@Céleste Courtin-Clarins | La soirée bat son plein, les gens vont et viennent dans la salle, entre les tables notamment, rejoindre celles et ceux qu'ils n'ont pas encore salué parmi leurs amis, règlent quelques comptes après le bazar causé par l'annonce des awards ou des razzies. Le bal d'Harvard, aussi somptueux que dramatique, comme chaque année, à l'image de ses étudiants qui se complaisent dans ce genre d'histoire. De loin, j'ai assisté à tout cela, sans vraiment y prendre part, commentant certains résultats, certaines réactions, amusée par le spectacle. Comme beaucoup, je quitte ma table, majoritairement occupée par des inconnu.es, ce qui n'a pour autant pas été un problème pour rejoindre quelques amis un peu plus loin, discuter avec ceux que je n'ai pas revu depuis les examens, ou plus longtemps encore. Ou moins longtemps également.

Mon regard se pose sur la somptueuse Céleste, déclarée la plus romantique pour cette année. Un résultat surprenant mais qui va me donner l'occasion de m'amuser encore un peu plus avec la jeune femme. Sourire aux lèvres, lueur de malice dans le regard, je m’approche de la jeune femme, glisse ma main dans dos une fois à sa hauteur et dépose mes lèvres sur sa joue pour la saluer. « Alors Mademoiselle la grande romantique. Tu passes une bonne soirée ? Est-ce que je pourrais t’enlever à ta cavalière le temps d’une danse ? » Je tends ma main devant elle, espérant qu’elle accepte. Je ne sais pas bien quelle relation elle entretien avec sa cavalière mais à la vue de nos dernières rencontres, je pense qu’elle pouvait se permettre une danse avec moi.

Quel plaisir (et quel soulagement, aussi) de ne pas voir les évènements du bal de l’an dernier se répéter. De pouvoir entièrement profiter de cette dernière soirée de l’année scolaire — qui plus est, et je ne vais pas m’en plaindre, en charmante compagnie. Que ce soit ma cavalière, mes amis ou celleux avec qui j’ai eu l’occasion de partager une danse pour des raisons diverses et variées (une promesse, une envie soudaine, une habitude…), bien qu’en réalité, je crois qu’il n’en manque qu’une à l’appel. Toi. Je t’ai aperçue à plusieurs reprises au cours de la soirée, mais l’une de nous semblait toujours occupée par quelque chose ou quelqu’un d’autre. Résolue au fait que j’allais devoir t’envoyer un certain message pour te réserver un moment post-bal, peut-être pré-Hamptons, voilà l’esquisse d’un sourire espiègle qui se dessine sur mon visage. Ah, ce parfum qui a enivré quelques-uns de mes moments relativement sexy de ces derniers temps. Ah, ces lèvres auxquelles j’ai enfin pu goûter, après des semaines à jouer au chat et à la souris avec toi et des mois où l’exclusivité était devenue mon quotidien. Sourire espiègle, certes, mais ravi. De te voir. De pouvoir effleurer ton bras du bout de mes doigts. « Es-tu sûre de vouloir commencer avec ça ? La grande romantique, uh. J’en ris encore, tiens. Mais bien sûr, je suis toute à toi pour le moment. » Nous allons dire que ma cavalière a, elle aussi, quelques connaissances à aller voir… et que j’ai bien le droit de m’échapper le temps d’une danse, comme tu l’as si bien dit. Une danse avec toi. Autant en profiter le plus possible. Ma main quitte ton bras pour venir se glisser dans la tienne, et je t’accompagne plus loin. Nos corps se rapprochent pour ce moment, je l’espère, virevoltant ; peut-être un peu plus que prévu, parce que je suis joueuse. Et que la proximité ne me dérange pas — encore moins avec toi. « À part le fait que je ne sache pas comment prendre l’award qu’on m’a remis, je passe une bonne soirée, oui. D’ailleurs, j’ose espérer que tu ne fais pas partie des gens qui ont pensé à moi pour cet award, mh ? » Parce que tu es très bien placée pour savoir que le romantisme, ce n’est pas vraiment mon truc. Je suis plutôt directe, pas de prêchi-prêcha gnangnan. Plutôt amoureuse de la sensualité et du sexy que du romantisme. « Et toi, alors ? Ton cavalier ou ta cavalière ne va pas m’en vouloir de te kidnapper un moment ? »

