Retour du Summer Camp, je n'en peux plus. Le vol a été trop long à mon goût. Ce n'est pas possible que le destin soit contre moi. Sérieusement ! Je me sens éreintée par le voyage. par le vol. et encore plus par ce trajet jusqu'à chez moi. deux énormes valises. j'ai tassé et j'ai conservé ce que je voulais. mais c'était encore trop ! Je mets cinq minutes montre en main à monter dans l'ascenseur et autant de temps à sortir. Je tire la première valise, elle manque de me faire tomber. - Putain, allez ! Cheveux ébouriffés, j'essaie de les remettre en place alors que je reprends la poignée. J'inspire longuement avant de tirer. - Allez, avance ! Je me dis que ce n'est pas normal. Elle était pas si lourde que ça. C'est alors que je remarque le bas de valise. Une roue au lieu de deux. Les yeux qui se lèvent au ciel, je suis consternée. - Sérieux ? Fais chier ! Encore quelques mètres et j'arrive enfin à ma porte. Je fourre rapidement la valise contre le mur de l'entrée puis je repars dans le sens inverse pour récupérer la seconde. Elle n'est pas cassée mais tout aussi lourde. Sous la fatigue, la hâte de vouloir rentrer, je manque de perdre l'équilibre et me rattrape sur le mur. Un véritable bordel dans ce couloir, à une heure aussi tardive. Je vais me faire tuer par les voisins !

A peine arrivé que les galère s'enchaine déjà. L'appartement ou j'ai posé mes valises a du être évacué le temps de finir quelques travaux. D'après mes calculs, j'aurais du le quitter dans trois jours, juste au moment ou j'allais partir pour ce fameux Sumer Camp. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Pas ce soir. Est-ce que j'aurais mal calculé ? Vu tout ce qui se passe dans ma vie en ce moment, surement, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi. Alors j'me retrouve dans un putain de air bnb, pas trop dégueulasse, mais ce n'était pas prévu, et je déteste qu'on change mes habitudes, comme un putain de petit vieux. Il es tard, je suis exténué, fatigué de cette journée, et t'as une espèce de cruche qui fout le bordel dans le hall du bâtiment. C'est quoi son problème à elle ? J'enfile un t-shirt, un short, et sans plus attendre j'ouvre la porte de l'appartement, assez énervé, et je lâche un "T'as pas l'impression que t'es en train de faire chier tout le monde là non ?" J'ai jamais été très sociable avec les gens en général, j'ai toujours été sur la défensive, à parler avant de réfléchir. Ce soir en est la preuve. Mais, cette chevelure, ces couleurs qui sort de l'ordinaire, était ce la personne à qui j'étais en train de penser ? Oh putain Yuri, bravo tient.

Je suis exténuée. Si je manque de tomber une fois, j'ai peur que ce soit que la première. J'ai hâte de me poser chez moi, de boire un verre de vin dans ma baignoire. Un bon bain bien chaud, j'en rêve déjà. J'inspire une nouvelle fois, me donnant du courage pour arriver jusqu'à ma porte. Je suis surprise par celle d'un voisin qui s'ouvre. Je sursaute, manquant de crier et certainement, ameuté encore plus. - Je suis désolé, les valises sont... je me retourne à ce même instant et mes pupilles tombent sur un visage plus que connues. Je ne peux pas nier que j'ai un nombre d'amants assez conséquents dans ma vie. C'est un choix. Mais il y en a toujours qui restent mémorable. - Yuri... Quelle surprise ! Il est pas en Russie, lui ? Rapidement, je me redresse, me recoiffe et surtout, ajuste mon décolleté. Pourquoi ? Parce que j'aime jouer avec Yuri. Et ce n'est pas une année sans se redonner le moindre mot, la moindre de nouvelle qui va changer ça. - Désolé. Je reviens de voyage et je galère avec mes valises. Petite moue adorable, faussement innocente. Je lui offre mon plus beau sourire, charmé, c'est un jeu de chaque instant.

Il est là mon problème, c'est que je suis tellement impulsif que je pourrais insulter un mec qui aurait la carrure d'un catcheur et qui pourrait me retourner la tête avec une simple claque. Nerveux, il faudrait que j'apprenne à me contrôler, à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de l'ouvrir. Mais il est tard, je suis fatigué, j'ai qu'une envie c'est me reposer, faire comme si tout allait bien dans ma vie, mais avec le bordel que j'entends, c'est impossible. Alors je me lève, et je gueule, encore. Sauf que j'étais à mille lieux d'imaginer que la personne sur qui j'allais gueuler, ça allait être elle... Sérieusement ? Je crois que la dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a de ça plus d'un an en Russie. Je la regarde, limite choqué, je reste con, en fait. Mon prénom qu'elle prononce, se cherchant une excuse à tout ce bordel qu'elle venait de faire, je ne dis rien, je la regarde, soupirant quand je réalise que j'ai été une fois de plus un connard à gueuler pour pas grand chose. "Mais, qu'est-ce que tu fais là?" Elle revient de voyage et elle galère un peu avec ces valises, elle vient de te le dire abruti. Il s'agirait de se déboucher les oreilles et d'écouter quand on te parle. Au final, je viens me poser contre ma porte, on va sociabiliser un peu, je ne peux pas lui lâcher un "content de t'avoir revu" et rentrer. Un minimum.

