le froid d'un mois de février à Boston, qui vient glacer le bout de mon nez. les mains dans les poches, je profite du silence qui a envahi les rues de la ville. temps presque apocalyptique, post tempête. je slalome entre les murs de neige qui trônent là, en plein milieu de ce qui semblait être un parc, avant la fin d'un monde. brouillard que j'exhale dans un souffle chaud, rencontre l'air froid et dessine des formes en son milieu. je savoure ce moment de solitude là où des centaines d'âmes se croisaient pas plus tard que la semaine dernière. encore quelques pas avant d'arriver devant le label. je monte les marches deux par deux, emprunte l'ascenseur pour me mener jusqu'aux studio, là où tu m'attends. à ta vu, un sourire étire mes lèvres et réchauffe instantanément mon visage. t'as l'air si concentré que je voudrais pas te déranger. mais le tintement de la bouteille de rhum contre le plat de brownie dans mon sac, vient me faire moi même sursauter.  « hey » j'avance, sans trop savoir si je dois m'approcher plus, ou rester à ma place. faut savoir que je ne suis pas la fille la plus à l'aise en société. petite femme sauvage qui a tendance à se replier entre sa guitare et un morceau de papier. je pose des mots sur mes maux avant de les chanter à tue tête. l'art qui m'accompagne depuis ma naissance, a bercé mon enfance. « tu bossais sur un truc ? »  c'est ce que j'aime dans ce que tu fais, t'as le don de savoir qui vaut de l'or et tu aides à tracer un chemin éclairé.

mes doigts que je laisse glisser le long d'un des mur que je t'ai aidé à peindre, y a un peu de moi dans ces locaux et je dois bien avoir que c'est agréable. ajouter sa pierre à l'édifice, bâtir quelque chose, apporter son soutien. ici, c'est un peu comme un abris. parce que tu es là, que tu dégages quelque chose d'assez protecteur, mais aussi parce que cet endroit, il fait résonner mon âme entière. la musique, l'inspiration, la construction de A à Z d'un morceau qui déclenche des émotions. la musique fait vibrer, fait danser, fait aimer, fait pleurer. elle est le noyau d'une vie, la pulsation d'un moment, la mélodie d'un souvenir. j'aime être entourée d'instrument et de cette aura musicale. « oui ça va. je te dérange pas ? » parce que je sais qu'être coupé dans un processus de création, c'est putain de frustrant. je me suis souvent battue avec mes frères à cause de ça. manteau posé sur un chaise tandis que je déballe mon sac. « tu cherches ce que tu pourrais poser comme voix et texte dessus ? » que je demande vraiment intéressée. la plupart des gens que je fréquente ne s'y connaissent pas en musique, alors c'est agréable de parler avec quelqu'un dans le même monde que moi. « je trouve ce mur » je le pointe du doigt. « particulièrement bien peint » que j'ajoute en souriant. « c'est canon, t'as crée un univers vraiment à toi et super chill. ils vont être bien ici » et je vois que du coup t'as déjà des artistes qui veulent rejoindre ton label.