love is all around

@Jeremiah H.-Williams ♡ huit janvier

Assise sur le lit conjugal, je regarde Jeremiah faire plusieurs aller et retours avec les éléments de décoration que nous avons choisis pour les jumeaux. Je refuse d’avoir quelque chose de genrés et je sais que mon fiancé à la même vision des choses là dessus. Sans compter que nous ne savons pas le genre de nos futurs enfants alors ce sont des couleurs douces et pastel qui n’ouvreront les murs et meubles de la nursery. Je me lève - non sans difficulté - et me dirige vers la chambre qui a encore besoin d’un peu d’attention avant de ne devenir que des murs et du mobilité, les personnes l’habitant créant tout l’amour qui soit. Il me faut vraiment une chaise dans un coin. Que je souffle doucement, glissant ma main le long du bras de Jeremiah. Juste pour pouvoir m’asseoir et dormir confortablement si je refuse de quitter leur chambre. Parce que je suis plutôt forte pour être contrôleuse des travaux finis mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’une fois qu’ils seront là, que je ne pourrais plus les protéger avec mon propre corps, je risque d’avoir du mal à les lâcher… Et je sais aussi que j’aurai tout de la mère chiante collée au lit de ses enfants, à vérifier qu’ils respirent toujours mais aussi - voire surtout - à fusiller du regard la première personne qui osera les réveiller durant leur sommeil léger. Il parait que ce sont toutes les mères qui sont comme ça mais je n’ose même pas imaginer ce que je serai. Et ce qu’il sera aussi. Mon regard sur Jeremiah, un sourire sur mes lèvres, je souffle Il nous en faudrait un assez grand pour deux. J’en souris et finis par embrasser sa joue. Je ne sais pas quels parents nous allons être mais deux gagas avec une grande difficulté à se raisonner l’un l’autre, aucun doute là dessus. Ou alors, il sera le plus raisonnable de nous deux et il arrivera à me ramener sur terre… Qui sait ? Il est capable de tellement de chose mon futur mari… On commence par où ? On a voulu faire cela ensemble, tous les deux, rien que nous pour les dernières petites touches mais j’espère qu’il sait planter un clou parce que ce n’est absolument pas mon cas.

Nous avons beau avoir encore quelques mois devant nous, je souhaite terminer la chambre des petits au plus vite dans le cas où ils décideraient de pointer le bout de leurs nez plus tôt que prévu. Je ne l’espère pas, et le crains même pour être honnête, mais il est préférable de se préparer à cette éventualité avec une grossesse gémellaire. Je pense que nous aurons tous les deux l’esprit plus tranquille si tout est prêt pour les accueillir et je ne doute pas qu’Ella risque de passer du temps ici avant même leur naissance. Concentré sur les murs que je fixe depuis dix bonnes minutes pour décider quel cadre va aller où, je sursaute quand la voix de ma fiancée me parvient et que sa main glisse le long de mon bras. « Tu me demandes de te mettre une chaise, afin de m’abandonner chaque nuit ? » Je demande, amusé, et vient passer mes bras autour d’elle pour embrasser sa tempe. Je n’ai pas le moindre doute sur le temps que nous allons passer dans cette chambre, nous avons donc besoin de mobilier confortable pour nous aussi, mais ça m’amuse de jouer au pauvre homme bientôt délaissé. Plus les semaines passent, plus je réalise les joies (et peut-être parfois les peines) qui nous attendent pour le mois de mars. La chambre des jumeaux, presque terminée, rend tout cela bien plus concret, tout comme le ventre d’Ella qui ne cesse de grandir et s’arrondir. « Un ? T’aimerais une chaise, ou un fauteuil ? » Elle m’a un peu perdue dans sa demande et je tiens à ne pas faire erreur lorsque j’irai chercher les derniers meubles pour terminer la chambre. Je jette un nouveau regard circulaire à la pièce pour réfléchir à un plan, qui n’implique pas énormément de mouvement pour ma fiancée. « Je vais placer les cadres et terminer de monter la commode. Tu peux peut-être commencer à mettre sur cintre et plier tous les vêtements qu’on a déjà ? » Trop, si vous voulez mon avis. « Pendant qu'on fait ça, on peut peut-être commencer à réfléchir aux prénoms, aussi. Je ne veux pas être de ces parents qui nomment leur enfant un mois après la naissance. » Et qui l’appelle “le bébé”, en attendant. « On est pas obligé de se décider aujourd’hui mais on peut déjà réduire la liste. T’en as fait une ? » Question idiote, elle en a peut-être même dix.

