Ce projet te prend sincèrement la tête avant même de commencer. Sa note vaut pas mal de crédits pour le premier trimestre, tu ne peux clairement pas te planter hors tu n’as aucune envie de travailler avec Layla. Celle-ci t’a tourné le dos, comme tant d’autres, au pire moment de ta vie et s’il y a bien un point sur lequel tu es rancunier, c’est celui-ci. Elle a choisi de protéger son image au détriment de votre “relation” et si tu as essayé de te mettre à sa place, tu n’y arrives pas. Tu lui en veux et cette collaboration imposée ne viendra certainement pas changer ça. Puisque mademoiselle n’est pour l’instant pas en cours, tu as tout de même accepté - à contre-coeur - de te rendre à son domicile afin d’au moins vous partager la matière et commencer à bosser chacun de votre côté sur le reportage. T’espères bien que vous parviendrez à faire le maximum en solo et juste vous rencontrer pour tout mettre en commun. Il est 11H10 quand tu arrives devant chez elle, la gorge nouée. Tu savais qu’elle était à Harvard et dans ta faculté, mais tu étais jusqu’ici parvenu à l’éviter sans trop de souci vu le nombre important d’étudiants. Tu frappes à la porte, balances nerveusement d’un pied sur l’autre et lève les yeux vers la jeune femme lorsqu’elle t’ouvres la porte. « Salut.  » Ses traits sont tirés, son visage plus pâle que dans tes souvenirs, mais t’essayes de garder en tête que tu n’es certainement pas là pour la plaindre. « J’ai galéré à trouver. »  Excuse bidon pour tes dix minutes de retard, mais si t’étais ponctuel, ça se saurait. Et sur ce, tu te tais, attendant sagement qu’elle t’invite à entrer.

l'appréhension semble être de mise aujourd'hui. nullement préparée à le retrouver après tant d'années séparées. ne sachant pas comment l'aborder. ni le recevoir. animosité flagrante entre vos deux êtres. rancunier à ton égard. concernant les actes que t'as pu faire dans le passé. souffle d'amertume qui filtre tes lippes. ne comprenant pas cette rancoeur qui écorche son coeur. qui continue de le malmener. il devait passer à autre chose. pour le bien de votre projet. pour le bien de votre avenir ici à harvard. vos destins désormais étroitement liés. tu le laisserai pas tout saccager. ni foutre la merde dans ta vie. quitte à lui rentrer dedans encore une fois. et lui faire comprendre qu'il y avait beaucoup plus grave dans la vie que son prétendu chagrin d'amour. coups à la porte, tu virevoltes. prenant une dernière inspiration avant de t'élancer dans sa direction. lui ouvrir la volée et lui adresser un sourire énigmatique. fais bonne figure lays. mets ta fierté de côté. le temps d'une après midi. rien de compliqué. "salut... ah ouais. c'est vrai que suivre un gps c'est devenu compliqué de nos jours" tu lâches sans réfléchir. instinctivement. avant de te frapper mentalement. calme lays. "t'attends quoi pour entrer ? je me les caille, rentre" t'ajoutes, deuxième frappe mentale. c'était plus fort que toi. t'avais dû mal avec son comportement d'enfant pourri gâté. celui qui avait été déçu dans le passé, incapable d'accorder le pardon à celle qu'il l'avait un tant soi peu apprécié. "je te sers à boire ?"

Tu le sens, ce projet va être très compliqué à mener à bien. D’autant plus que ce n’est pas une mention bien que tu souhaites obtenir, c’est l’excellence que tu vises puisque le cours, comme la note, sont importants pour la réussite de ton année. Sans devoir absolument finir en haut du classement partout, tu aimes te donner les moyens de te battre pour cette première place et là, tu vas devoir collaborer avec une personne à qui tu espérais ne plus jamais devoir adresser un mot. « Je n’suis pas venu pour que tu passes ta frustration sur moi. Si c’est pour être désagréable toute l’après-midi, je peux repartir directement. »  Le meuf te plate comme un mal propre suite à une putain de rumeur et c’est encore toi qui te fait mal reçevoir, cette blague. Le promesse que tu t’es faite de prendre sur toi et faire des efforts tombe à l’eau en moins d’une minute, car tu sais déjà que tu ne parviendras pas à conserver ton calme si miss monde te cherche. Sourcil arqué, tu attends d’être certain de ne pas prendre une nouvelle attaque avant de franchir la porte, à contre-coeur. Qu’est ce qu’il ne fait pas faire pour un diplôme. « Non merci, on va faire ça vite. »  Le but était de travailler ensemble mais se répartir à la matière et partir chacun de son côté semble être la seule solution vu l’humeur de madame. Tu ne seras pas son souffre-douleur sous prétexte qu’elle s’est levé du pied gauche ce matin, car s’il y en a un qui doit en vouloir à l’autre, c’est bien toi.

