w/@Samantha Gates  

 



"- Sasha ?" Ma tête légèrement penchée, les sourcils froncés, les écouteurs sur les oreilles, je n'entends guère mon prénom. Lorsqu'une main surgit droit devant mes yeux, j'en manque d'échapper maladroitement mon cahier et je le ramène vers moi, le coeur battant la chamade. Levant les yeux vers mon camarade de classe, je délaisse l'une de mes oreilles pour l'écouter me parler. "- Tu viens ? Le cours est terminé." Je hausse alors les sourcils en levant le menton pour voir qu'il a raison. Le cours est bien terminé. Nous sommes seuls, les autres ayant désertés. Je me mords l'intérieur de la joue avant d'afficher un petit sourire. "- Non, tu peux y aller. Je vais profiter du calme pour essayer de terminer ce que j'étais en train de faire.." Et il hausse les épaules, l'autre jeune homme et se contente de me souhaiter une bonne fin de journée, bienveillance que je lui rends avant de remettre mon écouteur dans le creux de mon oreille et je fredonne tout bas, sans m'en rendre compte. Je coince un crayon entre mes lèvres, mes mots devenant un charabia incompréhensible. Je ne suis pas mauvais chanteur, en réalité, mais je ne pourrais jamais devenir chanteur professionnel, vous voyez la différence entre les deux ? Je ne sais pas combien de temps s'écoule entre le moment où j'ai su que la classe était terminée et le moment où elle est arrivée. Peut-être trente ou quarante minutes ? S'il y avait un autre cours ici, j'aurai été dérangé par une arrivée nombreuse en têtes. Toutefois, je vois qu'une ombre passée près et je redresse la tête pour croiser une tête blonde. Je la reconnais, mais je ne crois pas que nous nous soyons encore présentés. Néanmoins, mon coeur se serre légèrement. Il y a de belles personnes sur le campus, mais elle avait ce je-ne-sais-pas-quoi qui m'interpelle. J'attrape du bout des doigts le crayon coincé entre mes lèvres et lorsque nos regards se croisent, une pensée fuse : une chance que j'étais déjà assis. Lorsque je la vois se détourner pour repartir, peut-être de crainte de m'avoir dérangé, je lève la main par réflexe, laissant tombé mon cahier sur le sol. Merde... "- N... Non attend !" Lançais-je gentiment avant d'enlever l'un de mes écouteurs à nouveau. Je me suis accroupi pour ramasser mon cahier. "- Tu es venue pour avoir un peu de paix ou tu pensais qu'il y avait cours ?" Peut-être que demander de cette façon c'est bien ? J'affiche un petit air gêné. "- Tu peux rester... La classe est suffisamment grande pour deux.." Sauf si elle veut vraiment partir. Ce que quoi que je ne peux pas la retenir. "- Tu t'es peut-être trompée de classes..?" Ou même juste de "campus"? Ou peut-être cherche-t-elle quelqu'un ici ? Je ne crois pas l'avoir vu parmi les élèves d'art, mais peut-être que je me suis simplement fourvoyé ? Je suis un peu nerveux, donc ça me donne la mauvaise manie de trop parler pour rien du tout.

PLEASE STAY YOU DON'T BOTHER ME...

(SAM & SASHA)

Heureuse que les cours ait repris tu venais de finir ta journée et te baladais dans les couloirs. Tu repensais aux fêtes de Noël que tu avais passé avec ta famille à Seattle, le retour dans la maison de tes parents qui te paraissait toujours aussi irréelle. Le temps passait, mais une petite peur restait au fond de toi, la crainte qu'un jour tout recommence, que tu te réveilles à nouveau dans ces draps qui gratte, dans ce bunker, ou dans cette ferme et que tout ça n'était qu'une récréation dans ton calvaire.

Alors tu te donnes à fond dans les cours, tu sors voir tes amis, tu as rejoint le club de photographie et il y a quelques jours tu as emménagé dans une magnifique villa avec des colocataires que tu ne connais pas encore très bien, mais que tu avais hâte d'apprendre à connaître. Tu essayais de toujours t'occuper l'esprit, de rester en mouvement, pour éviter de te retrouver seule avec tes pensées. Il y a des moments pour penser à ses problèmes et c'est chez le psy pas ailleurs, sinon tu sais que tu tomberais dans une spirale de pensées dont tu aurais du mal à sortir.

