Le nuage sur lequel on dansait venait de s'évaporer. Retombée le cul par terre dans ta barque, besoin d'agiter les bras pour retrouver l'équilibre. C'est perturbant. Tu es perturbant. Mais ce n'était rien. Rien de grave. Non, au contraire. Je fermais les yeux une fraction de seconde le temps de me reprendre, les mots qui étaient mes alliés avaient bien du mal à me venir en aide à cet instant. " Ne t'excuse pas d'être toi. Jamais. " Le sourire sincère appuie le dernier mot. T'avais l'air d'une personne qui ne voulait que le bien des autres. Même d'une inconnue. Tu continuais sur ta lancée cependant et, j'aurais surement fait la même chose à ta place. Une légère grimace tire mes traits avant que je ne tapote le tabouret où tu te tenais assis pour que tu reviennes à mes côtés. Surement tu n'as rien vu de mon geste jusque tu t'éclipses vers l'extérieur. Pour retrouver de l'air certainement. Je te suivais en riant nerveusement de ta remarque. " Tu sais... Je préfère mille fois plus ce genre de rencontre avec des discussions profondes, des débats ou même des déconvenues. " Je cherchais ton regard par tous les moyens. " La plupart du temps, j'passe du bon moment, on trouve ça drôle, y'a même du plaisir peut-être, mais c'est superficiel. " Je préférais les discussions, les personnes qui se montrent vraies.

Difficile de se positionner correctement dans cette conversation; intrusif ou trop détaché, le juste milieu semble décidé à lui échapper. Denzel est un impulsif par nature, doué de centaines idées et bien trop fougueux pour se limiter, préférant foncer et manger le mur plutôt que de freiner pour mieux réfléchir. Seulement, ce n'est pas son projet; ici, il s'agit de Blodwyn et de son avenir, cette demoiselle qu'il prend en affection, sans qu'elle ne le connaisse particulièrement. L'instinct lui hurle simplement d'appuyer ces désirs pour en faire une réalité concrète; les images s'empilent en tête, dans ce qui pourrait ressembler à une galerie marine, forgée au talent d'une seule âme. - Je m'excuse d'être.. Entré dans ton projet. C'est personnel, c'est à toi de décider ce que tu veux faire. Je n'ai rien à dire sur ces choses là. même s'il n'aspire qu'à la voir réussir, même si le fondement de son idée se basait justement sur cette réussite qui, à ses yeux, ne fait que lui tendre les bras. Denzel finit par se retourner, et tombe rapidement au coeur même de ce regard ébène qui le captive tant. Une déclaration tendant vers la sincérité, censée les ramener l'un vers l'autre, s'il suppose bien. - Et bien, disons que c'est ma façon de faire. il se racle la gorge, jette un coup d'oeil vers l'horizon, deux secondes suffisantes pour laisser le flot de paroles prendre un sens logique avant d'être déversé là, sur le plancher de l'authenticité. - J'suis comme ça. Si j'ai envie de faire un truc, de monter un projet.. Je le fais. Je me pose pas de questions, je fonce comme le dernier des idiots. Parfois, ça mène à rien, j'essuie des déceptions... Mais d'autres fois, ça paie. Et là, j'suis fier de moi. J'ai jamais rien eu sans rien tenter. Et j'ai jamais renoncé, pour ne pas vivre avec des regrets. rien n'est donné dans ce monde, il faut aller prendre et s'affirmer; imposer son style, ses idées. - Il faut se lancer, même si on a peur. Qu'est-ce qui te retiens, toi ? pour une femme libérée, tu sembles vivre avec un paquet de chaînes aux poignets.


@Blodwyn Duggan

Un mince sourire contrit s'affiche sur mes lèvres. Je m'en veux de ne pas avoir assez de contrôle sur mes réactions pour éviter de créer des moments de gêne comme celui que nous étions en train de traverser. C'était délicat de parler de soi, d'imaginer que tout pouvait rouler comme sur des roulettes, que tout était à porter de mains. C'était difficile pour moi en particulier parce que ça ne coller à ma façon d'être. Naturellement, il m'était difficile de camoufler des émotions ou des interrogations quand j'étais si spontanée. " Ne t'excuse pas " que je souffle une nouvelle fois à ton encontre. Je ne cois pas qu'il y ait de grand fautif à cet instant, dans cette discussion. Je crois simplement qu'il y avait deux spontanés avec des caractères et des croyances semblables mais pourtant différents qui venaient à se confronter. Quand bien même la gêne, je préférais nettement cela à une conversation trop lisse, dépourvue d'aspérité. Mon sourire s'agrandit à t'écoutant, t'observant. Je vois devant moi l'homme que tu décris. Je l'apprécie déjà. Il faut se lancer même si l'on a peur. Oui, je sais. Mais... Qu'est-ce qui me retient ? " La peur ". C'est vague comme ça, mais c'est assez terrifiant pour vous paralyser.