bisha ne souffre pas, elle a pas le temps pour ça, d’habitude elle est bien plus occupée à rayonner pour les autres, c’est ça son job, pas se lamenter, alors oui la voir dans cet état peut surprendre. pour la première fois, elle n’oublie pas sa souffrance au détriment de celle des autres. pour une fois elle pense à elle, assume qu’elle aussi à besoin d’aide, d’être entourée.
elle relève la tête — oh vraiment ? elle esquisse un sourire, difficile mais là. mine de rien ça la rend fière de voir que lyra a quelque chose à elle. — c’est génial bisha se veut un peu plus curieuse, elle change tout de suite de comportement et ça en est presque déroutant. elle ne veut pas montrer sa douleur trop longtemps, donner une raison de s’inquiéter pour elle, sa pire hantise. elle tourne la tête un peu à droite à gauche, regardant les lieux, le monde qui s’y trouve. elle est rassurée, du monde il y en a lyra est sereine. elle se redresse du tabouret, suivant lyra hors de la salle principale — ça a l’air de bien tourner, j’suis contente pour toi qu’elle lâche à son amie.

C'est agréable de voir ton visage changer, la fierté prendre la suite quand je viens t'apprendre que cet établissement est le mien. Je suis heureuse du travail accompli, clairement et ça n'a pas été facile. J'ai dû littéralement renaître de mes cendres, façon détournée de te dire aussi que nous sommes toujours aussi fortes. Je m'éloigne du comptoir pour te rejoindre tandis que nous prenons la direction de mon bureau. « Clairement, le Sidh s'est fait un nom dans le milieu nocturne. » Regard complice qui vient s'accrocher au tien. Ressens-tu le sulfureux de l'endroit ? Le mystère aussi. C'est avant tout un endroit dans lequel on se sent bien, et j'y tiens plus que tout. Nous voici dans mon bureau où je t'invite à prendre place sur un des fauteuils. « Allez, raconte-moi tout Bisha, je le sais que t'es pas du genre à épancher tes problèmes mais clairement t'en as besoin et tu verras, ça ira mieux ensuite. » Parfois, il faut accepter le pas de côté, la pause, décharger pour mieux reprendre. Et si je peux t'y aider ce soir, je le fais sans hésiter, tu l'as tant fait pour moi par le passé que clairement, c'est juste normal de te rendre la pareille.

bisha fière de voir ce que la petite lyra est devenue, une vraie femme, femme de pouvoir à sa façon elle le voit en son amie, n’imaginant pas à quel point elle peut l’être, dans les yeux de la jeune albanaise elle semble comme une reine dans son antre. cette ambiance lui plaît bien que diamétralement opposé à ses habitudes de vie. elle sourit à son amie, les yeux voguent un peu partout autour d’elle, on s’y sent bien ici, comme si bisha aussi y avait sa place. peut-être son état actuel qui l’y permet.
elle suit la patronne des lieux, jusqu’à arriver au bureau de cette dernière, la surprise la gagne quand elle se rend compte à quel point elle avait raison de la qualifier de reines des lieux, elle le ressent d’autant plus ici. prend place face à son amie, la question inévitable, surtout ici, à l’abri des regards, des oreilles indélicates qui traînaient au bar. elle triture ses doigts, ses pieds regardent le sol, elle se mordille la joue, relève les yeux. — faudrait que je t’explique notre relation depuis le début… parce que leur relation aux yeux de tous était récente, pourtant le coeur de bisha battait au rythme du blond depuis de nombreuses années. — je l’ai toujours aimé, j’ai toujours eu peur de l’avouer, je l’ai vu faire sa vie, avancer, tomber, j’étais là parce que c’était la seule chose que je pouvais faire, j’pouvais pas lui dire de tout laisser pour moi… si seulement elle lui avait fait part de ses sentiments dès le début, leur vie aurait sûrement été tout autre. — ça faisait que quelques mois qu’on était ensemble… , quelques mois qu’elle savourait enfin, qu’elle pouvait s’exprimer librement et voilà qu’une nouvelle fois, il lui échappait.