Aujourd'hui tu avais envie d'aller flâner du côté de la fac d'arts, tu savais qu'il y avait souvent du monde là-bas et tu avais besoin d'idées pour le club de photographie. Tu avais beaucoup d'amis à la fac, de près ou de loin et les gens étaient gentils en général quand tu les abordais poliment avec ton grand sourire.

Tu avais ton petit sac à dos sur les épaules et tu tenais l'une de ces sangles dans ta main pour t'occuper pendant que tu marchais. Arrivée au département d'art, tu arpentais les couloirs, un ami t'avait déjà fait visiter et tu te rappelais à peu près des salles. Tu te glissais dans une salle en regardant autour de toi pour essayer de savoir si c'était la salle que ton ami t'avait montré où des photos étaient exposées aux fenêtres.

La salle était assez grande alors tu ne remarquais pas tout de suite le jeune homme assis à l'une des tables. Tu observais les murs en quêtes de belles photos à observer et quand tu commencas à faire demi-tour, tu tombas face à un étudiant qui t'avait remarqué. Gênée, tu te figeais une seconde et serrais les poings, les bras tendus, droite comme un piquet.
Tu commenças à marcher vers la sortie un sourire timide sur ton visage et tu jouais nerveusement avec la sangle de ton sac. Tu avais dû le déranger ! Et si tu étais tombée sur autre chose ? Mais pourquoi tu étais stressée comme ça ? Ce garçon tu l'avais déjà vu, bien sûr que tu l'avais déjà vu !


Il te retint et le rose te monta aux joues quand il te pria de rester. Mais que faire ? Tu regardais tes chaussures et puis tu te tournas à nouveau face à lui alors qu'il se baissait pour ramasser son cahier et te demande ce que tu fais ici.

" - Euh..."


Tu n'eus pas le temps de répondre qu'il enchainait sur une autre phrase en te demandant si tu t'étais tromper de classe.

Tu saisis ton courage et te secouais intérieurement, tu ne vas pas te laisser submerger par du stress ! Le stress, c'est un truc que tu n'éprouves presque jamais, ça brouille tout, tu restes rationnelle en toute circonstance, pourquoi pas maintenant ? Ce garçon tu l'avais aperçu, vous vous étiez aperçu même, mais jamais tu n'aurais pensé lui parler un jour, tu ne connaissais même pas son prénom ! Ça aurait été trop bizarre de juste aller le voir genre ''Salut je t'aime bien c'est quoi ton nom ? '', mais maintenant il était là alors autant se jeter à l'eau.

Tu tirais une chaise et t'installais à sa table et tu lui fis ton grand sourire en lui tendant la main.

" - Salut ! Moi, c'est Samantha, mais tout le monde m'appelle Sam ! À vrai dire je voulais regarder des photos et trouver des conseils pour le club de photographie, j'espère que je ne te dérange pas ?"

Tu avais parlé vite, trop vite ? Tu avais essayé de bien prononcer chaque mot, mais en même temps il fallait que tu les enchaînes pour ne pas laisser un blanc, le silence gênant aurait été de trop !

w/@Samantha Gates  

 



