L'option d'un restaurant s'était avéré la meilleure option pour accueillir, en terrain neutre, les parents de Pia. Déjà attablés, Ryke la sentait s'impatienter nerveusement à ses côtés, jetant continuellement des regards vers l'entrée, d'où devaient apparaître ses parents, d'une minute à l'autre. À ses côtés, le trentenaire semblait calme, posé, détendu, alors qu'il se préparait déjà à sortir sa copine d'un enfer si l'échange venait à s'envenimer... Sous les tables, sa main glisse discrètement pour aller se poser sur la cuisse de la jeune femme, geste tendre pour la rassurer et lui rappeler qu'il ne l'abandonnerait pas, coûte que coûte. Si c'est trop pour toi, tu me fais signe et on dégage aussitôt bébé. Et il se penche vers elle pour déposer un baiser à la naissance de son cou, tout sourire, avant de se redresser.

@Pia Sondheim

elle préférait faire ça en public, parce qu'entre les quatre murs de son appartement, les mots auraient pu être plus dur, plus violent, elle le sait pia, elle connaît ses parents, et la raison de leurs venus n'est pas simplement pour les vacances, discuter du truc, voilà comment elle l'avait qualifié sa mère dans le sms reçu la veille. alors la voilà la brune, dans un restaurant en compagnie de ryke, il avait tenue à l'accompagner, et même si elle était gênée de l'embarquer dans cette galère, elle était rassurée de l'avoir à ses côtés. plus le temps passaient, plus l'appréhension se faisait plus grande, elle guettait pia, à chaque personne qui passait la porte, c'était son coeur qui ratait un battement de peur que ce soit eux. elle sentit la main rassurante de ryke venir se poser sur sa cuisse, instinctivement elle vint poser la sienne par dessus, lui adressant un sourire dans la foulée, le baiser qu'il vint lui offrir la calma également. "merci mon coeur, je..." et alors qu'elle s'apprêtait à continuer elle se figea, car à la porte elle reconnu ses deux parents adoptifs, à l'heure au rendez vous. "putain je vais pas y arriver." qu'elle lança à ryke, elle sentit son rythme cardiaque accélérer, l'angoisse était en train de monter, la confrontation qu'elle redoutait depuis quelques semaines était sur le point d'arriver.

la voix de pia se brise, s'interrompt lorsque deux silhouettes élancées font leur entrée, zieutant la salle jusqu'à repérer vos deux têtes bien dressées parmi les autres. ce n'est plus la nervosité, mais bien la panique qui s'empare de la jeune femme, à mesure que ses parents approchent de votre table, guidés de l'hôtesse. avant qu'ils n'arrivent à votre hauteur et ne vous entendent, tes doigts viennent récupérer la main de pia, que tu serres fort, étreinte rassurante de ta présence qui ne quitterait jamais ses côtés. tu vas y arriver. c'est qu'un dîner comme les autres. et tu lui souris, de ces sourires craquants dont toi seul avait le don, derrière lesquels se cachait généralement quelques promesses et sous-entendus qu'elle seule comprendrait. malgré tout, une boule se forme dans ton estomac, de la peur que les choses ne tournent mal et n'émiettent davantage le coeur de pia, et la nervosité de revoir paul et gina, pour la première fois en tant que couple. enfin arrivés à votre hauteur, tu quittes la main de pia pour serrer fermement celle de son père, grand homme à la carrure carrée, encore plus imposant que dans ton souvenir. monsieur sondheim, que tu lâches poliment, en te raclant la gorge. le regard qu'il te lance te donne froid dans le dos, mais tu tentes d'en faire abstraction en déposant une bise sur les joues de sa mère, petite femme élégante et coquette, qui, au contraire de son mari, ne te prêtait pas la moindre attention et ne quittait pas sa fille des yeux.