Je regarde Jem et ne peux m’empêcher de sourire largement. C’est qu’il a presque compris mon plan pour les premiers mois de la vie des jumeaux. Enfin, je dis ça mais peut-être que les baby phones me suffiront et que mon confort primera sur la surveillance poussée que j’ai pourtant déjà prévu dans mon esprit. Pas toutes les nuits… J’en glousse et pince mes lèvres comme pour faire passer la pilule un peu plus facilement. Je veux juste être un minimum confortable si je suis incapable de dormir une fois que je serai trop loin de mes enfants. Pour le moment, on dort à quatre dans le lit et je peux tout contrôler mais après… Un fauteuil. Pour qu’on ait de la place pour deux. Et qu’on puisse mettre un petit support histoire de surélever mes jambes. Favoriser la circulation du sang et tout ce qui va avec. Et, sans vraiment m’en rendre compte, je tire sur ma robe longue histoire qu’elle cache mes chevilles et les poteaux qui me servent de supports pour toute la petite famille. Je l’écoute et souris légèrement, acceptant ma mission. Je risque de passer des heures à regarder chaque pièce, à imaginer l’un des jumeaux - puis le ou la seconde dedans - et avoir le coeur qui gonfle. Faisons cela alors. Je pense qu’en temps normal, j’aurais soufflé que je ne suis pas malade et peux l’aider à monter la commode - que j’aurais surement monté à l’envers, on ne va pas se mentir - mais là, je le laisse faire. De toute façon, si je m’abaisse, je ne suis pas sûre que je vais réussir à me relever. Je serai à la bonne taille pour une petite gâterie mais pas dans la chambre des enfants ! Mon visage se tourne vers lui et je ne peux m’empêcher de rire à sa question. Jeremiah Jude Hanwell-Williams, pour qui me prenez vous ? Dès que j’ai un moment de libre, j’y pense, encore et encore. Prénoms féminins, masculins, agenres - Nicolas, Dominique, Ezra et compagnie - j’ai une liste pour à peu près toutes les formations possibles. Je commence par où ? Parce que la liste risque d’être longue. Je n’ai pas regardé les significations donc il se peut que même les plus beaux volent par la fenêtre. Parce qu’il est hors de questions que le plus prénom de notre enfant disent « fauteur de trouble » ou « déesse de la trahison qui finit seule ». Andrea, Nicolas, Emilia, Amelia, Sandra, Sara, Isabella, Anastasia, Serena, Selina, Lucas, Noa, Sasha, Thomas, Elijah, Ezra… Comme papa et maman, voici une partie de la liste 1, celle qui finit par un -A.