Je ne la connais pas. Même pas son prénom, mais mes yeux se sont arrêtés quelques fois sur elle avec une certaine curiosité. Elle a toujours ce je-ne-sais-quoi qui m'interpelle, qui me pousse à la regarder. J'aimerais avoir eu le courage avant de lui parler. Juste de l'aborder... Mais je n'y étais pas parvenu. Ainsi, j'avais continué à lancer de petits regards ici et là. Lorsque nos regards se croisaient, je détournais rapidement le mien pour me redresser et partir comme si j'étais pressé d'atteindre une autre destination. Mais cela n'était que de la gêne pure et dure. Mais je ne pouvais pas m'interdire de répéter les mêmes erreurs une fois de plus. Surtout que nous sommes seuls, elle et moi. Malgré ma maladresse légendaire, le cahier au sol que je tentais rapidement de récupérer, j'avais lâché un petit attend. Je ne voulais pas qu'elle disparaisse. Ce campus est tellement grand que je pouvais passer des jours, des semaines sans la recroiser. Je ne sais même pas dans quel cursus elle se trouve. Ou même si elle étudie bien ici ? Alors que je pensais la voir se défiler et fuir la classe, je la vois plutôt tirer une chaise pour s'y installer. Automatiquement, mon corps suit un peu le même mouvement et je me retrouve assis sur la chaise que j'avais quitté quelques secondes plus tôt. Sam.. Il y a une réaction sur mon visage. Un tic. La partie inférieure de ma paupière droite tiqua légèrement. Tremblotante, mais rien d'autre. Bien sûr... Quelles sont les chances que je tombe sur ce surnom ? Bien sûr que celui que j'aimé autrefois ne s'appelait pas juste "Sam". C'était Samuel, mais je n'avais jamais eu l'habitude de l'appeler comme ça, aussi formel que ça... J'avale un peu de travers. Néanmoins, je ne suis pas impoli et je me penche légèrement afin d'avoir le plaisir (malgré la gêne) de lui serrer gentiment la main. Je remarque la légère fraîcheur, mais la douceur de sa peau et je souris faiblement en retour. Peut-être parce que c'est toujours ce surnom qui frappe mon esprit, mais j'essayais d'en faire abstraction. "- Enchanté, Samantha.." Prononçais je doucement alors que je lâche sa main. J'attrape mon carnet pour le déposer sur le bureau juste à côté de moi.

"- La photographie ?" répétais je alors que mes yeux onyx la fixe. Je ne la dévisage pas. "- Tu fais partie du club de photographie ?" J'suis un peu curieux, ce qui me permet de poser la question, sans qu'elle sonne indiscrète. Personnellement, vu l'heure qu'il est, j'ai terminé pour la journée. Je n'avais pas de cours en soirée pour aujourd'hui. "- Et non, tu ne me dérange pas. Ça doit faire quarante-cinq minutes, peut-être, que le cours est terminé. Je voulais seulement terminer ce que j'avais commencé. Je m'étais dit qu'une classe vide serait l'endroit parfait." Même s'il y a aussi mon appartement, mais j'avais envie sur le coup de le continuer. "- Ah et je me prénomme Sasha. J'ignore comment on peut me surnommer.. Certains ont tentés Sha? " Comme chat. Mon accent allemand révèle que je ne suis pas américain. Je penche légèrement la tête de côté. "- Je ne suis pas étudiant en photographie... Je suis plutôt du style art. Dessins, pour être exact. Je suis dans les portraits, auto-portraits... Comme redessiner avec la plus grande exactitude possible les traits humains, animaux ou même de la nature. J'appelle un peu ça... Comme une photographie, mais à la main." J'ai toujours été incroyablement doué pour me rappeler des traits des gens. Ou même des animaux et de la nature... Et j'avais décidé d'en faire mon métier jusqu'à ma mort. J'ai toujours aimé dessiner. Le choix avait été clair pour moi dès l'départ. Mes parents ont quelque peu été déçu que je ne rejoigne pas le rang familial dans la branche médicale, mais ça n'a jamais été pour moi. J'admire ceux qui font médecine, mais je n'ai jamais eu le coeur assez solide pour y être. Les capacités intellectuelles, aucun problème. J'ai toujours eu d'excellentes notes, bien au-dessus de la moyenne. Juste que... Ce n'est pas ma Destinée. "- Je peux te demander si tu viens d'ici ?" Il y a tellement de diversités et je m'en voudrais de dire ou de demander quelque chose de déplacer.

PLEASE STAY YOU DON'T BOTHER ME...

(SAM & SASHA)

Tu es étonnée qu’il utilise ton prénom en entier directement, comme tout le monde t’appelle Sam, même les profs, même ta mère, ça te fait un petit quelque chose quand il le prononce. La seule personne qui t’appelle ainsi, c’est ton père, parce qu’il dit que tu as un magnifique prénom et que tu ne devrais pas le raccourcir ainsi. Le truc, c’est que les autres personnes qui t’appelaient Samantha, c’était là-bas, quand tu étais une fermière alors ça fait surgir une vague étrange d’émotions en toi, juste une seconde, tu te retrouves submerger, mais ce sentiment disparaît très vite, aussi vite qu’il était arrivé. Tu ne laisses paraître ton ressenti que par un léger pincement des lèvres.

