Iris qui se perdent sur ces paysages si familiers. Limousine qui se déplace dans le chaos de l’urbanisme de Boston, alors que la destination se rapproche et avec elle, cette confrontation presque inévitable. A ses côtés, une femme aux allures élégantes, au visage agréable. Belle proie aux allures orientales, et pourtant, elle n’attire pas le regard du monstre. Juste là pour offrir une apparence normale, un masque trompeur. Lui, n’est là que pour une personne. Pensée qui fait vibrer sa pauvre carcasse crevée depuis une année. Maudit soit le loup pour avoir marqué son âme de la sorte, laissant ses initiales sur sa peau blanche et pourtant parfaitement lisse. Doigts qui s’égarent vers la poche de son smoking, alors qu’il en sort un tube cancérigène. La flamme vient embraser le bout, alors que la fumée monte dans l’habitacle, attirant l’attention de la brune qui n’a cessé de jacasser depuis qu’ils ont démarrés. Le bulgare reste fidèle à lui-même. Silencieux, implacablement froid. Monstre aux allures ténébreuses, qui n’offrent qu’un regard de temps à autre. Il joue difficilement le jeu, ce soir. Trop absorbé par la suite, par le chaos des événements à venir. Un an passé loin de ces paysages, de ces personnes qui ont bouleversés sa minable petite existence. Lui, prince déchu, remet les pieds dans ses rêves et ses pires cauchemars. Lentement, la voiture freine alors que les silhouettes hautement habillées défilent. Il sait que l’autre est déjà présent, ou du moins, qu’il viendra. Toujours aussi sournois, habille de ses capacités, apte à tracer, à obtenir les informations qu’il veut. Un sourire en coin vient naître à la commissure de ses lèvres, alors que la porte s’ouvre, que son mégot s’écrase sur le bitume. Avec élégance, le diable tend sa main à la beauté fade qui s’empare de celle-ci, le regard pétillant d’envie et d’impatience. Petit bouton de fleur qui ne l’intéresse nullement. Trop banale, pas assez...lui. Un gala de charité...Voilà où il pose les pieds, après avoir traversé l’assemblé, salué quelques personnes surprises de son retour. Personne ne sait. Tous maintenu dans le silence, dans l’incompréhension. C’est comme ça qu’il aime faire son entrée. Ombre devenue réalité, qui revient dans la société. Un mort reprenant vie, pour mieux agripper les âmes de ses griffes cruelles. Femme à son bras, quelques salutations plus tard, le blond glisse vers le bar. Point stratégique pour observer l’assembler et surtout, pour le chercher lui. Il ne lui faut que cinq minutes pour repérer sa proie, pour que son derme frisonne, que son myocarde anarchique vibre. Enfoiré de loup. Grimace de dégout qui se forme sur ses lèvres, alors qu’il se mettrait bien quelques baffes bien placées. Il se déteste. Déteste cette emprise. Déteste les cauchemars qu’il fait, la peine qui l’a dévoré durant un an alors qu’il avait lui-même décidé d’abandonner leur histoire. Portant son verre à ses lèvres, le visage froid et impassible, il fixe son loup, son roi. Parce que l’année à beau être passée, l’autre reste sien, à jamais. Et, lorsque leurs regards se croisent, le monde s’écroule. Le diable s’inclinerait presque...l’envie de fuir reprend, mais le monstre reste.