La grossesse d’Ella me permet de réaliser qu’il y a certains points sur lesquels nous ne sommes pas totalement en osmose et qu’il faudra, éventuellement, en discuter. Je pense aux prénoms, aux parrains/marraines, mais aussi à leur éducation de manière plus générale. J’ai beau me plier aux quatre volontés de ma fille, et de ma fiancée, il y a tout de même plusieurs points sur lesquels je suis stricte et tiens à la rester pour le bien et l’équilibre de toute le monde. Cami peut nous rejoindre dans le lit le matin, lorsqu’elle se réveille, où exceptionnellement si elle fait un cauchemar mais c’est dans sa chambre qu’elle s’endort et passe la nuit et il en sera de même pour les petits. De même que je ne compte pas, pour ma part, passer mes nuits dans la chambre des jumeaux. Les surveiller à maintes reprises, m’assoupir l’après-midi, ça je n’en doute pas, mais je ne veux pas devenir un papa qui renonce à sa vie d’homme. Mes parents n’ont jamais accepté que Lewis ou moi nous perdions dans leur chambre et si petits ça pouvait parfois nous attrister, je comprends aujourd’hui qu'ils ont préservé leur vie de couple. « J'espère bien. » Dis-je avec légèreté, malgré l'inquiétude qu’on se perde dans l’opération. « Je note. » Je ne lui précise pas, pour l’instant, que c’est dans notre lit que j’espère la trouver le soir, parce qu’avec les hormones en ébullition, je ne sais jamais ce qui pourrait déclencher la dispute de l’année. « On ne sait jamais. » Depuis juillet, nous n’avons pas évoqué de prénoms en particulier, autre que si nous en entendons un dans la rue ou dans un film qui nous plait. Ces prénoms où on se dit pourquoi pas, et qui sont oubliés tout aussi vite parce que je ne tiens pas de liste manuscrite. Je hoche la tête à l’entente de ses premières propositions et récupère un cadre que je tourne vers ma fiancée. « Entre les deux lits ou au-dessus de la commode ? » Dès que j’ai une réponse, j’essaye de me souvenir de toute sa liste pour en tirer mes préférences. J’hésite à lui faire la blague que nous aurions dû en discuter avant de se mettre à l’ouvrage mais de nouveau, je préfère ne pas prendre le risque de la froisser. « J’aime bien Elijah et Ezra. Noa, aussi. Les autres, pas vraiment. » Je suis honnête parce que cela va déterminer le prénom de nos futurs enfants, il faut qu’on soit d’accord. J’aurais bien aimé que ce soit une évidence - le prénom de son père, ou de mon grand-père si c’est un ou deux garçons, par exemple - mais malgré tout l’amour que je porte à ces deux hommes, il en est hors de question. « Tu tiens à ce que le prénom finisse par -A ? » Parce que moi, je ne pense pas en avoir un seul en tête. « J’ai pensé à Ayrton, Anton, Jude, Romeo, Avery, Mila, Riley, Liam. Ou même London. » Je marque une bonne pause entre chaque prénom, réfléchissant un à un à ceux qui m’ont déjà traversé l’esprit, puis me tourne vers ma fiancée pour voir si nous avons des goûts communs ou pas du tout.

J’ai toujours cru que neuf mois, c’est long. Les trois quarts d’une année. Quand on y pense, c’est un sacré nombre de jours et de semaines. Mais en pratique, ce n’est pas le cas. J’entre dans mon dernier trimestre, ce qui veut nous dire que les enfants seront bientôt là. Cela veut aussi dire que nous avons des tas de choses à gérer, à discuter et à voir. Finir la chambre sera déjà un bon point et je sais que je peux compter sur Jeremiah pour mettre de lui de coude et me recentrer si je commence à partir dans tous les sens et à pleurnicher devant les petites grenouillères qui se retrouvent rapidement entre mes doigts. Comment est-ce qu’un enfant peut rentrer là dedans ? Seront-ils tout chétifs ? J’ai peur qu’il y ait un soucis à la naissance, qu’ils manquent de quelque chose et c’est bien pour cela que je multiplie les rendez-vous chez le médecin et ne cesse de l’appeler. Je pense qu’il va finir par bloquer mon numéro mais c’est comme ça que je suis et pas autrement. Les hormones n’arrangent rien, on ne va pas se mentir non plus. Mes yeux sur Jeremiah; je souffle Au dessus de la commode. Comme ça, si ça tombe, ça ne fera de mal à personne. Il ne manquerait plus que cela. On ne peut pas les emballer dans du papier bulle, ces enfants ? Je