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w/ #rplibre
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Je suis une fille banale dans un monde banal. J’ai déserté l’université pour me lancer dans la vie active et c’est pas tous les jours l’extase. Le réveil sonne tôt. Le déjeuner est pris sur le pouce. Le chat m’a griffé la tronche dans mon sommeil. La bonne nouvelle, c’est que je m’émancipe, malgré mon inquiétude permanente pour ma mère souffrante. J’ai un appartement minuscule, mais très gai. J’ai enfin créé mon univers et j’en suis fière. Je gagne pas des millions, mais juste ce qu’il me faut pour vivre. Puis j’ai de l’ambition, peut-être qu’un jour, j’ouvrirais ma propre boite et que je m’occuperais des jardins dès plus riches des alentours. On verra bien, j’suis pas pressée. Ce qui compte pour l’instant, c’est que je suis en retard. L’équipe a été choisie pour s’occuper d’un parc dans le centre-ville. Je crains d’être submergée par le boulot et de paniquer parce que je ne suis pas assez rapide. Embarquée par un collègue, on se gare proche du jardin gigantesque et on apporte tous nos outils dans la zone de chacun. La mienne n’est pas plus grande que celles des autres, mais elle me paraît gigantesque. Les gants enfilés, j’commence par tailler les buissons Tout se passe bien, mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, je coupe les branches qui dépassent et c’est ensuite le tour de la tonte. Le cul gelé, je vais chercher la super tondeuse dans le local camouflé par du lierre. C’est une auto-tamponneuse le machin. La traînant sur le gazon, j’monte dessus et la fait démarrer. Au bout d’un moment à tracer de longues lignes, tu passes sur le chemin, avec tes fesses moulées dans ton jogging. C’est pas la première fois que je te vois ici. C’est probablement ton chemin favori pour ton footing. Un peu gaga, désormais devenue obsédée, je réponds à ton geste de la main et c’est le drame. Je fonce droit vers le lac. Coup de volant sur la gauche, je perds le contrôle de l’engin et disparais dans des feuillus en criant. La honte, mais quelle honte. La machine fume, le moteur enfoncé dans un tronc bien robuste. Et moi, j’suis affalée sur le sol, les cheveux décorés de feuilles, la jambe sous la tondeuse. « À l’aide ! »

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@Shelby Abernathy Courir pour te changer les idées, poussée d'endorphines salvatrices, rien ne t'arrête encore moins le froid. T'accélères même un peu le pas, comme ce besoin d'atteindre l'objectif encore plus vite. Ecouteurs dans les oreilles, dernier virage de ton habituel trajet, plus que le parc à traverser avant de rentrer. T'es littéralement perdu dans tes pensées, et chaque foulée est oubliée au profil de tout ce qui te rend la tête, la vie, l'avenir. Ouais tout ça. Ca mériterait bien un second tour de parc mais même ça n'arrivera pas à te faire oublier toutes tes idées en train de devenir une obsession. La perte du bébé que tu voulais, l'idée prenante que t'aimerais que tout recommences. Mais t'es pas tout seul, et jamais ta copine elle acceptera ça. Alors tu vas te défouler, et gardes tout en toi ; ça finira par passer, non ? Malgré la musique à fond dans tes oreilles un vacarme se fait entendre juste sur ta gauche. Sourcils froncés, tête qui se tourne et le spectacle s'offre à toi. La brune sur sa tondeuse qui disparait dans les fourrés, elle a trouvé la porte de Narnia ou quoi ? Tu gardes le rythme, accélère même pour rejoindre sa direction lorsqu'elle cri. Ecouteurs retirés de tes oreilles pour les glisser dans ta poche dans la précipitation. "bordel !" tu lances en arrivant à son niveau. Tu te penches pour chercher le contact de l'appareil, le stress qui monte et la crainte que ça tourne au film d'horreur. "arrêtez de gesticuler !" t'y vois rien mais l'adrénaline t'anime et tu finis par réussir à couper l'appareil, maintenant il va falloir réussir à trouver un moyen de libérer sa cheville.

