new life, new choices, fresh starts (04.03.22) ★ ─ w/ @Anton Azarov

Cela fait de nombreuses nuits déjà que mon sommeil est plus que perturbé. Rythmé par tous les petits bruits que cette mini-crevette est capable de faire. Par ses réveils, aussi. Fréquents et d’une régularité stupéfiante. C’est l’appel de la faim ; et donc, l’appel du sein. Dans ces moments où elle prend ce qui est à prendre, je n’ai que mes pensées pour m’occuper – et me tenir éveillée, si vraiment je pique sévèrement du nez. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est le Newbury Comics qui a envahi mes pensées cette nuit. Et toi, par la même occasion. Anaé venait de se rendormir une énième fois contre moi, avant même que la première lueur du jour ne fasse son apparition, que je décidais qu’il était temps de te revoir. Hors de question d’en perdre encore. Hors de question de m’enfermer dans mes mauvaises habitudes quand quelqu’un compte autant pour moi. Quelqu’un comme toi. Oui, je ne t’avais pas recontacté depuis cette soirée où tu m’avais présenté tes excuses. Oui, j’avais eu peur de te pardonner, de m’attacher à nouveau et de retomber de haut. D’être blessée. Encore une fois. Mais je me suis pris cet électrochoc il y a à peine un peu plus d’un mois, qui me hurle de ne pas te laisser partir. Pas maintenant. Plus jamais. C’est pourquoi je me retrouve au Newbury Comics l'après-midi-même, une écharpe de portage sécurisant ce petit bébé rassasié et qui se met à somnoler contre ma poitrine. Le lieu semble être calme à cette heure-ci, et ça me rassure – elle est sensible aux bruits environnants. Elle aurait pu être plus touchée par ceux de la rue, mais je crois qu’être collée à moi l’apaise. Plus les jours passent, plus je perçois ce genre de petits détails qui la concernent. Enfin bref, te voilà. Dans l’espace restauration de ta boutique (très rétro). Tu m’as l’air absorbé dans ton travail. Je m’approche doucement, comme pour ne pas te perturber ou te sortir de ta concentration. « Salut Anton. » que je glisse poliment, un sourire presque timide sur les lèvres. Ça ne me ressemble pas, hein ? « Tu… aurais un peu de temps pour moi ? »

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Je redresse la tête de mes menus à modifier pour le mois prochain, quand on m'appelle. Et je découvre une Céleste .. accompagnée. Moment de flottement, la bouille surprise. Déjà par sa venue, je pensais qu'elle avait fait une croix sur moi. Et parce qu'il semble avoir un bebe tout frais contre elle. Et je plaide également coupable, je n'ai pas osé la recontacter, de peur de paraitre insistant et envahissant. Avais-je eu tort ? Je n'ai plus de certitudes concernant mes relations humains même avec ma moitié. J'aimerais qu'il en soit autrement mais je n'arrive pas à changer. Faut-il songer à une seconde chance qu'elle m'offre ? En tout cas, je n'aurais pas peur de la saisir, si tel est le cas. . Je sais pas trop comment réagir. Je finis par hocher la tête, et l'invite à prendre place sur un siège, reculant la table pour qu'elle est plus d'espace, pour elle et .. le bebe, ayant moins de monde pour le moment, le timing était parfait. J'admets, être un peu bête mais je n'oublie pas pour autant l'hospitalité. Tu veux boire et manger quoi ? J'ai de tout aussi bien en sucré et salé, tout comme le soft et l'alcoolisé.. Même si je pense pas que ce soit d'actualité. Je .. Comment va ? C'est .. Ta nièce ? Ou .. Neveu ? Masquer mes ressentis n'est toujours pas mon fort mais je reste souriant.