repars dans ma liste et continue de plier les bodys et tenues gender neutral que nous avons déjà. Trois sur seize, c’est déjà un bon début. Que je lance avec un sourire sur le visage. Je les aime un peu tous à égalité, il n’y en a aucun qui sort du lot. Je ne suis pas là à me dire « C’est ce prénom ou rien d’autre ». Et si je n’ai pas eu le coup de coeur, c’est que nous avons encore du chemin à faire. Non, du tout. C’est juste qu’Ella, Jeremiah… Je trouvais ça mignon. C’est surement les hormones qui parlent parce que je n’ai aucun doute sur le fait que si je n’étais pas enceinte, je n’aurais pas la même réponse. London… Le voilà le prénom qui éclate dans mon coeur au moment même où il est prononcé. Me voilà avec mes listes à thèmes et je ne pense même pas à l’évidence. Londres, l’Angleterre. La maison… Je me rapproche de lui et souris Je t’aime vraiment mais on appellera pas notre fils Ayrton. Quitte à lui donner un prénom de coureur, autant prendre George, c’est beaucoup plus mignon. Que je dis en souriant. Je dois avouer que j’aurais adoré appeler notre fils Louis mais avec son frère, c’est définitivement mort. Et Jude ? Vraiment ? On les appelle Jude et Clarence comme ça ils ont nos seconds prénoms ? Moi qui pensait être la narcissique du couple ! Je ne peux m’empêcher de rire. Il y a Romeo et Liam que j’ai vraiment en horreur aussi. Tu crois qu’on doit choisir quoi ? Deux prénoms filles, deux prénoms garçons ou deux mixtes ? Et celui qui sortira en premier serait affublé du premier qui nous passe par la tête ? Peut-être que de ne pas savoir le genre des enfants n’était pas l’idée du siècle. Tu penses quoi de Poppy ? C'est très anglais quand on y pense...

« Au-dessus de la commode, chef. » Je répète ses mots et lui souris, avant d’ouvrir la boîte à outil pour en sortir un clou. Je suis cependant sur pause, en pleine réflexion concernant les prénoms de nos futurs enfants. Il y en a bien un ou deux qui se trouvent sur ma liste depuis plusieurs années, pour le jour où je serai papa, mais j’avoue qu’ils étaient des éventualités plus que des choix bien arrêtés. Maintenant que la date butoir approche, je ne peux m’empêcher de me dire qu’ils ne sont pas assez parfaits pour les attribuer à vie à nos mini-nous. J’en partage tout de même quelques-uns avec ma fiancée, après avoir réagi à ses propositions qui - pour certaines - me font un peu peur pour le jour où nous allons devoir nous décider réellement et non juste faire des propositions. « Exactement. D’autant plus qu’on en attend que deux. » Dis-je amusé, rassuré qu’Ella ne prenne pas mal le nombre conséquent de prénoms que je viens de balayer complètement de la liste. Je pince les lèvres lorsqu’elle me fait remarquer le raisonnement derrière ses prénoms en -A. Elle doit oublier qu’il y a une cinquième personne à prendre en compte dans tout ça; je crains déjà que Cameron se sente d’une quelconque manière mise à l’écart parce qu’elle ne vit que cinquante-pour-cent du temps avec nous, je ne ferai rien qui puisse accentuer cette impression. Je ne le fais cependant pas remarquer parce que je ne voudrais pas qu'Ella fonde en larmes pour ne pas y avoir pensé. Au lieu de quoi, j’enchaine plutôt sur ceux qui m’ont traversé l’esprit à un moment ou l’autre, ou d’autres - comme Ayrton - plus évidents, et c’est un large sourire qui prend place sur mes lèvres lorsqu’elle réagit à London. « Oui mais Cameron, London, … Ayrton. » Dis-je innocemment. « George, ça casse un peu la lignée. » Je ris, parce que je ne tiens pas à Ayrton plus qu’à un autre prénom - il est en revanche hors de question que mon fils se prénomme George. « Et pourquoi pas ?! Je me suis dit que tu aimerais l’idée. » Son narcissisme aurait-il des limites, finalement ? Je souris et fixe le cadre au mur, me reculant pour vérifier qu’il est bien droit. « Si on garde London, c’est mixte, non ? » En tout cas, ça ne choque pas que ce soit pour une fille ou un garçon. « Donc il nous faudrait un prénom fille et un prénom garçon et comme ça on a toutes les combinaisons possibles ? Ou deuxième mixte. » Ce qui aurait du sens, avec Cameron et London - si on conserve cette idée car on a beau l'aimer tous les deux, ça ne veut pas dire