Je grimace quand il mentionne les applications de rencontre, pire encore quand elle ajoute que c’est pour “un coup” comme il le dit. Je suis pas à l’aide à cette idée, j’ai pas envie de coups, j’ai envie d’une construction, d’un ensemble, de rire en mangeant du pop corn devant la télé, de restaurants. “Je sais pas vraiment faire, juste des.. coups comme ça, c’est pas vraiment moi.” esquisse un sourire, puis un rire en secouant la tête. C’était une exception, avec toi. J’ai quand même besoin de connaître la personne. Je suis cette femme qui pense que le sexe est une continuité des sentiments. Appelle-moi vieux jeu si tu le veux. “Il y a être seule et se sentir seule. Être seule, ça ne me dérange pas, mais il y a certains soirs où ça me frappe plus que d’autres. J’aime pas dormir seule, en plus de ça.” J’ai ce besoin d’avoir quelqu’un, de connaître quelqu’un, d’offrir de l’amour à quelqu’un. Avant, je fuyais les responsabilités et voici maintenant que j’en cherche. J’ai toujours préféré m’amuser à deux. Seule, je sais pas faire, je ne sais que peu faire. Il fait une remarque sur son chien et j’esquisse un grand sourire. Un homme proche d’une bête. Probablement la seule femme à laquelle il a juré fidélité. “Si t’as besoin de quoi que ce soit dans tes recherches, n’hésite pas.” puis il me mentionne moi et mes yeux se relèvent dans les siens. La tête se penche, cherche à comprendre. Je pensais appartenir à la case conquête d’un soir. La case amicale, peut-être. La case bénévolat. Je le prends sous la légèreté ; “Moi ; la fondation à qui tu offres ton précieux temps ?” offre un sourire, tel un chat qui retombe sur ses pattes. La tentation est grande, dans ses yeux. Sa provocation, son corps, les souvenirs de la fois précédentes. Mes yeux se glissent sur son torse, comme pour en tirer de nouvelles images de ma mémoire, avant de revenir dans ses yeux. Je sais que ce n’est pas moi, qu’il a des tas de conquêtes, qu’il sait y faire. Il joue, et je me laisse prendre au jeu. C’est un animal, Albus, mais je ne suis pas proie. Il demande comment vont les enfants et je lâche un rire nerveux ; “Ils vont très bien. Ils sont contents à l’idée de la nouvelle maison, je pouvais pas mieux faire je pense.” qu’est-ce que je suis en train de faire ?

On est différents toi et moi, sur le plan sentimental. Tu veux tout ce que je fuis, mais honnêtement, je peux comprendre. « C'est clair. » Sourire sincère, parce que je suis peut-être l'exception à la règle mais on se connait toi et moi, c'est différent. Je ne suis pas un anonyme rencontré sur une appli, avec moi, tu sais que t'es en sécurité, que je viendrais pas te mettre mal à l'aise. Les jalons sont posés. « J'ai quasiment toujours été seule alors je ne comprends pas vraiment ce que ça fait même si j'ai une petite idée. » Les premiers mois où Ulrik était parti, le duplex me semblait affreusement vide. Moi qui avait toujours su dompter ma solitude, je me surprenais à tourner comme un lion en cage, à trouver encore moins le sommeil que d'habitude. Et puis finalement, mes habitudes avaient repris le dessus. T'as besoin de partager ton quotidien, comme la plupart des gens en vérité. « Notamment. » Sourire à nouveau dévoilé, c'est une habitude chez toi de m'extirper ce genre de grimaces. « Mais notre dernière fois m'a laissé un certain souvenir je dois avouer. » T'es pas comme les autres, peut-être parce que je sais pertinemment qu'on veut pas les mêmes choses, que t'es la femme que j'aurais jamais, ça te rend sans doute plus désirable encore, ta poigne qui rencontre la mienne, la force de ton caractère, une égale. « Tant mieux. Parle-moi de cette nouvelle maison. » J'en ignore les détails et j'imagine le tableau idéal de toi avec tes deux enfants, de quoi vendre le rôle principal de la jeune femme conquérante qui ne demande qu'à aimer.

