with @Matian Escamilla

22 juillet, yacht - méditerranée Prétendre, partir séparément pour mieux se trouver, tel était le destin qu'on se devait de suivre avant de partir pour le Maroc. Juste une soirée sur un bateau comme prévu dans le programme, jouer les touristes pour mieux se voir, s'approcher près d'un bar, tel était notre destiné pour quelques jours encore, juste le temps de partir pour la Nouvelle-Zélande. Alors j't'avais envoyé ce message, un lieu de rendez-vous, ici, maintenant. Nous ne serons pas seuls, la peur d'être surveillé qui rode dans mon esprit, mais j'avais vu ce yacht hier soir en me promenant près du port. La musique grondait et les lumières pastels donnaient envie de s'y réfugier. J'avais parlé rapidement au propriétaire qui m'avais assuré que le bateau sortirait du port ce soir, sans réellement tout comprendre de ce qu'il me racontait avec son étrange accent. Mais ne plus avoir ce pied à terre était nécessaire pour mieux te retrouver. "Mat ! Ici !" Que j'avais lancé en secouant ma main et en montant à bord assez rapidement.

Un mood, faire la gueule pour faire la gueule. T’en veux pas à Caesar. T’aimes pas Adrian, fact. Tu as cette vision du couple où la confiance plane, sinon merde, pourquoi l’être ? Incapable d’imaginer ce genre de romance où tout n’est que secret et doutes perpétuels. Tu l’as vécu, trop de fois. L’angoisse d’être surveillé, de devoir surveiller. Cercle infernal. Tu lui fais confiance sans une ombre sur le tableau. Tu viens à son rendez-vous, mine faussement aigrie. Putain de livre ouvert on le voit sur ton visage, décrypté noir sur blanc, t’es content d’être là. Le prendre dans tes bras, le voir. Tu arrives vers lui, emboites son bas pour monter sur ce bateau. Tu retiens cette main qui a terriblement envie de claquer sur sa fesse droite. Une garde a vue merdique, pas deux. Distance de sécurité obliges, tu l’exagères, tu restes à un mètre de lui. On est jamais trop sûr hm ? Sourire qui perce cette fausse envie de lui faire la gueule. C’est quoi la surprise ? Un bateau ? On a déjà fait du bateau. Y’a un buffet ?

searchin' our hearts for so long, both of us knowing, love is a battlefield, we're losing control, will you turn me away or touch me deep inside ?

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22 juillet, yacht - méditerranée Le mood à avoir besoin de te voir pour pouvoir respirer normalement, comme si t'étais ma bombe d'oxygène sans laquelle je ne pouvais pas vivre correctement. A croire que t'étais une partie de moi sans laquelle je ne pouvais être heureux. Parce que les larmes ont coulé depuis deux jours, parce que dans ma poitrine, y avait un tambourinement douloureux comme si il en manquait un bout. T'es devenu le centre de mon monde Matian. Je le sais parce que je le ressens. J'ai beau tout dire, j'ai beau te bouder, t'as beau m'énerver parfois, t'es le mec de ma vie. Il m'aura peut-être fallu du temps, du chemin pour le découvrir mais le plus important c'est que je finisse par le savoir nan ? Alors je te traine jusqu'ici, j'rentre dans le bateau, j'entends ton pas sur le plancher, j'ai qu'une envie, c'est de me retourner, prendre ta main, t'embrasser jusqu'à ce que l'on manque d'air. Mais je garde mes battements et mes pulsions pour moi, j'me contente de les imaginer et de te répondre et jetant un oeil en ta direction, jusqu'à ce qu'il perce ta rétine. "Ouais, un apéro dinatoire, un bar, de la musique sympa, des néons et ce bateau est aussi rempli d'étrangers qui vont en mer ce soir pour faire la fête, un peu loin des côtes tunisiennes si tu vois ce que je veux dire."