T'entraînant dans des lieux plus intimes et retirés. Ici, les confidences ne seront pas écoutées, ici tu pourras donner libre court à ta peine sans craindre les yeux, les oreilles. T'invitant à t'installer, je viens naturellement prendre place face à toi. Billes azurées qui viennent s'accrocher aux plus foncées, t'enveloppant de toute l'empathie dont je suis capable malgré ma faible expérience dans le domaine. « Tu lui as dit, que tu l'aimais depuis toutes ces années ? » Aimer en silence, c'est sans doute la chose plus courageuse, et la plus difficile aussi. C'est aussi l'amour véritable, car le bonheur de l'autre passe avant, laissant s'absorber ses propres failles, au profit de l'Autre. « Je te souhaite vraiment que les choses s'arrangent, car de ce que tu me décris un amour comme ça, on en connait qu'un seul. » Et on peine à s'en relever. « Mais tu sais, la vie peut aussi parfois nous surprendre. Je sais que c'est cliché dit ainsi, mais mon ex, je pensais réellement que c'était mon double, l'homme de ma vie, et puis j'ai connu Shayn et ce fût simplement une évidence. » Un amour plus grand encore, plus redoutable. « Et quoi qu'il arrive, le destin sait trouver la bonne route. » Si tu y restes ouverte, si tu lâches un peu prise.

elle secoue la tête, non jamais elle n’a osé, comment lui dire, impossible, elle l’avait vu faire sa vie, ramener des filles, se mettre en couple, devenir père, elle était l’amie, celle sur qui on peut se reposer quand ça ne va pas, c’était la place préféré de bisha. le bonheur des autres faisait le sien, c’est ce qu’elle aimait dire, comme pour se justifier de ne pas penser à elle un temps soit peu. — je ne lui ai jamais dit, même quand on a commencé à se voir autrement que comme des amis.. pourtant le coeur battait fort, trop fort pour être verbalisé.
rien ne pourrait s’arranger, elle devait juste se faire à l’idée. accepter, simplement. ou pas.
elle haussait les épaules, lyra avait raison et qui sait peut-être qu’un jour tu rencontrerais quelqu’un, mais pas tout de suite, tu n’étais même pas prête à utiliser un homme pansement. — j’sais pas, tu sais, je me dis qu’un jour peut-être il reviendra… non c’était faux, tu savais que c’était fini, pour de bon. fin. point final. on change de livre. la quatrième de couverture se fermait brutalement sur le coeur de la jeune infirmière. — enfin, de toute façon j’vais pas me laisser aller t’inquiète, c’est pas moi, léger sourire sur les lèvres, pour tout son entourage, encore une fois pour les autres, elle devait rester la bisha qu’ils connaissaient tous. surtout ne pas inquiéter.

Cœur qui doit avouer les remous internes. Cela semble plus facile à dire qu'à faire... Je peux comprendre la réserve que tu as mis à t'exposer de la sorte. C'est difficile d'avouer l'amour persistant pendant toutes ces années dans l'ombre. Ce désir de ne pas trop prendre de place. Les plaies du cœur sont les plus difficiles à soigner, bien plus que celles que tu recouds chaque jour. « Je comprends ton espoir, mais tu dois vivre pour toi. » Et comment donner un sens lorsqu'on ne se place pas au premier plan ? Ma famille passait toujours avant, je m'échinais à prendre soin d'eux pour finalement les perdre, et me retrouver confrontée... à moi-même. « Non c'est pas toi. » dis-je avec un sourire doux. Je suis jeune, encore innocente de certaines choses, mais je crois que moi aussi, la vie m'a pas épargnée. « Mais t'as le droit de pas aller bien Bisha, t'as le droit de tout lâcher, de hurler, de pleurer, de tout casser et le lendemain, tu pourras que te relever. » Parfois, faut exploser pour reprendre sa route. « Avec moi t'as le droit. » T'as pas besoin de me tenir, t'as pas besoin de prendre soin de moi, parce que je suis comme toi. Je suis de celles qui ont appris à se relever seule, à ne compter sur sur elle-même et à porter le monde sur leurs épaules.