Maintenir les illusions, le masque affable. Cela fait partie du spectacle. Loup qui a appris à devenir caméléon. Puisque la couronne m'avait été interdite au départ, j'ai su me frayer mon propre passage jusqu'au trône. A la fureur de mes points, à la douceur de mes mots, sournoises manipulations que je viens vous offrir sur un plateau. La carrière dévore tout le reste de mes lambeaux, puisqu'il n'y reste plus rien. Des heures solitaires trompées entre des draps féminins, comme pour mieux t'éloigner des images qui viennent hanter la blancheur de mes nuits. Diable absent et que je n'arrive pourtant pas à rayer de mon esprit. Tant de faiblesse dans une stature si virile, c'est croyez-moi, bien trop pathétique. Mes absinthes parcourent le luxe du salon, galerie dorée et ornée de ses velours pour faire oublier les plus abjectes corruptions. On endort les desseins narcissiques par quelques charités données au commun. Des miettes insipides desquelles les puissants viennnet arroser les misérables, histoire de dormir sur leurs deux oreilles quand vient le soir. Je ne suis pas de ceux là. J'assume mes rages, mes envies de dompter ce monde trop misérable. J'ai fait partie de leur rang quelconque, ces anonymes, ce peuple dont on parle vaguement. Dont on s'émeut à l'ébauche de quelques faits divers, révélés sous la vérité de mon scalpel. C'est votre cruauté qui parle. Mais les coupables sont déjà trouvés et menés à l'abri des geôles. Je n'ai jamais cru au simulacre mais j'y participe pour orner ma propre peau. Las, monotone, et affable seulement quand il le faut. Je trouve l'air de la terrasse pour absorber mes poisons, bien plus présents depuis la caverne qu'il a creusé au myocarde. Je n'ai même pas voulu mentir d'une compagnie cette fois-ci. Et bientôt l'intérieur m'accueille à nouveau, mes absinthes parcourent rapidement les rangs. Et vois, comme elles se lient malgré mon interne protestation, tes incandescentes trouvent toujours matière à attiser mes démons sans même prononcer le moindre mot. Le myocarde se suspend, ce traître, que je pensais pourtant absent. Mais le marbre ne tressaille point après toutes ces années d'entraînement. Te voilà revenu. Pour mieux me torturer sûrement. M'avoir rendu la monnaie de ma pièce ne t'avait pas suffit apparemment. Digne, j'essaime quelques pas mesurés sur les tapis d'orient, agrippant d'une main souple une nouvelle flûte de liquide doré et vient la porter à mes lèvres. Comme si de rien n'était.

Regards qui se croisent. Il connait le diable, autant que le gout de ses lèvres, que la sensation de ses caresses suaves et cruelles. Il n’a pas besoin de voir, il sait. Beauté de cette liaison malsaine. Prédateurs qui se sont retrouvés à se mordent, s’étriper pour davantage s’aimer. Et encore, le mot est faible, pas assez véritables. Mais le Bulgare ne bouge pas. Il s’évertue à observer l’autre, son verre entre les doigts, laissant l’alcool glisser le long de sa gorge. Un arrêt sur image, pas assez long, étant donné que le plus vieux reprend déjà sa route. Il pourrait en grincer des dents, mais la glace imprègne encore et toujours ses traits. Il doit oublier, l’oublier. Il doit cesser de songer à tout ce qu’ils avaient, et surtout, ce qu’ils n’avaient pas. Une autre gorgée plus tard et le verre atterri sur un plateau avec un peu trop de force. Albus devrait pourtant savoir, qu’ignorer le diable, c’est comme un appel à le faire approcher, le faire venir à lui. Les jambes se mettent en mouvement, après avoir réajuster son costume qui lui colle à la peau. Quelques pas, il n’a besoin que de ça pour se faufiler dans la foule, danser avec les corps, pour rejoindre celui qui l’ignore. Quelques secondes en enfers. Un enfer dont ils ont toujours été les rois, dont ils connaissent les règles changeantes sur le bout des doigts. Cet enfer est le leur, il n’appartient à personne d’autre. “Etrangement, ça ne m’étonne pas de te croiser ici, Albus.” Prénom qui roule sur sa langue fourchue, telle une mélodie macabre et sensuelle. Il se déteste de plus belle. En lui, l’orage fait rage, tourbillonne. Il se retient d’avancer, davantage... Parce qu’il est déjà assez proche. Positionné sur la gauche du roi, une main enfuie dans la poche de son pantalon. Une allure fière, élégante, assassine, alors que ses iris océaniques s’égarent ici et là, viennent caresser la foule comme une promesse de massacre le plus total. Il refuse de le regarder lui, trop longtemps...se serait-il affaibli avec l’année passée ? Rien est moins sur, mais quand il s’agit de l’autre, Ulrik n’est jamais persuadé de rien. Et c’est ça le souci. Cette sensation d’appartenance qui s’accroche, qui refuse de partir. Cette émotion qui lui ricane au nez, lui tirant la langue ouvertement. Heureusement, personne ne peut lire dans ses pensées, parce que le diable en prendrait un coup dans sa fierté.