Ta main entre en contact avec la sienne et ça te donne un frisson imperceptible à travers la peau, comme la sensation de toucher quelque chose de tout nouveau, mais pas de manière désagréable. Tu souriais, mais un peu plus timidement et tu regardais son dessin, c’était bien un dessin ? C’était si beau, si réaliste, si fascinant…

Tu l’écoutes le regard toujours sur son dessin et puis quand il reprend la conversation, tu le regardes en évitant son regard, car tu n’oses pas le regarder de manière trop insistante.

Tu rougis quand il te révèle son prénom, Sasha, tu aimais bien, tu ne connaissais pas de Sasha à vrai dire, mais maintenant, tu pouvais mettre un nom sur ce visage que tu avais souvent croisé et à qui tu avais lancé de timides sourires par le passé. Tu hoches la tête quand il évoque l’art auquel il s’adonne.

“  - Oui, j’avais remarqué que tu étais en train de dessiner, c’est très impressionnant ! "

Tu souris à sa question, il devait se demander ce que tu fabriquais ici, tu n’étais pas souvent dans le coin et vous vous connaîtriez déjà si tu étais inscrite en art.

“  - À vrai dire, je ne suis pas du département artistique, je suis en médecine, j’ai toujours aimé aider les autres alors c’est un peu comme une vocation, j’aime beaucoup mes études même si ce n'est pas toujours facile, mais j’aime apprendre ! Le club de photographie, c’est tout nouveau pour moi, mais c'est si beau comme art, enfin pas autant que tes dessins, on dirait que t’es plus doué que moi !”

Tu rigoles doucement et tu replaces une mèche de tes cheveux blonds derrière ton oreille, le soleil commençait déjà à se coucher au loin, on était bien en janvier et les journées étaient courtes, la lumière commençait à vaciller vers les tons pourpres et à s'assombrir dans la salle alors que les derniers de soleil se posaient sur vous.

w/@Samantha Gates  

 



J'aurai pu la surnommer Sam, mais ce prénom m'était impossible à prononcer pour le moment. Je ne suis guère aveugle pour ne pas avoir remarqué le pincement de ses lèvres. Je ne suis pas désolé, mais je suis légèrement malaisé de l'avoir peut-être vexée...? Était-ce bien cela ? Je l'ignore, mais je suis un peu trop gêné pour le lui demander. J'espère seulement ne pas la faire fuir avec cette maladresse. Mais je ne semble pas être le seul entre nous deux à être quelque peu gêné, car je suis prêt à parier que c'est de la rougeur que je vois apparaître sur ses joues, mais encore une fois, je préfère éviter de parler. Notre contact avait été bref, mais j'avais senti le délicat de sa peau. Sa blancheur d'épiderme faisant écho à la mienne. Sûrement une peau qui brûle au soleil, tout comme l'est la mienne. J'affiche un petit sourire timide à son compliment et un "- Merci..." timide s'échape de mes lèvres. Entre étudiants en arts, il n'est pas rare d'oublier de complimenter l'oeuvre d'autrui, car les talents sont énormes et multiples. Je trouve ça dommage, dans un sens. Tous les travaux méritent d'être félicités. À mes yeux, je ne crois pas que l'un soit meilleur qu'un autre, puisque comme chaque travail, chaque oeuvre... Tout est unique. Tout comme l'être humain l'ayant fabriqué. Dans les copies qui semblent les plus parfaites, la plus infime différence y sera cachée.

Dans ma tête, je me demande ce qu'elle fait ici, même si elle y a tout à fait le droit. Je ne suis guère surpris de voir un étudiant d'un autre département, surtout si elle a des amis dans cette section. Je suis plutôt surpris qu'elle fasse partie du club de photographie. Je suis moins habitué d'en voir par ici. Peut-être parce que je m'attarde rarement après les cours ? L'exception faite cette fois, je suis tombé sur Samantha. Il avait suffit que je fasse comme je le faisais toujours et nos chemins ne se seraient jamais croisés. J'apprends qu'elle est en option médecine. J'hoche doucement de la tête. Ce n'est guère un cursus fait pour tout le monde. Mon père est cardiologue et ma mère est pharmacienne, détenant une compagnie pharmaceutique aujourd'hui. Je suis bien placé pour savoir ce que ces études impliquent, mais sans y être moi-même confronté de façon personnelle. Mes parents avaient souhaités que je poursuivre dans cette voie, mais j'avais tout de suite refusé dans mon plus jeune âge. Je ne suis pas fait pour ça. La médecine, ce n'est pas vraiment des études. C'est une vocation. Une vie. Un mode de vie. Même si j'ai le coeur sur le main, l'amour de l'être humain, leur bien-être... Je ne serais jamais capable de devenir même un infirmier.