@Céleste Courtin-Clarins | Charmante et taquine avec la française, je lui adresse mon plus grand sourire alors que je lui fais face, en profitant pour la détailler. Elle a sorti le grand jeu, comme beaucoup d’autres étudiantes, et il faut admettre qu’elle a eu raison de le faire, car elle est de toute beauté. Une beauté douce qui a peut-être justifié le titre obtenu ce soir. Non pas celui de reine du bal, ce qui aurait pu être tout aussi amusant comme situation, mais celui de l’étudiante la plus romantique. Un titre qui n’était peut-être pas si ridicule que cela. Après tout, ça ne lui allait pas trop mal. Je ne sais pas vraiment comment elle était, une fois en couple, ou dans ses autres relations, mais de ce qu’elle avait pu me permettre d’entrevoir, elle dégageait une certaine douceur, même le temps d’une nuit. Ou un après-midi, bien trop court à mon goût. Ses doigts effleurent ma peau, provoquant un frisson, lié aux souvenirs de notre dernier moment passé en tête à tête. « Oh, mais tu sais que dès qu’il est question de jouer, je suis toujours partante voyons. » Et c’est sans retenue que je le ferais, pour le simple plaisir de voir son visage se renfrogner légèrement, et celui de continuer un petit peu ce jeu de chat et souris qui nous avait tant animé ces dernières semaines. Sa main glisse jusque dans la mienne, alors qu’elle accepte de m’accorder une danse. Nos corps se déplacent lentement jusqu’à la piste de danse, déjà bien occupée par de nombreux autres couples ou duo, avant de se refaire face, se rapprochant le plus possible l’un de l’autre, ce qui n’est pas pour me déplaire. Et à Céleste non plus. « Pour être franche, non, je n’avais pas pensé à toi pour cet award, mais il se pourrait bien que cela change pour les prochaines années. Je trouve que ça a un certain charme : Céleste Courtin Clarins, étudiante la plus romantique d’Harvard. » Expression espiègle sur le visage, j’étais prête à voter pour elle et m’en vanter aussi longtemps que possible si ça pouvait l’embêter même un peu. « Je suis venue seule exprès pour pouvoir profiter de ma soirée et n’en faire qu’à ma tête. Alors tu peux me kidnapper toute la nuit, personne ne viendra s’en plaindre. » Aucune envie de m’embêter avec un.e cavalier.e pour ce soir, de m’afficher avec quelqu’un pour faire semblant. Pas de cavalier.e pour ce soir, mais ça ne m’empêchait pas de m’amuser, et qui sait, de rentrer en charmante compagnie à la fin de la soirée.

@Elvira S. Kaine | Ce que tu vois te plaît, n'est-ce pas ? Je les vois, tes yeux légèrement baladeurs. Même si j'avoue que Gaspard a mis le paquet pour créer la robe que je porte ce soir — il me connaît trop bien. Il sait que j'aime plaire, que je me délecte du regard des autres lorsqu'il se pose sur moi d'une manière bien positive. Et il a fait du bon boulot. J'en suis encore plus convaincue grâce à toi, mon Elvira. « Et tu sais que j'aime et je préfère quand tu joues autrement, mh ? » J'arque un sourcil, laissant planer une touche de mystère, un soupçon de ce qui va piquer ta curiosité. Qu'y a-t-il derrière cet autrement ? Si tu savais. Probablement plusieurs choses. Et je suis persuadée que tu as déjà quelques idées, en ce qui concerne cette question. Notre proximité physique t'aidera, aussi. Ou peut-être qu'elle te perturbera. Parce que les dernières fois où nous avons été si proches, il n'y avait personne autour de nous. Ce n'était que toi et moi. Aucune barrière (et certainement pas vestimentaire). « Pfft, tu veux rire ? Ne me fais pas ça, ou je vais me faire railler jusqu'à la fin de mes jours ! J'ai déjà une furieuse envie de cacher ce fichu award, le jeter dans une boîte au sous-sol ou dans un grenier, histoire de le ressortir uniquement lorsque je serai sur mon lit de mort. Quelque chose comme ça. Et dire que j'avais pensé à glisser ton nom pour être élue reine du bal… Je suis déçue. Choquée et déçue. » Moue faussement boudeuse pour, pour une fois, plus attirer ta sympathie que ton espièglerie. Mais très vite, tu me fais rire doucement, commences à piquer ma curiosité. « N'en faire qu'à ta tête ? Comment ça ? » Est-ce que tu voulais défier quelqu'un, n'importe quelle personne qui aurait pu te faire une quelconque remarque ? Un membre de ta famille qui t'a charriée en te disant que tu devais être au stade désespéré de la recherche d'un.e cavalier.ère ? Bien que je sois persuadée du fait que tu aurais pu trouver quelqu'un en un claquement de doigts. Mais, bien plus que la raison pour laquelle tu as décidé de n'en faire qu'à ta tête ce soir en venant sans personne à ton bras, c'est la suite de ta phrase qui m'intéresse. « Toute la nuit, mh ? » L'une de mes mains replace une mèche rebelle derrière ton oreille, glisse le long de ta mâchoire, de ton menton. Le bout de mon pouce effleure ta lèvre d'une caresse rapide et brève. Trop rapide. Trop brève. Moi aussi, j'ai envie de jouer. Créer des étincelles, voir ce quelque chose naître dans ton regard avant que notre danse ne prenne fin. Te donner réellement envie d'être kidnappée aussi longtemps. « J'admets que ton envie d'être kidnappée toute la nuit est très tentante… Mais fais attention, je pourrais te prendre au mot. » Et après, on dit que c'est moi, la vile tentatrice ?