Le Loup a su se montrer docile et apprivoisé, mais le loup est désormais abîmé dans son orgueil. Renfrogné de l'affront de ta fuite mon diable et pourtant l'instinct sait que j'ai simplement récolté les graines que j'avais semées par le passé. Dans notre royaume, la couronne de l'orgueil pèse davantage, si bien que le silence se marque là où le commun surjouerait des retrouvailles enflammées. Emmuré dans mes glaces polonaises, la peau tressaille faible et lascive pourtant lorsque ta voix de ces mêmes contrées résonnent à mes oreilles. Je te déteste Ulrik. Et je me déteste encore davantage de t'aimer de la sorte. « On sait très bien que j'ai le cœur sur la main. » Rictus glacé et savamment posé, pour oublier l'absence de celui-ci dans ma cage. Mon regard se glisse à ton visage, autant se faire du mal pour de bon, arracher la plaie et avancer. « Toi par contre, c'est plus surprenant. » Et en réalité pas tant. Je savais qu'un jour, tu viendrais hanter mes geôles comme si de rien n'était. Diable qui s'improvise tourmenteur attitré du Loup. Mes métalliques cueillent un instant ta beauté, toujours préservée de tes manigances. Le diable est-il le diable si il n'a pas une gueule d'ange ? Mais je remarque aussi, que tu t'obstines à éviter mon regard. Voilà qui vient piquer ma curiosité, faire gronder la plus impulsive rage sous les masques marbrés. Coupe d'alcool que je viens poser à mes lippes, laissant les bulles piquer la trachée, ne te quittant pas des yeux jusqu'à ce que tu abdiques. Notre guerre est de nouveau déclarée.  

Sa voix résonne et ce traitre de myocarde rate un battement. Immobile depuis une année, cet abruti s’éveille, vient rappeler à quel point la douleur est une vieille amie, une vieille maîtresse. Saleté. Et pourtant, le monstre ne bouge pas, ne bronche pas. Iris glacées accrochées à un point invisible, cherchant à s’amarrer à quelque chose qui n’est pas lui. Apparences trompeuses lorsqu’un sourire en coin vient éveiller ses lippes rosées. “Bien sûr, c’est un fait universel.” qu’il se contente de répondre, alors que l’alcool coule de nouveau dans sa gorge. Il aurait probablement dû prendre un peu de poudreuse blanche avant de venir l’affronter...ses neurones, son cœur, son corps auraient moins réagit à la cruelle vérité. “Je suis quelqu’un de surprenant.” Il le sait mieux que quiconque, non ? Lui qui connait chaque parcelle de son corps, de son âme ? Lui, qui connait bien des choses de sa personne, sans qu’il n’ait jamais cherché à l’aider dans sa compréhension. Et ce regard. Il le sent, le poids de ces deux billes sur son visage, sur son derme glacé, de son âme en ébullition. Il résiste, le blond, à cet appel ravageur qu’exerce son regard sur lui. Du moins, il essaye...et le diable succombe trop rapidement, lorsque son regard océanique vient rejoindre celui du plus vieux. Regard dont il a dessiné chaque trait, dont son carnet de dessin est rempli...Il s’est amusé à dessiner ce visage, ces épaules, ce corps, refusant d’oublier le loup et ces crocs qu’il aimait sentir dans sa chaire. Et le silence tombe, l’espace de quelques secondes, ou quelques minutes ? Ulrik perd probablement le fil du temps, avant de se reprendre et de détourner, une fois de plus, les yeux. “Il semblerait que je doive finir mes études pour, comment dire, pouvoir reprendre les rênes.” chose qu’il n’a jamais désiré, mais le prétexte est bon et bien trouvé. “Moi qui pensais que tu viendrais accompagner.” Mots traitres qui murmurent silencieusement : je savais que tu allais venir, je suis là pour toi. Enfantin.  