Toi t’as du mal à regarder derrière. Admirer tes progrès, simplement juger l’avancée que t’as pu faire en si peu de temps. Trop rapidement ? Peut être. Six mois en arrière, à peine, même pas le temps de construire un bébé dans le ventre de sa mère, tu étais seul, triste. Quelques semaines plus tard tu tendais de mourir, du moins, tu appelais à l’aide. C’est ton carburant, l’amour. Essence explosive dans un moteur fracassé par les expériences merdiques. T’es là maintenant, cheveux dans la brise maritime, dégaine insolente en face de la personne qui a changé ce que tu es. Non, seulement améliorée. Il te rend meilleur Falls. Il t’a fait lâcher prise, donner confiance en toi quand tu n’en avais pas.. Pensées au passé, gravées dans le présent et rêvées d’être tiré dans le futur. Un regard aux alentours, toiser l’environnement un instant. Billes qui retombent dans les siennes, ébènes qui se mélangent. Non j’vois pas ce que tu veux dire. Tu t’avances le laissant sur un sourire. Tes pas qui s’emboitent vers le rebord plus loin, vue sur le large. Même dans la mer ils sont capables de nous traquer pour.. rien. Plus vraiment confiance par ici, une garde à vue homophobe, pas deux. Il est quand même énorme ton bateau pour une petite fête, non ? Ton regard se retourne vers lui, le sien. J’suis désolé de t’avoir fait la gueule pendant deux jours. J’ai juste l’impression que je peux jamais être tranquille. Ouais je sais que j’ai pas à douter, et je doutes pas mais juste… C’est pas la première fois que je suis le numéro 2, Caesar. Le ton plus mature, plus strict.

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22 juillet, yacht - méditerranée Tu sais, j'ai du mal à me projeter. Imaginer un monde futur idéaliste mais réaliste. Moi, j'imagine plus. J'ai arrêté depuis trop longtemps. Caesar n'a plus vraiment de rêve. Il se contente d'objectif atteignable avant toute chose. Mais des rêves ? Non, les rêves n'existent plus. Pourtant, quand je ferme mes yeux, tu es là, souriant dans un fond clair. Tu me tends la main vers un horizon probablement utopiste. Je me vois te dire ces mots que je pense tout bas mais que j'ai du mal à dire tout haut. Je me vois m'agenouiller des fois et des fois, je me vois vieux, vêtu de noir, les rides marquant mon visage à pleurer ta perte. C'est toujours triste les rêves. Pourtant, chaque minute passé à tes côtés semble plus belle que la précédente, même dans ces moments là où chaque seconde est rythmée par un myocarde en peur, je ne vois que du bonheur à tes côtés. Alors j'effleure tes doigts, j'entends tes peurs et au fond, y a des larmes qui coulent à l'intérieur de mes paupières. J'entends tes peurs et je les ressens dans ce ton strict. "Tu l'es pas. Tu le seras plus jamais Mat." J'arrive pas à te le dire comme ça dans une situation pas aussi sérieuse que ces mots. Mais regarde ce que tu as fait de moi ? Un être dépendant de tes avis, de tes envies, de tes besoins mais également de ton être. Parce que c'est toi et pas un autre. Ce ne sera plus jamais un autre. Parce que j'ai compris que ça, ce truc que l'on a, il est différent, il est sain, parfois un peu teinté de jalousie et de possessivité mais au fond, ce n'est qu'une démonstration de ce qu'il y a à l'intérieur. Alors je me retourne, j'me fous des conséquences, et mes lèvres t'arrachent un baiser probablement trop passionné. Le front collé au tien, je me permets de te murmurer à nouveau "Tu es mon numéro 1 su un podium où il n'y a qu'un seul numéro." Plus de place pour un autre amour. Il n'y a pas de "au cas où" parce que je n'en veux pas. Je ne veux que toi, ton âme, ton corps, ton être. "Tu veux boire un verre ?" demandais-je d'un sourire rassurant quand le bateau fût désancré et commençant à se diriger vers le large italien.