Je souris à son compliment, mes yeux suivants les siens vers mon dessin. "- C'est gentil ! Merci." Et mon remerciement est sincère. Je note le ton cristallin de son doux rire avant de tendre la main pour prendre mon cahier et de le refermer avant qu'il arrive une catastrophe. Je suis toujours doué pour les maladresses infantiles. Les idioties qui peuvent facilement être évitées. "- Tu désires devenir médecin généraliste ou tu veux aller dans une spécialisation ?" Après tout, elle peut s'arrêter à la médecine générale et devenir ce qu'on appelle un "médecin de famille", mais si elle choisit une spécialité, ses années d'études seront plus conséquentes. Je remarque aussi le couché du soleil. L'heure de l'hiver n'est guère ma préférée. On y perd trop de lumière en si peu de temps. Il fait noir en se réveillant de si bon matin, et noir lorsque les cours se terminent en moyenne. "- Au fait, tu viens d'Amérique ? " Osais-je questionné avant d'affiche un air quelque peu surpris, puis timide. La main se posant sur ma nuque, je poursuis : "- Pardon... C'est peut-être déplacé comme question.. Je suis simplement curieux.."

PLEASE STAY YOU DON'T BOTHER ME...

(SAM & SASHA)

Son sourire te fait rougir un peu, vous êtes tous les deux dans cette situation très spéciale de première rencontre en tête à tête et ça faisait longtemps que ça ne t’étais pas arrivé. Ce sentiment de découvrir quelqu’un de tout nouveau et de manière aussi “intime” dans une classe vide c’était assez pour te faire rougir. Tu joues avec tes mains sur la table et tu regardes par la fenêtre le soleil se coucher petit à petit, lorsqu’il te pose une question sur ta spécialisation.

“ - Je ne suis pas encore décidée à vrai dire, je ne suis qu’en troisième année, j’ai du retard sur le cursus scolaire…”

Lorsqu’il te questionne sur tes origines, tu mets quelques secondes à formuler ta pensée et tu te pinces les lèvres, ça te ramène un peu dans le passé, est-ce que tu étais vraiment américaine au final ? Tu n’avais aucune idée de là où tu avais passé la plus grande partie de ta vie, tu n’avais pas eu beaucoup d’informations des forces de l’ordre qui t’avait secouru, car l’enquête était toujours ouverte sur la secte, tu baisses un peu les yeux sur tes mains.

“ - Je suis née à Seattle dans l’état de Washington, mais je n’ai pas eu une enfance… Conventionnelle alors parfois, je suis un peu perdue sur les expressions modernes et les nouvelles technologies, mais j’essaie d’apprendre ! ”

Tu remues légèrement tes doigts entremêlés sur la table, tu n’as pas l’habitude de parler de ça en tête-à-tête avec un inconnu et ça te gêne un peu, tu sais plus trop quoi dire, mais tu ne veux pas laisser tes paroles en suspens alors tu relèves la tête et tu souris :

“ - J’ai des origines norvégiennes du côté de ma grand-mère, c’est de là que je tiens mes cheveux si blonds et ma peau blanche ! Mais je n’ai jamais été en Norvège ! Et toi ? ”

w/@Samantha Gates  

 

