Avec la tempête de la semaine, c'est compliqué de trouver un endroit convenable. J'attends encore le message de la St. Francis House pour avoir une chambre. Mais en attendant, je me retrouve dans un beau studio de Cambridge. Je ne compte pas y rester longtemps, juste le temps de trouver mon indépendance. Comme je l'ai toujours été. Sur le chemin, même si les finances commencent à manquer, je suis passée à l'épicerie pour nous acheter de quoi manger. Car ce soir, je dors avec Joséphine. Depuis que je l'ai retrouvée à la boutique Versace, je me dis que le destin l'a placée sur mon chemin. Et je suis contente qu'elle ne rechigne pas de cette soirée entre filles. Snacks, pizza, glaces, bières, tout ce qu'il nous faut pour se mettre bien ce soir. Quand j'entre dans le studio, je pose les affaires sur la table basse. " Je suis rentrée, Jo ! " puis je déballe le tout. Dans la petite cuisine, je vais pour ranger le pot de glace quand je me mets à rêvasser en l'observant. L'envie de le manger est si forte. Je m'associe à l'idée qu'il pourra peut-être me faire oublier à quel point je me sens mal sans lui. sans sa présence à mes côtés. sans son amour qui est devenu essentiel. mes ongles griffent le carton du pot alors que la rouquine entre dans mon champs de vision. " donnes moi une raison pour ne pas manger ce pot de glace. " je le sais qu'elle sait pourquoi. la lueur dans mes yeux est le signe d'une explosion de larmes si je ne trouve pas le moyen d'éteindre le feu. la main tremble, je pose la tranche sur le plan de travail pour essayer de cacher ce que nous savons déjà. " c'est difficile... il me manque trop... " de mettre les mots dessus, la douleur reprend de plus belle. Au secours, Jo !

La douleur est là, tous les jours, sans manquer une seule seconde, même pendant le sommeil. Alors j'ai envie de compenser cette douleur. Manger, est-ce la bonne solution ? Est-ce qu'il y a autre chose qui peut m'apaiser ? Joey sait à quel point ma douleur est forte. J'ai l'impression que nous aimons avec intensité les hommes qui ont marqués notre vie. Elle, Dutch. Et pour moi, Matteo. Lorsqu'elle me demande ce dont j'ai envie, c'est évident. Ce n'est pas d'oublier. ni de me venger. " J'ai envie de retourner dans le passé, et de parler à Matteo. De lui parler de mes craintes. Au lieu de prendre peur, de me laisser envahir comme à chaque fois... " je repense à cette partie de mon passé, résultante de cette fuite inexorable. " Je peux pas me venger, il est en colère. Pourquoi je lui reprocherais ? mais ça me fait mal cette distance. La semaine dernière, je trouvais mon salut dans l'idée que mourir est la meilleure décision. Et aujourd'hui, je n'ai rien à quoi m'accrocher. " Je laisse le pot dans le congélateur et ferme le réfrigérateur à présent que tout est rangé. je me laisse glisser sur le carrelage de la cuisine, posant ma tête dans mes mains. J'ai encore envie d'exploser. J'ai besoin de me détendre... " finalement, t'as pas un alcool fort ? " quelque chose de plus corsé que la bière pour me mettre un coup direct.