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w/ @Avery Langford
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Les branches m’ont fouetté et égratigné sur les parties non protégées de ma peau. J’ai fait un numéro de haute voltige, surtout lorsque la bécane infernale a tapé dans le tronc de cet arbre probablement centenaire. Je suis chamboulée. J’suis sur la terre ou plutôt le fumier qui pue. Tout est arrivé si vite, tout ça pour une paire de fesses. J’vais devoir sérieusement calmer mes hormones en ébullition ou aller trouver Jude pour lui arracher ses vêtements. Affalée dans une position étrange, comme si je venais d’atterrir du ciel, j’appelle à l’aide, imaginant déjà le pire, comme l’amputation de ma guibole coincée sous l’engin. Bordel, avec les nouvelles technologies, tout le monde se balade avec des écouteurs, je suis foutue. Mais non, il y avait toi. Tu as sans doute calculé toute la scène et au lieu de m’abandonner à mon triste sort, tu es venu à ma rescousse. « Je veux pas avoir une jambe en bois comme un pirate » Je me plains, bougeant encore un peu pour me débattre, mais fort heureusement, tu finis par éteindre la bête qui ronronnait. Les oreilles qui bourdonnent encore, je me redresse sur mes fesses et aperçois les dégâts. Un, la machine est défoncée, deux, je vois plus mon pied droit. Les appels au tout-puissant se multiplie alors que tu cherches une solution pour me dégager de ce bordel. « Tu pourrais peut-être faire une marche-arrière. Je souffrirais un bon coup et ça sera réglé » J’suis tellement choquée que je te tutoie direct, surtout que t’as pas une ride, je vais pas te vouvoyer comme un homme qui a fait plus de la moitié de sa vie. « Après, il y a une scie dans une brouette .. » Et j’pleurniche comme une gamine, sans que les larmes ne sortent. Je pousse telle une femme sur le point d’accoucher. En somme, t’auras vu le pire chez moi en moins d’une minute.

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@Shelby Abernathy La machine arrêtée tu retrouves enfin de quoi respirer. Le pire est passé non ? Au moins son pied ne sera pas aspiré tel une botte de foin dans une machine agricole. Pourtant sa cheville est encore coincée et tu tournes la tête partout autour pour rechercher de l'aide. Ses collègues peut être, où des gros bras qui passent par là ? Tu te défoules souvent à la salle ou au parkour mais c'est clair que malgré tout ca tu peux pas lutter contre la machine aux centaines de kilos. Elle propose une idée pourrie et tu hausses les épaules. T'adoptes toi aussi le tutoiement lorsque tu vois qu'elle a l'air d'avoir le même âge que ta petite sœur "c'est mort, j'voudrais pas que tu tournes de l'œil à la vue de ta jambe amputée" tu ricanes même si au fond t'en mène vraiment pas large. Toi aussi tu veux pas voir ça hin. "hey oh y'a personne qui veut venir aider ici ?" tu lances à la hâte et le ton sec à des types qui passent par là. Scène surréaliste, la brune qui devient livide et chouine comme une enfant, tu l'en tiens pas rigueur, tu veux bien imaginer comment elle doit avoir peur de perdre une jambe. Les types tentent de soulever la machine, toi aussi, et lorsque tu vois que ça bouge enfin un peu, tu fais quelques pas en arrière pour te mettre derrière elle et passer tes bras sous ses aisselles pour la tirer en arrière. Tu manques de basculer derrière mais au moins elle est sauve, ouf ! "ça va ?" Tu la lâches pas et surveilles qu'elle ne bouge pas, t'as déjà vu dans les série médicale, faut pas trop bouger la victime genre.

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w/ @Avery Langford
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Le cauchemar. Je suis bloquée sous la machine. Impossible de me dégager. Les idées farfelues se succèdent et il semblerait qu’elles t’amusent. T’as raison, marre toi, je suis pathétique ou maudite. J’me débats, mais les forces me quittent. C’est peine perdue. Sans une aide extérieure, je m’assécherais ici et finirais par crever de faim et de soif. Alors il n’y a plus que toi le bg. Utilise tes biceps ou ta voix pour m’sortir de là. Je suis encore comestible, j’veux pas décéder. Pas encore. Tes cordes vocales ayant été utiles, des paires de bras rappliquent pour me venir en aide. Je suis gâtée malgré ma position embarrassante. Mes mains se remplissant de poignées de terre, tu profites de l’espace créé par les molosses pour me dégager de la tondeuse infernale. Délivrée, je pousse un cri aigu de soulagement et bascule complètement sur le dos. J’ose pas regarder les dégâts, je suis capable de m’imaginer le pire. Mon cerveau est mon pire ennemi. « Ça peut aller, mais ne me dit pas que j’ai le mollet aplati comme une galette steplait » Ça m’élance dans toute la guibole, mais il est vrai que je suis une petite nature. Les cheveux étalés autour de mon visage pâle, j’admire le ciel bleu et aperçois quelques faces inquiètes, dont la tienne. « Merci pour votre aide les gars » Salut militaire lancé et j’crois qu’ils finissent par reprendre leur jogging. Finissant par me redresser sur mes fesses, je masque mon regard pour éviter de mater mon tibia. « Tu m’aides à me relever pour voir ? » Relax, dans le pire des cas, je m'écroule comme une merde, dans le meilleur des cas, je sautille sur un pied tel un unijambiste.