Il est normal de retrouver un élève seul dans un classe. S'il ne souhaite pas s'enfermer dans la bibliothèque, c'est l'un des endroits prisé. Bien sûr, les portes sont souvent verrouillées, mais si on est le dernier à être présent et que le professeur nous connaît, on peut avoir quelques privilèges et en voilà un qu'on m'octroit de temps à autres. Mes professeurs qui me connaissent et m'enseigne depuis un certain nombre de temps savent que je fais toujours attention à mon environnement. Même si je suis maladroit, je replace les choses à leur place. Je fais attention au matériel et je ne suis jamais là pour faire du grabuge. J'ai toujours aimé chaque différence entre les saisons, même si la fraîcheur de certains pays peuvent me donner de grands frissons. Boston est plus froide que Berlin à ce temps de l'année, mais cela ne m'empêche guère d'apprécier, par moments, sa fraîcheur. Les températures qui avoisinent les quinze à vingt-cinq degrés sont sûrement celles que je préfère. J'ai toujours aimé la pluie. Je ne suis pas trop le genre à me plaindre lorsque les gouttes ruissèlent à l'extérieur. J'hoche doucement la tête à ses mots. Il n'y a aucune honte à avoir du retard dans le cursus scolaire. J'en avais qu'une, pour ma part, puisque j'avais décidé d'avoir une année sabbatique lorsque j'ai rencontré Samuel. J'avais besoin de remettre mes idées en place, donc je suis revenu. J'suis pas aveugle pour ne pas remarquer les petites manies chez Samantha. Je sens que ma question remue quelque chose qui n'aurait pas dû être remué, ce qui me fait prendre conscience que j'ai été maladroit. Je tente de me replacer sur mon siège. Je n'ai jamais aimé être ainsi invasif pour quelqu'un, alors que mon but premier est la curiosité, d'en apprendre plus sur elle.

J'entends qu'elle vient de Seattle. Et je continue de l'écouter avec une oreille attentive, sans que mes yeux onyx ne manque un seul de ses mouvements. Mon regard est doux, non inquisiteur. J'ai beau la fixer, mais c'est délicat. Je souris doucement à son commentaire sur sa peau blanche et ses cheveux. "- La Norvège est, à ce qu'on dit, un magnifique pays.. Je n'y suis jamais allé, même si c'est sur le même continent d'où je suis né." Je porte inconsciemment le pouce à mes lèvres pour en mordiller le bout. C'est un réflexe nerveux. Ça ne dure que deux petites secondes avant que je tends les mains en direction de mon carnet afin de le refermer. Je fais attention pour qu'aucune page ne soit pliée et je glisse du siège pour aller vers mon sac que j'avais posé plus loin afin de l'y glisser. Je refermer celui-ci pour que rien ne tombe. "- Mon père est américain, ma mère allemande. Je suis né à Berlin.. J'y ai vécu toute mon enfance et mon adolescence.. Je sais aussi que ma grand-mère est roumaine. Je suis arrivé à Boston il y a 10 ans avec mes parents.. J'ai commencé l'Université il y a neuf ans, mais je suis en huitième année. J'ai décidé de prendre une année pour moi dans le processus..." Je ne dis pas pourquoi. Car nous ne sommes encore que des étrangers l'un pour l'autre. Ce serait un peu déplacé d'en dire autant, non ? Je glisse mon sac au niveau des épaules. "- C'est de là que vient mon accent.." Dis-je en souriant un peu plus franchement. "- Tu veux venir au Luna Caffe ? " Demandais-je doucement en la regardant. Puis, j'attends qu'elle se redresse et qu'elle me suive pour sortir de la salle de cours, refermant la porte derrière moi, vérifiant que le loquet est bien verrouillé. Il y a environ dix centimètres qui nous sépare, ce qui n'est pas une si grande différence. Je marche calmement. Néanmoins, je porte une main à mon oreille gauche pour replacer le bouchon, puis de l'autre. Ce sont les plus petits. De toute façon, à cette heure... On risque de croiser un peu moins de gens. Néanmoins, j'entends très bien les pas trop lourds et bruyants qui arrivent vers nous à grande vitesse et d'un réflexe, j'attrape l'avant-bras de Samantha pour la tirer sur ma droite, lui évitant de se retrouver au sol à cause d'un abruti qui devait manquer une minute de son cours ! Je le relâche assez vite, affichant un air un peu anxieux. "- Pardon... Je.. Je ne voulais pas qu'il te heurte.."

PLEASE STAY YOU DON'T BOTHER ME...

(SAM & SASHA)

Il t’arrive également de rester dans des salles vides avant ou après les cours. Les pièces ne sont pas les mêmes quand elles ne débordent pas d’élèves. Elle paraissent plus rassurantes, plus paisibles. Tu allais rarement t’isoler chez toi, préférant la bibliothèque ou être accompagnée. Plus votre conversation avance plus tu te rends compte que tu n’as pas l’habitude d’être en tête-à-tête avec quelqu’un qui ne sait rien de toi, tes amis ne te laissent jamais seule et l’intimité était une chose qui n’existait pas dans les dortoirs aux lits forgés de son adolescence. Tu constates qu’il émet une réaction quand il remarque que tu a été mal à l’aise en formulant ta réponse alors tu lui adresses un grand sourire bien que légèrement timide pour lui montrer que tout va bien.