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Ton attention est rapidement captée, et elle laisse place à une mine surprise. Je n’arrive pas à savoir ce qui te surprend le plus : ce petit bout blotti contre ma poitrine ou le fait de me voir là, engageant une conversation sans aucune animosité ? Peut-être les deux ? Je te remercie quand tu m’invites silencieusement à prendre place. « Mh… Je suis bien tentée par quelque chose de sucré. » J’ai envie de sucre (puis dans même pas une heure, ce sera l’heure du goûter). Et, tandis que mes yeux parcourent la carte, tes paroles finissent par me distraire. Ma nièce ou mon neveu ? Un faible rire m’échappe. Tu me crois si je te dis qu’il y a plus d’un mois, j’ai espéré que ce soit le cas ? « Non. C’est… ma fille. » Je déglutis, encore un peu mal à l’aise avec ce terme. Je suis consciente que c’est la vérité – ce qu’il s’est passé est indéniable, après tout –, mais c’est toujours aussi étrange de le dire. Et de le penser. Ce minuscule bébé est un bout de moi. Cette crevette est à moi. C’est ma fille. Ma fille. Ouais, je ne suis clairement pas habituée à tous ces termes qui prouvent que je lui ai donné la vie. Et ça peut paraître fou, étant donné que ça fait pratiquement une semaine que j’ai réellement embrassé mon rôle de jeune maman… mais c’est comme ça. J’ai encore du mal. Peut-être que ça viendra, peut-être pas. Ou peut-être que je refuse encore de me l’avouer. Probablement un reste du déni, ou une séquelle. « Je te prendrais bien un verre d’alcool mais j'ai décidé d'allaiter, donc ce sera pour une prochaine fois. » Rire un peu pour dédramatiser la situation. Rendre l’annonce plus légère. Puis, tout au fond, me convaincre que je peux effacer ou, du moins, rattraper toutes les erreurs faites pendant ma grossesse secrète en préservant Anaé de toutes ces saloperies, maintenant qu’elle est là. « Tiens, si tu as encore un D-Lice Muffin, j’en veux bien un ! S’il te plaît. » Nous verrons plus tard pour la boisson. « Ça peut aller, j’essaie de… gérer ma nouvelle vie, dis-je en posant ma main sur le dos de ma crevette. Et toi, depuis la dernière fois ? » Je ravale les excuses de ne pas t'avoir recontacté en six mois – ce n’est pas encore le moment de les sortir. Elles attendront encore un peu.

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Un oh m'échappe dès qu'elle annonce que c'est sa fille. Cela fait pourtant pas longtemps qu'on s'est croisé.. Et si je compte bien, j'aurais peut-être pu le remarquer .. Faut croire que non. Eh bien, toutes mes félicitations. Je vais te faire un plateau sucré. Ca m'évitera de la regarder comme un poisson. A aucun moment, je me serais dit qu'elle voudrait d'un enfant. Enfin, de toutes les conversations qu'on a eu par le passé, ça ne semblait pas d'actualité. Après, j'ai coupé le lien et je peux aisément comprendre que ses désirs aient évolué. Mais ça reste quand même assez incroyable à voir. Céleste est maman. Si sa fille à le même caractère qu'elle, elle en boutera plus d'un sur la touche.

Je file dans la cuisine, pour tout lui préparer. Pancakes, muffins et crêpes. Une bonne quinzaine de minutes et je reviens avec de quoi nourrir un régiment. Après elle a un enfant .. Oui, je le répète et allaite .. Ca doit être épuisant. C'est en tout cas, la façon dont je justifie pour lui rapporter tant de victuailles. J'ose prendre place en face d'elle, m'ayant fait un chocolat chaud également. Je fixe la petite chose contre elle.. C'est minuscule quand même. C'est effrayant. Ca va bien, je continue de faire tourner le commerce, c'est un peu ce qui me motive à me lever le matin. La Vie suit son cours et ça me va bien. Passer sous silence, l'accident de Keelan, la prise de drogues et autres négativités. Elle n'avait pas besoin de ce lourd bagage actuellement. Comment s'appelle t-elle ? Elle a combien de jours ou semaines ? Vu comment elle semble petite, elle est parmi nous depuis peu, je me trompe ?