Hante-moi de tes mots mon Diable. Viens râper ma peau de ton timbre rugueux et glacé. La lutte est insidieuse à sentir ainsi sous tes mots, mon sang se réchauffer. Le corps s'entête quand la raison tente tant bien que mal de maintenir le marbre, la muraille face à l'offense que tu représentes. Tu n'es qu'un diable juvénile, un gamin entêté. Capricieux, colérique. Arrachant mon myocarde, pour mieux venir me le rendre, abandonné à mes pieds. La vérité est ici. Tu ne m'as jamais lâché. Le vide s'est abattu sur un quotidien de labeur, quelques gémissements arrachés pour faire oublier les vestiges de nos étreintes passées. Rictus qui vient s'orner sous ta réplique. Les habitudes se dévoilent, comme parfaitement rôdées entre nous. Je te déteste. « Il est vrai, tu y prends un certain plaisir d'ailleurs. » Contrôler ton monde, voir les plus faibles à tes pieds, et je déteste savoir que je fais partie de ces rangs. Je ne t'en donnerai pas le plaisir. « Oh oui. Très bien. » Ta famille, son emprise, le fardeau imposé de porter ce nom, cette condition. Ils n'auraient jamais pu accepter, alors, je sais que tu as fait pour le mieux. « Comment vont les jumeaux ? » Regard qui s'applique sur tes traits, qui joue de ce pouvoir de pacotille que je viens exercer sur toi pendant quelques secondes. Loup amusé par des riens, par ses propres illusions de croire qu'un pouvoir je détiens. Je bois une nouvelle gorgée lorsque tes orbes familiers viennent me détailler, réprimant la sensation de passer sous une lumière accrue. Vois-tu les failles mon Diable ? Vois-tu le chagrin ? Les heures sombres et solitaires, les excès qui sans doute ont marqué quelques recoins précocement de ma peau ? Ce qu'on tait mais qu'on peut observer. « Je n'avais pas envie de dépenser encore quelques billets pour une dinde quelconque. » Verbiage calomnieux et méprisant dont je sais être capable. Façon tacite d'avouer que quelque part, aucune ne s'était révélée à mon goût... « Et toi, ta nouvelle amie ? » Orbes qui viennent suivre les courbes parfaites et ennuyantes de la Donzelle, mais après tout, sans doute devais-tu jouer la supercherie, jusqu'au bout.  

Les flammes rongent l’être en silence, comme un enfer éternel qui ne cessera jamais d’être alimenté. C’est ce qu’il est, le loup, son enfer personnel. Un brasier qui le dévore un peu plus chaque jour, malgré la distance, malgré les années. Comme marqué au fer rouge de ses crocs, son âme marquée par son odeur, sa présence. Jamais le diable n’aurait accepté une pareille situation, si il en avait eu le pouvoir. Malheureusement, il y a des choses qu’il ne peut contrôler et là est l’évidence même de cette liaison dangereuse. Une année passée, pourtant, les habitudes restent, les évidences sont flagrantes. Monstres qui se tiennent côte à côte, dans leurs costumes, la tête haute. Visages froids et armures bien placées. Êtres qui se barricades et dont les fissures sont pourtant déjà bien avancées. Avec le temps, ils sont passés maîtres dans l’art d’ignorer les faits : la technique de l’autruche. “Je prends un malin plaisir à bien des choses, Albus.” presque un murmure, presque une confession latente, sans véritable raison. Le plaisir dans le chaos, dans l’anarchie. Voilà où il trouve son but, ses envies. Mais pour l’heure, son monde semble fade, sans résonnance. Mélodie qui s’est éteinte avec son départ, comme si le disque avait été placé sur pause, prenant la