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I LOVE HARVARD
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    Ces retours qui ne réjouissent pas
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    Lien du postMer 23 Fév - 21:20
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    Joshua se leva silencieusement sans relever la pique envoyée, il serra la mâchoire à son tour en maugréant intérieurement. Pour lui le Seigneur ne lui avait pas imposé un dilemme aussi lourd, un choix entre deux choses qui le dépassaient, l'amour et le sens du devoir. Il y a une sorte de force tragique lorsque ce paradoxe terrible s'immisce et balaie tout. Il y a un équilibre aussi vital que bancal qui se crée dans ces opposés, si bien que, lorsque les deux raisons de se lever le matin s'affrontent et que l'une demande l'exclusivité il y a quelque chose qui se passe. Une colère sourde point parfois le bout de son nez et l'on en veut à celui qui a osé brisé cette délicate balance. Peu importe ses raisons. Joshua a très vite fait sauter ce sentiment d'âme peu reluisant pour se borner à la résignation ; mais il était convaincu dans son mutisme que si ce choix lui avait été posé par l'armée, si un colonel ou un général était venu en lui disant « c'est elle ou ta place chez nous », il ne porterait plus le treillis aujourd'hui. Au fond, le problème c'est toujours le timing pour ces choses. La question du tempo est cruciale car un homme de guerre finit toujours par chercher la paix et le calme. C'est dur de patient mais il faut simplement être là quand il fait sa mue et non l'imposer. Le commandant Winters accroupi contre une grange normande, après être monté à l'assaut du manoir de Brécourt avec sa poignée de soldats, avait simplement regardé le ciel en priant pour retourner chez lui et cultiver sa terre. Sledge harassé et brisé par les horreurs du Pacifique n'avait aspiré qu'à étudier les plantes en arrivant dans sa maison en Alabama. Tous étaient ainsi, Joshua n'avait jamais rencontré de détraqué accroc à la guerre, la plupart se battaient pour un idéal, d'aventure ou de service, et aspiraient à crouler pour leurs vieux jours à se plaindre de leurs genoux fragiles. Ce n'était pas un conseiller en assurances qui pouvait changer de boîte ou de job. Josh, c'était un guerrier qui risquait sa vie parce qu'il en avait besoin pour se regarder dans la glace et se sentir légitime à poser le regard sur ceux qu'il aimait.

    Mais il n'y avait plus besoin de ça, il n'y avait qu'à – selon la formule consacrée des pilotes d'UH-60 – « se taire et profiter de la balade ».  Marcher droit devant sans un mot, à se satisfaire d'entendre encore le bruit des maigres arbres disposés le long de la route : le lot des armées vaincues. L'air impropre des grandes villes, à peine remué par des arbres nus sur les trottoirs, parvenait tout de même à emplir ses poumons de quiétude. Tout imparfait qu'il était, il signifiait la paix, et avec elle la douce mélancolie du monde qui va. « Ce sera toujours Veena,» répondit le soldat en fixant devant lui, et en devinant sans trop douter le sens de ses propos. Il pressentait certains de ces moments où les phrases ont subitement un sens plus lourd et prononcé qu'en temps normal ; elles impliquent plus de choses et un mot placé à un endroit, en fonction du silence marqué, peut vouloir dire une chose et son contraire. Dieu qu'il détestait ces moments, trop subtils pour son esprit simple. Alors qu'il veillait à ne pas la regarder, à fixer la direction de marche, un mouvement de tête lui imposa la vue fugace de la bague qui pendait à son cou. Dire qu'il ne ressentit rien était au mieux un grand mensonge, mais il tâcha d'en montrer le moins possible, car la vie était ainsi et qu'il savait ce qu'il risquait à partir de par le monde. C'est le sens de ces mots que jadis se fredonnaient silencieusement les parachutistes avant de se jeter dans les ténèbres : En avant vole grise armée – et cingle aux mers lointaines – Tu reviendras, mais nous qui sait – Où le destin nous mène. La remarque qui suivit aurait pu le faire sortir de ses gonds, comme si on pouvait lui apprendre à lui que le monde continuait de tourner en son absence. Combien les visages qu'il aimait prenaient de rides à chaque retour, combien d'événements importants dans la vie de ses proches il avait raté. Tout cela il vivait avec dans ses songes, aux côtés de ces camarades qui n'étaient pas revenus, de ceux qu'il avait supprimé de la face du monde. Alors la vie qui continuait, il en avait une certaine idée. Il se contenta de hausser, las, les épaules et attendit silencieusement que le sujet dérive. Joshua se fendit d'un sourire.« J'ai déjà une bonne partie de la réponse Veena, te tracasse pas. Elle est jolie cela dit. »