“ - J'ai pas l’habitude de parler d’où je viens, c’est tout ! Ce n'est pas une question dont j’ai la véritable réponse. ”

Tu hausses les épaules en souriant, tu n’y peux rien, c’est tout ! Tu l’écoutes évoquer la Norvège et tu abordes un regard rêveur à la perspective d’un voyage et puis tu reviens vite à la réalité, voyager = aller loin, aller loin = peur. Tu penches la tête sur le côté quand il te parle de ses origines, il y avait tellement de gens différents ici et des quatre coins du monde ! Toi, tu n’aurais pas le courage d’être aussi loin de chez toi ! Pendant ta réflexion, il te propose d’aller au Luna Caffe et tu hoches la tête avant de glisser ta doudoune d’hiver sur tes épaules et de remettre ton sac à dos.

Tu ruminais tes pensées pendant que vous quittiez la salle de classe. Tu appréhendais un peu qu’il découvre ton passé par quelqu’un d’autre que toi, ça ne se faisait pas de lui cacher qui tu étais. Sauf que souvent, tu n’as pas à le faire, parce que tu estimes que ce n’est pas nécessaire, ou que la personne a tout lu sur Internet et y avait vu ta photo. Mais avec Sasha tu voulais être honnête, il y avait quelque chose qui te donnait envie de tout lui dire, comme s'il pouvait te comprendre, mais tu voulais également en savoir plus sur lui, tu étais curieuse toi aussi.

“ - Euh… Sasha ? Faut que je te dise un truc… ”

Tu souriais nerveusement tournant ton regard vers lui, tu réfléchissais à comment tourner ta phrase, comment faire une introduction à… Tout ça !

Et puis tu as senti sa main sur ton bras, pas une poigne dur ou blessante, un saisi doux, protecteur, presque rassurant. Tu mets un peu de temps à réaliser qu’un gros balourd a failli te bousculer et que Sasha t’as tirer pour l’éviter. Tu te dégages doucement de sa prise et tu te retournes sur l’autre mec en fronçant les sourcils.

“ - Ca va pas ?! Fait attention où tu vas ! T’aurais pu blesser quelqu’un !”

Le jeune homme te lance une moue d’excuse avant de s’éclipser et tu te retournes vers ton ami.

“ - Désolée, mais je ne supporte pas de garder ma langue dans ma poche. Je suis gentille, mais ça ! ” Tu souris à ton sauveur de toutes tes dents. “ - Merci pour le sauvetage ! C’était de l’art !”

Tu ris avec lui alors que vous marchez vers une sortie. Le campus est grand alors vous avez le temps de parler.

w/@Samantha Gates  

 

Je ne relève pas à son commentaire. C'est une façon quelque peu étrange de voir les choses, mais je suis personne pour juger. On a tous nos raisons de ne pas aimer dire d'où l'on vient. On a tous nos démons. Notre histoire. Notre fardeau. Je décide donc de ne rien dire d'autre et de me lever de mon siège afin de serrer mon carnet de dessins dans mon sac. Je le glisse sur mes épaules et c'est là que je lui propose si elle veut me suivre au Luna Coffee. C'est libre à elle. Elle peut refuser, je ne lui en tiendrais aucune rigueur.  Alors que vous marchez, je tournes la tête vers elle, elle qui veut me dire quelque chose, mais avant qu'elle ne puisse se confier, j'entends des pas lourds claquer sur le parquet. Mes oreilles sont trop sensibles pour ne pas les entendre et je tourne la tête juste à temps pour le voir arriver. Ma main s'enroule gentiment autour de l'avant-bras de Samantha afin de la tirer. Dès que l'homme en question passe, je retire doucement ma main, de peur de la gêner. Je suis plutôt surpris du ton de la blonde, et mes oreilles s'en retrouvent un peu agressées, me faisant froncer le nez temporairement. J'suis habitué à ce que ça hurle quelque peu ici et là sur le campus, mais les couloirs sont vides... Donc ça résonne un peu plus, bien malgré les bouchons que j'ai aux oreilles.