Nous sommes différents, sur beaucoup de choses, bien que nous nous sommes retrouvés plus proches que jamais une fois ou deux. C'était appréciable, et je dois reconnaître qu'Albus est un bel homme. C'est flatteur, quelque part, de penser et de me dire que je plais encore, malgré l'image froide que je peux renvoyer, malgré le fait que je sois cette femme à la tête d'une fondation. Ca peut faire peur, je le sais. « J'ai quasiment toujours été seule alors je ne comprends pas vraiment ce que ça fait même si j'ai une petite idée. » je fais oui de la tête. Je suppose que quand on est habitué à sa propre compagnie, ça se passe mieux. Je dirais pas que je me suis habituée à être avec quelqu'un, mais seulement qu'avoir quelqu'un, ça reste quand même un plus. Je saurais l'expliquer, mais l'idée d'avoir quelqu'un à qui parler quand je rentre, autre qu'un enfant, c'est différent. Il annonce qu'il offre son temps à ma fondation, et je lui renvoie le même type de sourire que celui qu'il arbore. « Notamment. Mais notre dernière fois m'a laissé un certain souvenir je dois avouer. » je penche la tête, mine de ne pas comprendre ; "Un certain souvenir ?" je me mords la lèvre ; "Je suis ravie d'avoir laissé une marque, dans ton esprit." pas que dans ton esprit, il me semble. Le sujet, on s'en amuse avec. Ce n'est pas assumé mais pas renié non plus. On en parle, sans en parler. « Tant mieux. Parle-moi de cette nouvelle maison. » hésite à comment la décrire, pour enfin trancher ; "Une maison classique, des chambres, une cuisine que je vais refaire, un grand jardin, une piscine à nettoyer, le tout près de la plage." imagine la maison classique. "Tu passera un de ces quatre, pour visiter." je n'ai ni mentionné l'heure, ni si nous allons être accompagné. Je sais que c'est un détail que tu saura relever.

 

Notre relation est étrange, sans vraiment de case à appliquer mais solide. Moi qui suis très rigide, je le suis beaucoup moins lorsqu'il s'agit de mes relations plus intimes, j'oscille entre l'amitié solide et les voluptés plus éphémères sans que cela ne me pose vraiment de problème. Finalement, j'aime à ma façon, sans vraiment d'attache officielle sinon celle de l'ami présent. « Tu peux. » dis-je avec un léger rictus sur mes lèvres. J'ai suffisamment d'expérience pour que marquer mon esprit soit une sorte de privilège. « Tu es une femme spéciale Leandra. » Et je ne prétends pas m'entourer de communes mais bien de similaires qui possèdent la même hargne, les mêmes ambitions. C'est ton cas. Tu es ce genre de femme qu'on est fier d'avoir posséder un jour parce que tu ne te donnes qu'avec parcimonie et prudence. « Evidemment. » Je ne vois pas pourquoi je ne visiterai pas ton nouveau nid. « Si tu as besoin d'aide pour les travaux. » En bon obsessionnel, je suis plutôt doué dans ce domaine, méticuleux et j'aime travailler de mes mains, ce qui peut paraître surprenant. Le livreur arrive et je lui règle la commande avant de te la donner avec un petit sourire. « Et bon appétit. » Parce que tu dois déjeuner, nous ne l'avons pas oublié. « La maison, ça te fera loin d'ici ? » C'est ce qui m'a toujours empêché de me reculer, ça et le fait que je sois un citadin pur souche aussi, il ne faut pas en douter.

T'es comme un nouveau souffle, quelqu'un avec qui j'apprends encore à jouer, et il y a quelque chose d'amusant, d'excitant, dans la découverte de l'autre. On a pas de terme sur nous et on en aura probablement jamais. Pourtant, malgré toutes les angoisses que ça peut apporter, ce flou, c'est aussi énormément rassurant. Pas de compte à rendre, pas d'excuses à fournir. Si une case nous corresponds, nous dirons probablement que nous sommes amis; « Tu peux. Tu es une femme spéciale Leandra. » Je me permets un petit rire en secouant la tête de gauche à droite ; "Tu dis seulement ça parce que tu sais rester ami avec moi malgré tout." et faire comme si de rien n'était. On est forts à ça, et si tu joues le jeu, je le jouerai aussi. Je ne sais pas dire si je suis spéciale, je ne connais pas les autres femmes qu'il fréquente, ceux dans son entourage, mais il doit en connaître pas mal, des femmes spéciales, et dans ce cas, ça ne fait plus réellement de moi quelqu'un de spécial, pas vrai ? « Si tu as besoin d'aide pour les travaux. » J'acquiesce ; "J'en prends bonne note." je ne sais pas s'il est bon en travaux mais je le sais habile de ses mains dans certains domaines. Il doit aimer la précision, ça se lit partout sur lui. Chaque détails compte dans ses yeux, on peut s'en apercevoir. « Et bon appétit. » Je réceptionne le repas et l'ouvre, le plaçant entre nous, en prenant déjà une bouchée. « La maison, ça te fera loin d'ici ? » Je secoue la tête, finissant ce que j'ai dans la bouche. "Pas tellement, en voiture c'est rapidement fait. C'est surtout pour les enfants que c'est mieux." je le regarde, la fourchette qui le désigne ; "Quand la cuisine sera terminée, tu passera dîner. Peut-être même que ça va te convaincre d'avoir toi aussi ta propre maison." qui sait, après tout.

