Certes, je n'étais pas allée au Spring Break et on considérait donc que le retour n'était pas dur ou mouvementée pour moi mais en réalité, il l'était totalement. Je venais d'apprendre il y a quelques jours seulement que ma cousine, enfin Elysia avait tenté de se suicider il y avait un an de cela alors que je venais la consoler et qu'en plus, mon ami Andy avec qui jusqu'à présent, je me croyais proche, m'avait menti lui aussi, ne me mettant même pas au courant, me cachant ça durant un an. Je me sentais juste désespérée, trahie, blessée, broyée. Je m'étais décidée à dire ce que je pensais par sms et je l'avais senti complètement mal aussi, enfin bizarre alors au final, après avoir écrit ma douleur, j'avais décidé d'aller le voir directement, c'était plus simple malgré tout, malgré la tristesse du moment, les malheurs de chacun pour ... je ne savais même plus pour quoi. J'étais assise dans un café dans Harvard Square, si bien que je fus rapidement devant chez lui. Je frappais à la porte de l'appartement, la tête baissée sans pourtant chercher à faire ma déprimer mais je n'arrivais même pas à la lever tellement j'étais mal, à croire que mon corps voulait montrer mon état d'esprit. Quand la porte s'ouvrait, je me contentais d'un simple ; Salut ! Sans conviction, ça, au moins, c'était clair !

La mort de Solweig avait vraiment beaucoup de mal à être digérée en dépit de ses funérailles. J'avais aussi fait danser un peu Candice pour lui redonner un peu la joie de vivre, mais il me semblait que rien ne serait suffisant pour combler le manque qu'avait créé sa cousine en partant. Je soupirai longuement en attendant que Presley n'arrive, Apple et Roxanna étaient sorties, me laissant seul à l'appartement avec Coraleen. Je passais peu de temps avec ma fille dernièrement, et ne pus m'empêcher de réaliser à quel point elle avait déjà grandi, elle avait déjà six mois. J'entendis enfin frapper à la porte... enfin, tout est relatif, je n'étais pas nécessairement pressé de ce face à face et je savais que j'avais commis une erreur en ne lui en parlant pas. Je sentis mon estomac se retourner et me levai du canapé, laissant Coraleen gazouiller dans son gros coussin moelleux pour ouvrir la porte à Presley, lèvres pincées. Hm salut... Je m'écartai doucement de l'encadrement de la porte pour l'inviter à entrer. Tu veux boire quelque chose ?

J'avais relevé la tête quand il avait à son tour décidé de me saluer. Je tentais un sourire bien raté avant d'avancer pour pénétrer dans l'appartement lorsqu'il m'avait invité. Je ne savais pas trop quoi faire de moi et de mon corps. Je restais alors plantée là tandis qu'il me proposait à boire et que je répondais, inexpressive ; Oui, je veux bien, merci. c'était si froid. Je ne savais pas comment être, comment parler, comment réagir à la moindre chose qu'il allait faire ou dire. J'étais consciente que j'avais même réussi à déverser ma colère dans mes sms et même si je savais pourquoi je l'avais fait, je m'en voulais sans m'en vouloir. Et oui, c'est trop paradoxal ! Je tortillais mes doigts comme une stressée de la vie que je n'aimais d'ailleurs pas être puis je serrais les poings comme pour me contenir et m’empêcher surtout de paraitre trop tendue. Quand il m'avait apporté à boire, je m'étais contentée de tremper les lèvres puis j'avais repris la parole d'une voix qui se voulait tout aussi agressive que désespérée : Je ... je me sens si conne ! Tu sais je t'en veux mais d'un autre coté, je me sens pas dans le droit de t'en vouloir ... Totalement perdue, c'était totalement réel sur ce coup-là, je l'étais irrévocablement. En plus, mes paroles étaient presque pas logique du tout. J'avais un peu avancé dans l'appartement, n'osant pas trop bouger non plus, trop gênée.

