Deux jours. Deux petits jours avant que cette satané fête soit là. Elle a si hâte qu'elle passe et que tout ça soit derrière elle. Les pubs roses partout, les cœurs, les bouquets de fleurs qui prennent des dollars en plus juste pour faire casquer les imbéciles heureux, euphoriques à l'idée de combler des besoins primaires. Et elle, elle transporte encore son cœur amoché, caché derrière ses sourires et sa bonne humeur. C'est pourtant des soupirs las et tristounets qui s'échappent de ses lèvres depuis le début de la journée. Et voilà, encore une cliente qui vient réclamer une divination pour savoir si son mari lui sera fidèle pour l'éternité. Si Soojin était méchante, elle leur dirait la même chose à toutes. Que les hommes sont la pire espèce qui existe sur cette terre. Mais la gentillesse de la gosse l'empêche d'être aussi mauvaise et elle prédit comme elle peut. C'est parfois flou, c'est parfois limpide. Mais chaque fois, elle se dit que peut être elle aurait du le faire pour elle-même. Aurait-elle vu la tragédie ou pas du tout ? Et quand la cliente s'en va, elle souffle un peu, chassant toutes les mauvaises pensées alors qu'elle s'occupe l'esprit en rangeant les étagères. C'est plus pour ne plus penser à rien qu'elle fait ça plutôt que de réellement ranger la boutique. Elle finit par se tourner vers sa patronne et l'observe. Elle a sa tête des mauvais jours et c'est dans ces moments là que Soojin craint de la braquer et de se faire virer. Alors, elle se fait toute petite en général. « Mh... Vivement que cette fête soit passée. J'en ai marre d'avoir la même question à chaque fois... » Elle marmonne avec sa petite voix et son fort accent coréen. Son anglais pas spécialement parfait.

Ses épaules s'affaissent et elle chouine un peu. Sa patronne est trop gentille. Mais Soojin, elle ne sait pas trop mentir. Elle soupire et déambule dans le magasin en tournant et remettant les choses en place. « Je sais mais quand je dis des choses qui ne leur convient pas elles se fâchent et ne veulent pas payer... Alors je mens comme ça elles paient. Je ne veux pas vous faire perdre d'argent. » Elle pince les lèvres tandis que ses fesses retournent se poser sur le moelleux du tabouret derrière la caisse. Elle peut mentir mais elle peine et ça se voit parfois un peu trop vite. Elle peut dire la vérité aussi mais elle déteste voir les moues blessées des clientes trop pleines d'espoir à son goût. Les hommes ne sont rien, ce sont des raclures, des monstres. Ils sont juste bons à briser le cœur des poupée qui leur donne toujours beaucoup trop de leur vie. Elle pose son coude sur le comptoir et observe Hyerim avec attention. Puis elle sourit légèrement. « La poupée vaudou ça ne marche pas toujours, elles aiment pas trop. Elles ont l'impression de faire de la magie noire. Alors du coup, je proposes que moi je fasses quelque chose... » Elle fouille dans ses poches et en sort une grosse chevalière en or. « L'une d'elle voulait que je fasse un sort contre son mari infidèle alors j'ai demandé un objet qui lui appartient. Si c'est de l'or, ça va valoir de l'argent non ? » La bouille innocente et d'enfant qui fronce les sourcils. Elle ne se rend même pas compte que c'est devenue une escroc mais elle s'en fiche. Elle n'aime pas l'amour et elle veut tous leur faire payer d'espérer. Quand elle, elle n'a plus rien pour espérer.