Moment de latence de sa part. Pas étonnée mais je suis un peu gênée que ce soit de cette manière qu'on se revoit. Quand je vois à quel point il était pas à en découdre, je me dis qu'il y a une chance qu'il me claque la porte au nez ou alors, qu'on sympathise. voir bien plus que ça. qui sait ? Je ris à sa question, je ne sais pas vraiment par où commencer. Mais c'est vrai que j'ai tellement voyagé avant de me poser à Boston, que c'en est surprenant. - Je vais chez moi. Dans mon appartement. Que je réponds en me rapprochant de lui. Je laisse la valise en vertical, ma main est prête à venir le toucher que j'entends un gros "poc" sur le sol. La valise s'est renversée sous le poids. A nouveau, je lève les yeux. - Désolé. Je suis en galère. Tu veux bien m'aider ? je me pince la lèvre inférieure. Oui, j'ai envie de le charmer. Jamais, je ne perds le Nord. Après tout, qui peut bien me le reprocher ?- Je peux t'offrir une bière pour te remercier. évidemment que mon regard lui indique que ça pourrait être plus sympa qu'il le pense.

Luna, elle fait partie des conquêtes que j'ai pu avoir en Russie. Une histoire toute con, comme celles que l'ont voit dans ces vieux films de merde. Une soirée dans un bar, un mec un peu trop bourré qui devient lourd et insistant avec une fille, un autre qui se la joue Batman et qui débarque pour que les tensions s'apaises. Devinez qui a jouer à Batman et qui était le mec lourd ? Elle habitait donc ici, maintenant. Qui l'aurait cru ? Il y avait une chance sur deux cents soixante trois pour que l'appartement que je prenne pour trois jours soit celui à côté du siens. "T'es vraiment pas sortable je te jure..." Je soupire en regardant ces valises. Je sais très bien à quoi elle pense. Son petit jeu à elle, c'est le charme. Charmer les mecs, jouer de ces atouts pour attraper dans ces filets ces proies. Et on va pas se mentir, j'en ai déjà fait les frais, alors là, ces regards, sa façon de se tenir, je sais très bien ce qu'elle cherche. "Une bière ? Tu me prends vraiment pour un con, ça marche pas les conneries comme ça avec moi je t'ai déjà dit." Mais c'était il y a un an, peut-être qu'elle a oublié. J'attrape tout de même sa valise pour la rentrer dans ce qui me sert d'appartement, ouais, c'est chez moi, qu'elle va rentrer. "J'ai très bien compris à quoi tu pensais..." Alors maintenant, il va falloir assumer. Et surtout m'expliquer comment elle a fait pour atterrir à Boston, par la même occasion.

Je grimace à sa réflexion, ne cachant pas mes émotions à l'instant. - Hm, pas de ma faute, le Maghreb avait son charme. J'ai trop cédé. et j'ai fait le plus gros ! je râle. ça ne change pas. deux attitudes qui s'opposent. mais il semblerait que mon charme ne soit pas suffisant. en ce moment, je subis les échecs. - ça ne marche pas avec grand monde, apparemment. je soupire, voulant laisser le Summer Camp derrière moi. Mais je suis surprise qu'il tire ma valise dans l'appartement où il est. - Heee... Possible mais ma valise pouvait très bien aller chez moi avant de s'amuser un peu ! je tire la langue, ne me laissant pas non plus trop faire face à l'attitude du russe. Je quitte rapidement mes talons pour courir jusqu'à la porte de mon appartement. Je ferme la porte, la verrouille et me dirige chez Yuri. Lorsque je fais les premiers pas dans l'entrée, je joins mes pieds telle une enfant "sage", le regard enfantin qui cache la malice. - Donc, je peux abuser un peu de ton temps ce soir ? Faut que je retourne chez moi pour prendre à boire ou tu as tout ce qu'il faut ? Mes yeux scannent l'endroit où il est. Je ne connais pas beaucoup mes voisins mais je ne pense pas avoir manquer l'idée que ce soit Yuri. Je l'aurais deviné et aucune boite aux lettres ne correspond. - Tu fais quoi ici ? je demande, toute aussi curieuse.