poussière dans les tréfonds de ses limbes. Il prend quelques secondes à répondre face aux questionnements de sa progéniture. Enfants dont il ne voulait pas à la base, dont il était tombé sous le charme avec les mois. Enfants qui auraient pu être élevés par deux prédateurs, qui, finalement, évoluent à moitié dans l’ombre et à moitié dans l’obscurité. “Ils vont bien. Ça grandit plus vite que prévu. Ils passent les fêtes chez leur mère.” Génitrice dont il ne voit que rarement le visage, dont il n’en a que faire. Banalités échangés, regards qui s’échangent, iris qu’il fuit inconsciemment de peur de s’y perdre comme toujours. Enfoiré de loup. Roi de ses propres démons. Mais le diable, il ne peut s’empêcher de chercher à déchiffrer, de regarder, d’admirer, d’analyser. Il voit les fissures invisibles, les changements légers...serait-ce à cause de lui? Peut-être...peut-être pas. Imaginer une telle chose serait trop jouissif. Réponse qui le fait ricaner de nouveau, comme un écho au passé qui n’est pas si lointain. “Il est vrai que tu ne te présente en société qu’avec des filles.” rapproche à peine voiler. “Elle voulait sortir, je l’ai sortie. Rien de plus.” pour une fois, la vérité est évidente. Il ne s’est rien passé entre eux, le diable n’ayant pas envie de jouer, pas envie de s’amuser. Pas avec elle. “Je préfère quand c’est pimenté, elle est bien trop fade. J’ai fait une bonne action.” ou pas. Verre qu’il dépose sur un plateau tenu par un serveur, il rajuste lentement sa veste avec élégance. “Et si on bougeais?” toi et moi...comme autrefois. Vaguant dans des lieux interdits, abandonnant l’univers pour nos obscurités   

 Ronde implacable et mécanique entre deux monstres des enfers. On retrouve nos habitudes comme on le ferait d'anciens souliers confortables. Quelques temps ignorés, ils ont pourtant su garder la ligne et chaque détail de nos os et peaux un peu trop étranges pour ce monde. « Evidemment. » Mimique pince-sans rire dont ma personne est caractéristique. La destruction sera plus habile encore avec quelques renforts d'alcool. Tout juste de quoi piquer le gosier, j'aimerais y voir danser les flammes présentement. « Créatures paradisiaques ou infernales ? » Regard qui se tourne vers le tien dans une interrogation complice. Façon détournée de demander si les héritiers tiennent des fibres macabres paternelles ou des plus fragiles maternelles. « C'est plus vendeur. » Concernant la compagnie, la presse. Evidemment, les mœurs se veulent plus ouverts, d'autant plus sur la côte est, où la sexualité se veut plus affranchie et ouverte. Mais je ne peux me dépareiller de cette étiquette un brin poussiéreuse et traditionnaliste. Certains stigmates familiaux restaient tenaces sous ma peau, et si les plaisirs étaient souvent féminins, le cœur lui n'avait connu qu'attache masculine. « Tu es trop aimable. » Parlant de ta compagnie féminine comme on le ferait d'un chien. J'esquisse la fulgurance d'un réflexion par l'arc de mes sourcils. « D'ailleurs, Lilith se porte comme un charme. » On passera l'affront et le mépris inscrit dans ma propre transition, mais je ne suis pas loup à me soucier de tels comportements hautains. « Pour quoi faire ? » dis-je en levant de nouveau ma coupe à tes mots. Succomber serait bien trop facile, l'affront n'est pas prêt d'être oublié même si le corps crie autre chose, c'est une évidence, mais que je ne veuille pas me soumettre l'est davantage encore.