L'ambiance entre moi et Presley était tendue comme un string, faut dire ce qui est. Aussi quand je lui avais proposé à boire, je m'étais presque attendu à ce qu'elle m'envoie chier, mais non, elle s'était contentée d'un oui inexpressif et autant dire que ça me surprenait quand même un peu. Mais je n'allais pas m'en plaindre, c'est pourquoi je refermai la porte derrière elle et me rendit rapidement derrière le bar pour lui servir un verre. L'espace d'un instant, je me demandais verre de quoi ? seulement je la voyais plantée comme un piquet dans le salon et poings fermés, pinçant les lèvres. Mouais, finalement j'allais y aller à l'aveuglette avant qu'elle ne m'agresse à coup de bouteille de vodka. Je lui servis donc un verre assez basique, whisky-coca, et revenais dans le salon en le lui tendant avant qu'elle ne tente de m'expliquer le fond de sa pensée. Je me mordis la langue et hochai brièvement la tête. Non mais, t'as quand même raison de m'en vouloir, j'ai été pas mal égoïste à cette période-là et pas juste avec toi... Faut dire que l'égoïsme était un de mes traits de caractère de base déjà, mais alors avec ma première dépression ça avait été empiré puissance mille. Je me passai une main dans les cheveux et m'assis sur le canapé en me raclant la gorge. Parce que, quand bien même j'pensais que ta famille t'aurait mis au courant j'aurais quand même du te demander comment tu vivais ça, j'l'ai pas fait donc...

J'étais juste trop mal. L'ambiance était tendue au possible et je ne savais pas quoi faire de moi. J'étais vraiment mal, parce que je me sentais trahie ; par Andy, Elysia, le père d'Elysia ... Si je n'avais pas vu sur son bras les marques, jamais, je ne l'aurais sur, jamais. Mon ami m'avait fait rentré avant de me proposer à boire et j'avais simplement accepté. Je le suivais doucement et le regardait mes servir. Je savais pas quoi lui dire, je ne savais plus. Je m’arrêtais au milieu du salon, admirant un peu les murs tandis qu'il allait plus loin me servir. Je me sentais perdue même ici où j'étais déjà venu, cela prouvait mon trouble. Il revenait avec une verre et je trempais les lèvres, me méfiant ; Whisky Coca ! Très bon choix, j'en avais bien besoin. Je me contentais d'un "merci !" tandis qu'il osait parler pour me dire qu'il comprenait que je lui en veuille et qu'il avait été pas mal égoïste à cette époque-là. Je restais impossible, je n'arrivais pas à réagir. Il semblait nerveux. Après tout, je l'étais aussi. Il allait s'assoir dans le canapé et après une seconde de réflexion, je l'avais rejoins toujours sans un mot. Il se remit à me parler comme dans les sms du fait qu'il aurait pensé que ma famille me l'aurait dit. A cette pensée, ça me fit bouillonner parce que je considérais plus personne comme ma famille. Quand mon père était décédé, le père d'Elysia s'était un peu éloigné de moi comme je l'avais fait ... j'étais restée proche que D'Elysia, mais c'était compliqué. En repensant à tous ça, je me sentais vraiment mal, voir énerver. Je me tournais un peu vers lui, toujours assise à ses cotés et prit la parole :Je n'ai pas de famille et je n'en veux plus, enfin j'ai encore moins envie d'en avoir quand je vois comment on traite ça soi disant en famille ou comment on l'oublie ... Mais bon, les amis, apparemment ce n'est pas mieux ... Ouais, un pique, je n'avais pas pu m'en empêcher, c'était ma pensée sur le moment. J'enchainais comme ça, d'un coup, dans le stresse et l'énervement que pouvait provoquer ce que j'avais dans la tête. Tu te rends compte que si je n'avais pas vu les marques, si elle n'avait pas gratté comme une conne pendant qu'on discutait dans sa chambre, je n'aurais rien su ... comprends tu que je m'en veux, que je suis mal et que vous m'avez tous trahi comme une merde ! Je sentais que mes paroles étaient trouble, enfin bizarre, je ne savais même pas si elles étaient logique. Javais baissé la tête comme pour évoquer toute ma honte.

Je m'étais assis sur le canapé et Presley ne tarda pas à m'y rejoindre, semblant ne pas savoir vraiment comment réagir, elle était nerveuse, ses gestes étaient vifs et secs, son énervement se voyait mais en même temps, elle était tout de même moins agressive que par sms. Heureusement d'ailleurs. Je me mordis la langue en l'écoutant parler et me dire qu'elle n'avait plus de famille et n'en voulait plus, étrangement ça me rappelait un peu ce ressenti que j'avais face à mon adoption. Je relevai brièvement les yeux à sa pique concernant l'amitié qui laissait à désirer, encaissant en silence. Comment je pourrais lui expliquer qu'après ça, j'avais moi-même fait une dépression et que j'avais aussi voulu me jeter d'un pont ? Ça n'apporterait rien. Au pire, elle me prendrait en pitié, au mieux, elle s'énerverait encore plus, alors mieux valait la laisser vider son sac et ne pas en rajouter une couche. Je restai impassible en écoutant la suite de ses paroles, me les tournant et retournant encore et encore dans la tête, m'énervant un peu, tout seul. Trahir comme une merde ? Qu'elle se sente trahie je voulais bien mais elle n'avait pas le droit de dire qu'on la traitait comme une merde... Je relevai les yeux vers elle, fronçant un peu les sourcils. T'as vu comment tu m'engueules ? Tu m'demandes de me mettre à ta place, mais tu te mets même pas à la mienne. C'est pas toi qui a retrouvé ta fiancée couverte de sang les veines ouvertes dans la baignoire. J'avais pas envie d'en parler et j'pense que ça peut se comprendre aussi, t'as pas le droit de m'dire que j'te traite comme une merde. Je me levai du canapé pour aller me chercher aussi quelque chose à boire, j'allais de toute évidence en avoir aussi besoin.

