Les mots d’Aleksei trottent dans la tête de Haley depuis un petit moment maintenant. Si elle s’est promis de prendre le temps avant de se décider de manière définitive, elle sait pertinemment que sa décision est prise. L’option l’a d’abord surprise mais après avoir passé une heure à y réfléchir, elle lui est apparue comme une évidence. La jeune femme n’en a encore parlé à personne, pas même à Aleksei, car elle veut être certaine de sa décision avant d’entendre ce que les autres auront à lui dire. Cette décision, il faut que ce soit la sienne avant tout et celle des personnes d’autres. Et même si à chaque jour qui passe, Haley trouve de nouveaux arguments pour laisser ce petit être qui grandit en elle, à l’adoption, elle n’a encore fini d’ajuster tous les détails. Qu’importe, aujourd’hui, elle ne va pas y penser. Au contraire, elle va passer la journée avec sa colocataire - et l’une de ses meilleures amies. Au programme, films mielleux à l’eau de rose et potins, parfois cela fait du bien de se faire des journées juste toutes les deux. Elle espère que le sujet de sa grossesse ne viendra pas sur le tapis. Elle veut savoir où Evie en est avec Levi, et tous les détails qui vont sa petite vie.
Elle est en train de finir de préparer le pop corn quand Evie l’appelle. “Minute, papillon !” dit-elle alors qu’elle mélange le salé et le sucré dans un énorme saladier. Une fois n’est pas coutume, Haley en picorera probablement. Elle n’a encore rien avalé de la journée - la perspective des sucreries qu’elle vont partager était trop alléchante pour ne pas en manger. Elle se promet toutefois de prendre également des légumes et des fruits, pour la santé du bébé. Cela ne sera pas chose évidente de se convaincre de le faire après avoir mangé autant de calories cependant, raison pour laquelle la jeune femme a préparé deux jus “detox” (il est toujours plus facile de boire ses aliments que de les manger) et grignote une carotte. Elle pose le tout (mis sur un plateau) sur la table et s’installe à côté d’Evie. “J’ai l’impression que ça fait mille ans qu’on a pas pris le temps de faire ça.”