Regard qui se voile, l’espace de quelques instants suspendus dans son enfer. Le diable pourrait presque tomber, s’enchainer aux créatures diablotines qui sont siennes. Mère de ses progénitures absente, pas plus importante qu’un moucheron qui pourrait le déranger. Rares sont les êtres qui viennent piquer ses envies, son intérêt. Le plus habile se tient à ses côtés, comme le loup qu’il est, le roi qui s’impose venant rappeler au prince que ses vices se reflètes dans un miroir déformé par l’abandon. “Que tu me poses la question est vexant.” Qu’il ricane presque entre ses lèvres entrouvertes, portant à peine son regard sur l’autre. Contact visuel qu’il cherche à éviter, inconsciemment. Année passée, le manque s’est fait portant ressentir. Ces danses infernales, ces rencontres aux allures brutales et quoi pourtant, ne faisaient que confronter ce qu’ils auraient pu éprouver durant bien longtemps. Ricanement qui ne vient pas face à cette réponse évidente. C’est plus vendeur...bien sûr. “C’est plus facile, plutôt.” qu’il s’en amuse, amer. Amer de cette vérité qui n’a pas changé. Ulrik n’a jamais rien caché, s’est toujours amusé de cette société aux idées tranchées. Pas Albus. Qu’elle idée de s’amouraché de ce fantôme aux masques diaboliques ? Il s’était pourtant juré de ne pas tomber, de ne jamais succomber. Faiblesse dont il est le seul à s’approprié les défervescences enchanteresses. “N’est-ce pas ? Ma bonté Est-ce qu’il y a de plus évident.” qu’il s’amuse presque, cherchant à reprendre le contrôle sur ses propres idées, ses propres actes. Mais le diable n’est pas dupe, connait parfaitement l’homme à ses côtés, lorsque les mots sont lancés comme une boule de bowling en pleine face. “Tant mieux alors. Elle doit avoir bien grandit. Quel âge maintenant ? Un peu plus d’un an n’est-ce pas ?” Roulement d’yeux face aux paroles du loup. Ulrik rajuste son costume comme à son habitude, implacable, parfaitement habillé, aux allures trompeuses de prédateur endormi. “Pour parler, Albus. Mais si tu préfères la compagnie de ta coupe et de...et bien, tes amis imaginaires et une société qui ne t’acceptera jamais comme tu es, grand bien te face mon loup.” Dernières paroles lancées avec une provocation certaine, un amusement évident alors qu’il tourne les talons tout en sortant un paquet de cigarette de sa poche. A peine un regard pour la donzelle qui s’amuse au loin, il se dirige vers les petits jardins. Une cigarette...voir deux...voir trois...il lui faudra davantage pour ne pas étouffer face à cette situation qu’il a redouté.   

Tango des diables, bataille sournoise et silencieuse qu'on se livre. Démons endimanchés et presque ridicules si nous n'étions pas si effrayants aux yeux du monde. Les retrouvailles sont à notre image. « Sait-on jamais, le sort aurait pu se moquer de tes étranges inclinations. » Parallèle commis face à la femme qui a porté des enfants. Douce, faible, pauvre créature qui avait finalement livré au monde deux charmants démons. On est ainsi, vampire des corps et des âmes, laissant sans plus de culpabilité les cendres d'être vaguement aimés en offrande au monde. « La facilité aurait dû me mettre la puce à l'oreille. » Sourire satisfait de mon coup bas. La fuite était après tout la meilleure solution, une fin prédite que tu étais venu simplement consumer de tes propres phalanges enflammées. Ton monde n'est pas fait pour épouser le mien et tu en as simplement précipité la fin. Je ne peux même pas t'en vouloir, pour avoir commis le même affront quelques années plus tôt. « Exactement oui. » L'âge de ton départ, les jours de ton absence aurais-je envie d'ajouter. Mais je préfère prétendre ne pas les avoir compté, comme si le temps était passé en un clignement de paupière. Te suivre au dehors, ce serait abdiquer les armes, m'engager dans cette lutte infernale et offrir à nouveau ton corps en parade. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, mais c'est la faiblesse qui abdique dans mon refus, perdre l'attache à nouveau pourrait laisser ma cervelle d'acier basculer dans une étrange folie. Elle n'est jamais loin sais-tu ? La frontière n'est pas si visible. « Personne n'est accepté tel qu'il est Ulrik. » Observe les tous. Hommes poussiéreux, ornés de leurs orgueils. Candides juvéniles fardés de pourpre pour oublier leur propre saveur. C'est presque risible lorsqu'on accepte le commun de nos conditions. « Toi en premier. » Même si l'or s'impose à ta peau, si l'échine se soumet face à la noblesse de ta condition, on accepte gentiment tes démons, on s'en amuse, mais cela va un temps puisqu'on a su finalement te rappeler à ta condition. « Tu perds ton temps. » Absinthes qui se plaquent aux céruléennes. Loup qui a su adopter l'avancée dans les cases, et ne s'en tient qu'au manichéen propos, de laisser ses empreintes sur son propre royaume uniquement.