Tête baissée, je n'avais pas l'air con dans cette situation. Je regardais le verre que mon ami m'avait servi. ça me faisait suer de lui en vouloir, de m'engueuler avec lui parce que c'était un ami mais proche, et ça c'était toujours relou quand tu fais confiance à quelqu'un, que tu l'adore et que tu es en embrouille avec. Au départ, je le sentais gêné, mal mais au fur et à mesure quand je tournais légèrement les yeux, assez discrètement, je le découvrais impassible puis légèrement étonné de mes paroles. Je le sentais mal, je sentais qu'il ne comprenait pas et comme par moment, je ne me comprenais pas moi meme, j’appréhendais totalement. Soudain, je sentais qu'il bougeait et j'avais gardé la tête baissé un instant, au début de ses paroles. Peu à peu, je me sentais obligé d'affronter et de lever ma tête sinon c'était vraiment honteux de ma part et ce serait ne pas être fidèle avec moi-même. Il avait l'air vraiment mal à présent, je le sentais et en plus, dans son discours, ça le prouvait plus encore. Il l'avait découvert et moi, j'osais dire que ça me faisait mal. Oui, ça me faisait mal mais je m'étais pas rendu compte que certes, il avait rien dit mais il l'avait sauvé et avait du voir Elysia, sa fiancé maintenant ex, ainsi, dans un mauvaise état. Je me faisais à présent toute petite parce que là, j'avais une raison d'avoir honte malgré mon mal légitime, mon impression de trahison aussi. Il pouvait pas me comprendre sur certains points et je commençais un peu à comprendre mes tords à croire qu'en ce moment, je n'étais pas si forte, je n'avais pas si raison, je n'avais pas tellement de bons actes. Je le voyais se lever pour aller chercher à boire surement, je me levais aussi, le suivant tentant la détente en marchant mais ça fonctionnait pas; j'étais toute tendue oui. Tandis qu'il se servait à boire, je marchais dans la pièce et respirais un bon coup avant de reprendre ; Je ... je ne sais pas quoi te dire ! Je m'excuse ouais, mais je t'ai envoyé ce sms là comme ça, je veux dire j'ai pas réfléchi, je t'ai agressé je le sais mais parce que je me sens conne, je m'en veux plus qu'à tous le monde qui ne m'a rien dit en fait ... Je prenais mes mains dans mon coups d'une manière assez stressée. Je marchais toujours en long, en large. Je crois que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un et comme tu le sais enfin j'en sais rien ... parce que ouais, je suis dégoutée que tu n'es pas pensé à me le dire, mais d'un autre coté, je comprends et je sais que ça a du etre dure, je l'imagine très bien ... j'ai déjà du reconnaitre un corps .... le corps de mon père avec des impacts de bal alors j'imagine que voir ça c'est pas mieux ... ma voix avait d'abord était assez fluide, puis énervée avant de terminer tremblante à l'évocation de mon père, de son corps. Je n'en avais jamais parlé et là, dans le feu de l'action, ouais, je l'avais fait.