(pardon pardon pardon du retard )

Chacune des femmes auxquelles je m'intéresse durablement sont spéciales. Je ne suis pas expert en l'attache classique. Celle d'un couple installé et fidèle mais je sais l'être autrement. Je suis cette présence un peu en dehors des cases, qui ne s'attachent pas vraiment aux limites, mais qui reste authentique dans mon don. Pour le moment, cela me correspond, un jour peut-être, j'oserai de nouveau faire des projets communs, mais les blessures accumulées au myocarde me laissent difficilement envisager cet angle. Tu es spéciale. Tout comme à mes yeux, chaque personne que je considère comme intime l'est. « Parce qu'être ton ami est plus important. » C'est un domaine que je maîtrise, un dans lequel je suis relativement doué, si on compare au reste. Et que je me réjouirai qui plus est si un jour, tu es heureuse et établie avec un homme. Pour l'heure, c'est au sujet de ta maison que tu te concentres, dégustant un repas partagé et inédit. « Parfait. J'imagine ça comme un havre de paix et c'est vrai qu'en voiture les trajets sont faits rapidement avec nos horaires. » Travailleurs acharnés, on arrive souvent avant et on part après le reste du monde. Mes épaules se haussent à ta proposition. « Je suis bien en ville pour le moment et j'ai déjà assez d'espace, mais qui sait ? » D'autres lieux aussi, dans lesquels je peux me réfugier lorsque l'envie me prend, mais ils restent plus secrets. « Avec ton ex vous allez vous organiser comment ? Garde alternée ? » J'imagine que c'est une logistique pour les enfants mais que vous y avez pensé. « C'est peut-être indiscret.. » Sourcils haussés sous l'affront de ma question alors que je viens picorer une nouvelle bouchée.

Peut-être que je me laisse tant aller avec toi parce que je sais que tu n'y mets pas d'attache. Je sais que je ne devrais pas faire un choix, je sais que je n'aurais pas cette pression de te présenter à mes enfants. C'est peut-être pour ça que j'ai craqué. Je te connais, je sais qu'on fait comme si de rien parce qu'au final, il n'y a rien. On profites de nos chairs et on y mets pas de mots, pas de termes, et j'y retrouve quelque chose de reposant. On est intimes et je te fais confiance pour qu'on le soit, sans perdre cette amitié partagée. C'est le meilleur compromis, pour moi et peut-être pour lui aussi. « Parce qu'être ton ami est plus important. » Je n'aurais pas mieux dit. J'offre un sourire, acquiesce. Soit. Gardons cette amitié que je n'aurais jamais cru avoir autrement. Je m'y plais bien aussi, dans ce type d'amitié. « Parfait. J'imagine ça comme un havre de paix et c'est vrai qu'en voiture les trajets sont faits rapidement avec nos horaires. » Les routes désertes, on les connait. Les heures de pointes, c'est pas tellement ce qu'on fait, quand on y pense. « Je suis bien en ville pour le moment et j'ai déjà assez d'espace, mais qui sait ? Avec ton ex vous allez vous organiser comment ? Garde alternée ? » Ma tête fait oui, terminant ma bouchée. « C'est peut-être indiscret.. » J'avale le reste de nourriture et secoue la tête ; "Pas du tout indiscret, t'en fais pas. On fait déjà une semaine sur deux, et il vit à quelques maisons de ma nouvelle maison, je crois que c'est peut-être dix ou quinze minutes à pieds." J'ai fais exprès pour les enfants, de ne pas trop m'éloigner. "J'aime l'idée qu'on soit près au cas où il se passe quelque chose, si jamais Aaron se blesse ou que Riley tombe, je sais pas. Si jamais Jude a une urgence, c'est facile de les déposer chez moi et pareil à l'inverse." tout est pensé, avec Leandra. "On s'organise au mieux qu'on peut pour eux." ça a des avantages d'être en bons termes. On se voit sans se battre, on peut facilement faire des vacances en famille malgré le fait d'être séparé. On s'apprécie beaucoup, malgré le fait que ça n'ai pas fonctionné.  

Cas que je me refuse à remplir, rang que je ne viendrai pas te décerner. Seulement cette présence sombre et silencieuse, mais loyale aussi à tes côtés. Ainsi, je hante mes précieux de mes ombres, sans pour autant les envahir. La chair s'offre parfois, la tendresse aussi, et même un semblant d'amour, mais pour le reste, je n'ai rien de très glorieux à offrir. Alors, je m'en tiens à ce que je sais faire. Etre un bon ami. Je te questionne naturellement sur ta vie, espérant de pas dépasser certaines limites car j'ai horreur qu'on aille trop loin me concernant et je ne veux pas faire la même chose. « Je vois. Mais oui tu as raison, c'est le plus pratique. » Et que vous vous entendiez un minimum aussi pour les enfants. Mes parents étaient restés ensemble et pourtant, ils n'étaient doués pour que pour se détruire mutuellement. Parfois se séparer, reste la meilleure décision et la plus sereine finalement. « T'es loin de la mer ? » dis-je avec un petit sourire. « Je pourrais venir avec Lilith, je suis certain que les petits adoreraient et elle aussi, elle adore les enfants. » Elle adore la vie, la joie, les jeux. Tout l'inverse de moi et c'est le contraste qui est à la fois drôle et saisissant.