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Sourire fragile, prêt à vaciller, face aux félicitations du brun. « Merci… » C’est ce qu’il faut dire dans ces moments-là, n’est-ce pas ? Quand on me félicite pour la venue au monde de ce… de mon bébé ? Encore des marques à prendre, des réflexes à acquérir. Tout comme dire, admettre à haute voix, qu’Anaé est ma fille, remercier les personnes qui me félicitent pour sa naissance me secoue encore un peu. Mais je suppose qu’il va falloir que je m’y habitue – du moins les premières semaines. C’est ma nouvelle vie, après tout. Ma réalité. Mais je ne t’en veux pas. Je sais que ce n’est pas malveillant, que tu ne comptes pas me bousculer un peu plus que ce qu’on m’a déjà bousculée. Tu es dans l’ignorance la plus totale. Pour l’instant. Je t’en parlerais probablement plus tard, après que tu sois revenu avec ce plateau sucré que tu souhaites me préparer. Cela me permet de me plonger dans un petit moment avec Anaé. Les petits muscles de son cou travaillent dès qu’elle tente d’observer ce qu’il se passe autour d’elle. Les couleurs de ta décoration attirent son regard, bien qu’il ne soit pas encore parfait. Je lui parle, lui décris ce qu’il y a autour d’elle. C’est un peu instinctif. Discuter avec elle, même si ça ne va que dans un sens. Lui chanter des berceuses, des comptines. Lui parler encore, jusqu’à réaliser qu’elle s’est endormie contre moi. Je dois battre le record du nombre de monologues en une journée. « Oh mais Anton, tu me gâtes ! » que je m’exclame soudainement, ravie malgré tout. J’avais demandé un D-Lice Muffin, et te voilà en train de poser sur la table un plateau abondant, garni de pancakes, crêpes et muffins ! J’en salive d’avance – tout a l’air délicieux. « Tu en manges avec moi, mh ? » Petit tête-à-tête improvisé. Comme avant. « Tant que tu aimes ton boulot, c’est l’essentiel. Où est-ce que tu vis exactement, sur Boston ? » Ça m’avait manqué, ces petits moments ensemble. Un sourire plutôt doux se dessine sur mes lèvres avec toutes tes questions. Ça m’aide, psychologiquement parlant, quand je vois que mes proches sont prêts à s’investir (à leur façon) dans cette aventure. « Elle s’appelle Anaé. Et oui, elle est là depuis peu, en effet. Elle a eu un mois il y a environ une semaine. » Un mois, déjà ! Le temps défile si vite. Son petit corps, blotti contre mon buste, commence à s’étirer, comme si l’écharpe était de trop. « Est-ce que tu veux la porter ? » Parce qu’après tout, tu as été – et es encore, malgré tout – un ami précieux à mes yeux. Je t’ai accordé ma confiance il y a de cela des années et, bien qu’elle ait été un peu chahutée par le passé, il y a toujours des restes quelque part.

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Je croque dans un muffin pour répondre à sa question. Pour manger, je peux être d'un grand soutien, sans hésitation. Mais je doute que ce soit un sujet des plus intéressant. Je lui explique je vis en coloc, lui présentant chaque membre de la villa en photo et l'invite également à les rencontrer. Ils sont parfaits. On est un beau groupe, je trouve. Bon, parfois, certains propos et gestes faisaient remonter le manque de confiance en moi vis-à-vis de Keelan mais en général, l'ambiance est toujours au beau fixe. C'est rassurant d'avoir une personne jamais loin. Je me fais curieux concernant, sa petite fille. J'ai encore du mal à y croire mais elle semble fatiguée et véritablement ravie de son nouveau statut. De quoi y songer pour moi-même.. Mais je me savais beaucoup trop instable pour avoir un enfant et Keelan est encore lui-même un gosse parfois et moi aussi. Donc c'est largement suffisant. Je range vite cette idée pour mes 35 voire 40 ans. Bouche qui s'ouvre et se referme quand elle me propose de porter Anaé. J'ai peur de lui faire mal. Elle est vraiment très très petite. Pourtant, Céleste semble confiante et m'y encourage. Je sais pas comment on fait pour porter les bébés, tu sais. On n'a pas tant d'enfants dans la famille. Enfin la plus récente est Aurore mais elle est déjà bien grande. Alors j'écoute attentivement la maman et me retrouve avec un petit être dans mes bras. Elle est légère.. C'est incroyable. Bonjour toi. C'est bon, le coeur fond. Je redresse la tête quelques secondes, restant comme un piquet, avec l'angoisse de la faire tomber mais je ne voulais pas non plus négliger la maman. Et sinon, comment tu te sens vraiment ? Apparemment la première année peut être compliqué. Le père t'aide ?