que c’est écrit à l’encre indélébile. Ou pourrait aussi partir sur Florence, ville où je lui ai fait savoir mon envie de lier nos destins à tout jamais mais malgré tout l’amour que je porte à l’Italie, le prénom en lui-même ne me plait pas plus que ça. « Poppy Marriott-Williams. » Je souffle et visualise le petit coquelicot rouge, qui rend hommage à nos soldats décédés lors de la première guerre mondiale. « J’adore. » Plus encore que London, peut-être, et pourtant il ne m’a jamais traversé l’esprit avant qu’Ella le propose. « Encore faut-il avoir une petite fille. » Et là est toute la question, puisque nous avons décidé de ne pas savoir avant l’accouchement, ce qui empêche nos proches de nous couvrir de rose ou de bleu, bien qu’ils ont tous compris à présent qu’on voulait du neutre. « Tu crois qu’il est trop tôt pour prendre les rideaux ? » Je ne veux pas qu’ils prennent la poussière mais sans, la chambre fait bien vide et cela me perturbe.

J’acquiesce aux mots de Jeremiah et suis ravie qu’on en attende que deux. On a déjà mis du temps à s’y habituer mais alors si j’étais enceinte de plus que de jumeaux, je pense qu’on serait toujours en train de paniquer. Et ça nous ferait plus de prénoms et de parrains-marraines à trouver ! Non merci. Je me demande comment se passera cette deuxième étape mais pour le moment, ce sont sur les prénoms que je me concentre. J’ai envie de demander à ma mère comment elle a su qu’elle voulait m’appeler Ella et pas Germaine, par exemple. Je l’écoute, entends son argument et souffle Non, toujours pas. en pinçant les lèvres. Ayrton, c’est un grand nom. Si on veut que tout résonne ensemble, on trouvera mais celui-là ne fera pas partie de la liste finale. Parce que bien entendu, je ne nous imagine pas nous accorder directement. Enfin, sur le London, je crois que c’est adjugé. J’aime beaucoup l’idée mais je ne voudrais pas que l’un ou l’autre pense que je le préfère parce qu’il a le prénom de son papa ou le mien. Mais peut-être qu’au final, ce serait l’option parfaite pour pouvoir dire “j’aime votre père autant que je m’aime, du coup vous êtes à égalité” et je suis sûre qu’ils y croiraient ! On n’aime pas un de ses enfants plus que l’autre et là, ils en auront la preuve irréfutable. London Marriott-Williams. Je suis fan. Et j’essaye de réfléchir à autre chose, un autre prénom qui pourrait coller, qui pourrait nous faire dire “c’est celui-là". J’ai ce besoin que ça ait un lien avec l’Angleterre. On ne peut pas non plus se retrouver face à “il a le prénom de la capitale anglaise et moi, je m’appelle Emma”. Et quand le prénom sort et qu’il plaît à Jeremiah, je sens mon coeur se gonfler de bonheur. Poppy et London. Si tenté que l’on ait deux filles ou une fille et un garçon. Tu penses qu’on aura quoi ? Que je demande rapidement, continuant de plier les habits que nous avons déjà. Essentiellement des bodys, des pantalons, des petits pulls bien mignons. Quand on ne sait pas le sexe du bébé, difficile d’acheter des jupes, robes et tout ce qui va avec. Et face à sa question, je dis Non, je ne crois pas. Je regarde le cadre qu’il vient de poser au mur et dis Je crois qu’avec des jumeaux, il n’est jamais trop tôt. Je ne suis qu’à six mois de grossesse donc on ne va pas espérer que j’accouche dans les quinze jours mais tout peut arriver très vite. Et puis, avec Cameron à la maison la moitié de la semaine, ce n’est pas toujours facile de penser au reste, de prendre le temps pour le reste. Je préfère qu’on finisse comme ça, on sait que c’est prêt et je pourrais me charger de préparer les sacs pour la maternité. Ce sera une chose en moins à faire. Et le mien sera prêt rapidement aussi. J’ai peur qu’il arrive quelque chose et qu’on soit dans le rush. Ce n’est pas entre deux contractions que je vais trouver mon pyjama, ceux pour les petits et tout ce qui va avec. Je réfléchis aux prénoms et quand un me traverse l’esprit, je le souffle Alexis ? Pas trois fois sûre mais c’est joli. Louison ? Et je sens un mouvement dans mon ventre. Ah, je crois qu’ils préfèrent Louison à Alexis. Ou c’est juste l’heure du sport, ce qui est bien possible. C’est merveilleux et horrible d’être un ring de kick boxing, moi je vous le dis !

