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Le matin, la boutique est toujours calme. Tu t'ennuierais presque, à préparer les commandes qui devront être livrées dans l'après-midi. En dehors des fêtes, la majorité de vos clients sont soit des hommes amoureux, soit des hommes qui ont fait de la merde. En parlant du loup, tu peux voir sa silhouette pousser la porte d'entrée. Manny, tu le connais bien maintenant, et ce n'est pas de la première catégorie qu'il fait parti.

Il s'approche du comptoir, tu fais mine de l'ignorer, comme si c'était qu'un simple client habituel. "Hmm hmm. Alors je conseille plutôt une nouvelle personnalité pour ça." Tu lui lances une pique et lâche ton masque de sérieux pour lui esquisser un sourire malicieux. Ça fait plaisir de voir sa sale gueule bien trop parfaite. Avec une pointe de préoccupation dans ta voix, tu enchaines dans un soupire. "Manny, qu'est-ce t'as fait encore ?" Emphasis sur le encore, sauter une fille ça n'a rien d'inhabituel pour lui, mais acheter des fleurs pour se faire pardonner ? Du jamais vu. Tu lui fais un signe de la main pour lui indiquer de te suivre vers tes fleurs les plus fraiches. "J'imagine que t'as besoin d'un GROS bouquet ?" Tu essayes déjà de te faire une idée de celles que tu pourrais utiliser. Peu importe ce qu'il a fait, tu vas devoir te donner à fond pour impressionner la fille suffisamment pour qu'elle oublie que ton Manny, c'est un con. Un con au charme indéniable.

"C'était pas lui", tu n'en doutes pas, c'est toujours un accident. Ce genre de choses, ça n'arrvie que sur un coup du hasard, évidement. Ça t'est même arrivée une fois, tu marchais tranquillement dans la rue et une fille a trébuché jusque dans ton lit. Oops, c'est comme ça que tu as découvert que tu aimais les courbes féminines. Tu continues de sillonner les rayons avant de t'arrêter devant un mur de fleurs, tes plus belles.
Au moment où tu entends le nom Valentina, ton corps entier se pétrifie quelques secondes, ton inquietude se lit sur ton visage. Ah. Il a vraiment merdé. C'est rare que tu l'entendes mentionner sa fiancée, la plupart du temps il ne parle que de ses conquêtes, mais jamais de celle qui l'attend en Espagne. Tu connais les grandes lignes de leur relation, mais tu n'as jamais eu l'occasion de rencontrer la demoiselle en question. "Ajoute un bracelet et le meilleur resto de la ville avec ça." Tu attrapes quelques fleurs devant toi. Tu vises un thème blanc et rose, des couleurs douces et pures pour exprimer les excuses "sincères" qu'il devra prononcer devant sa fiancée. Tu supposes qu'elle se doutait peut-être des infidélités de Manny à distance, mais en être témoin, c'est un tout autre traumatisme. Pour essayer d'apaiser sa fiancée, tu choisis une poignée d'orchides, d'oeillets, de roses et tu agrémentes le tout avec quelques branches de muguets. Concentrée sur ton bouquet, tu lances un regard furtif vers ton ami. "Tu as réfléchi à ce que tu vas lui dire ?" Il va lui falloir un discours en béton pour se sortir de ce pétrin. Mais il a ses chances, c'est un beau parleur. Tu dois avouer qu'avec son sourire charmeur, il pourrait te convaincre de faire n'importe quoi.

Tu le regardes, perplexe, s'enfoncer dans le pire discours que tu n'aies pu entendre. Si tu te trouvais à la place de Valentina, tu l'aurais probablement giflé avant qu'il ne puisse terminer sa phrase. À la place, tu arraches la fleur de sa bouche. "Manny." Tu marques une pause. "Tu m'impressionnes. Je t'admire, comment tu peux être un con mais en même temps aussi attractif ? Apprends-moi." Non, en y réfléchissant, tu n'as pas envie d'êttre comme ça. Mais tu restes tout de même fascinée qu'il réussisse à s'en sortir aussi souvent. Tu retournes à ton bouquet, la fleur en main pour l'incorporer dans ton bouquet. Tu mélanges les différentes fleurs ensemble pour les harmoniser, tu y ajoutes de la verdure, et commence l'emballage. Tu termines par un énorme ruban, en espérant que ça apaise la demoiselle. C'est sans doute l'un de tes bouquets les plus réussis, tu t'es appliquée pour le finir celui-là. Une masse gigantesque de fleurs blanches, roses, rouges, et quelques pointes de vert.

Tu attrapes difficilement l'arrangement floral pour le tendre vers ton ami. "100$ pour le bouquet. J'te fais pas de réduction parce que je sais que tu peux te le permettre." Tu restes honnête avec lui, toujours, c'est dans ta nature. Et en parlant d'honnêteté, s'il veut se faire pardonner aux yeux de Valentina, il va en avoir besoin. Tu sais que tu approches un sujet sensible, mais la question doit être posée. "Pourquoi tu restes fiancé à Val ?" Les histoires de famille, c'est toujours compliqué. Tu ne comprends pas pourquoi les gens restent ensemble si c'est pour se faire du mal. Tu te demandes parfois comment ta vie aurait pu changer si tes parents avaient été honnêtes entre eux au lieu de terminer comme ça. Et toi, tu t'es promise de ne jamais tomber dans cette spirale de mensonges. "Est-ce que tu as vraiment envie d'être marié avec elle ?"