Je ressemblais à une forceuse avec mes histoires de baiser. Ce n'était pas vraiment dans mon attitude de réclamer quelque chose, surtout quand je sentais la personne en face de moi se dérober à chaque occasion. Heureusement, tu n'étais pas du genre à te laisser impressionner. T'offre sans donner, le fameux baiser tant réclamé. Je m'en contente avec un sourire radieux et je continue mon cinéma avec ma note qui ne te plait guère. 6 sur 10, c'est peu quand on a ton audace, mais ça permet de continuer les chamailleries plus longtemps. Je ne peux m'empêcher de rire quand j'arrive à te rejoindre. Des gloussements pour répondre à ton indignation. Et dans l'invention de cet amour naissant et juvénile, je laissais transparaitre un début d'attachement. Je ne te croyais pas un seul instant, mais pour le jeu, je répondais présente. " Je suis tellement touchée de te l'entendre dire. " Faire partie d'une élite, ça n'a jamais été mon cas. Jamais, je n'avais été un choix, une préférée, une superbe. Seulement la fille sympa, celle qui est jolie sans trop l'être. Mon sourire devient malicieux quand tu invoques le souvenir. Je ne suis pas certaine que je puisse t'oublier. Pas le temps de répondre que tu me jettes par dessus ton épaule comme un vulgaire sac à patates. " Qu'est-ce que tu fais ?! " que j'hurle à plein poumon quand tu descends les escaliers avec assurance. Ma fin est proche. " Je vais m'en souvenir, promis !! " et je m'agrippe à toi de mes bras comme pour renforcer mes propos.

Ouais, peut-être qu'il abuse ce coup-ci mais que voulez-vous ? Tant que Blodwyn ne lui demandera pas d'arrêter, il n'arrêtera pas. Parce qu'il s'amuse comme un enfant et que son rire résonne haut et fort à mesure qu'il descend les marches, la brune sur son épaule. Bien sûr qu'il l'entend, impossible qu'il en soit autrement avec la voix féminine qui lui hurle dans les oreilles. Mais il s'en fiche, maintenant qu'il la tient il ne compte pas la lâcher de si tôt. "What're you sayin' ? I can't hear you !" À son tour de crier, comme si sa voix grave ne portait déjà pas suffisamment. Et s'il hésite encore quant au sort qu'il réserve à la brune, c'est avec vivacité qu'il descend les dernières marches. Les pieds qui foulent désormais le sable, il ne la libère pas encore, s'avançant toujours plus près de l'eau. "Someone's gonna take a shower now !" Peut-être qu'il n'est pas aussi gentil qu'il le proclame finalement. Être aussi beau qu'imparfait. Le rire qui retentit de plus belle, c'est finalement juste au bord de l'eau qu'il lui fait toucher le sol, ses deux mains qu'il appuie sur ses épaules comme pour s'assurer de sa stabilité. Qu'elle ne tombera pas devant ces vagues qui s'écrasent sur le sable avec nostalgie. Dans son regard une leur brillante, pleine de malice et réjouissance.

Balancée sur ton épaule comme un vulgaire sac à patates, voilà ce que j'étais devenue. Tu dévalais les escaliers en pierre avec entrain. Avec ma position et ma maladresse habituelle qui guidait ma façon de voir le monde, j'étais terrifiée à l'idée d'une chute douloureuse, bien plus qu'à l'idée de me retrouver dans l'eau. Si bien que je me mettais à hurler à plein poumon. La petite personnes que j'étais était capable du plus grand bruit comme d'un système de défense. " J'vais me souvenir.. ! " que je hurlais à nouveau avec un voix de complainte. Peut-être que je n'avais pas vraiment envie de finir trempée tout compte fait. Surtout avec mon petit sac contenant mes effets personnels en besace. Comment j'allais faire si mes papiers ou mon téléphone étaient foutus ? Quand tu annonçais la sentence, la panique me gagna dans un rire nerveux, mes mains se cramponnant à toi par tous les moyens pour que ça soit plus difficile de me jeter. " Non non nooon ! " J'étais prête à te supplier s'il le fallait, sans aucune fierté. Je te le ferais surement payer cependant. Tu parviens, je ne sais comment à me remettre les pieds à terre, dans l'eau. Je chouine aussitôt quand le liquide se glisse dans mes sandales. " Si tu dois me noyer, est-ce que tu pourrais au moins épargner mon sac ? " que je demande avec un moue boudeuse. Je n'attendais pas ta réponse pour passer la lanière au dessus de ma tête et déposer la besace dans les escaliers. " C'est froid.. " Et le petit soleil allait se plaindre ainsi jusqu'à la fin des temps, tu l'auras bien mérité.

Pas de pitié dans son regard, rien que de la bienveillance. Il peut bien la menacer comme il le veut de la jeter à l'eau, il n'a jamais réellement eu l'intention de le faire. Le faire croire à Blodwyn lui suffit pour l'embêter et s'en amuser. Gamin certes, mais pas méchant. C'est pour ça que, même les deux pieds dans l'eau, il s'assurera que les vagues ne l'emportent pas. Qu'elles ne la fassent pas tomber. Alors il rit à sa remarque, parce que la moue qu'elle affiche vaut de l'or. Et le fait qu'elle le pense encore capable de la donner à manger aux poissons, encore plus. "Ah Blodwyn... I'm not gonna throw you up in the sea." Pas aujourd'hui, non. "I'm just messing with you." Une habitude à laquelle elle va devoir se faire avec lui, parce qu'il n'arrête jamais. Jamais. "And you make it so easy." Et il ne va pas s'en plaindre, bien au contraire.

Jetée à l'eau ou non ? Mon sort était entre tes mains. Avec ta taille avantageuse et ta force presque surhumaine comparée à la mienne, je n'avais aucune chance de m'en tirer. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était de chouiner. Mon visage se tordait dans une moue boudeuse, les pieds dans l'eau et le sac abandonné sur les escaliers en pierre. Tu te régalais de la situation toi, heureux de d'avoir trouvé le public parfait pour agacer et titiller. Ma spontanéité allait de paire avec un premier degré dont il était facile de se moquer. Alors, ouais, me restait plus qu'à croiser les bras et à bouder pour te faire culpabiliser un peu, à chacun des armes. J'me défilais de sous ton nez, me dirigeant vers les escaliers pour les remonter rapidement, attrapant à nouveau mon sac au passage. J'avais l'air ridicule avec mes pieds trempés et le bruit de l'eau qui s'échappait de mes chaussures mais qu'importe.