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Je me penche un peu quand tu me présentes tes colocataires. Pas une nana à l'horizon, mais ils ont de bonnes têtes, les gars. « J'ai l'impression que vous matchez bien, même physiquement. Qu'est-ce qu'ils font dans la vie ? » Tu peux dire que je suis curieuse (c'est vrai), ou même que je m'inquiète (ce qui peut être vrai également). Mais oui, j'ai envie d'en savoir plus sur ces personnes qui partagent ton quotidien. Est-ce que tes colocataires travaillent, eux aussi ? « Mais avec plaisir pour les rencontrer un jour. » Ça serait bien. Voir comment ils sont en général, comment ils sont avec toi, aussi. Mais d'abord, je vais voir comment tu es avec Anaé. « Ne t'en fais pas, je vais la poser contre toi. Mais l'essentiel, c'est que tu maintiennes sa tête, elle n'y arrive pas encore toute seule, que je dis tout en relâchant doucement l'écharpe de portage autour de nous, avant de me lever pour la glisser dans tes bras. Et ne te crispe pas. » Même si je ne peux pas t'en vouloir si c'est le cas ; moi aussi, au départ, ça me crispait quand la sage-femme la posait contre moi. Sourire attendri lorsque je te vois avec ma crevette dans les bras. C'est beaucoup trop mignon. « Détends-toi ! Ça va bien se passer. » Un rire dans la voix tandis que je regagne ma place, te la confiant entièrement. Et là, je commence enfin ce Muffin D-Lice. Il porte bien son nom. Je le goberais presque, tant mon estomac semble vide. C'est l'allaitement qui fait ça, je crois. « Je m'y fais, dis-je tout en ravalant ma salive, les épaules se haussant légèrement. Une bouchée de muffin avalée, et je poursuis, à vrai dire, c'est un bébé surprise. Je suis partie dans le Wyoming pour skier avec des amis, et j'ai fini par… accoucher. Soudainement. Et prématurément. Elle a passé un mois en couveuse et nous sommes revenues la semaine dernière, ils nous ont autorisées à rentrer à partir du moment où elle a atteint deux kilos. C'est pour ça qu'elle est toute légère. » J'ai le cœur qui se serre, l'estomac qui se noue au fur et à mesure que je te confie l'histoire de sa venue au monde. Le déni de grossesse total, sa prématurité, son mois en couveuse, notre retour. Et mon quotidien qui a changé depuis une semaine. Je me masse le front en soupirant. « Ça ne fait qu'une semaine que je suis vraiment seule avec et je suis crevée. Je ne sais pas trop comment ça va se passer, pour tout t'avouer… » Un bébé dont j'ignorais l'existence jusqu'à sa naissance et avec qui je vis désormais. J'avance au jour le jour, fais de mon mieux pour gérer les changements dans ma vie, angoisse par rapport à d'autres. Concilier ma vie de femme et ma vie d'étudiante avec ma nouvelle vie de maman. Je ne sais pas du tout comment je dois faire tout ça – comment je vais faire tout ça. Moi qui suis une toquée de l'organisation, ça me fait tout drôle. « Eh bien, il n'y a pas vraiment de père. Enfin, je ne sais pas vraiment qui l'est. » Je suis consciente de ce que les autres peuvent penser lorsque j'annonce ça ; ce n'est, en général, pas vraiment glorieux. Mais je me souviens de toi comme un jeune homme ouvert d'esprit, compréhensif. « Mais je compte tirer ça au clair, avec les hommes qui peuvent possiblement être son père. » Et nous verrons bien qui sera l'heureux élu, je suppose.

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Je prends le temps de raconter la Vie de chaque membre tout en riant à son compliment. Différent mais complémentaire. C'est assez déstabilisant par moment. Jeune maman m’expliquant comment porter sa chaire. Et je m’implique tant la peur de la faire tomber est présente. Même si elle est légère, une glissade est vite arrivée. J’ai l’impression de la serrer trop fort. D'avoir un trésor entre les mains. C'est le cas, dans un sens. Est-ce que ma Vie serait aussi chamboulé en devenant père ? Frisson qui me parcourt tant l'idée me parait inconcevable. Surtout avec mes actes et ce train de Vie dont je ne suis pas du tout prêt à quitter. Je finis quand même par prendre confiance en nous deux. Son odeur apaise plutôt bien je trouve. J’écoute sa mère et les circonstances de sa venue. Et il serait mentir de dire que ca ne me surprend pas. Celeste étant toujours précautionneuse. Et que là, il y ait pu avoir un couac. J’ai pas vraiment les mots. Elle a juste en face d’elle la tronche d’un type surpris. Je ne t’imaginais pas maman. Pas de sitôt en tout cas. Je n'ai pas du tout les mots. Je te souhaite de trouver le père de cette petite. Je ne sais pas trop comment ça se passera entre vous. Mais c'est cool et respectueux que tu aies decidé de faire les démarches. En tout cas, en te voyant faire, je n'aurais jamais deviné que cela fait que quelques jours que tu es maman. Tu sembles trouver un rythme suffisamment plaisant pour vous deux. Et même si, je suis possiblement pas fiable, de part mon passé, si tu as besoin de te changer les idées ou même de dormir, tu es la bienvenue que ce soit ici ou chez moi. Je suis certain que les autres gugusses et moi-même donneront le maximum pour bien s'occuper de ta mini-toi. Je ne sais pas si elle prendra au sérieux ma proposition et si elle nous trouvera légitime, la peur de confier son enfant peut aussi se comprendre. Ca me donne l'idée d'ouvrir un coin parent-enfant et même pour les enfants tiens. Tu voudrais m'aider ?