Après mes paroles, Presley sembla se renfermer sur elle et baisser la tête, sans doute comprenait-elle un peu mieux ma vision des choses... Je m'étais levé pour aller me servir un petit remonta,t estimant que j'en avais bien besoin et que je le méritais, surtout. Lui ayant servi un verre de whisky-coca, je me servis la même chose alors qu'elle faisait les cents pas derrière moi, cherchant de toute évidence un moyen de se détendre, mais en vain. Je trempai les lèvres dans mon verre et bus une gorgée avant de me retourner vers elle et l'écouter parler, elle s'excusait et je ne savais plus quoi dire devant sa détresse, à force. Je baissai un peu les yeux lorsqu'elle expliqua qu'elle comprenait comme ça avait du être affreux pour moi, comme ça l'avait été pour elle d'avoir à reconnaître le corps de son propre père. Je soupirai et reposant mon verre sur le bar, je m'approchai. Hey, ça va Presley... cette histoire fait du mal à tout le monde, j'en ai conscience. L'entourant de mes bras, je la serrais doucement contre moi, espérant que ça l'aiderait à se calmer parce qu'elle était particulièrement nerveuse, mais en même temps, ça se comprenait avec la situation actuelle...

ça me faisait tellement bizarre d'avoir parlé de ça, d'un coup alors que j'aimais vraiment pas l'évoquer pourtant ça représenté bien ce que j'avais voulu dire alors disons que c'était sorti avec naturel, spontanéité etc ... Je continuais de marcher, incapable de me déstresser assez pour me stopper sans manquer de me balancer comme une folle. Il n'osait pas me regarder et de voir que mon fidèle ami ne pouvait pas me regarder, ce n'était pas le genre d'Andy et je m'en voulais d lui faire ça, de lui faire surement du mal, d'avoir remué tous ça ... la seule fautive était Elysia qui l'avait pas dit à sa soeur, celle avec qui elle avait été élevé, elle ne l'était pas réellement non plus, enfin pas forcément dans un mauvais sens mais lui, Andy ne méritait guère mes reproches alors je m'en voulais réellement, me mordant la lèvre de désolation. Il avait posé son verre sur le bar en entendant mes dernières paroles qui avaient eu effet de le surprendre. Je ne voulais pas non plus le regarder et il s'approchait, m'entourant étonnamment de ses bras comme pour me consoler me faisant comprendre qu'il savait très bien que ça faisait du mal à tous le monde, et que ça allait bien aller. Il était prévenant, il était là et moi, je n'avais qu'une pensée que j'étais entrain de remuer tous ça parce que ça me faisait mal comme jamais quoique j'avais déjà connu ses douleurs là, les douleurs que notre esprit peut subir au fil d'une vie et pourtant, on ne peut pas dire que ma vie soit encore bien longue, il en reste surtout beaucoup à vivre pourtant je crois avoir eu ma dose. Je ne parle pas, me contentant de le serrer fort parce que meme si je l'avouerais pas vraiment, j'en ai besoin, j'ai besoin de ce moment de consolation. Je sentais que des larmes de désespoir montaient mais je ne voulais pas les laisser me submerger alors je tentais de tout contenir, me crispant dans ses bras puis je parlais la voix enrouée : Je suis tellement désolé, je suis purement égoïste, tellement égoïste de te faire revivre ça tous ça parce que .... Je me taisais, ne voulant pas me montrer une fois de plus comme une faible, je détestais tellement ça.

J'avais mal au cœur. Ça avait été pas mal un souvenir traumatisant pour moi, retrouver Elysia dans cet état-là, j'en avais fait des cauchemars pendant longtemps et il m'arrivait encore d'en faire. Alors revivre ça, je ne le voulais pas et pourtant, ce sujet revenait quand même sur le tapis, histoire que je ne puisse jamais oublier cette douleur, cette vision et malgré moi j'en voulais un peu à Presley de réagir comme ça puisqu'elle semblait savoir que j'étais celui qui avait retrouvé Elysia... à moitié morte. Retrouver un proche couvert de sang, ça ne vous quitte jamais, ça reste dans votre tête et vous rappelle à chaque seconde qu'une personne que vous aimez peut mourir, de quelque façon que ce soit. Je pris tout de même Presley dans mes bras pour tenter de la calmer, qu'elle sache que malgré tout, j'étais là, quoiqu'il advienne. Elle me serra alors fort contre elle et si elle ne pleurait pas, sa voix trahissait son ressenti alors que je frottais doucement son dos d'une main. Arrête de te blâmer autant, ta réaction était normale... Tu réalises que t'aurais pu la perdre y a un an, que personne te l'a dit et ça t'fait mal, j'le comprends totalement... Je serrai un peu plus mon étreinte sur elle avant de la lâcher un peu pour la regarder dans les yeux. Mais aujourd'hui elle va mieux... Même si je t'avoue que je m'inquiète un peu vis-a-vis de la mort de Solweig, elles étaient proches toutes les deux... Je sentis mon cœur se serrer en évoquant Solweig, mais peu importe, je n'étais pas celui à plaindre.