    A ses yeux il n'y avait pas d'âmes plus proches que celles qui vivent pour quelque chose qui les dépasse et doit changer le monde. Cette idée lui trottait dans la tête en marchant, à mesure que son sentiment de malaise grandissait, comme le fossé qui s'était creusé à force d'incompréhensions. Elle parlait peu, lui parlait de tout sauf de ça. C'est dans les mots qui ne prennent pas formes que les destins communs s'effacent. Sans connaître les rues qu'ils traversaient côte à côte, Joshua avait cette logique enfantine que la destination pointait le bout de son nez, comme il devinait que les vacances étaient terminées en quittant la demeure de ses grands-parents. Une question le hantait depuis le moment où il avait mis les pieds dans l'avion l'emmenant pour son dernier déploiement en Afghanistan. Comme un battement de cœur doux, imperceptible, qui rythmait discrètement le cours de son existence depuis lors, tout s'était emballé à la vue de Veena. Cette question, il l'avait retournée maintes fois sans réponse, à s'interroger sur lui, se remettre en question. Alors il avait envie de la laisser sortir, mais toujours en la réfrénant. « On ne se bat pas dans l'espoir du succès. Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile », c'était la réplique qui lui venait à l'esprit. Mais en même temps, car un goût de gâchis emplissait son palais et la volonté de se libérer était trop forte. Les pas ralentissaient, le moment était venu, qu'il comprenne où ses sentiments n'avaient pas été les bons. « Enfin si, je me demandais, car ça me travaille. Si les situations avaient été inversées, je veux dire, si c'est moi qui t'avais demandé de choisir entre la médecine et moi. Tu aurais fait quoi ? » La question n'était pas de savoir ce qu'elle aurait choisi entre un mec et son travail, mais entre un rêve, un idéal et l'amour.

    « Qu'aurais-tu fait à ma place ? »
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    Lien du postMer 2 Mar - 19:43
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    Ces retours qui ne réjouissent pas.

    29 12 2021

    @Joshua Olson

    Si on me l’avait dit, il y a quelques jours, quelques mois, je pense que je ne l’aurais pas cru. Que j’aurais refusé la possibilité. Pas même capable de l’envisager. Car l’on ne retourne pas en arrière lorsqu’on lit un bouquin, bien au contraire, on avance, on tourne les pages, l’air de rien. J’ai longtemps pensé que je ne parviendrais pas à clore notre chapitre, ne serait-ce qu’envisager de le faire. Alors oui, si on avait osé me le souffler, j’aurais pu songer à un canular démodé. Tu vois, parce que c’était improbable que l’on soit tous les deux, à marcher à côté.

    Mais à le faire, j’aime autant garder en tête l’idée de me protéger, de ne pas replonger dans une histoire qui m’a tant abîmée. Et ce prénom que j’ai utilisé, il y a six ans pour me présenter, dans sa bouche, là, tout de suite, sur l’instant, c’est égal et à un couteau dans tourné dans une plaie. « Ce sera toujours Veena, » seulement il n’existe plus vraiment le toujours entre lui et moi. Trop de temps a passé, trop de silence, de mots non-prononcés. De rancœur amalgamée aux regrets. Je lui en décoche une œillade, ne parvenant pas à définir ce que je suis en train de ressentir. « Non, Joshua, » je reprends toujours les yeux levés vers toi, « les choses changent, évoluent… » Les appellations aussi, n’est-ce pas ? On n'est plus en Inde, on ne s'appartient plus, pas.

    Et si la discussion se poursuit, j’en viens à penser qu’il me questionne, dans le fond, sur ma vie. Même si la forme reste bancale… Que le timing ne sera idéal. Seulement, lorsqu’il se met à sourire lorsque je lui demande de préciser, d’oser réellement demander, je me dois d’avouer que je n’entends pas les nuances, même quand il prononce ces quelques mots. « J'ai déjà une bonne partie de la réponse Veena, te tracasse pas. Elle est jolie cela dit. » Justement, je ne comprends rien à ce qu’il dit. J’ai l’impression qu’il s’est rempli de brume mon esprit. Je ne réalise pas, qu’il parle de la bague, de ce qu’elle signifie d’après lui. Je reste bornée, totalement perturbée, et clairement j’en ai perdu ma capacité à réflexionner. Tout ce que j’espère, à la vérité, c’est de ne pas avoir perdu le sens et les rues que nous devons emprunter pour nous retrouver devant la façade de la maison de mon ex-fiancé. « Enfin si, je me demandais, car ça me travaille. » Je ne le vois pas arriver, le train qui déraille, « Si les situations avaient été inversées, » la claque que je vais me prendre, « je veux dire, si c'est moi qui t'avais demandé de choisir entre la médecine et moi. » cette baffe-là, « Tu aurais fait quoi ? » De prime abord, je hoche le visage avec lenteur. J’accuse le coup qu’il vient d’asséner à mon cœur. En règle générale, je m’essaie à oublier les paroles qui ont éclaté contre les murs de mon appartement ce jour-là. Je refuse d’y repenser, de ressasser ce qui a pu être balancé. « Ce n’est pas totalement ce qu’il s’est passé. » Je me défends, car je ne suis pas la coupable à condamner. On était deux. Je n’étais pas toute seule à jouer à ce jeu. « On s’est disputé et t’as décidé de partir. » De ne plus appeler, de ne plus écrire. « Sans te retourner, t’es parti. » Te battre pour notre pays et ne pas le faire pour moi. Je ne lui en retire pas l’honneur, c’est simplement factuel, c’est comme ça. « J’allais pas mettre ma vie sur pause et jouer les veuves éplorées. » Même si au début c'est ce que j'ai fait. Ce n’est pas mon genre, ça ne l’a jamais été. « Mais pour info, la médecine, » C’est ce qu’on appelle un traquenard, sa grande hypothèse, « n’empêche pas de rentrer chez soi. » On y est d’ailleurs, devant chez moi. Cette maison trop grande où j'arrive à me sentir à l'étroit. « Ca ne sert à rien de ressasser tout ça. » On brasse du vent qui s’échappe entre nos doigts. Ce qui est fait est fait, et rien ne l’effacera. « C'est là. Merci de m'avoir raccompagnée. »

    Spoiler:

     

    HARLEY-

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