Le retour du spring break était laborieux. Certainement les vacances les plus fatigantes de l'année. Pendant celles-ci, les journées et les nuits s'enchainaient, oscillant entre promenades et soirées alcoolisées. Malgré tout, le spring break valait toujours la peine d'être vécu. D'autant plus que cela faisait quelques mois que je ne m'étais pas permise un tel moment pour souffler. Mais, comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin et j'avais retrouvé bien vite ma nature sérieuse.

J'étais tirée de ma rêverie quand je percutais malencontreusement un jeune homme. Relevant les yeux sur l'inconnu, prête à m'excuser, je me mis à bégayer en sentant mon visage changer de couleur. " Je... " Plus besoin de chercher ton prénom dans ma mémoire, à force de le voir s'afficher sur mon téléphone ces derniers jours, ça a fini par s'ancrer dans mon esprit. " Je ne t'ai pas vu ! " J'essaie d'esquisser un sourire pour paraitre détendue quand bien même j'étais rongée par ma nervosité.   

@Matian Escamilla

Un immeuble. Qui achète un putain d’immeuble ? toi, et tes projets en tête. Ceux de nouveauté, volonté suprême de balayer ce passé, changer d’air. Trouver une place dans un nouveau refuge safe. Mains dans le fond de tes poches, caressent le tissu rêche de cette veste, pas qui s’avancent le long de étages, des pièces. Visite concluante, coup de cœur intimement lié à ces rêves de nouvelle vie qui se dessine dans tes pensées. C’est ici que tu veux être, toi. Visite achevée, ton corps qui s’avance sur le trottoir avant de s’immobiliser pour finalement chercher ce téléphone si compliqué à trouver pourtant toujours à la même place. Silhouette féminine qui heurte ton espace vital. Ton pas qui se décale de quelques centimètres avant de relever ton visage vers elle, bulldozer à la voix reconnaissable Sourcils qui se froncent le temps de comprendre. C’est elle. Marla, bout de femme alcoolisée mangeuse de beignet. Ton visage qui se relâche, traits qui se retiennent de rire. Tu sais ce qui est drôle ? Y’a un magasin de beignet, donut, je sais pas.. juste là. Ton doigt qui pointe un angle de rue pas loin de vous. C’est une putain de coïncidence non ? J’vais croire que c’est toi qui me suis maintenant ! Qui voudrait te suivre, toi ? Le spécimen.

searchin' our hearts for so long, both of us knowing, love is a battlefield, we're losing control, will you turn me away or touch me deep inside ?

mdm kirk :

Mes joues changent de couleur dès l'instant où je réalise qui tu es. Le rouge s'intensifie quand tes yeux s'attardent, devenant rieurs. Tu sais très bien qui je suis, hein ? Il n'y a plus aucun doute possible. J'peux pas faire autrement que de reculer un peu, mettre des distances entre nous quand mon regard s'échappe du tien, finalement retenu par tes propos. " Tu sais ce qui est drôle ? Y’a un magasin de beignet, donut, je sais pas.. juste là. " Je n'ai même pas besoin de regarder, j'te crois. C'pas comme ci ce n'était pas courant pas ici. Mes dents accrochent ma lèvre alors que la timidité me rend complètement muette. Tu trouves ça drôle toi ? Perso, j'avais plus honte qu'autre chose. " C’est une putain de coïncidence non ? J’vais croire que c’est toi qui me suis maintenant ! " Ma tête se secoue doucement de gauche à droite. " C'toi qui m'a cherché sur meetsa " pas l'inverse.

Mes yeux se baladent derrière toi, sur l'entrée de l'immeuble dont tu sors, des habitations. " Tu habites ici ? " Parce que c'est ça qui serait le plus drôle, que tu me cherches alors que je suis juste à côté de ta porte.

Tu l’as cherché, oui. L’envie de retrouver cette ombre d’elle-même. L’envie de découvrir le visage de la sobriété, figure féminine, voix envoutante. Son parfum alcoolique qui remonte encore à tes narines. Opposé qui se dresse en face de toi, traits fermés, comme angoissée ? Billes ébènes qui plongent dans les siennes, taquin. Sans l’once d’une gêne dans cette prestance habituelle. L’allure décontractée, quand tes mains sont restées dans le fond de tes poches. Tu ricanes à ses mots quand ses yeux passent au-dessus de ton épaule. Hé bien je crois que je vais bientôt habiter ici, oui. Quelques secondes de silences marquées par ton visage concentré. Pourquoi ? Madame est curieuse ou madame cherche une réponse à cette question parfaitement ciblée ? Pour tout de dire j’ai vendu mon appartement et j’en visite encore d’autres, mais j’dois dire que j’aime bien celui-là. Rien à voir avec ce bar à beignet en coin de rue, non. Je sais pas, t’as un peu de temps devant, peut-être ? Sous-entendus : ça te dit d’aller marcher un peu ensemble ? Je veux pas te déranger. Tes prunelles qui continuent de l’a fixer, dévisager la légèreté de ce visage.

searchin' our hearts for so long, both of us knowing, love is a battlefield, we're losing control, will you turn me away or touch me deep inside ?

mdm kirk :

" Hé bien je crois que je vais bientôt habiter ici, oui. " Ah. En voilà une nouvelle. Comme quoi le destin a décidé qu'on devait vivre l'un à côté de l'autre depuis le spring break. Enfin, c'pas comme si j'coyais au destin, mais ça faisait beaucoup en peu de temps. " Pourquoi ? " Légère grimace qui s'accompagne d'un haussement d'épaules nonchalant. " Comme ça ". Excuse-moi, mais je préfère garder mes informations personnelles pour le moment. Puis, dans tous les cas, tu comprendras vite que de vivre à côté d'un prince maniaque, c'est l'Enfer. J'ai pas envie de te gâcher la surprise tout de suite. " Pour tout de dire j’ai vendu mon appartement et j’en visite encore d’autres, mais j’dois dire que j’aime bien celui-là. " Je hoche la tête, sourire timide aux lèvres. " Le coin est sympa, mais à c'qui parait, les voisins sont des connards ici. " J'dis ça, j'dis rien. Juste comme ça. Non sans un brin d'humour. Tu as dû flairer la supercherie parce que tu t'attardes pas plus longtemps. " Je sais pas, t’as un peu de temps devant, peut-être ? " J'acquisse. Je suis silencieuse par timidité, non pas par ennui. " Je veux pas te déranger. " Mes joues se colorent à nouveau sous ton regard trop curieux. " Tu ne me déranges pas. Puis j'comprends, tu veux mon avis sur les beignets maintenant ! " Et mon doigt pointe la direction, parce que j'avais compris ce qui se tramait dans ta petite tête.