J'affiche un sourire gêné avant de glisser mes mains dans mes poches et de continuer à marcher en sa compagnie. L'air frais me fait du bien et je prends une grande inspiration. Les moments de silence ne m'ont jamais particulièrement gêné. Je ne suis pas le premier à essayer de les combler. Au détour d'un couloir, je m'arrête quelque peu. Je pivote pour lui faire face et je lève une main pour pointer l'une de mes oreilles. J'avais oublié de lui en parler, justement. Je viens attraper le premier bouchon afin de le lui montrer dans le creux de ma paume, avant de le remettre en place. "- Je suis excessivement sensible au bruit. Ou le terme exact est phonobe" expliquais-je doucement. "- C'est pour ça que je l'ai entendu arriver. Ça peut sembler être un avantage... Mais dis-toi bien que dès qu'une personne parle trop fort, si je n'ai pas mes bouchons..." J'affiche un petit air, avant d'hausser un peu les épaules. "- J'en ai de différentes grosseurs. Si je dois aller dans un endroit où il y a de la musique forte, j'en mets des plus gros, sinon, en général les petits font leur effet. Je suis habitué à certains sons. D'autres moins.." Et j'effectue un petit geste sur le côté pour reprendre le rythme de notre marche. Nous sommes à quelques minutes seulement, maintenant, du Luna Coffe.

"- Qu'est-ce que tu voulais me dire plus tôt... Sam ?" Ça m'a demandé un petit effort, mais je me dis que si je veux y arriver il faut aussi un petit effort de ma part. Je ne peux pas toujours me cacher derrière un surnom qui m'a marqué. Non. Samantha est complètement différente de Samuel, pas seulement parce que c'est une femme. Il y a tout le reste qui diverge. Et elle est entière. Unique. Je n'ai pas à être tant perturbé par un surnom... Non ?

PLEASE STAY YOU DON'T BOTHER ME...

(SAM & SASHA)

Tu suis ton nouvel ami vers la sortie du bâtiment, le froid du début d'année te fait légèrement frissonner alors que vous commencez à prendre le chemin vers la sortie du campus. Sasha avait semblé troublé par ta réaction envers le jeune homme qui avait failli te bousculer. Tu t'étais un peu recroquevillée dans le col de ta doudoune un peu honteuse de ton propre comportement, tu croyais que tu l'avais froissé. Lorsqu'il t'expliqua la raison de sa gêne ça te fit l'effet d'une illumination.

“ - Je suis vraiment désolée si j'ai heurté tes oreilles ! J'ignorais que tu souffrais de phonobe... J'en ai entendu parler très brièvement je crois. Dieu merci tu es suréquipé ! ”

Tu le taquines doucement et tu souris à nouveau rassurée de savoir que tu ne l'avais pas irrité. Tu repensais à ta propre sensibilité, tu avais développé une sorte de carapace avec les années qui faisait que tu gardais toujours ton calme, même les examens ne te mettais pas dans tous tes états ! Le stress, tu l'a peut être trop vécu, sur une trop longue période, alors maintenant tu ne cèdes plus, ça te permet d'avoir toujours les idées claires. Sasha te faisait un peu stressé, mais dans le bon sens, enfin la petite timidité qui te pinçait les joues n'était pas désagréable...

Arrivés au bout de la rue du café, tu avais presque omis que tu voulais lui dire tout de ton passé. Tu avais à peu près une idée d'où commencer, tu avais fait ça maintes fois raconter ton histoire, mais à chaque fois tu ne voulais pas faire fuir ton interlocuteur alors tu essayais de démarrer tranquillement. Tu souriais à Sasha après avoir pris une petite inspiration.

“ - D'abord appelle-moi Samantha ou Sam, c'est comme tu veux ! ” Tu penchas légèrement la tête sur le côté.


“ - Il faut que tu saches que j'ai un passé particulier et connu de pas mal de gens. On me connait, car je suis pour commencer la fille de Bill Gates, le créateur de Microsoft, mais parce que j'ai été l'objet d'une histoire fascinante pour les autres... Et je ne veux pas que tu apprennes tout ça par quelqu’un d'autre, c'est à moi de te raconter mon histoire ! Si tu veux bien... ”


Tu baissais légèrement la tête vers tes bottes, tu regardais la neige qui glissais sous tes semelles, les reflets des lampadaires sur le cuir synthétique, les mains dans tes poches. Et s'il fuyait après que tu lui aies tout dit ?