“N’essaye même pas.” La phrase, teintée d’un accent slave dont Natalia rêverait de se débarrasser, claque dans l’air et est prononcée assez fort pour que le trentenaire puisse l’entendre au-dessus de la musique. Elle lui jette un regard assassin, se décale d’une place - pour son propre confort - et commande un autre verre à sa barmaid préférée. Vodka pur sans glaçon mais qui sort du congélateur, comme à l’accoutumée. Elle remercie son amie d’un clin d’oeil et discute ici et là avec les habitués de l’endroit. Ils la connaissent, savent qu’on ne touche pas à Natalia et on ne la regarde pas trop longtemps non plus, sous peine de subir son courroux. Si Natalia a autant de personnalités qu’il n’y a de jours dans l’année, celle qu’elle arbore est toujours la même au Sidh : inaccessible. Elle sait ce que la plupart des gens sont venus chercher et c’est exactement ce qu’elle leur donnera jamais. Elle s’assure d’ailleurs toujours que “ses” filles et ses gars sont volontaires et savent qu’ils peuvent partir à tout moment. C’est un point qui tient autant à coeur à Lyra qu’à Natalia - presque en tout cas, quand il est vital pour la brune. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle prend la peine d’être là plusieurs fois par semaine même si elles leur dit que c’est pour s’assurer qu’ils font bien leur job. C’est faux, quand elle n’a aucun moyen de vérifier comment ils se comportent dans les chambres avec les clients. Elle leur fait de toute façon entièrement confiance ou ne les jetterait pas sur le devant de la scène.
Son verre fini, Natalia fait signe à Joey, au loin, qu’elle fille. Le sommeil se fait difficile en ce moment et la jeune femme préfère donc tâcher de se coucher tôt ; tout est relatif - il est tout de même une heure du matin. Elle note qu’elle passe devant l’individu désagréable de tout à l’heure et est à l’affût de tout geste de sa part. Tous ses muscles se tendent et elle se fige à la seconde où elle sent sa main sur sa hanche. Natalia ferme les yeux et s’efforce de ne pas écouter ses réflexes qui lui suggèrent d’attraper la première bouteille qui lui vient sous la main, de l’exploser sur le comptoir et de le menacer. Elle s’apprête à lui dire de se décaler mais croise son regard et sait qu’elle va se montrer violente si elle s’adresse à lui - surtout quand il prend sa voix mielleuse pour lui suggérer de rester et d’arrêter de faire sa difficile. “JOSEPHINE!” hurle-t-elle, sachant comme elle déteste son prénom et que ça l’incitera à être réactive. “Dis-lui de récupérer sa main et de se barrer ou c’est moi qui fait le sortir, et je garantis pas que ça sera pas les pieds devant.”