« J’aurai essayé. » Dis-je lorsqu’elle rejette mon argument pour le prénom Ayrton. Je dois bien admettre que si ce n’était pas le prénom du plus grand champion de tous les temps, il ne serait même pas une possibilité. « Et Nelson, c’est non aussi du coup ? » Qui ne tente rien n’a rien ! Je préfère d’ailleurs Nelson que Ayrton en sonalité, et le brésilien a été champion au volant d’une Williams. Mais même moi, je ne suis absolument pas convaincu, cherchant simplement à voir ce qu’Ella est prête à accepter - et à l’embêter un peu, aussi. « Je suis d’accord. » Mais je serais presque déçu que mes parents aient décidé de me l’attribuer en second prénom, car je l’adore et l’aurait volontiers donné à l’un de mes enfants. Hey Jude, les Beatles, nous gardions le lien avec l’Angleterre. « Lennon ? » Hum non, trop proche de London. Je murmure dans mes pensées, plus pour moi qu’autre chose, et rejette d’ailleurs la proposition avant qu’elle soit vraiment sur la table. Si j’aime l’idée que les prénoms de nos enfants aient un lien, je préfère éviter qu’ils se ressemblent au point d’avoir les deux qui accourent lorsqu’on en appelle un des deux. Le cadre pendu, je me tourne vers ma fiancée lorsqu’elle me demande mon avis sur les jumeaux et pose une main sur son ventre une fois à sa hauteur. « Je ne crois rien… mais j’espère qu’on aura au moins un petit garçon. Mais si c’est deux filles je les aimerai tout autant. » Au cas où elles ou ils entendent, je veux qu’ils le sachent. Je rêve d’avoir un petit garçon depuis toujours et n’abandonnerai sûrement pas cette idée si Ella venait à mettre au monde deux petites filles, mais cela ne changera rien à l’amour que je leur porte. « Et toi ? » Je dépose un baiser sur ses lèvres, avant de m’éloigner pour récupérer l’échelle dans un coin de la chambre et aller la placer près des fenêtres, lorsqu’elle me confirme que je peux déjà m’occuper de les placer. « Oui, ce sera plus rassurant si tout est prêt. » Pour elle, comme pour moi, parce que je crains déjà le jour où il va falloir la conduire d'urgence à l’hôpital et ne rien oublier, car il est hors de question que je la quitte d’une semelle pour revenir sur mes pas une fois qu’elle sera hospitalisée. « C’est banal, comparé à London et Poppy, non ? » Si on se retrouve avec deux garçons, ce serait bête de dire au deuxième qu’on avait espéré un petit mixte ou deux filles et qu’il a donc un prénom qui nous plaît mais ne représente rien de spécial. « Harry ? Pour le prince, mais surtout pour Potter. » Ou encore Styles, qui fait quand même la fierté du pays, mais même si le prénom est important pour notre nation, je n’en suis pas super fan. « Tu m'en passe un ? »  Perché sur l’échelle, je désigne l’un des rideaux pour le passer à la barre, en pleine réflexion. Honnêtement, je ne pense pas avoir une nouvelle illumination aujourd’hui mais j’ai très envie qu’on soit (presque) sûrs de nous au plus vite. « Et pour les parrains marraines ? J’ai mon frère, toi les tiens, éventuellement, mais alors en marraines… » Personne, le vide. Et je ne suis pas certain de vouloir mettre Lewis en parrain, en sachant qu’Ella devrait, elle, faire un choix entre Dim et Eliott.

