant si je voulais je pourrais m'acheter n'importe quoi à n'importe quel prix. Ce n'est pas l'argent qui manque sur le compte en banque. Mais quel est l'intérêt? Je n'en vois pas. Acheter me fait plaisir quand j'y vois un intérêt. Peut-être qu'elle, Charlie, elle voit un intérêt dans chaque achat ceci dit. Et alors que je me perds dans mes pensées en essayant de chercher à comprendre ma chère voisine, je suis repris à l'ordre par son invitation à prendre un café. Un café qui, selon elle, serait le meilleur que j'aurais jamais gouté. J'ai zappé l'intégralité de ses mots précédents. Sa voix était un simple bruit de fond et j'ai fais abstraction de ce qu'elle m'a dit, du coup, j'ai juste secoué la tête pour qu'elle croit que je l'ai écouté. Charlie, elle est déterminée à me faire entrer chez elle pour goûter absolument ce fameux café. Je souffle longuement pour lui faire comprendre qu'elle est soulante. Ok, mais t'as intérêt à ce qu'il soit vraiment bon.. Pas sûr que cette tentative pour enterrer la hâche de guerre fonctionne longtemps. Je suis persuadée que dans deux jours, si ce n'est moins, un nouveau livreur sonnera chez moi pour déposer un énième colis avec dedans une énième connerie. Je me permet alors de rentrer chez elle, découvrant le paradis du bibelot, du gadget en tout genre et de l'intégralité des machines possible et inimaginables. C'est officiel, cette fille a un côté obsessionnel trop flippant. Tu te sers vraiment de tout ce que t'achètes ? Réelle interrogation de ma part, parce qu'avec tout ce qu'elle a, il me semble impossible qu'elle me dise oui. Les bras croisés sur le torse, j'observe méticuleusement tout ce qui m'entoure.