@Pia Sondheim

ils sont là, en chair et en os devant leurs yeux, elle croit défaillir pia en les apercevant, un flot de chaleur intense parcourant son corps, comme une grosse montée de fièvre d'une demi seconde qui pourrait la mettre k.o à tout instant. heureusement elle a ryke, toujours la pour la soutenir, toujours avec ce sourire bienveillant, ce sourire qui en disait long et qui avait le don de la relaxer. les voilà donc tout les deux à leurs hauteurs et c'est ryke qui combla le silence entre eux quatre, si autour les gens ne parlaient pas, l'ambiance serait bien morose. elle voyait bien pia dans leurs regard qu'ils ne s'attendaient pas à voir le compagnon de la demoiselle, que ça les dérange, et elle se dit donc qu'elle a bien fait d'accepter qu'il vienne, parce que seule elle n'aurait pas eu les épaules, pas eu la force de lutter contre eux. ils n'ont jamais vécus de conflit tel que celui ci, parce qu'il n'y avait pas lieu d'être, mais pia sait pertinemment comment ils sont quand la colère les envahis. depuis le coup de téléphone où elle avait tout déballé, plus trop de nouvelles, d'un côté comme de l'autre, alors cette visite à l'improviste, elle savait très bien que ce n'était pas pour faire le tour de boston. "maman, papa." qu'elle finit par lâcher d'une petite voix tout en venant leurs faire timidement la bise comme elle le ferait à un inconnu. les voilà tous assis, pia n'osant pas les regarder mais sentant sur elle leurs regards. "c'est...ryke, vous vous souvenez ?" qu'elle dit pour essayer de meubler, un simple hochement de tête en guise de réponse, la brune à la gorge sèche, elle se jette sur son verre d'eau, sous la table elle sert la main de ryke si fort qu'elle a peur de lui faire mal. elle a la boule au ventre, angoissée quand à la suite des évènements. "vous...vous avez fait bon voyage ?" des réponses courtes, sèches, elle essaye pia de repousser le moment où arrivera sur la table le fameux sujet.

à leur hochement de tête las, il comprit qu'ils se souvenaient, mais qu'ils n'avaient dû conserver que les souvenirs déplaisants dans le but de nourrir un dégoût abject pour le copain de leur seule et unique fille. il est parsemé de doutes en croisant le regard méprisant du paternel, creusant dans sa tête les endroits, les moments où il avait pu merder étant adolescent et blesser leur petit trésor. se reculant pour retrouver sa place près de pia, il enroule son bras autour d'elle, pour la rassurer, mais aussi pour s'accrocher à son pilier. l'ambiance était glaciale, peu propice aux échanges joviaux. leurs réactions respectives donnaient déjà le ton au reste de la soirée. on s'assied? qu'il demande, ses fesses retrouvant le confort presque sécurisant de sa chaise, dans laquelle il se cala, le dos pourtant bien droit, attentif aux moindres détails, aux moindres répliques, aux moindres réactions. le silence était inconfortable, d'autant plus que les quatre individus autour de la table savaient tous bel et bien pourquoi ils se retrouvaient ici, ensemble. et ce n'était pas pour chanter les louanges de ryke.

@Pia Sondheim

que diable venait elle faire dans cette galère, c'est ce qu'elle se répétait en boucle dans sa tête pia, s'en voulant d'avoir commencé les recherches, d'avoir trouvé autant de choses négatives vis à vis de son adoption, si elle n'avait pas été aussi curieuse, ce déjeuner n'aurait pas lieu, elle serait au chaud, chez elle, blottit dans les bras de ryke devant un film et pas en train de suer à grosses gouttes dans un restaurant au centre ville de boston. enfin un serveur se présenta à leurs table pour prendre la commande des boissons, le père de pia choisit un whisky, sa mère un simple verre d'eau, elle laissa ryke faire son choix et termina par réclamer un verre de vin rouge, l'alcool aiderait peut être à dissiper le stress qui l'accablait. quand autour d'eux les conversations se faisaient joviales, riantes, et pleine de vie, ici le silence de mort avait pris place, pia lançait des regards à ryke, se rassurant comme elle peut. "j'ai retrouvé ryke en octobre, c'est drôle parce que j'étais tombée à son club d'escalade et c'est là où on s'est revu pour la première fois." elle sortit ça sans trop savoir pourquoi, elle voulait noyer le poisson, mais elle ne faisait qu'agacer ses parents en face. c'est sa mère qui pris les devants et lança la première pique nous ne sommes pas là pour parler de lui pia. un ton sec, à nouveau, qui lui fit instantanément baisser les yeux, elle le savait, elle était loin d'être bête la brune. d'ailleurs je ne sais même pas ce qu'il fait là, qu'elle ajouta. "c'est mon compagnon et il a le droit de m'accompagner." qu'elle rétorqua, prenant la défense du garçon. poing sur la table posé par son père qui calma tout le monde directement, les boissons arrivant au même moment, pas le goût de trinquer, elle engloutit une première gorgée sans demander son reste, ce repas allait être beaucoup trop long.