c'était plus fort que toi. cette envie de l'envoyer boulet. de lui faire comprendre que t'avais passé l'âge des gamineries. rancune injustifiée à ton égard. fallait vraiment qu'il avance. qu'il passe à autre chose. vous n'aviez pas le choix de toute façon. faire abstraction de vos rancœurs et de vos regrets. les oublier, les cadenasser dans un coin replié de votre cerveau. et ne plus y penser pendant une après midi. pas compliqué non ? le sourcil arqué, les épaules haussées, l'esprit nonchalant face à sa remarque. qu'il fasse demi-tour si ça lui chante. ce serait à lui de justifier son absence. et son comportement inapproprié et démesuré. le corps qui se dérobe pour le laisser entrer. Tentant de mettre fin à ces tensions. mettre de l'eau dans ton vin pour harmoniser cette atmosphère tendue. glaciale. étouffante. "installe toi alors j'arrive" tu pivotes pour te diriger vers la cuisine. hors de question de travailler sans un remontant. t'en aurais bien besoin. liquide ambré que tu dégustes rapidement. ne voulant pas le mettre davantage en colère. après tout, ses actions demeuraient inexplicables. un comportement indéchiffrable. incapable de lire en lui. ou de connaître ses véritables intentions. "désolée pour tout à l'heure… t'as raison j'ai pas à passer ma mauvaise humeur sur toi, c'était pas cool". longue inspiration, plantant un regard embarrassé dans le sien. préférant t'excuser la première. mettre ta fierté de côté un instant. juste pour lui montrer que t'avais pas mauvais fond. bien au contraire. t'avais presque toujours été bienveillante avec lui. "t'as pas changé tu sais.." t'ajoutes, prenant place à côté de lui. les prunelles observatrices qui continuent de le fixer.

Tu te demandes sincèrement comment, dans une université d’autant d’étudiants, il est possible de se retrouver en duo avec Layla pour un cours. Tu n’es pas des personnes qui croient au destin ou tout autre connerie du genre, mais tu commençais franchement à te dire que le karma doit forcément y être pour quelque chose. La question est de savoir lequel de vous deux il essaye de punir. « Ok. » Tu te contentes de dire, ravi qu’elle t’abandonne (déjà) quelques secondes. Ça te permet d’inspirer profondément et te détendre, prenant place dans un des canapés alors que tes yeux se perdent rapidement sur le décor. La vérité est que vous n’avez jamais été assez proches pour pouvoir dire si ça lui ressemble ou pas du tout. Votre relation était superficielle et souvent abritée par les quatre murs d’une chambre d’hôtel, plutôt que chez l’un ou l’autre. Ses excuses te prennent au dépourvu et tu hoches la tête, sans émettre le moindre commentaire. Elle est donc belle et bien de mauvaise humeur, ce qui n’est pas prometteur pour le reste de la journée mais peut-être que ça va s’améliorer. Ta mâchoire se contracte lorsqu’elle te dit ne pas avoir changé, parce qu’elle se trompe. Tu n’as plus grand chose du gamin qu’elle a connu, si ce n’est son physique. « Tu te trompes. » Souffles-tu sans la moindre agressivité, c’est juste un fait. Débarrassé de ta veste que tu laisses dans le fauteuil, tu sors quelques notes de ton sac à dos et les poses sur tes jambes, préférant te concentrer sur la raison de ta venue plutôt que sur le passé. « Je pense qu’on peut commencer par parler des différences dans le sport en lui même, avant d’en venir à la manière dont s’est reflété dans la presse. » Tu proposes, le tennis étant un exemple parfait sur la différence entre les hommes et les femmes, bien moins mise en avant. « On peut faire une partie sur ton expérience personnelle, sauf si tu préfères qu’on prenne un de nos contacts en sujet principal. » Honnêtement, ne pas devoir remplir un dossier complet sur ton ex (?) te va très bien aussi, mais tu te dis aussi qu’en faire une histoire personnelle risque de mettre encore plus de chance de votre côté.