Le Summer Camp. Elle aussi, elle y était. Ou plutôt, elle en revenait. C'est dingue, tout Boston est passé par là bas ? En Russie, on a pas ce système là, on a même pas de fête de fin d'année scolaire. C'est prévu que j'y aille, et là, elle éveille encore plus l'envie d'y foutre les pieds. "T'essuies des échecs toi maintenant ?" Car à ma connaissance, elle ne c'est jamais avoué vaincu à un simple non. Sa valise que je traine à l'intérieur de mon appartement, lui faisant bien comprendre qu'elle ne rentrerait pas chez elle ce soir, et surtout, par flemme de la trainer dans toute la cage d'escalier et déranger les autres voisins. Pas envie de me faire remarquer, même si je reste ici que quelques jours. Je la regarde s'empresser d'aller fermer la porte de chez elle, secouant la tête de gauche à droite. A peine arrivé qu'elle va déjà limite me fatiguer. Putain, quand je vous dis qu'elle est pas sortable. La porte de mon appartement qui se referme derrière elle, mes épaules qui se haussent à sa phrase, ouais, elle va pouvoir. "Pas besoin de retourner chez toi, je sais même pas si y'a des trucs à boire ici en vrai, mais on s'en fou." Car elle comme moi, on sait très bien pourquoi elle est rentrée ici. Elle veut jouer de ces charmes, qu'elle le fasse. "Je suis là pour quelques jours en fait, c'est un air bnb que j'ai loué car y'a des travaux dans l'appartement que je viens d'acheter, du coup je pouvais pas rester dedans et bim, je me retrouve du coup à être ton voisin." Signe de main qui virevolte dans la pièce, lui faisant comprendre de prendre ces aises et faire comme chez elle, j'alla me caller contre le mur à l'opposé du siens. Le regard joueur.

Mon regard se plante vers Yuri. - Ouai. T'imagines même pas combien de fois je me suis faite recalée. J'ai que 25 ans et je ne plais plus du tout. apparemment. mais je n'ai pas envie de m'étaler. c'est une façon pour moi d'avancer, de se dire que ce sont juste des exceptions. J'observe Yuri et je suis surprise d'entendre qu'il ne sait rien de cet appartement. Je fronce les sourcils jusqu'à ce qu'il vienne à expliquer les raisons de sa présence. - Oh, je vois. Un sacré hasard, en effet ! Les épaules se soulèvent, actant l'information et passer très clairement à autre chose. le mystère étant résolue, je pose mon regard sur Yuri. Je remarque son regard, sa manière de le faire. Je respire très légèrement sans quitter son regard, je me mise à nue avec son attitude. Je marche à travers l'appartement pour en découvrir la décoration. - C'est dommage que tu ne restes pas. ça m'aurait plu de t'avoir en voisin. Sourire aux lèvres, je lui fais comprendre que j'aurais pu avoir le plaisir de goûter à certains délices russes s'il restait. Je me mets à l'aise en retirant mon petit gilet, laissant mes formes se dévoiler aussi sur le haut. Je m'assois sur le grand canapé, cambrant mon dos sur le dossier. - Je pourrais passer la nuit ici ? je demande, même si quelque soit sa réponse, je m'en fiche un peu. ce n'est pas comme si j'avais beaucoup à faire pour retrouver mon chez moi. je calmais juste mon jeu. tout à l'heure, il avait été si piquant avec moi. encore les nerfs du bruit que j'ai fait ? j'en sais rien.

Doux hasard de tomber sur elle ce soir. Comme si le destin avait choisi d'aiguayer un minimum ma soirée, pour se faire pardonner de me mettre à l'épreuve jours après jours depuis que je suis arrivé sur Boston. "Dans l'histoire, les perdant c'est eux." Parce qu'elle le veuille ou non, elle pourrait avoir n'importe qui juste en se penchant un minimum. L'un des avantages d'être une femme de mon point de vue, alors qu'un mec, il va se cambrer, on va se foutre de sa gueule. Elle finit par rentrer, par apporter une présence de plus à cet appartement qui était vide d'âme. Ces provocations, ces messages subliminaux pas si discret, un sourire qu'elle arrive à m'arracher de justesse. "Pas sûr que ça aurait pu plaire aux autres voisins par contre..." Comme une légère piqure de rappel pour qu'elle se remémore ces nuits qu'on avait passé ensemble. Mon regard qui la suit quand elle va s'asseoir sur le canapé, doucement, je m'approche, venant me placer derrière elle, mes mains qui viennent délicatement se poser sur ces épaules.
"Tu comptais passer ta nuit ailleurs, peut-être ?" Que je viens lui répondre, toujours mes doigts qui effleure sa peau, comme une énième provocation de ma part. Dos à moi, elle ne pourra rien faire, à part si elle se lève, si elle se tourne et décide de prendre le dessus sur la situation. Alors, elle va faire quoi, Luna ?