Je regarde Jeremiah dans les yeux et secoue le visage de haut en bas. Tu as tout compris. J’en souris légèrement et me demande s'il me prend pour une andouille ou autre. Non. En plus d’appartenir à d’anciens pilotes - et donc de leur rendre hommage - je n’aime pas ces prénoms. Trop anciens, pas assez jolis à l’oreille. Et puis, quitte à rendre hommage à qui que ce soit, je préfèrerais que ce soit à mon père et son grand-père. C’est pas mal oui. Que je souffle en prononçant le prénom Lennon juste après lui. En plus, je trouve que cela peut aussi bien convenir à une fille qu’à un garçon, ce qui est aussi le but recherché. Bien qu’avec Poppy, aucune possibilité de le coller à un garçon. Quoi que… Qui a décidé du genre des prénoms et comment ? Quels étaient les critères ? La manière dont le prénom était chantant ou non ? Et comme pour nous accorder une pause, j’interroge mon futur fiancé sur ce qu’il aimerait avoir comme enfant. Nos lèvres se touchent et je réponds de la manière la plus ‘gender neutral’ qui puissent Deux enfants en bonne santé. J’en ris légèrement, me pinçant les lèvres alors que je m’applique à ranger les chaussons dans l’un des tiroirs faits sur mesure et prévu à cet effet. Des garçons. Je ne peux pas mentir là dessus. Et puis… Mommy’s boys, quoi. Et la vie est moins dangereuse quand on est un homme. Je veux bien éduquer mes fils mais si le reste de la population n’est pas capable de faire de même, ai-je envie d’amener des filles sur cette planète ? Mais je serai la plus heureuse et comblée des mamans quel que soit leur genre… Il ne faudra juste pas trop se demander pourquoi je te bassinerais pour avoir encore un enfant si on a deux filles ! Je souris largement. Après tout, une fille nous en avons déjà plus d’une dans notre entourage et il y a Cameron. L’idéal serait une fille et un garçon quand même. Comme ça, on aurait tout du premier coup. Je n’y crois pas une seule seconde pour être honnête. Je me dis que rien n’est idéal dans la vie… Sauf cette relation. Alors peut-être que cette fois, c’est tout bon. Plus que quelques mois à attendre pour savoir, pour les rencontrer. Un signe de tête dans sa direction, je suis d’accord avec mon fiancé. Alexis ou Louison, ça ne résonne pas aussi bien que London ou bien même Poppy. Et à la proposition suivante, je souris largement. Si tu ne m’avais pas demandé de t’épouser à Oxford… Je le ferais maintenant. Je lui donne le premier rideau et dis J’adore Harry… Et puis, quand il est arrivé à Boston, nous passions nos soirées à regarder Harry Potter. Alors ça coule de source. C’est ce genre de prénom “simple” qui font que je les aime parce qu’il y a une histoire derrière, notre histoire. Je m’appuie contre l’un des berceaux et l’écoute entamer un nouveau sujet tout aussi important. Je ne veux pas mes frères comme parrains. Ça sort si vite. Je n’ai même pas hésité une seule seconde et c’est perturbant. Mais ça me fait du bien de le dire à voix haute. Et franchement, ça me semble logique, plus que ça même. Que penses-tu de Snow ? Avant même de penser aux marraines - je n’ai pas trop d’idées là dessus, si ce n’est l’une des filles de Londres mais laquelle ? - je veux avoir son avis sur Snow. Il joue au crétin mais il serait un parrain parfait. Et je sais que s’il nous arrive quelque chose, il respecterait nos volontés.