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@Shelby Abernathy Enfin échappée de la machine infernale, tu peux respirer. L'angoisse si cette situation s'était terminée en bain de sang, heureusement ce n'est pas le cas, enfin, tu l'espères ? Elle bascule sur le dos et et tu te retrouves à moitié embarqué dans sa chute, te retiens d'une paume sur le sol frais et humide. Nettoyant cette dernière sur ton bas de jogging sombre, tu fronces les sourcils à ses mots, soudainement plus que soucieux. Ton regard file vers ses jambes, et tu secoues finalement la tête "non non tout à l'air d'aller bien de ce côté là §" Elle reste clouée au sol et c'est finalement pas si mal que ça, manquerait plus qu'elle tourne de l'œil en tentant de se lever. Les inconnus finissent par s'en aller, toi t'en a vraiment pas le cœur, hors de question de la laisser toute seule à galérer. Elle se redresse sur les fesses et veut se lever, mais cette fois tu caches pas ton air soucieux et fais la grimace "t'es sure ? je devrais plutôt appeler les secours, tu dois te faire examiner." Tu t'accroupis à côté d'elle pour que vos visages se retrouvent à niveau. T'as l'impression d'être tes propres parents lorsque tu dis ça, mais quel coup de vieux. Pendant toute ton adolescence, c'est toi qui avait une carte abonnement à l'hôpital, tu comptes plus le nombre de fois ou tu t'es cassé des choses en sachant pas tenir en place. T'es assagis maintenant, et c'est toi qui prend pour un jour le rôle de celui qu'est prudent, quel retournement de situation.

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w/ @Avery Langford
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J’ose pas regarder les dégâts. Je fais alors tout un cinéma. Du Shelby Abernathy tout craché. Je veux d’abord ton avis médical avant de mater ma propre jambe que j’imagine en charpie. On peut toujours relativiser, si je la perd, je pourrais encore jouer à la marelle et revenir à la maternelle, chose que je n’ai jamais faite puisque j’ai fait l’école sur un bateau. C’est vrai que lorsqu’on prend du recul, on doit sérieusement prendre ma famille pour une groupe d’illuminés. Des marginaux. Pourtant, mes parents sont les êtres les plus censés que je connais. Si ma mère n’avait pas déclaré une pathologie rare, je serais probablement dans un tout autre pays, à découvrir de nouvelles cultures ou à tourner le gouvernail. Malheureusement, le destin en a décidé autrement. Il a voulu me placer sur ton chemin alors que je suis dans une position inconfortable et gênante. Et toi, t’es d’une douceur si extrême. Un bonbon qui fond sur la langue. T’as des yeux hallucinants et une prudence excessive. Posant ma main sur ton épaule, connectant nos prunelles étrangères, je souris et me canalise pour ne pas être agressive. « Je suis une femme, mais je ne suis pas faible et fragile » Ah bon ? Pourtant j’ai chouiné comme une merde il y a même pas une minute. Tu dois déjà me prendre pour une dégénérée échappée de son aile psychiatrique. Alors étant donné que tu me prends pour une poupée de porcelaine, je me relève seule et boitille sur ma jambe épargnée. « Tu vois, il suffit de se déplacer sur une patte, c’est faisable » Perdant bien vite l’équilibre, je me rapproche d’un tronc d’arbre pour m’appuyer contre lui. J’crois que j’aurais bien besoin d’un sac de congelés. Petits pois ou connerie du genre. Mais par dessus tout, je voudrais mon canapé vintage ou bien mon lit, un des deux. « T’as le permis jeune homme ? » Question stupide qui a toute son importance pour la nouvelle handicapée que je suis.

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