@Céleste Courtin-Clarins | Il est clair qu’il y a quelque chose qui me plaît dans ce genre d’évènements, quelque chose qui attise mon plaisir. Ces petites étincelles qui peuvent se créer à chaque contact, cette tension lancinante qui résulte pourtant de si peu. Un sourire, un regard, une caresse. Un rien et pourtant c’est tout un monde qui peut se deviner alors. Céleste et moi l’avons compris il y a bien longtemps, raison pour laquelle nous avions sorti le grand jeu ce soir. Il y avait quelque chose de plaisant à attirer les regards, et ça ne me surprenait pas que nous ayons cherché à le faire ce soir. « Vraiment ? Et de quelle façon préfères-tu que je joues ? » Malgré la lueur de malice dans mon regard, la question était purement rhétorique. Je commençais à bien connaître la française, en tout cas, suffisamment pour que certaines de ses intentions se passent de mots. Elle n’aimait pas être taquinée sur ce genre de choses dans lesquelles elle ne se reconnaissait pas la française, mais elle aimait qu’on joue au chat et à la souris avec elle, suffisamment pour montrer qu’elle savait plaire, mais aussi pour lui opposer une certaine résistance qu’elle se plaisait à briser. Exactement comme moi. A croire que nous n’aimions pas la facilité. Alors ce soir, on pouvait jouer, autant qu’il lui plairait. Après tout, nous étions là pour nous amuser une dernière fois entre les murs d’Harvard pour cette année non ? « Malheureusement pour toi, il se trouve que j’aime voir ce petit air renfrogné sur ton visage à la mention de ce trophée, et je me dis qu’il serait peut-être encore plus adorable si tu avais une collection de trophée. Tu ne penses pas ? » Je doute fortement qu’elle soit du même avis que moi, mais  la taquiner faisait partie de mes petits plaisirs. « Je n’y crois pas une seule seconde. A mon avis, tu avais bien d’autres noms sur ta liste avant le mien. » Et cela me convenait bien. Après tout, je ne cherchais pas ce genre de reconnaissance de mes camarades. « Disons que l’avantage de n’avoir ni cavalier ou cavalière permet de ne pas avoir de compte à rendre à la fin de la soirée. Pas d’interrogatoire si je disparais, ou sur les personnes que j’aurais invitées à danser. » J’étais libre comme l’air et c’est tout ce dont j’avais besoin pour cette dernière soirée de l’année. D’un geste, elle vient remplacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, ce qui me fait sourire, tandis que je hoche légèrement la tête pour confirmer mes dires. « Oui, toute la nuit. » Je ne cherchais pas absolument à rentrer avec qui que ce soit non plus ce soir, mais si l’occasion devait se présenter, je n’allais pas m’en priver. Sa main continue de glisser le long de mon visage, venant jusqu’à effleurer mes lèvres. La proposition l’intéressait-elle ? « C’est toi qui a les cartes en mains désormais Céleste. Moi je n’ai pas peur de rentrer avec la plus romantique de ces demoiselles. » J’en rajoute gentiment une couche, affichant un sourire empli de satisfaction et de malice. Un vrai petit diablotin parfois.