« Je commence à te connaître. » Dis-je en plaisantant. Ce serait bien dommage de ne pas le faire après près de douze ans d’amitié et plusieurs mois en couple. Pas de petit Nelson ou Ayrton, je note et accepte sans batailler car concernant les prénoms de nos enfants, ni l’un ni l’autre ne doit faire de concession. Il faut que ce soit un réel coup de coeur, pour Ella comme pour moi, car les loulous vont le porter toute leur vie. « C’est vrai, t’aimes bien ? » Ce n’est pas LE coup de cœur comme London ou Poppy mais c’est rassurant d’en avoir un de plus sur la liste au cas où nous changeons d’avis au dernier moment ou dans le au cas où nous avons deux petits garçons. « Pff maintenant je passe pour le papa indigne, parce que tu as la réponse parfaite. » Dis-je, faussement agacé lorsqu’elle parle d’avoir deux enfants en bonne santé. C’est bien sûr la priorité et je serai heureux quel que soit le sexe de nos enfants mais ce serait mentir de ne pas avouer que j’espère avoir un petit garçon. Un mini-moi, un petit gars. Une petite fille et un petit garçon serait le plan idéal, même si avec Cami, les femmes l’emporteront toujours à la maison. Mais au fond, même en minorité, nous savons très bien qui fait la loi et le fait de mettre au monde deux petits garçons n’y changeraient rien du tout. « C’est quoi notre limite ? » Je demande et souris. « Si on a que des filles, à quel moment on s’arrête ? » Car j’en connais, qui ont eu huit filles avant d’enfin voir un petit garçon rejoindre la famille et je ne tiens pas forcément à être comme eux. Quand j'imaginais mon futur, c’est avec deux enfants que je le voyais. Je suis des plus heureux pour les jumeaux, de savoir qu’on m’accorde trois fois la joie d’être père, mais dans la situation actuelle du monde, je ne suis pas certain de vouloir repeupler la planète. Trois, c’est déjà très bien. « On verra. Tu penses qu’on va tenir jusqu'à la fin sans poser la question à ta gynéco ? » Par moment, ça me démange de lui demander discrètement, sans rien en dire à Ella. On s’est mis d’accord de garder la surprise jusqu’à l’accouchement mais la curiosité est un peu maladive, j’ai tellement hâte de savoir et de les rencontrer. Je ne trahirai, malgré tout, pas notre décision mais c’est de plus en plus difficile de tenir.
Debout sur l'échelle, je propose un nouveau prénom car j’aimerais vraiment qu’on ferme les yeux ce soir en étant pratiquement certains de nos choix, sauf si bien sûr nous avons un énorme coup de cœur d’ici l’accouchement. « Et je te dirais oui, pour la vie, mon amour. » Je souris et me retiens de descendre de l’échelle pour aller l’embrasser, car je sais que je ne pourrai pas m’arrêter à un baiser, hors nous avons du pain sur la planche dans la chambre des petits. « London, Poppy. Lennon et Harry. Ca nous fait déjà une bonne petite liste. » Je répète les prénoms un à un, avec une énorme préférence pour les deux premiers malgré tout. Quoi que Harry et Poppy, ça peut aussi le faire mais je pense que la décision finale, nous ne la prendrons qu’une fois que nous les rencontrerons. Peut-être qu’en les voyant, on se dira “il a définitivement une tête de George” et que nos plans tomberont à l’eau, c’est aussi la beauté de la surprise qu’elle garde bien au chaud. D’un hochement de tête, je ne dis rien lorsque ma fiancée dit fermement ne pas vouloir de ses frères et grimace lorsque le nom de Burns sort sur la table. « Il est quand même très… “anti-enfant” pour être parrain, non ? » Le gars n’a fait que me plaindre depuis qu’il sait que nous allons être parents et a dit à sa petite-amie ne pas vouloir d’enfant, je l’adore mais je ne suis pas certain de vouloir lui confier cette responsabilité. « S’ils nous arrivent quelque chose, ce n’est pas vraiment l’homme que je veux voir élever mes enfants. » Parrain, peut-être, mais tuteur légal, il en est hors de question.