Gin Hadley & @Corban Hadley
tw: alcool & violence
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À un moment donné ce soir, tu as pris une mauvaise décision. Tu ne sais plus à quel instant, mais tu en es certaine lorsqu'un poing s'écrase contre ta figure. C'est en général une bonne indication que tu as merdé quelque part, et tes doutes se confirment au deuxième coup qu'on t'assène.

Tu recules quelques pas, déstabilisée par l'attaque et par l'alcool dans ton sang. Ta vision troublée, tu tentes de te souvenir qu'est ce qui a bien pu se passer pour en arriver là, à te prendre un coup dans les toilettes du Royale.

21h17, tu es arrivée chez toi pour découvrir une maison vide. Tes frères, ton père, tous partis vadrouiller chacun de leurs côtés pour le reste de la nuit. Alors tu as décidé de faire de même, pour éviter la solitude. Tu préfères être entourée d'inconnus que d'être laissée seule. Tu as pris le métro jusqu'au centre ville, trouvé le premier bar pour y prendre une bière. L'ambiance n'y était pas, alors ton verre fini tu as repris ton chemin vers le Royale, une boîte de nuit qui promet toujours une bonne soirée. Métro, encore une fois, pour deux arrêts, 22h42. Et une fois arrivée à destination, tu t'es sentie dans ton élément. La musique si forte que tu ressens chaque vibration en toi, les gens qui dansent et te tamponnent alors que tu essayes de te faufiler jusqu'au comptoir pour passer ta commande.

Tu es ramenée au moment présent quand ton adversaire te plaque contre le mur des toilettes. Tu n'as pas le temps de réaliser qu'il t'enchaine par un coup de boule, et ton sang dégouline sur sa chemise blanche. Merde. Celui-là, tu l'as senti passer. Et d'aussi près, tu peux reconnaître son visage.

Ah. Tu te souviens de lui. Te te souviens, plus tôt, quand tu en étais seulement à ton troisième shot. Ce mec à côté de toi, habillé en costard cravate bien trop précieux, commande la bouteille la plus chère. Tu trinques  dans sa direction pendant qu'il prend un selfie avec son pote, tout aussi sophistiqué. Ton regard se pose sur son portefeuille bien épais qu'il vient de déposer sur le rebord du comptoir. Tu jettes un coup d'oeil autour de toi, tout le monde est trop occupé à être aspergé de champagne. Toi, tu es déjà un peu pompette, et quand tu vois ça, c'est une occasion en or. Après tout, tu es une Hadley, ton nom rime avec mauvaise idée. Tu décides de glisser ta main vers le précieux objet, et le ramène discrètement dans ta direction. Une fois récuperer, tu poses ton verre sur le bar et t'ecplises dans la foule.

C'est juste un emprunt. Tu ramèneras le tout à la fin de la nuit, un plan parfait qui ne fait de mal à personne. C'est pas comme si ça allait lui manquer, quelques dollars sur son compte en banque. Et puis, "ta" MasterCard en main, tu as commencé à vraiment apprécier ta soirée. Tu as commandé tous les cocktails que tu n'avais jamais eu l'occasion de goûter. Offert un verre à cette fille, sous les yeux de son compagnon contrarié. Enchainé les shots pour determiner ton préféré, Mezcal, Tequila, Jager. Offert un autre verre. Un, deux, trois, tu ne sais plus combien. Tout commence à chavirer, à s'assombrir dans tes souvenirs. Tu ne sais plus ce que tu fais, où tu vas, ni pourquoi. La musique devient plus forte, tes mouvements maladroits. Tu te baignes dans la foule, reine du monde pour la soirée. Tout tourne autour de toi, et la dernière chose dont tu te souviens, c'est ce mec, te pousser jusqu'aux toilettes pour t'y cogner.

Ah ouais. Mauvaise décision. Plaquée contre le mur par le col de ton t-shirt, tu laisses échapper un rire. Parce que t'es complètement bourrée de un, et parce que ce mec se prend beaucoup trop au sérieux dans sa petite chemise bien taillée. "Relax, c'était juste une blague." Comique de l'année. Tu cherches dans ta poche le fameux portemonnaie, qu'il agrippe immédiatement sans te laisser le temps d'argumenter. Tu ripostes, ou du moins, tu tentes. D'un coup de pied, tu le touches, mais t'es bien trop torché pour tenir debout par toi-même. Sans surprise, il te rend un coup, plus vivace, dans l'estomac. Cette fois, tu t'ecroules. Tu te laisses glisser contre le mur alors qu'il lâche enfin son emprise sur toi. Et il te laisse, là, au sol, pour retourner à sa soirée comme si de rien n'était. Tu te retrouves seule. Fuck. T'es vraiment dans un sale état.

Tu attrapes tant bien que mal ton téléphone dans ta poche, à moitié avachie contre la cuvette des toilettes. Tu ouvres tes messages directement sur la conversation avec ton frère, Corban. Tu utilises le reste de ta force pour lui envoyer ta géolocalisation, sans aucune autre indication en espérant qu'il comprenne. De ton pied, tu pousses la porte de la cabine pour t'autoriser un peu de tranquillité. Et tu fermes les yeux, pour te reposer jusqu'à l'arrivée de ton frère.