Comme ultime malédiction qui te traques depuis des années. Deuxième enfant après une grande sœur aux allures si parfaites pendant des années. Tu étais le numéro deux de tes parents. En amour, l’éternel crush recalé, friendzoné. Numéro deux, en amour. Il y avait bien Erin, elle et ses pulsions diaboliques. Tu étais le seul pour elle, c’est certain. Mais à quel prix ? Celui de ta propre vie ? Prête à te tuer pour te garder que pour elle jusqu’à l’éternité. Chaotiquement malsain. Et maintenant t’es là, en face de lui. La peur au ventre de retourner à ce rang qui te colles à la peau. Adrian était le premier choix et toi le second. Qu’est ce qu’il se serait passé s’il ne l’avait pas rejeté ? Question sans cesse répétée dans ce crâne depuis ces jours sans paroles. Réponse simple : tu ne serais probablement pas sur ce yacht immense en face de Caesar à lui conter tes craintes. Il se rapproche de toi, ses lèvres capturent les tiennes dans cet élan d’insouciance. Lippes qui jouent ensemble quand tu réponds à son baiser. Son souffle dans le creux de ton oreille quand ses murmures chatouillent ton cœur. Tu continues de le fixer sans rien dire, un regard très furtif autour de vous. Tu ne réponds pas, le rictus qui déforme ton visage comme réponse à ses mots. Tu l’aimes Caesar, du plus profond de ton âme. Des zones même insoupçonnées que tu pensais inexistante. Tu pensais déjà avoir aimé de toutes tes forces, pourtant, il ne fait que découvrir de nouveaux recoins parfaitement dissimulés. Tu l’aimes, mais tu es toi, tu as peur, de la même force que ton cœur bas pour lui. Peur de le perdre. Il te propose un verre quand les mouvements imperceptibles du bateau vous bercent dans son départ au large. Je crois que c’est mérité, non ? Vous avancez tous les deux vers ce bar extérieur, un coude qui se pose sur le bois lustré en attendant le barman. Ton corps à moitié tourné vers Falls. Tu dis que c’est censé être un p’tit tour en bateau c’est ça ? Ça se fait pas sur un catamaran ou j’en sais rien un truc plus petit ? Tu ricanes en fixant ce barman qui arrive prêt à accueillir votre commande. Deux bières s’il vous plait. Et excusez moi mais, vous savez combien de temps on revient au Maroc ce soir ?

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22 juillet, yacht - méditerranée Qu'est-ce qu'il se serait passé si Adrian avait dit oui ? Un scénario que je ne souhaiterais considéré comme pire ou meilleur, comme s'il n'y avait que blanc ou noir dans cette vie déjà trop sombre. S'il avait dit oui ? Oui, tu as raison, peut-être que je ne t'aurais plus parlé, peut-être t'aurais-je même bloqué ? Peut-être que je me serais entiché d'un gars qui m'aurait à son tour utilisé jusqu'à plus soif, qui se serait rendu compte de mes cicatrices sous une lumière que trop claire. Il aurait vu ces zébrures qui me font grimacer. Peut-être qu'il n'aurait pas supporté. Peut-être que c'est mon caractère qu'il n'aurait pas supporté, mes éternels doutes, mes peurs, mes angoisses, mes moments de faiblesse quand la confiance en soi ne se cache que trop bien. Peut-être au fond, ne m'aurait-il jamais vraiment aimé, préférant ce qui lui reste inaccessible. Un trop plein que trop dur à gérer, il m'aurait peut-être jeté au bout de quelques jours sous prétexte de vouloir voir d'autres horizons, il aurait embrassé un autre avec envie dans mon dos comme Sofia, il aurait même pu se marier en secret comme Neal avant tout ça. Ca aurait pu aller loin. Mais quand n'est-il de si Valentina n'avait jamais existé ? Je serais malheureux, seul et je ne t'aurais peut-être jamais rencontré. Peut-être que j'aurais fini drogué sur un des bords de la rivière, peut-être que j'aurais été en Doctorat, peut-être que j'aurais été pris à la fondation, peut-être que j'aurais été entouré de faux potes et de faux semblant. Mais qu'est-ce que c'est tout ça dans une équation où tu n'es pas après le égal ? "Non, je crois que c'est juste une soirée en mer avant de rentrer" avais-je répondu le sourire aux lèvres quand je tête vaguement d'écouter l'homme de l'autre côté du bar sans réellement comprendre. La bière à la main qu'il avait dû très bien comprendre, je ne pouvais que bouffer du regard la médaille d'or à mes côtés.

fin