à l'opposé de sa douce, ryke avait commandé une bière qui, une fois arrivée et déposée sur la table devant lui, se réchauffait sous ses yeux, sans qu'il n'ait eu réellement envie de l'engloutir à grandes gorgées. il n'était pas le bienvenu autour de cette table, où tous se fusillaient d'un regard noir, sombre, terrible, les non-dits se posaient sur la table à la manière d'une condamnation. le point de paul s'abattit sur la table, faisant vibrer les verres et les coupes, attirant sur eux des regards curieux et choqués. une nouvelle fois, ses doigts glissent sous la table pour se déposer tendrement sur la cuisse de la jeune femme, qu'il sent trembler sous ses mains. de rage? de honte? de peur? d'angoisse? il ne saurait dire. c'est moi qui ai insisté pour être là, ce soir, qu'il avoue en s'adressant calmement, le regard alternant entre les deux silhouettes qui leur faisaient face. et j'aimerais que les échanges soient civilisés. autant vous avertir tout de suite qu'à la moindre remarque désobligeante, on se lève et on s'en va. je ne crois pas que c'est ce que vous vouliez en venant ici. il jette sur pia un regard attendrissant. ce que vous êtes venus pour lui dire, dites-le. gina étant une amie de longue date de sa mère, toujours s'était-il montré respectueux. mais si les choses s'envenimaient ce soir, il n'oserait pas à se montrer plus dur.

@Pia Sondheim

elle essaye de garder la face, de ne pas sombrer, et puis à ses côtés elle a son phare, celui a qui elle peut se rattacher pour retrouver son chemin, elle le sait et il en donne encore la preuve en prenant les devants. pia elle voit bien sur le visage de ses parents que ça ne plaît pas, ils n'aiment pas qu'on leurs tiennent tête de toute manière, peut importe qui, elle a déjà vu son père faire renvoyer un réceptionniste d'un hôtel alors que c'était lui qui était en tord. elle adresse un léger sourire à son petit ami, accompagné d'un regard qui veut dire merci, si il n'était pas présent aujourd'hui elle se serait si facilement noyée sous les remarques, les critiques et autres réflexions. tu le sais très bien de quoi on veut parler pia, que sa mère vient dire pour surenchérir, oh oui, que trop bien, ces révélations qui la hante depuis des mois, qui font que toute sa vie est remise en question et basée sur un mensonge. c'est lui qui t'as mis ça dans la tête, c'est ça ?, son père prend le relais, ils parlent de ryke comme si il n'était pas là, comme si il n'existait pas, et ça, en plus des fausses accusations, pia elle ne le supporte pas. "vous vous foutez de moi ?" seul réaction qu'elle arrive à avoir, encore stupéfaite de ce qu'elle vient d'entendre, "ryke n'a rien à voir la dedans, et au contraire, sans lui j'aurais peut être sauté du haut d'un pont de boston il y a quelques mois." qu'elle vient lâcher telle une bombe. elle sent les larmes lui monter aux yeux, parce qu'elle comprend que ceux en qui elle avait le plus confiance, ceux dont elle aurait besoin en ce moment, et bien ils ne la croient pas. que tu le veuilles ou non tu as été abandonnée pia, elle a envie d'hurler, d'hurler si fort à s'en détruire les cordes vocales, mais à la place elle sort de son sac un article de presse roumain, sur lequel est surligné des passages bien précis, "je vous fais la traduction si vous voulez." qu'elle lance sèchement. "avril 1998, sous couverts de faux rendez vous médicaux, des bébés roumains sont arrachés à leurs familles pour être revendus par une fausse association à de riches familles d'europe, d'asie et d'amérique." elle ne bégaye pas, n'oublie aucun mot et une fois le dernier prononcé relève la tête en direction de ses parents adoptifs, "là aussi je divague ?", elle sert la main de ryke à nouveau, comme pour se nourrir de sa force.

