Ce n'est définitivement pas le métier qui me plait. Même si aujourd'hui, je ne sais pas vraiment ce qui me plait, je sais que servir les gens riches, je déteste. Surtout quand même les autres employées sont des petites princesses sur les bords. Fin de soirée qui approche, nous ne sommes plus que 2 employées et le vigile. C'est alors qu'une client fait son entrée. Je pensais pouvoir laisser le plaisir à l'autre vendeuse de jouer les gosses de riches mais elle semble trop occupée à revoir son maquillage pour se rendre compte de son arrivée.

Pour ma part, je n'ai pas encore regarder ma cliente. Je range les tickets que je comptais à cet instant sous l'établi puis je me dirige vers ma cliente pour l'accueillir. Sourire jusqu'aux oreilles, dents aussi blanches que la porcelaine. Mes prunelles se posent sur la cliente, la jauge bien malgré moi, mauvaise habitude, excusez-moi. C'est alors que mon coeur s'arrête à cet instant. Même si nous nous trouvons dans un monde bien différent, je la reconnaitrais entre milles. Je me sens un peu perturbée de la voir ici. Ainsi.

A vrai dire, je ne savais pas trop quoi penser. Est-elle entrée parce qu'elle m'a trouvé ici ? Ou est-ce le fruit du hasard ? J'imagine déjà l'autre vendeuse venir juger Joséphine. Une part de moi aura envie de griffer le visage et à l'approche de la fin du contrat, j'ai pas grand chose à perdre. Bon OK, Matteo risquerait de s'embrouiller avec son frère... Lorsque mon cerveau fonctionne à nouveau, mes lèvres ne peuvent retenir les mots. " Joséphine, c'est bien toi ? " je demande. J'ai perdu tous contacts avec elle.

Je ne sais même pas si elle considère toujours...

C'est une situation un peu irréelle que de voir "Joey" devant moi. Mes lèvres s'étirent un peu sous la gêne. " Pardon... " j'ai du mal à me dire que je suis face à mon passé. Pas malheureux. Au contraire, nous nous entendions bien. Mais on s'est perdues de vue. Mais ce n'est pas le genre d'endroit auquel je l'attendais.
Je secoue la tête légèrement. " Oui " petit sourire timide, je ne sais pas si je dois exploser de joie pour la serrer dans mes bras ou rester professionnelle. Je n'arrive pas à trouver une bonne explication à cette situation, ni même comment on en arrive là. Je n'ai pas encore la sensation d'être à l'aise dans l'environnement luxueux où je suis depuis ma rencontrée avec Matteo.

Forcément, la question de Joey est pertinente. Je me frotte la joue, un peu gênée. " Je travaille ici. je remplace une vendeuse. " je regarde autour de moi, c'est plutôt calme. Normal, on ferme bientôt. " Mais toi... tu as ... vraiment les moyens de venir ici ? Tu... enfin... maintenant ? " je regarde autour de nous. On aurait jamais pu se payer une seule de ses robes il y a quelques temps.

Mais peut-être qu'elle a trouvé une vie meilleure. C'est ce que je lui souhaite. " J'suis contente de voir que tu vas bien... " je l'avoue. Le monde d'où on vient, les nouvelles ne sont jamais agréables. Morts, Prison ou bien pire encore. Joey, elle vit, elle est belle et peut-être que la vie lui sourit enfin. Tout comme moi.

J'admets que ma question n'était pas forcément agréable. Passer de la rue à la boutique Versace, c'est vraiment le choc social entre ces deux mondes. Moi-même, je ne m'y fais toujours pas. Mais au final, je retrouve Joséphine en vie, en bonne santé et avec une meilleure vie. Même si j'espère qu'elle ne traine dans des trucs louches pour avoir ce qu'elle semble posséder à présent. Je l'accueille dans mes bras, retrouve une douceur qui me semblait presque oublier, cette chaleur humaine que j'ai pu connaitre. " Jo... " petit murmure alors que je lui rends son étreinte.

C'est alors qu'elle me surprend par sa réponse. Comment elle a fait pour arriver à ce statut ? Un sugar daddy. Je dois avouer que je grimace un peu en apprenant ça. J'ai osé espérer qu'elle me dit qu'elle a ouvert son entreprise ou encore qu'elle a rencontré quelqu'un de riche qui l'aide à sortir la tête de l'eau. Un peu comme moi avec Matteo, même si parfois, c'est gênant qu'il soit celui qui paie. Je sais bien que l'argent n'est pas ce qui rythme notre relation. " Je vois... mais... tu l'aimes ?" c'est peut-être une façon de dire. Elle serait en couple avec un homme plus âgé, c'est tout ?

C'est alors que l'autre vendeuse sort de sa cachette. Je la regarde et elle me fait signe pour me faire comprendre que le magasin fermera bientôt. Fin de journée, levé de rideaux. Je pose mon regard sur mon amie, j'ai encore le temps de parler un peu avec elle.