Alors le Summer camp a touché à sa fin, et l’amérindienne est rentrée à Boston. La tête pleine de souvenirs, de ces instants qu’elle ne pourrait avec justesse décrire. Elle a profité de chaque heure, de chaque moment, en se disant, c’est vrai, qu’elle voudrait ne jamais rentrer. Passer une vie entière à découvrir le monde, le moindre recoin, savourer cette Terre qui lui ouvre les mains.

Et pourtant, même si elle a adoré son voyage, elle est tout aussi contente d’être rentrée, d’avoir pu serrer dans ses bras sa colocataire préféré. Lui a donné les babioles qu’elle lui a acheté ici et là, deux trois colliers, et une statuette d’éléphant destinée à lui porter bonheur. Le genre de bibelot qui lui tient à cœur, bien qu’il n’ait, dans le fond, aucune valeur. Et lui a précisé « Je t’ai évité la potion de fertilité, je la réserve à James. » même si ce n’était pas vrai. Puis lui a raconté les détails, en prenant soin de ne pas citer sa relation avec un certain étudiant, sur tout le reste, se concentrant.

Puis parce qu’elle voulait parfaire ce retour, mais aussi parce qu’elle a reçu cette lettre de départ signifiant grand amour. Qui a elle seule a su raviver son espoir envers ce sentiment, l’attachement. Elle a décidé de prévoir ce repas, qu’elle avait envisagé en mai dernier, avant que son cœur ne soit éraflé.
Parce qu’après tout si Dutch a trouvé sa Joey, c’est que ça ne peut pas être que mauvais. De la décision du couple de quitter Boston elle n’a gardé que cette partie, pour l’instant, refusant de croire aux biens qu’il a pu lui laisser. Comme si son esprit le refusait. Des cadeaux qu’elle peine à encaisser, son esprit étrangement fermé à l’idée d’avoir à présent autant quand il y a encore quelques jours elle devait quémander.

Mais ce soir, la question ne se trouve pas là, non, ce soir elle les met de côté ces détails, parce qu’à trop y penser, elle déraille. Elle préfère donc s’inventer Dame marieuse, convaincue que ses deux amis sauraient en termes d’affection s’amalgamer. C’est depuis la première seconde qu’elle songe au fait qu’Eloise avec Gaspard, ça le ferait. Ni plus, ni moins. Juste qu’ensemble, ils iraient bien. Alors elle a cuisiné, mélange de chez elle et d’ici et a convié la première, se trouvant dans sa chambre avec interdiction de bouger le temps de la préparation, sous couvert d’un « Repas de retrouvailles. » sans lui préciser, qu’à ce diner, Gaspard est, lui aussi, convié. Que ce n’est qu’une question de secondes avant qu’il ne débarque pour la soirée. « C’est prêt ! » Enfin il manque juste sa future moitié. 
  

 
Une petite trêve dans un quotidien plutôt misérable par ses dernière péripéties. C'est un peu comme ça que je vois ton invitation. Une incitation à prendre du bon temps autour d'un repas de ce que j'en comprend. Ma réponse positive n'avait pas tardé à être envoyé lorsque celle-ci avait été réceptionnée mais il est venu le moment de se préparer à cet instant. Si le choix de tenue est sombre, je compte sur mon sourire pour illuminer le tout comme à mon habitude. Le dressing est tellement blindé que j'en arrive à ne plus savoir comment m'habiller, un comble quand on connait ma passion qui est aussi mon métier. Le dernier regard dans ce miroir, la main qui coiffe la tignasse décoiffée et je quitte mon logement avec tout ce dont j'ai besoin pour les prochaines heures. La dernière fois que je me suis rendu dans ton habitation c'était pour te confectionner une robe de bal, à l'encontre du thème désigné. Je m'en souviens comme si c'était hier, tiens d'ailleurs, c'était quand? Voilà le genre de pensées qui peut traverser mon esprit durant ce trajet. Faut dire que le chauffeur de taxi n'est pas très causant, d'un coté, Dieu merci. Malgré mon tempérament toujours enjoué, il m'arrive d'avoir quelques minutes asocial ou plutôt, d'inadapté à cette société. La raison? L'envie pressante d'être en ta compagnie. Une fois arrivé, descendu du véhicule, je m'avance vers la première entrée où il faut normalement sonner pour l'actionner. Pas là, parce que j'ai la chance de croiser ce que je pense être un voisin qui me tient cette porte pour me laisser passer. Faudra lui apprendre à ne pas toujours faire confiance, sinon il aura la mauvaise surprise d'être responsable du prochain fait divers de la ville. L'itinéraire n'a pas été fait de trop nombreuses fois mais je le connais, ma mémoire n'est pas aussi défaillante que je pouvais le penser. C'est donc à ta porte que je viens me présenter de mon poing qui frappe dessus à quatre reprises. Et maintenant je trépigne derrière, attendant de pouvoir te serrer dans mes bras après une bonne partie de l'été à longue distance.