il n'y a pas un instant où il ne s'est pas senti de trop autour de cette table. simple spectateur d'une scène qui lui poignarde le ventre et lui retourne les tripes. les plats n'ont pas été commandés, les menus reposent sur la table, abandonnés à leur triste sort, mais Ryke n'a pas l'intention de prolonger ce cirque jusqu'au dessert. ...sans lui j'aurais peut être sauté du haut d'un pont de boston il y a quelques mois. Le jeune homme jette à sa copine un regard horrifié, terrifié, serrant entre ses doigts sa main qu'il n'a plus envie de quitter. Il n'en savait rien. Et le coeur lui serre, la colère gronde, remue l'estomac, prêt à s'élancer s'il le faut, pour la protéger. Elle. Pia. Son bonheur. Ses espoirs. La femme de sa vie. S'il a eu envie de leur donner le bénéfice du doute, les laisser se perdre dans un aveuglement plus ou moins volontaire, il se refuse à encaisser leurs répliques sanguines et acerbes à l'intention de leur fille. Vos remarques à mon intention, je peux les prendre. Mais pas elle. Pia s'est détruite avec ces informations depuis des semaines, depuis des mois, et vous n'en avez que pour vous, dans toute cette histoire? Avec tout le respect que je vous dois, vous êtes égoïstes. Il ne s'agit pas de VOUS, mais d'ELLE. Je comprends que vous soyez blessés ou choqués ou peinés, ou que vous ayez peur. Mais pas même vous avez pris la peine de lui demander comment elle va, ELLE. Votre fille. Ni en arrivant. Ni ces dernières semaines.

@Pia Sondheim

ses idées noires elle n'en avait jamais parlé ouvertement, parce qu'elle en a honte, honte d'avoir une seule seconde songé à le faire, honte d'avoir été faible, elle qui pensait tout ses démons derrière elle, visiblement ils ont su à un moment de sa vie taper dans une nouvelle cible. mais la colère face au déni de ses parents on fait sortir pia de ses gonds, déballer ce secret si tragique et elle voit, elle sent, que ryke est surpris, touché et en colère face à l'annonce. la suite des évènements ne va que lui confirmer cela, elle le voit se mettre en colère, mais toujours dans ce calme dont il a le secret, des mots tranchants comme des poignards bien aiguisés, elle est subjugué pia, inquiète aussi des retombées, elle voit le regard noir de son père, la mine outrée de sa mère, et elle sens que tout va rapidement partir en vrille. elle voudrait dire à ryke d'arrêter, que c'est bon, tant pis, mais elle n'en a ni la force, ni l'envie. parce qu'il dit les mots qu'elle n'a jamais osé lancer. ta mère aurait honte de ton comportement. qu'elle lance dame sondheim, encore surprise qu'un gamin qu'elle a vu grandir ose lui parler sur ce ton, le père lui ne dit rien, regard noir comme simple parole. "alors c'est tout ? vous êtes venus jusqu'ici pour me traiter de menteuse et voilà ?" qu'elle finit par lancer pia, elle a pourtant tout en main pour leurs prouver que tout cela est vrai, "je ne vous accable pas, vous ne saviez rien, mais par pitié croyez moi." supplication qui lui font monter les larmes, yeux brillants, prête une dernière fois à pardonner si on lui accorde le bénéfice du doute. pia je pense que tes mauvaises fréquentations depuis ton arrivé à harvard ne sont pas bon pour toi et ta santé mentale. que lance la mère, on en a parlé avec ta mère, et si tu continues tes insinuations on sera dans l'obligation de...de te couper les vivres. qu'enchaîne le père, coup de poignard, souffle coupé, tête qui tourne, elle n'en croit pas ses oreilles.