Echine voutée et prête à accueillir le fardeau des péchés. Cela pourrait surprendre de contempler l'ombre du Loup entre les remparts sacrés d'un Dieu promettant enfer et paradis. Vestiges d'une éducation rigoureuse, austère et surtout religieuse. Ma Pologne natale ne se passe pas de catholicisme. Rapport étrange que j'entretiens avec le Puissant, j'y sème mon chemin, porte les épines nécessaires, mais honore mes valeurs à ma façon. Messe dominicale que je ne manque que si le travail l'exige, je récite et psalmodie lorsque l'hostie vient fondre contre la muqueuse, y laissant ce léger goût d'emplâtre qui me ramène aussitôt à mes jeunes années d'enfant de chœur. Comble ironique n'est-ce pas ? De voir un Loup adopter le masque des agneaux. La célébration terminée, je salue quelques influents, montre blanche patte, avant de gagner l'air enneigée du dehors. La ville s'est émue des secousses de neige, répandant glace et tourments lorsque la plupart se réfugiait dans la tiédeur d'un cocon. J'avais eu la surprise de rejouer quelques scènes de guerre, du moins, pas si lointaines, assemblant les victimes, recousant les plaies et enchaînant les diagnostics. Tout ceci pas loin de me rappeler que ma prochaine mission ne tarderait pas à poindre. Heureux hasard, lorsque dans mes pérégrinations mentales, j'aperçois une éclipse rosée venir embraser la blancheur ambiante. Clope déjà consumée à mes lèvres ferventes, elles entament la supplique de cette ressuscitée parmi les Diables. « Clary ! » Voix tout juste portée, avare même de mon timbre, tout juste pour que tu m'entendes. La proximité du bâtiment te permettra sans doute de faire le raccourci. Il y a des choses que nous n'avons pas en commun apparemment, creusant davantage le fossé, surprenante alchimie qui nous poussent indéniablement à prolonger le pont. « Tu viens avec moi au restaurant ? » Loin de mesurer la préciosité de mon offrande, là est mon rituel, de déjeuner dans le même établissement typique de mes racines chaque dimanche, seul. Et pour cette fois, ta compagnie est suffisamment noble à mes yeux pour être requise.

Je ne suis pas un homme de surprise. Qui me connaît un minimum le sait pertinemment. Alors, l'effort se doit d'être souligné lorsque je viens t'inviter spontanément dans mes rituels parfaitement huilés. Je n'ai pas prêté attention à ta tenue, ni même à ce que tu pouvais faire dans la rue. T'es un Ange qui ne cesse d'apparaître dans mes grisailles de métal, et je n'y prête plus réellement attention au contexte. En ta présence, tout est étrange, éthéré. Suffisamment pour me faire passer les frontières de la raison. Mes sourcils s'arquent alors que j'observe ta tenue, prenant tout à coup conscience de la réalité. « Tu peux arrêter de me vouvoyer, j'ai pas cent ans. » Malgré les apparences et le marbre un peu trop lisse, figé de mes traits. « Hum, d'accord, mais il faut faire vite, j'ai réservé pour 12h30 » Et je déteste être en retard, ce qui me paraît inutile à rappeler. Tes phalanges qui viennent attraper mes griffes que dans un instinct docile je viens accaparer. Ma silhouette se met en mouvement, sans que je ne comprenne vraiment la folie du moment. « Tu vas voir la poussière. » Jeune effrontée. Clope qui vient voltiger dans les airs pour atterrir dans le pshit caractéristique du sol enneigé. J'amorce la cadence, accélérant mon rythme, te malmenant au passage. Sans savoir où aller. C'est ça le pire.

Jeune provocante éprise de sarcasme. Mes traits se plissent à mi-chemin entre l'ironie et la grimace. C'est un privilège que je t'accorde de passer au « Tu ». « Va savoir. » Nourrissant les origines vampiriques probables. J'avais entendu cette rumeur une fois lorsque je bossais au commissariat, certains me dépeignaient parmi ces créatures immortelles. Loin de m'en offusquer, je m'en amusais secrètement. Après tout, les vampires sont charismatiques et puissants, familiers avec la mort puisqu'ils ont su l'apprivoiser. « Il y a intérêt. » dis-je de ma voix âpre, concernant le respect des horaires. C'est une chose importante pour moi et tu le sais pertinemment. Finalement, je me prends au défi, laissant mes pas adopter le rythme de la course même si ma tenue ne s'y prête pas le moins du monde. Une jeune effrontée dans ton genre ne me ridiculisera pas, malgré toute ce tabac passionné de mes alvéoles, je ne me défends pas trop mal. Souriant cette fois lorsque ma cadence prédomine la tienne. Il y a bien des domaines dans lesquels, je te dominerai jeune Rose. Ignorant ainsi que le Loup que je suis se prend à se propre jeu. « J'ai une salle de sport dans mon duplex. » Tout simplement. Pas besoin de me mélanger avec cette foule commune et vulgaire, j'ai mon propre lieu dédié aux exercices même si j'apprécie également la salle de boxe. Tournant à droite sur tes ordres, homme respectueux des consignes, je ne relève pas la moquerie puisqu'elle est véridique. Je n'ai jamais cherché à cacher ma prétention, bien au contraire, c'est grâce à elle que je me suis élevé de mes cendres. « Si tu ne passes pas quinze minutes à te préparer ça ira. » dis-je alors que les deux-cent mètres se parcourent avec une petite pointe bienvenue d'adrénaline. Regard qui se pose sur le bâtiment, curieux loup d'entrer dans la bergerie de la jeune Rose.

Course effrénée et impromptue, comme si telle une fée machiavélique et un peu trop lumineuse, tu t'appliques à saupoudrer une certaine dose d'imprévu dans ma vie trop mécanique, faite rituels et d'habitudes. Si la chose vient me surprendre, elle ne me déplait pas vraiment au fond. Homme de Challenge et d'ambition, je préfère ravaler les poisons de ma nicotine plutôt que d'avouer une seconde que l'effort me coûte. « Cela m'arrive oui... mais c'est rare effectivement. » Le travail me prenant la majeure partie de mon temps sans surprise. Nous arrivons finalement à ton appartement, au troisième étage et ma cage thoracique trahit un peu trop l'effort, la chaleur vient emplir mon marbre à retrouver un intérieur après la froideur du dehors et la course. Placide, détestant cette sensation de transpiration alors que je suis en costume, je viens retirer mon manteau et mes gants même si le temps perdu par cette cause sera maudit. Porte entrebâillée, tu poursuis la conversation alors que ma silhouette vient se rapprocher, pour mieux t'entendre, mais aussi mieux t'observer, je ne vais certainement pas m'en priver, pas renoncer à ces instincts plus pervers qui me caractérisent également, homme qui reste loup malgré tout. « Oui comme tous les dimanche. C'est ainsi depuis que je suis né. » Bien que ce Dieu ne m'ait pas épargné, j'ai toutefois la vie sauve après des mois passés au front à braver les dangers, alors il me semble normal et poli de le célébrer comme on le ferait d'une visite à un aieul et étant donné que je n'en ai plus... que je n'ai jamais pu compter sur eux... me prendre pour le fils de Dieu, c'est un arrangement mégalomaniaque qui me convient. « Tu as faim Clary ? » L'effort, ça creuse, non ?