Qu'est-ce que tu fais ici, au beau milieu de la nuit ? Ce n'est pas un quartier fréquentable pour une fille comme toi. Tu détestes cette expression et pourtant, tu sais qu'elle te colle à la peau depuis des années maintenant et qu'elle te suivra jusque dans ta tombe. Bien que tu aies vécu loin de tes parents, fréquentant les plus grandes écoles pour arriver à tes fins et t'assurer un bel avenir, t'as toujours été une fille à papa. La jolie blonde aux boucles d'or et la petite robe blanche qui virevolte au rythme assuré de ses pas. Cette gamine au sourire angélique, polie et bien élevée qui est promise à une grande carrière. Enfant star malgré toi, adulée par les autres parents et choyée par sa famille, chouchoutée par les plus grands et enviés des voisin aigris. Hannah, tu n'as rien à faire dans ses quartiers malfamés dans lesquels tu aimes traîner une fois la nuit tombée. Ce besoin d'adrénaline que tu as depuis que ta relation avec Joaquin bat de l'aile, tu devrais le compenser d'une autre façon. Tu devrais te trouver un passe temps digne de ce nom, au lieu de picoler jusqu'à en perdre la raison.

Dans tes escarpins Yves Saint Laurent, tu titubes en levant le bras vers le ciel. Tu fermes les yeux et inspires profondément, comme si cela te permettait d'être vivante. Mais ce moment de répit n'est que de courte durée, quand finalement un bruit sourd se fait entendre. On t'agrippe le bras, on te demande de suivre un parfait inconnu à l'allure d'un malfrat et perdue, tu le suis aveuglément. Tu ne poses pas de question et tu cours. Heureusement, les séances de shopping parisiennes t'ont appris à te déplacer aisément en talons aiguilles. T'as le coeur qui bat la chamade et l'esprit ailleurs. Dans tes tympans résonne un bruit strident qui rend presque sourde. Tes sourcils se froncent quand, au détour d'une ruelle, tu reprends ton souffle. Mais qu'est-ce qu'il se passe bordel ? Tu inspires et expires, tentes de te remémorer les séances de yoga auxquelles tu as assisté pendant des années après le décès de ta mère. Tu essayes de te canaliser mais, avec l'alcool qui coule dans tes veines, c'est compliqué d'y voir clair. @Travis J. Alexander

La définition même de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Tu ne comprends rien à ce qu’il se passe, il faut dire que les choses arrivent bien vite. On te demande de courir et toi, tu t’exécutes parce que tu ne comprends pas mais que tu entends le bruit sourd d’une balle ricocher non loin de là. Diplômée d’un bac en footing sponsorisé Louboutin, tu ne retires pas tes talons et t’appliques à ne pas te casser une cheville. Et malgré tout tes efforts pour échapper avec classe à un ennemi inconnu, tu te prends une réflexion. Ce n’est apparemment pas ce qu’on te demande. Ce sont des Louboutin ! Tu as beau essayer de lui faire comprendre qu’elles ont de la valeur, il faut croire que ce n’est pas le plus important à l’heure actuelle. Tu râles mais, tu retires quand même tes chaussures, énervée à l’idée de te retrouver une fois de plus dans un traquenard alors que tu n’as rien demandé. C’est toujours comme ça quand tu te mets à picoler. Tu rigoles quand il te fait une remarque sur le fait que tu n’avais rien à faire dans les parages. J’ai encore le droit d’aller où je veux ! Cette rue est publique je vous rappelle ! T’es trop alcoolisée pour prendre conscience de l’ampleur de la situation. Le parfait inconnu t’attrape par les épaules, te forçant à lui accorder toute ton attention. C’est ce que tu fais. Et tu sens ton cœur qui palpite quand tu prends conscience de la gravité. Tu acquiesces d’un signe de la tête et déglutis dans la foulée. A son signal, tu te mets à grimper sans regarder en bas, essayant de rester focus sur ta respiration. Arrivée en haut, tu ne sais plus où donner de la tête ni même où aller donc tu l’attends tout en te frottant nerveusement l’avant bras. T’aurais du écouter les autres. Ce n’est pas un endroit pour toi. Ce n’est pas un milieu adapté pour une princesse comme toi. Tu es faite pour les soirées mondaines et non pour la débauche. A chaque fois que tu te lâches, que l’alcool finit par entrer dans ton système, c’est foutu. Les ennuis arrivent. @Travis J. Alexander

Tu ne peux t'empêcher de plaider la cause de tes escarpins mais, tu t'arrêtes très vite de brayer quand l'inconnu te fait cette remarque. Maman t'en achètera une nouvelle paire... T'es comme paralysée. Emprisonnée dans une boucle infernale où ces mots résonnent, où le rire de ta mère te vient aux oreilles et tu aurais presque envie de pleurer. Est-ce que c'est pour ça que tu en es là aujourd'hui ? Est-ce que ta vie serait la même si ta mère était présente en ce jour ? Est-ce qu'elle t'aurait dit de vivre ta vie comme bon le semble ou est-ce qu'elle t'aurait demandé de t'accrocher en tes rêves ? Tu secoues la tête comme pour te reconnecter à la réalité, comme pour chasser le souvenir de ta mère qui est beaucoup trop beau pour apparaitre dans un moment comme celui-ci, en présence de personnes aussi horribles que l'inconnu et son traqueur. Du coup, tu abdiques. Tu retires tes chaussures et tu montes à cette foutue échelle sans grande conviction. La gravité te donne envie de vomir mais, il te reste un minimum de dignité pour te retenir. Du moins, c'est ce que tu pensais avant que le blond ne se batte avec l'autre type. Tu les vois, de ton perchoir. Tu te penches légèrement et tu n'aimes pas ce que tu vois. Les yeux écarquillés, tu recules et tu vas vomir dans un coin. Ton teint est pâle et tes jambes menacent de te lâcher. Tu restes figée un instant. Tu ne peux pas bouger mais ses mots sonnent encore et encore dans ton crâne. Ceux de toute à l'heure mêlés à ceux qu'il prononce maintenant. Tu n'as pas envie de descendre mais si tu ne le fais pas, il viendra surement te chercher. Est-ce que tu préfères qu'il te jette du haut d'un toit ou qu'il t'égorge comme l'autre type ? Tu déglutis et inspires profondément. Tu trouves un bout de tuyau, seule arme qui te tombe sous la main et tu descends avec. Tu as la tête qui tourne et tu as du mal à rester en place. Tu te tiens loin de lui, tu fais même un pas en arrière et heurtes le mur. Ton morceau de tuyau pointé en sa direction, tu tentes de rassembler tes esprits. Vous... comptez me tuer ? Tu bafouilles. Tu as du mal à prononcer une phrase dans son intégralité. C'est déjà dur avec l'alcool mais quand la peur s'en mêle, c'est pas joli. Ma famille a de l'argent vous savez...? Si c'est ce que vous recherchez... C'est difficile. T'as les larmes aux yeux et tu déglutis pour ne pas pleurer. En réalité, tes bras tout entiers tremblent et ta pseudo arme ne sert à rien. Vraiment à rien. @Travis J. Alexander